
Chapitre 35
Je me réveille avec une brusque douleur dans le flanc, et je hurle.
Je rouvre les yeux, exorbités de souffrance, haletant.
Je baisse les yeux, et découvre un couteau tenu fermement contre mon flanc droit qu'on fait glisser à l'horizontal.
Je m'agite, me débats, mais mes gestes font bouger la lame, alors je cesse tous mouvements tandis qu'un rire sardonique retentit à mes oreilles.
- C'est bon Tom, tu l'as réveillé.
La lame se fige, alors que la pointe était tournée sur mon flanc et qu'elle allait le pénétrer, et je relève les yeux, alors que la douleur vive me lance sans s'arrêter.
- Oh non pas déjà ! S'énerve Tom où pourtant dans la voix je sens bien cette intonation joueuse. Je venais de commencer ce n'est pas humain !
Je relève la tête vers son visage, et je vois alors briller dans ses yeux de loup une lueur malsaine.
- Ne t'en fais pas. Tu auras bien le temps plus tard.
Essoufflé, en proie à une douleur lancinante, je relève la tête vers la voix, qui est celle d'Aaron.
Il est assis sur une chaise face à moi, appuyé en avant contre le dossier, et m'observe attentivement, un sourire malsain traînant sur ses lèvres.
Tom à ma gauche lance son couteau trempé de sang entre ses doigts, et se met à jouer avec d'un air absolument terrifiant.
Je l'observe, les yeux écarquillés, et lorsque je sens qu'il va me regarder, je détourne les yeux.
J'essaye d'ignorer un maximum la douleur et ce réveil affreux, et puis je découvre que je suis dans une pièce assez grande, et très sombre. Seul un spot de lumière est installé au-dessus de ma tête, et de grandes poutres à la verticale sont réparties çà et là, une sorte de sous-sol en clair. Je suis attaché sur une chaise, les mains dans le dos, et les pieds liés à ceux de la chaise.
En reportant mon attention sur Aaron, j'ai la soudaine impression qu'il cache quelque chose derrière lui, et en observant autour, je constate que nous ne sommes que trois dans la pièce.
Je n'ai aucune idée de l'heure, du temps, et la douleur m'empêche de totalement me concentrer.
Le sang glisse sur ma peau et trempe mon tee-shirt, je grimace, légèrement sensible à la vue de l'hémoglobine.
Je pense immédiatement à Sean lorsque mes yeux se posent sur son bracelet, et je relève la tête alors qu'Aaron se redresse.
- Bien. D'après les petites recherches que j'ai effectuées, tu t'appelles Swann Sullyvan, je me trompe ?
Je ne réponds pas, terrifié.
Aaron m'observe attentivement, et puis finit par faire un signe de tête à Tom, celui-ci se met à sourire alors de son air malsain.
Il fait rouler son couteau entre ses doigts, s'approche de moi, et j'ai un mouvement de recul.
Tom plante alors la pointe de son arme blanche dans mon bras gauche, et je pousse un cri, d'abord plus de peur que de douleur.
Puis, il le fait glisser sur la longueur de mon avant-bras, et cette fois-ci je me mets à hurler, la douleur revenant de plus belle.
Je distingue Aaron faire un léger signe à Tom, et celui-ci fige sa lame au quart enfoncée dans mon avant-bras, sans pour autant le retirer.
Ma poitrine se soulève à un rythme irrégulier, je suis terrifié, les yeux exorbités j'observe Aaron en serrant les dents.
Il redresse le menton, affiche un sourire terrifiant, et dit :
- A chaque question sans réponses, Tommy se fera un plaisir de trouer un peu plus ta peau avec son couteau. C'est une bonne idée non ?
Je ne réponds pas.
Tom éclate d'un rire mauvais, et il dit :
- Tu n'es pas très vif !
Serrant fermement son couteau entre ses doigts, il reprend son geste, et fait glisser la lame de nouveau alors que je pousse un grand cri.
- Arrêtez ! Je hurle.
- Chaque question sans réponses j'ai dit, tu as déjà oublié ? Rit Aaron.
Tom cesse son geste, et cette fois, retire son couteau de mon bras, et il tombe sur le côté en même temps que ma tête pend sur la droite, complètement amorphe.
Je ferme les yeux une seconde, et serre les dents si fort que j'ai l'impression qu'elles peuvent se briser en morceaux.
La voix d'Aaron me parvient :
- Je crois que tu as compris maintenant. Alors, tu t'appelles bien Swann Sullyver ?
