Après avoir discuté avec Astrid jusqu'à presque quatre heures et demi du matin, je suis retourné me coucher.

Je me suis endormi immédiatement, écroulé, et le cerveau carburant à toute allure.

Je me réveille, cette fois-ci les pensées plus claires qu'avant.

Je jette un œil à ma montre pour découvrir qu'il est dix heures et demie, et je grimace, détestant me lever tard.

Je suis couche tard lève-tôt, j'adore profiter du maximum de temps dans une journée, même si dormir ça fait du bien quand même.

Je me lève, et puis j'enfile les mêmes vêtements que j'ai mis pendant la nuit puisqu'ils ne sont pas sales.

Debout devant mon lit, je boutonne ma chemise, quand on toque à la porte.

Sans attendre mon accord, la porte s'ouvre, et je me retrouve face à Flynn.

Frappé une nouvelle fois par sa beauté, je rougis immédiatement en pensant à mon torse dénudé, alors je finis de boutonner ma chemise tandis que son sempiternel sourire carnassier étire ses lèvres.

-          Je crois que le principe de frapper à une porte c'est d'attendre l'accord pour entrer non ? Je remarque.

Je remarque qu'il fait rouler entre ses doigts une cigarette non allumée, et je grimace de dégoût, à cette heure-là ce ne doit pas être très agréable.

Flynn rétorque :

-          C'est vrai, mais j'adore m'assoir sur les principes.

Tu peux t'assoir sur autre chose si tu veux.

Non, non, non Swann, oublie pas qu'il a brisé Astrid, et que visiblement, tu aimes bien Astrid.

Oui mais il est vraiment magnifique. Comment on fait pour être si beau ?

Chut tais toi.

-          Ce n'est pas que je n'apprécie pas ta présence, mais j'ai des choses à faire, je dis plus sèchement que je ne l'aurais voulu.

La faute à mes conflits inter-corporels très fréquents.

Flynn arque un sourcil.

-          Si tôt ?

Son ton est clairement soupçonneux, même s'il est caché sous une bonne dose de moquerie, et je comprends que je dois ruser puisqu'Astrid ne veut pas qu'il sache qu'on part chez moi.

-          Oui, je n'aime pas rester sans rien faire. Et puis il n'est pas si tôt que ça.

-          Tu as une ribambelle de salles à ta disposition si tu le souhaites. J'ai cru comprendre que tu aimais lire, tu pourras en profiter.

-          Merci, c'est gentil, je réponds.

Je m'approche de lui pour sortir, quand il renchérît :

-          Je voulais te prévenir que tu es officiellement effacé. Et que tu fais partie des listes de Parallèles du gouvernement.

-          Super, t'en as d'autres des supers nouvelles comme ça dès le matin ?

-          Je voulais aussi te dire que tu as l'air de mieux prendre la chose que prévu.

Son ton a changé, il est cette fois-ci très attentionné, et surprit, je fige mon geste.

Je me retourne vers lui, légèrement soupçonneux.

Il me met toujours aussi mal à l'aise, mais dans ses yeux si clairs je peux clairement voir qu'il est inquiet pour moi.

Comment ça se fait ? Est-il attentionné avec tous les nouveaux Parallèles ou... ?

Il semble ressentir mon trouble, alors son sourire s'affaisse, et il dit :

-          Excuse-moi, c'était légèrement indiscret. Ce que je veux dire, c'est qu'habituellement les nouveaux Parallèles sont complètements désespérés et perdus. Ils mettent des semaines à se remettre de ce changement. Tu as l'air de prendre beaucoup mieux la chose, et Raphaël m'a confié que dans la rue tu ne semblais pas si mal que ça.

Je manque de m'étrangler, et je réplique :

-          Pas si mal que ça ! J'étais totalement en PLS !

Flynn secoue négativement la tête.

-          Non Swann. Tu ne le sais pas, mais les nouveaux Parallèles ne supportent pas le changement brusque dans leur corps. Là où ils se seraient évanouis pour ne se réveiller que des jours et des jours plus tard, toi tu as réussi à traverser une cour pleine, ainsi que la foule. Et tu ne t'es même pas évanoui.

