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Analepse 1 - Ha-na & Jimin



''...Je te promets d'avoir tout essayé pour rester à tes côtés, mais il était plus fort que je ne l'aurai jamais été.

Et si les choses étaient ainsi c'était peut être parce que je n'aurai jamais dû être là en premier lieu.

Je sais que tu refuseras de l'entendre, mais ce n'est pas lui le problème. C'est moi.

Mon existence n'a été qu'une anomalie dans un monde qui n'a jamais été le mien. Mais dans mon malheur, j'ai quand même eu de quoi être heureux.

Tu m'as rendu tellement heureux, Ha-na.

Tout ce que j'ai jamais eu dans cette vie était des fragments de ce qui lui appartenait déjà.

Son nom, son avenir, ses amis...

Tu es la seule que j'ai véritablement eue pour moi, la seule qui m'ait permis de me gonfler d'orgueil, de me sentir entier, d'exister pour moi.

Mais cela fait aussi de toi le plus gros changement dans sa vie, ou du moins, le premier qu'il aura sous les yeux.

Tu incarneras la première preuve de l'existence que je lui ai volée. Et comme il ne pourra pas s'en prendre à moi, tu seras la première sur qui sa colère sera dirigée.

Cette colère, elle est légitime. J'aimerai que tu l'acceptes et que tu la comprennes, sans jamais la laisser devenir la tienne.

Je veux que tu comprennes ce qu'il ressent pour trouver la force de ne pas lui en vouloir.

Tu n'as pas à devenir son amie, mais je t'en prie, ne te laisses pas enchaîner par le ressentiment.

Libères ton cœur de ce poids.

Libères toi de tes rancoeurs envers lui,

Libères toi de tes rancoeurs envers Jimin.

Les ressentiments, la colère, les regrets, ils t'empoisonnent et te rendent malade. Ils sont cette chaîne invisible qui te lie à cette douleur insoutenable. Ils sont la source de ton mal être.

Et je le sais parce que j'ai appris auprès de ta sœur, des vérités qui m'ont brisé autant qu'elles m'ont éclairé.

Ne lui en veut pas.

Ces vérités je les lui ai arrachées.

Je voulais me sentir plus proche de toi en découvrant ce que tu ne me disais pas.

Je voulais comprendre les causes de ton mal être parce qu'il m'était insupportable. 

Je voulais découvrir comment te donner la force de venir à moi et me laisser partager ton fardeau.

Pardonne-moi d'avoir échoué.

Pardonne-moi de ne pas avoir pu te faire ressentir à quel point je t'aimais, et à quel point rien au monde, rien de ce que tu aurais pu me confier n'aurais changé ça.

Aucune des ombres que tu dissimulais ne m'aurait jamais fait fuir, tout simplement parce que je t'aime.

C'est fou ce que je t'aime Baek Ha-na.
Bon sang, si seulement tu pouvais mesurer l'intensité de cet amour.

Je regrette d'avoir été trop timide pour te le dire quand j'en avais la possibilité. Il y a tant de choses que j'aurai aimé te dire, tant d'autres que j'aurai aimé te partager sans jamais en avoir eu le courage.

Je t'en prie, trouves la force de me pardonner à moi aussi.

Trouves la force d'aller de l'avant
De vivre pleinement,
D'être heureuse.

Même si tu dois l'être sans moi...''

Ha-na effleura les lignes qu'elle avait sous les yeux, ses doigts caressant les pages marquées de traces séchées, témoins des larmes qu'elle avait versées à chacune de ses lectures.

Elle parcourait ces mots pour la énième fois, la première remontant à plus d'un mois, lorsqu'elle s'était réveillée dans sa chambre après une nouvelle crise.

Une crise, qui à son grand malheur avait nécessité l'intervention de Jimin, et dont elle voulait fuir les conséquences en trouvant un semblant de réconfort.

Elle avait longtemps refoulé l'envie de poursuivre cette lecture, consciente de ce qui l'attendait lorsqu'elle l'aurait terminée.