Je déglutis, rouvre un œil, puis l'autre, et réponds la gorge sèche :
- O... Oui...
- Bien. T u as eu 18 ans le 9 juin dernier ?
- Oui...
- Ce gars-là est bien ton frère ?
A cette question, je redresse la tête, les sourcils légèrement froncés, et Aaron sourit d'un air fourbe.
Il se dégage de sa chaise, la tire sur le côté, pour laisser découvrir Sean.
Lui aussi attaché, il semble évanoui, la tête pendante vers le bas, les mains dans le dos.
- Sean... Je souffle.
Puis je me souviens des règles du « jeu », et je dis précipitamment en regardant Aaron :
- Ou... Oui c'est... C'est mon frère...
Tom observe Aaron d'un air entendu, et celui-ci s'approche de moi cette fois.
Il s'agenouille, et sourit d'un air fourbe.
- Dis moi Swann, comment se fait-il que tu saches qu'il est ton frère ?
Je reste un moment sans répondre, et je distingue clairement Tom se glisser derrière moi, encore en train de jouer avec son couteau.
Je m'écrie :
- Je... Je... Grâce à un... Bracelet...
Aaron fronce les sourcils, et Tom s'arrête, s'apprêtant visiblement à me planter son couteau je ne sais où.
- Ce bracelet-là ? S'enquit Aaron en désignant mon poignet droit.
Je hoche la tête.
Je sens derrière moi que Tom sourit de nouveau, et puis il fait glisser sa lame sur mon poignet, sous le filet du bracelet.
Il le soulève, et s'apprête à l'arracher quand Aaron l'arrête d'un geste.
- Pas si vite, on en aura peut-être besoin.
Tom obéît, retire sa lame, et la fait un moment glisser sur mon bras de manière chatouilleuse, et je frissonne.
Aaron se retourne face à moi, et puis il demande :
- Explique-moi comment tu as fait pour te souvenir de ton frère. Il est devenu Parallèle lorsque tu avais 7 ans, ta mémoire a été forcément effacée. Alors je suis curieux de savoir comment tu as fait.
Je déglutis, pris d'une idée, et je réponds en ignorant encore la douleur persistante :
- Je... Je me promenais simplement dans la rue lorsque Sean m'a croisé. Il a... Vu le bracelet, et m'a reconnu comme... Comme ça... Il m'a expliqué la... La vérité ensuite...
Aaron sourit d'un air fourbe.
Il lève les yeux sur Tom, et tout se passe très vite.
L'homme aux yeux de loup saisit fermement son arme, la fait glisser sous mon bras et d'un geste rapide et précis, le plante dans mon abdomen.
Je pousse un tel hurlement de souffrance qu'il réveille Sean, et je sens alors la lame de Tom enfoncée furieusement dans mon ventre.
Il la maintient en place alors que je crie sans pouvoir m'arrêter, et je sens les larmes me monter aux yeux instantanément.
Je voudrais crier à l'aide mais j'en suis incapable, ma gorge est nouée par la douleur, insupportable, et j'ai l'impression que tout s'arrête.
Le visage pendant vers le bas, les dents serrées, je concentre presque toutes mes forces à chasser ce mal qui est en train de me broyer totalement.
Mais Aaron relève mon visage face au sien, et ses yeux brillent de cette lueur de monstre.
- Tss, on ne ment pas non plus, on ne te l'a jamais appris voyons ?
- Lâchez-le ! S'écrie la voix de Sean.
Le couteau toujours tenu fermement dans mon ventre, je relève la tête, et Aaron se retourne.
- Tiens, Sean tu es réveillé. C'est une très bonne surprise.
A travers mon brouillard de souffrance, je vois le regard de Sean brûler, et il dit fermement :
- Il n'est pas Parallèle, laissez-le tranquille.
- Ah oui ? Il ne fait pas partie de ces 0,01 pourcent de la population mondiale à être atteint ?
Aaron s'approche de Sean d'un air de prédateur, tandis que Tom retire brutalement la lame de mon ventre, m'arrachant un brusque cri.
- Pourtant, c'est lui qui a fait un brusque malaise en heure de permanence le lundi 9 juin dernier. C'est lui qui avait les yeux jaunes lorsque l'une des infirmières l'a recueilli et qu'il s'est réveillé. C'est lui qui s'est enfui de son lycée ce jour-là, et qui depuis n'est jamais réapparu.