Lire la dernière phrase que Jungkook  lui avait laissée signifiait la fin, l'inéluctable. C'était devoir admettre que tout était terminé, qu'elle n'aurait jamais plus rien d'autre de lui.

Mais elle avait fini par s'y résigner.

Les mots l'avaient déchirée de l'intérieur et l'avaient noyée dans un océan de regrets, mais ils avaient aussi apaisé sa colère.

Un calme salvateur, presque thérapeutique, qui avait ouvert la voie à une réflexion profonde. Celle qu'elle n'avait jamais osé entreprendre jusqu'à lors.

Sa colère est légitime.
L'accepter et la comprendre sans jamais la laisser devenir mienne.

Elle s'était acharnée à faire tout le contraire et venait seulement d'en prendre pleinement conscience. Pas une seule fois elle n'avait cherché à se mettre à sa place, à comprendre qu'il était aussi perdu qu'elle. Elle avait laissé le déni guider ses actions parce que l'idée qu'il puisse être lui aussi une victime lui était impensable.

JK n'avait pas été le premier à allumer la mèche de la colère, c'était elle qui l'y avait incité avec la sienne en le jugeant coupable avant même d'avoir cherché à comprendre.

Sans ménagement, elle lui avait jeté son mépris et son empressement à l'idée qu'il disparaisse à nouveau. Elle s'était comportée comme une enfant capricieuse, égoïste, et en avait ressenti toute la honte après avoir lu les mots de Jungkook.

C'était l'unique raison qui l'avait conduite à inviter l'autre de l'homme qu'elle aimait dans sa chambre et lui proposer un nouveau départ.

Ça, et parce qu'elle préférait de loin le confronter lui plutôt que Jimin qui attendait dans la pièce d'à côté.

Me libérer de mes rancœurs envers Jimin. 

Les lèvres serrées, Ha-na referma l'agenda, dirigeant ses yeux au-delà de la vitrine du petit café dans lequel elle avait trouvé refuge.

De l'autre côté de la vitre, les passants, emmitouflés dans leurs manteaux, pressaient le pas pour fuir le froid hivernal. D'autres, moins préoccupés, flanaient devant les vitrines des boutiques décorées aux couleurs du thème de la saison.

Ha-na avait choisi cette table exprès pour s'assurer de voir Jimin arriver. Pour s'assurer de gagner quelques secondes précieuses et se composer une façade avant de l'avoir en face d'elle.

Mais à chaque visage scruté, chaque silhouette qu'elle tentait d'identifier, l'anxiété lui nouait un peu plus l'estomac.

Le rencontrer ici n'était pas une bonné idée.

Elle se demandait encore ce qui lui avait pris de valider ce lieu de rendez-vous lorsqu'il l'avait proposé.

Ha-na n'avait pas remis les pieds dans ce café, pourtant à deux pas de chez elle, depuis plus de deux ans.

Ils y avaient trop de souvenirs qu'elle ne voulait pas se remémorer.

_Vous avez les cheveux plus courts.

Une tasse de chocolat chaud fut délicatement déposée devant elle. Arrachée à ses pensées, Ha-na se retourna pour lever les yeux vers la voix qui lui avait parlé.

Elle croisa le regard bienveillant d'une femme d'une cinquantaine d'années.

La serveuse..., non, la propriétaire, elle s'en souvenait maintenant, lui souriait chaleureusement comme si elle la reconnaissait.

Ha-na resta un instant figée, prise au dépourvu par cette familiarité qu'elle n'attendait pas. Un sourire gêné étira ses lèvres et la dame sembla déstabilisée par cette réaction.

L'enthousiasme qui illuminait son visage disparut lentement, remplacé par une légère panique.

_Oh, fit-elle, en agitant une paume devant elle. Je ne voulais pas vous..., en fait votre petit ami et vous étiez mes seuls clients à l'époque où je venais juste d'ouvrir mon café.
Vous veniez ici si souvent que ça me réchauffait le cœur.
Parfois je vous observais depuis le comptoir quand je n'avais rien d'autre à faire et je me suis attachée à vous d'une certaine manière. 
Je me suis montrée trop familière sans m'en rendre compte, je suis désolée. Ce n'est pas grave si vous ne vous souvenez pas de moi.

_Je me souviens de vous, la rassura Ha-na avec un sourire plus détendu. Ça fait longtemps, mais je ne vous ai pas oubliée, rassurez-vous.

Ses yeux, d'un joli brun clair s'illuminèrent d'un nouvel élan d'enthousiasme, dévoilant des rides fines marquées par la chaleur de ses sourires.

_Vous allez bien ? Et votre petit ami ? Est-ce qu'il va vous rejoindre ?

_Il n'est plus mon petit ami.

La surprise effleura un instant les traits de la propriétaire, avant que ses yeux ne s'adoucissent, révélant une sincère compassion. Elle glissa lentement ses mains dans les poches de son tablier, comme si elle cherchait un appui pour la soulager de son embarras.

_Je suis désolée, je ne savais pas...

Ha-na acquiesça avec un sourire de façade et s'arracha à son regard pour jouer nerveusement avec la manche de son blazer. Le silence s'installa, lourd et maladroit, jusqu'à ce que la dame le brise à nouveau.

_Vous savez, reprit t-elle, il vient toujours ici, même après tout ce temps. Et il s'assoit toujours à votre table.

Elle désigna  un coin cosy du café qu'Ha-na redécouvrit avec une pointe de nostalgie.

La table était installée près d'une petite cheminée et éclairée de rayons de lumières douces qui provenaient du plafond, créant une ambiance chaleureuse.

Un trio de lycéennes y était installé autour de bubbles tea colorés, leurs éclats de rires et discussions animées remplissant l'espace. 

_ Il s'assoit toujours là et écrit pendant des heures jusqu'à très tard le soir...

La voix de la propriétaire s'était adoucie, un sourire se laissant entendre dans son intonation.

_D'ailleurs c'est une fierté pour moi de savoir que ces merveilles ont été écrites dans mon café.

Son regard dériva vers un mur de briques rouges, décoré d'étagères où régnait une mini bibliothèque.

Sur la première, trônaient les livres que Jimin avait publiés.
Ha-na les reconnut immédiatement. Elle avait les mêmes chez elle, soigneusement dissimulés dans un tiroir de sa chambre.

Bien qu'elle les ait tous achetés, elle n'avait jamais trouvé la force d'en ouvrir un seul.

Relire ses mots, redécouvrir sa plume...

La dame s'excusa pour accueillir de nouveaux clients, et les yeux d'Ha-na se reposèrent inévitablement sur la table que les jeunes adolescentes venaient de libérer.

Elle s'attarda sur les deux chaises vides qui se faisaient face et le brouhaha autour d'elle parut soudainement lointain.

Dans ce silence factice, ses souvenirs s'échappèrent et la projetèrent dans un film figé dans le passé.

Elle se revit alors, une version plus jeune d'elle-même, assise en face de l'étudiant en deuxième année de lettres qu'il était.

Elle vécut à nouveau le silence pesant qui avait accompagné leurs premières rencontres.

Elle revit l'adolescente à la mine renfrognée qu'elle était, les bras croisés, contrariée d'avoir été forcée à se retrouver là.

Elle se revit regarder partout sauf dans sa direction, embarrassée par sa présence, par le fait qu'ils ne se connaissaient même pas et qu'il avait été le témoin privilégié de tous ses malheurs.

Ha-na lui était profondément reconnaissante, mais trouvait qu'il en faisait trop.

Il avait été présent à l'hôpital tout le temps qu'avait duré sa convalescence et sa rééducation, et elle avait beau se torturer l'esprit, elle ne comprenait pas pourquoi il continuait de rester. 

Il était trop attentionné, trop bienveillant, trop omniprésent, tout était beaucoup trop.

Tout était beaucoup trop à cette époque de sa vie ou elle préférait la solitude comme compagne. Cette période où elle vivait un deuil dont le traumatisme hantait ses nuits et qu'elle refusait de partager avec quiconque.