Il éclate d'un rire mauvais, et puis Tom s'approche d'eux, faisant glisser cette fois sa lame entre ses lèvres pour... Lécher le sang qu'il y a dessus.
Un frisson de dégoût me parcourt, et je détourne les yeux, brillants de larmes.
- Pourquoi tous ces évènements se seraient-ils produits s'il n'était pas Parallèle mon petit Sean ?
Il ne répond pas, et je sens qu'il va écoper de la même chose que moi lorsque Tom s'approche de lui.
Je m'écrie en faisant un effort surhumain pour ne pas m'évanouir sous la douleur :
- Laissez le je... Je le suis...
Aaron et Tom se tournent vers moi, intéressés, et je vois derrière eux, Sean me lancer un regard d'avertissement.
C'est trop longtemps lui qui m'a protégé et non l'inverse, je veux renverser la tendance.
Aaron s'approche, un sourcil arqué, et demande :
- Tu es... ?
- Para... Parallèle. Je... Suis Parallèle.
Aaron lance un coup d'œil à Tom et celui change de bord, s'approchant de nouveau de moi.
Aaron s'agenouille encore face à moi, et puis demande alors que Tom prépare son couteau :
- Tu es Parallèle. As-tu une explication au fait que les Parleurs n'aient rien révélés de ta Parallélité ?
Mon cœur s'accélère alors que je cherche une réponse à toute allure, et je suis des yeux le mouvement du couteau de Tom qui se déplace lentement près de ma cuisse.
- Je... Je...
Aaron attend, Tom aussi, mais je suis incapable de répondre, je panique totalement.
Tom enfonce son couteau dans l'intérieur de ma cuisse.
Je pousse un hurlement intense, la douleur est telle que j'ai l'impression qu'on déchire ma cuisse centimètres par centimètres pour ensuite la brûler sans s'arrêter.
Je hurle encore, les yeux fermés, alors que Tom enfonce le couteau dans tous les sens, le tourne, le retourne, le fait glisser en diagonale, et m'observe souffrir en silence, un sourire jouissif étirant ses lèvres.
Derrière eux, Sean tente de se débattre et de se dégager, sans succès, et la douleur traversant tout mon corps, je me sens perdre mes forces au fur et à mesure que mon sang s'écoule sur le sol, ma peau, mes vêtements, le couteau.
Tom retire soudain le couteau, et Aaron redemande :
- Je vais répéter ma question, je suis gentil je te donne une nouvelle chance de pouvoir répondre juste. Parce qu'il faut que tu saches que la prochaine fois que tu ne réponds pas ou que tu mens, je te laisse aux mains de Tom pendant une demi-heure. Je ne serais donc pas en mesure de l'arrêter s'il décidait de te torturer en continue, et tu as pu le voir à l'œuvre, il adore observer ses victimes souffrir. A ta place, je crois que je n'hésiterais pas trop.
Essoufflé, terrifié, je rouvre les yeux, et observe Aaron en sentant la terre s'effondrer sous mes pieds.
Aaron recommence, en me regardant droit dans les yeux :
- Comment se fait-il, en tant que Parallèle, que les Parleurs n'aient aucune incidence sur toi ?
Je déglutis, reprend mon souffle, et réponds :
- Je... Crois... Que je... Suis im... Immunisé... Contre...
- Ah oui ? Y a-t-il d'autres choses dont lesquelles tu serais immunisé ?
- Le... Le Cercle...
- Intéressant. De quoi d'autre es-tu capable ?
- Swann, ne réponds pas, m'ordonne Sean.
Aaron éclate d'un rire mauvais, suivi de Tom, et puis il se retourne légèrement vers mon frère.
- Tu sais Sean, si tu continues de protester, c'est Swann qui en pâtira à ta place. Vois par toi-même...
Sans que je ne puisse le voir venir, Tom enfonce d'un geste brusque et précis son couteau dans mon autre cuisse.
Je hurle à nouveau en sursautant, et tente de me débattre cette fois, complètement survolté par la douleur.
Je ne m'arrête pas de hurler, et cette fois, les larmes jaillissent sans que je ne puisse les arrêter.
Vide d'énergie, je sens le sang s'écouler de partout, aspirer toute ma force, et la douleur broyer chaque parcelle de vie qui m'habite.
Tom éclate d'un grand rire machiavélique alors que je me laisse tomber, la nuque pendante, les bras totalement vidés.