Cette période où sa jambe continuait de la faire souffrir et qu'on lui avait dit qu'il en serait ainsi pour le reste de sa vie.

Elle était convaincue qu'il était resté uniquement par pitié, mais sa sœur n'était pas de cet avis.

Inquiétée par son désir d'isolement, Ae-cha lui avait fait promettre de sortir de sa chambre, ne serait-ce que pour aller jusqu'au bout de la rue.

C'était ainsi que Jimin s'était retrouvé impliqué, avec la complicité de sa sœur, dans un effort commun pour lui changer les idées.

Le petit café au coin de la rue fut désigné comme lieu de rendez-vous et ils s'y faisaient face dans un mutisme partagé.

De temps à autre, il lui adressait un sourire qu'elle ne lui rendait jamais. Mais il n'en semblait pas perturbé.

Puis un jour, il avait sorti un calepin et un stylo de son sac à dos, et elle s'était laissée aller au bruissement des pages qu'il remplissait de ses mots, l'une après l'autre, dans une quiétude envoutante.

Sans s'en rendre compte, elle avait profité de son inattention pour laisser son regard glisser sur lui.

Elle avait détaillé la douceur et l'harmonie de ses traits, subjuguée par leurs détails délicats, qui semblaient avoir nécessité toute la concentration du divin. 

Ses cheveux, blonds les premières semaines, avaient retrouvé leur teinte naturelle. Un brun profond et brillant qui apportait encore plus d'éclat à sa beauté et la captivait malgré elle.

Les semaines s'étaient écoulées et elle s'était étonnée de trouver une certaine sérénité dans cette routine silencieuse.

Sa curiosité grandissante, elle jetait des regards furtifs aux lignes qui noircissaient les pages de son calepin, sans jamais oser lui demander ce qu'il écrivait.

Jusqu'à ce jour particulier où elle avait finalement trouvé le courage de poser la question.

_Qu'est-ce que tu écris ? avait-elle murmuré dans un souffle hésitant.

Jimin s'était interrompu, visiblement surpris d'entendre sa voix après tant de silences.

Il l'avait observée un moment, une main glissée dans sa nuque comme s'il cherchait ses mots.

Son malaise s'était reflété sur son visage lorsqu'il avait baissé les yeux sur son calepin.

Et après une brève hésitation, il s'était humecté les lèvres, tournant les pages dans le sens inverse pour revenir à la première, puis retournant le calepin pour le glisser juste sous ses yeux.

_Tu es la première à qui je fais lire ça, lui avait t-il confié avec un sourire nerveux, tu veux bien me dire ce que tu en penses ?

Tu es la première à qui je fais lire ça.

C'étaient ces mots-là qui l'avaient perdue. Ce sentiment d'être unique, privilégiée, spéciale.

Ou peut-être était-ce la fascination que lui avait suscité la profondeur de sa plume ? l'aura envoutante qui émanait de lui ? La manière dont ses yeux se plissaient quand il riait ?

Ha-na ne se souvenait plus de quoi elle était tombée amoureuse en premier.

Mais ce qui était certain, c'est qu'elle l'était.

Elle l'avait compris en réalisant que ces rendez-vous n'étaient plus une contrainte mais un plaisir qu'elle anticipait avec impatience.

Elle s'y rendait avec une volonté nouvelle, animée par l'idée de découvrir ce qu'il avait écrit de nouveau, mais surtout par l'envie irrépressible de le revoir.

Elle aspirait à être à ses côtés, à entendre son rire, et à partager des discussions qui s'étiraient à en perdre la notion du temps.

Les premières étincelles de leur amour étaient nées dans ce café, nourries par le temps pour se muer en flammes, lorsqu'elle avait acquis la maturité nécessaire pour comprendre l'ampleur de ses sentiments et s'y abandonner pleinement.

Jimin lui avait fait découvrir l'amour sous sa forme la plus pure et la plus belle.

Une année d'amitié sincère avait précédé leurs deux années de relation amoureuse. Relation qui fut le point d'entrée des premières ombres.

Les doutes s'étaient rapidement infiltrés entre leurs éclats de bonheur,
lorsque sa condition handicapante s'était avérée plus contraignante qu'ils ne l'avaient imaginé,
lorsque les mots rassurants de Jimin ne parvenaient plus à dissiper la culpabilité qui la rongeait,
lorsque les yeux de son petit ami s'étaient mis à trahir des vérités que sa bouche taisait.

Ha-na détourna les yeux de la table chargée de souvenirs, la gorge nouée d'émotions qu'elle s'efforçait d'étouffer.
Ses mains entourèrent la tasse de chocolat chaud, le contact de la céramique contre ses paumes froides lui procurant du réconfort.

Mais la sensation, traître, réveilla un souvenir qu'elle avait soigneusement enfoui au plus profond de son esprit.

Les images d'un après-midi d'hiver affluèrent, et elle se remémora la tendresse des mains de Jimin, enveloppant les siennes pour les réchauffer du souffle chaud de ses lèvres.

_Je suis désolé, s'était il inquiété, frictionnant les mains d'Ha-na de ses paumes. Je n'aurai pas dû t'emmener avec moi.

_ C'est moi qui ai insisté, l'avait t-elle rassuré. Et puis c'est ton auteur préféré alors je veux le rencontrer moi aussi.

Elle s'était penchée sur le côté  pour jeter un œil à la file qui s'étendait devant eux. Encore une bonne dizaine de personnes les séparaient de l'entrée de la librairie.

A l'intérieur, la séance de dédicaces d'un célèbre auteur anglais battait son plein.

L'engouement était tel que la foule s'étendait  bien au-delà des portes de l'établissement, la file serpentant autour du bâtiment.
C'était la première fois que l'auteur venait en Corée et peut être la dernière.

La perspective d'une occasion aussi rare électrisait la foule, mais Jimin semblait plus préoccupé par son confort à elle que par l'événement lui-même. 

_ Regardes, lui avait-t-elle indiqué, un sourire encourageant aux lèvres, il n'y a plus grand monde devant nous. On entre bientôt et on pourra être au chaud.

Jimin ne s'était pas détourné. Ses mains s'étaient attelées à réajuster le bonnet en laine qu'elle avait sur la tête et à tirer les pans de sa doudoune pour l'envelopper un peu plus, comme on l'aurait fait pour un enfant.

_Rapproches-toi, lui avait t-il demandé.

Et avant même qu'il ne termine, elle s'était avancée à petits pas espiègles, un sourire niais éclairant son visage, tendant ses lèvres vers lui comme une gamine impatiente.

Les yeux de Jimin s'étaient rivés aux siens, surpris, puis l'avaient dévisagée avec un sourire attendri. 

_Tu ne m'as pas laissé finir, avait t-il ri, son regard caressant les lèvres qu'elle lui offrait. Viens là , je veux te garder au chaud.

Il avait accompagné ses mots en écartant les pans de son manteau, l'invitant à s'y blottir.

_Tu sais, avait t-elle suggéré avec une moue boudeuse, tu peux aussi me réchauffer en m'embrassant...

Ses yeux, pétillants de malice, l'avaient surplombée.

_Oui, je peux...

Le visage de Jimin s'était incliné vers le sien et elle avait fermé les yeux pour accueillir ses lèvres. L'instant d'après un vent avait effleuré sa peau, et elle n'avait eu que le temps de constater qu'il n'était plus devant elle en ouvrant les yeux.

Elle s'était retrouvée soudainement piégée, son dos contre son torse, et le manteau de son petit ami refermé sur eux, créant un abri de chaleur autour de leurs corps. Son rire victorieux  avait résonné dans ses oreilles, satisfait de sa prise, et de l'avoir bernée.

_Tu n'es pas drôle, avait-t-elle protesté, bien que son propre rire s'était mêlé au sien.

Elle s'était retournée pour se blottir contre lui et avait savouré son parfum.

Jimin avait une odeur qui différait des effluves masculines habituelles.