- A l'avenir, réfléchis avant de l'ouvrir, dit Aaron à Sean. Et prends exemple sur ton pauvre frère qui lui, coopère.
Mes cheveux pendants devant mes yeux je ne vois plus rien, ma vison est brouillée de larmes, et j'ai l'impression de ne voir que du sang, du sang partout.
J'entends les pas d'Aaron, et puis je vois ses chaussures devant mes genoux, eux aussi trempés de sang.
Il relève encore mon visage face à lui, et les paupières tombantes, je ne distingue pas entièrement son visage.
- Je te demandais donc, de quoi d'autre tu es capable ?
Je dois m'y reprendre à trois fois pour avaler ma salive, reprendre mon souffle, et je sens le goût du sang remonter dans ma bouche sans que je n'en comprenne la provenance.
- J... Je... Peux... Lire en... V-Vous...
Aaron semble surpris, il lâche mon visage, et celui-ci tombe, ma nuque incapable de retenir ma tête quelques secondes supplémentaires.
Mes blessures sont si nombreuses que je ne les compte plus, j'ai du sang partout, absolument partout, j'en suis trempé de la tête aux pieds, et la douleur intervient à tant d'endroits que je suis incapable de me concentrer pour la chasser.
- C'est impossible, déclare Aaron. Je suis Parallèle aussi, et nous ne sommes pas censés entendre nos pensées entre nous.
- A-Avec m-moi... ça ne... Fonctionne p-pas...
- Je vois... Dit Aaron. Tom, je crois que nous avons en face de nous un spécimen rare de Parallèllité. Immunisé contre les Parleurs et le Cercle, et visiblement capable d'entendre les pensées d'autres Parallèles.
Il relève de nouveau mon visage, et à travers mes larmes rouges je le vois sourire.
- Tu sais que tu es très précieux toi ? On va te garder finalement.
Il rit légèrement, et Tom ajoute :
- J'adore les nouveaux jouets.
Il rit également, et puis Aaron reprend, plus sérieux :
- Bien, avec ton aide nous allons pouvoir soutirer de nombreuses choses. Pour commencer, il faudrait que tu nous donnes toutes les informations nécessaires que tu as sur les Parallèles que tu as avec toi, et lesquels sont les plus puissants.
Cette fois, je redresse la tête.
C'est hors de question.
Mon regard brûle d'une lumière fiévreuse cette fois, et Aaron semble s'en apercevoir.
Pourtant, imperturbable, il poursuit :
- Tu connais Flynn, nous en sommes persuadés. Nous voulons toutes les informations que tu as sur lui. Ainsi que toutes celles sur la petite blonde avec qui j'ai eu l'occasion de discuter il y a quelques semaines. Ainsi que toutes celles sur les autres Parallèles puissants et susceptibles de nous intéresser.
- Je c-croyais que... Dans tous les cas, vous... Vouliez juste, tous nous tu-tuer ? Je balbutie, cette fois d'un air plus décidé qu'avant.
- Ah oui ? Eh bien c'est simplement la raison officielle, c'est vrai. Mais nous ne les tuons pas tous, les plus puissants, on les garde.
- Pour... Quoi faire ? Je demande.
- Dis donc tu reprends de l'assurance, ce n'est pas à toi de poser les questions mon chou, rit Aaron.
Ses épaules se secouent en une danse macabre, et je serre les dents alors qu'un violent spasme de douleur revient saisir mes membres.
Aaron reprend son sérieux, et puis il dit :
- Tu vas continuer de coopérer, et nous donner tout ce que tu sais sur les Parallèles et cette petite organisation rebelle qu'a créé Flynn. J'espère que tout est clair ?
Je fournis un effort surhumain pour ne pas m'évanouir à ce moment-là, la douleur dans mes cuisses, mon abdomen, mon flanc et mon bras se faisant plus intense, et puis je chuchote :
- Non.
Aaron rit d'un air méchant :
- Attends, répète je n'ai pas entendu ?
- Je... T'ai... Dis... Non.
Aaron recule, un sourire mauvais étirant ses lèvres.
Tom redresse son couteau et commence déjà à s'approcher lorsqu'Aaron l'arrête d'un geste vif.
- Non Tommy. On va agir autrement.
Il appuie ses propos d'un sourire malsain à faire pâlir, et je suis à ce moment-là à deux doigts de m'évanouir.
Je comprends que si jusqu'à maintenant je croyais avoir souffert le martyr, ce n'était rien comparé à ce qui va arriver.
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