Indéfinissable, elle évoquait la fraîcheur des fleurs écloses sous le soleil d'un matin d'été, le réconfort apaisant d'un bain chaud, la sérénité d'un foyer accueillant après une journée éprouvante.

Portée par ce sentiment de bien-être, elle s'était lovée un peu plus contre lui, et il avait resserré son étreinte en réponse.

Son attention s'était ensuite portée sur l'avancée de la file, et celle d'Ha-na s'était attardée sur son visage.

Il était encadré de mèches brunes épaisses, à la coupe impeccable, élégante et moderne.

Désormais en dernière année de faculté de lettres, Jimin était devenu un homme plus affirmé dont elle avait aimé voir l'évolution.

Elle aimait qu'il soit devenu plus confiant, plus conscient de sa beauté naturelle et de son charme.

Elle aimait ses lèvres pleines qui avaient le goût de la caresse d'une brise fraîche sur le visage, le goût d'un nuage gorgé de soleil, une promesse de douceur qu'elle ne pouvait s'empêcher de désirer.

Jimin avait à nouveau baissé les yeux sur elle et la rencontre de leurs regards avaient précédé leurs sourires complices.

Lentement, il avait penché ses lèvres vers les siennes et les avait frôlées de leur douceur. La brune s'était accrochée à son pull pour les acceuillir, mais ils avaient été interrompus par une femme derrière eux qui leur demandait d'avancer.

Ha-na avait soupiré de frustration en levant les yeux au ciel et Jimin en avait été amusé.

_On peut entrer  maintenant, avait t-il constaté et la brune s'était retournée.

Le contraste du froid mordant de l'extérieur et de la chaleur des lieux fut immédiat. L'air était empli de murmures de conversations, du bruissement des pages, et de quelques paires d'yeux qui s'étaient posés sur eux.

Leurs gestes intimes, si naturels dans la file d'attente à l'extérieur semblaient désormais incongrus dans cet environnement.

_ Tu peux me libérer maintenant. Il fait assez chaud ici.

_Restons comme ça encore un peu.

Ha-na s'était à nouveau retournée pour lui faire face.

_Les gens nous regardent, avait t-elle chuchoté, gênée. Il fait une chaleur confortable ici, on n'a plus aucune raison d'être comme ça.

_Les gens nous regardaient dehors aussi, avait t-il ri, quoi tu n'as plus envie de m'embrasser maintenant ?

_Arrêtes, lui avait-t-elle soufflé en riant doucement, lui donnant une tape sur le torse quand il approcha son visage du sien pour la taquiner.

Elle avait réussi  à se libérer de son étreinte mais il l'avait retenue, son expression soudainement plus sérieuse.

Ses mains s'étaient ancrées de part et d'autre de ses bras, et il l'avait entièrement scrutée comme s'il cherchait le moindre indice.

_ Désolé j'en fais peut-être un peu trop, s'était t-il excusé, mais tu es sûre que ça va ? Tes muscles sont sensibles au froid alors je m'inquiète.

Les mots de Jimin, bien que pleins de sollicitude, eurent l'effet d'un coup de massue.
Sa bonne humeur s'était dissipée, l'évocation de sa condition ravivant ce mal être qu'elle croyait avoir réussi à mettre de côté. 

Une semaine plus tot,  Jimin avait remporté le premier prix d'un prestigieux concours d'écriture, une réussite qui marquait un tournant dans la vie de tout écrivain en devenir.

Pourtant, il ne s'était pas rendu à la remise de prix.

Pas parce qu'il avait choisi de laisser filer cette opportunité d'aller à la rencontres de personnes influentes, prêtes à entendre parler de ses manuscrits.

Mais parce qu'à nouveau un poids s'était abattu sur ses épaules.

Ha-na avait laissé une crise la submerger une nouvelle fois, bousculant tous les projets qu'il avait nourris, et effaçant la joie d'une victoire qu'il aurait dû savourer.

_Ha-na ? l'avait t-il appelé, inquiété par son silence.

_Je suis désolée pour ta remise de prix, avait t-elle soufflé au bord des larmes, je suis désolée d'avoir tout gâché.

Ses yeux bruns l'avaient longuement dévisagée, et elle y avait perçu cette ombre désormais familière.
Celle qui venait toujours se loger dans les plis de ce sourire  qu'il réservait exclusivement pour ces moments-là, quand le sujet revenait sur le tapis.

Un sourire qu'il voulait rassurant, mais auquel il manquait l'éclat naturel de ses autres sourires.

Un sourire qui accompagnait toujours ces trois mots qu'elle avait fini par détester entendre.

_ Il n'y a absolument rien dont tu devrais être désolée.

Il l'avait attirée dans ses bras pour lui servir de refuge, son étreinte couplée à la caresse délicate de ses doigts le long de sa chevelure.

_ Tout va bien. Je te promets que tout va bien.

Tout va bien.

Ces trois mots qu'Ha-na détestait s'étaient dissipés dans l'air, dépourvus de substance.

Il n'y avait rien qui allait, c'était un fait.

Mais elle sentait qu'il y avait autre chose que Jimin ne lui disait pas. Et cette pensée l'obsédait.

La file devant eux s'amenuisait, révélant progressivement l'auteur. Un homme d'âge mûr, blond cendré, au visage légèrement marqué par le temps et encadré par une barbe poivre et sel taillée avec discipline.

Une jeune femme se tenait à son coté, probablement une traductrice, les yeux clairs et vifs de l'auteur allant et venant de la personne devant lui à elle.

Ha-na s'était glissée derrière Jimin pour ouvrir  son sac à dos et en sortir l'exemplaire qu'il voulait se faire dédicacer.

Elle lui avait tendu le livre, les mains légèrement tremblantes, lui adressant un sourire maladroit, presque forcé.

Puis elle s'était reculée, préférant se tenir à distance pour ne pas interférer avec ce moment précieux pour lui, et  surtout parce qu'elle savait que quelque chose s'était déclenché en elle.

Comme une brume  insidieuse, ses pensées sombres  avaient envahies son esprit, et la douleur, cette vieille compagne, s'était frayée  un chemin depuis son mental pour s'ancrer dans ses muscles.

Ha-na avait resserré ses bras autour d'elle, sentant la sueur perler sur sa peau, son corps entier devenant soudainement un terrain de guerre entre l'esprit et la chair.

Sa vision brouillée s'était dirigée sur la file devant eux et elle s'était maudite.

Trois personnes encore avant que Jimin n'atteigne le comptoir.

Seulement trois.

Tiens bon, s'était elle suppliée intérieurement, mordant dans la chair de sa lèvre  pour repousser l'inéluctable alors qu'une décharge électrique irradiait son être.

Elle s'était battue pour repousser les limites de son corps mais il avait cédé.

Sa jambe, cette ennemie indomptable avait fléchi et elle s'était effondrée, le bruit de sa chute raisonnant à ses oreilles comme un coup de tonnerre.

L'agitation qui suivit s'était fondue dans un brouillard dans lequel elle avait cherché Jimin, comme un dernier réflexe.

Elle l'avait vu  se retourner, ses traits décomposés en  une terreur pure, le livre dans ses mains tombant au sol dans un bruit sourd.

Puis le voile de l'obscurité l'avait engloutie.

Elle avait repris connaissance sous les lumières blafardes d'une chambre d'hôpital, Jimin à ses côtés, le visage fatigué.

Son cœur s'était emballé et il l'avait aussitôt rassurée qu'aucun calmant ne lui avait été administré. Mais c'était une autre réalité qui l'avait frappée, une vague glacée lui remémorant les derniers évènements.

La librairie, la dédicace, ce moment précieux pour lui qu'elle avait une fois de plus gâché.

Tout lui était revenu en un instant, et la honte, couplée à une culpabilité écrasante l'avaient submergé.

Les larmes l'avaient assaillies, noyant ses excuses dans un flot de supplications inaudibles.

Jimin avait glissé la page dédicacée sous ses yeux, avec un sourire qui ne l'avait soulagé qu'à moitié.

Échappant à tout contrôle, les sanglots n'avaient pas arrêté de la secouer. Le brun l'avait enveloppé de ses bras, la berçant de paroles apaisantes qu'elle n'avait pu discerner, submergée par ses propres émotions.

_Ae-cha sera bientôt là, avait t-il murmuré lorsque que l'épuisement avait finalement tari ses larmes.

Doucement, il l'avait déposée sur l'oreiller pour répondre à l'appel du médecin, et elle avait suivi ses mouvements à demi consciente, une brume de fatigue floutant perception.

Les deux hommes avaient échangé des paroles trop lointaines pour qu'elle puisse les saisir, et le Jimin qui était revenu auprès d'elle après cette conversation n'avait jamais plus été le même. 

Elle était trop épuisée ce jour-là pour s'en rendre compte mais s'en était souvenu longtemps après.

Les yeux du brun avaient balayé le sol, fixé des points inexistants dans une réflexion connue de lui seul, comme s'il cherchait des réponses dans l'invisible.

Son visage était éteint et marqué par quelque chose de plus lourd que l'épuisement seul. C'est sur cette dernière vision que les paupières d'Ha-na s'étaient alourdies et qu'elle perçut sa voix qui lui parlait.

_Ha-na, l'avait t-il appelé d'une voix qui vibrait d'incertitude, est-ce que tu crois qu..., est-ce que tu penses que je...

Elle n'avait pas tenu jusqu'à la fin de sa phrase, mais avait réalisé plus tard qu'il avait pris sa décision ce jour-là.

Après trois semaines durant lesquelles il s'était progressivement effacé, ses présences plus rares, ses sourires devenus mécaniques et dénués de chaleur, et leurs échanges vides de substance, c'était une soirée d'hiver que la sentence était tombée.

_Je veux qu'on arrête de se voir, avait t-il lâché sans préambule au cours d'un repas qu'ils partageaient.

Ha-na s'était immobilisée, sonnée et prisonnière des mots qu'il avait prononcés.

Ses oreilles s'étaient mises à bourdonner la déconnectant brusquement du monde qui l'entourait pendant plusieurs secondes.

_Je veux qu'on arrête tout, avait t-il ajouté, comme pour la ramener à la réalité et éteindre tout espoir qui aurait pu subsister.

_Tu.., tu veux qu'on se sépare ?

L'acquiescement du brun, net et sans appel valut tous les discours.

Les questions s'étaient alors agitées dans la tête d'Ha-na, s'heurtant les unes aux autres sans qu'aucune ne parvienne à franchir ses lèvres.

Leur dîner s'était achevé dans le silence, le même qui avait imprégné le trajet pour la ramener chez elle, et à la fin duquel il l'avait saluée et s'en était allé sans autre forme de cérémonie. 

Figée dans la torpeur du déni, elle avait regardé ses pas s'éloigner sans en saisir le sens.

Ce ne fut que le lendemain lorsque ses appels et ses messages restèrent  sans réponses que la réalité s'était brutalement imposée à elle.

Ce fut le début de longs mois d'agonie dont elle préféra taire les réminiscences, secouant la tête pour s'arracher des griffes du passé.

Elle s'essuya les yeux et se redressa sur sa chaise pour retrouver sa contenance.

Le carillon de la petite cloche suspendue à l'entrée du café retentit, annonçant l'arrivée d'un nouveau visiteur. 

Rapidement, Ha-na passa à nouveau ses paumes sur ses paupières, s'assurant qu'aucune trace de faiblesse ne subsistait.

Jimin était là.


Hellooo !!!

Ce chapitre était une petite interruption dans la chronologie principale de l'histoire. Je voulais revenir sur les débuts et la fin de la relation d'Ha-na et Jimin parceque je trouvais que c'était important pour mieux comprendre leurs personnages.

Il y aura deux autres chapitres de ce genre consacrés à deux autres couples dont la relation a également débuté plusieurs années avant le début de l'histoire.

J'espère que ce chapitre vous a plu même s'il était assez triste 🥲

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