Je suis totalement désemparé, surpris. Je pensais réellement avoir dégusté hier, mais je me rends compte qu'en réalité, ce n'était rien par rapport à d'autres.

-          Il y a possibilité que tu sois plus puissant que nous, me révèle Flynn. Ça arrive parfois, certains Parallèles sont plus doués que d'autres, ici nous n'avons qu'Astrid et moi, et peut être Alyssa, j'ai l'impression qu'elle promet de grandes choses mais il est un peu trop tôt pour le dire. Je tenais simplement à te mettre en garde. Parce que de cette façon tu dois être plus vigilant que d'autres.

-          Ton inquiétude me touche, je dis d'un air moqueur.

Flynn pousse un soupire, comme s'il comprenait très bien que je ne le prenais pas au sérieux.

Il pose sa main sur mon épaule, ce qui me vaut un long frisson remontant le long de mon échine, et il dit :

-          Je ne te mets pas en garde seulement face au gouvernement. Mais aussi face à d'autres Parallèles.

Son ton est plein de sous-entendus, et je comprends immédiatement qu'il y a anguille sous roche.

Il y aurait quelqu'un, parmi les Parallèles, qui soit mal intentionné ?

C'est débile, nous n'avons qu'un seul ennemi commun ; le gouvernement, à quoi ça sert de créer des problèmes ?

En voyant mon expression surprise, Flynn remarque :

-          Tu n'as sûrement pas fait la rencontre de tout le monde. Je ne cherche pas à influencer ton avis, je ne suis pas là pour te ranger de mon côté, seulement de te demander d'être prudent. Ce sera à toi de voir à qui tu fais confiance.

Ok.

Cette histoire de jolie communauté de Parallèles où on se protège les uns les autres, c'est n'importe quoi.

Il y a quelqu'un ici qui ne semble pas d'accord avec tout ça, sauf qu'à ce que j'ai compris, Flynn est assez intelligent pour ne pas chercher à me ranger immédiatement de son côté.

Il préfère que je me fasse mon propre avis sur la situation et les gens, sans m'influencer, ce que je trouve plutôt juste.

Mais je reste méfiant, ce peut être un double bluff, même si je n'en vois pas trop l'intérêt.

-          Merci, je finis par dire simplement.

Flynn n'en rajoute pas, comprenant visiblement que j'ai saisis ses paroles.

-          Je te laisse tranquille. Si tu as besoin de moi n'hésite pas.

Avant de s'éloigner, il rajoute avec un petit sourire malicieux :

-          Si tu cherches de l'alcool ou des cigarettes, comme simple exemple.

J'éclate de rire, il me fait un clin d'œil complice, et je hoche la tête.

Il s'éloigne de sa démarche nonchalante, et je le suis du regard.

J'allais refermer la porte de ma chambre quand je reçois un brusque coup dans le dos.

-          Eh !

Je suis poussé à l'intérieur, et j'atterris brusquement.

Je me retourne au moment où la porte se claque, et Astrid se retourne face à moi.

-          Qu'est-ce qui te prend ? Je demande.

-          Je ne voulais pas que Flynn me voie venir te voir !

-          Comment ça ?

-          Il doit se douter que tu vas vouloir retourner chercher des affaires chez toi, je suis même sûre qu'il est passé venir te voir pour savoir ce que tu allais faire.

-          Quoi ?

-          J'ai écouté votre conversation je passais te voir quand il est arrivé alors je me suis cachée. Et bref, Flynn sait parfaitement que tu es trop intelligent pour y aller seul, et que la seule personne qui accepterait de t'aider, c'est moi.

-          Donc tout ce qu'il m'a dit c'était n'importe quoi ? Je demande, sentant la colère monter.

-          Ah non ce n'est pas ce que j'ai voulu dire, rétorque Astrid. Tout ce qu'il t'a dit était vrai et sincère et...

-          Comment peux-tu le savoir ? Je coupe.

Astrid passe son regard glacial sur moi, et elle répond :

-          Parce que je le connais mieux qu'il ne se connaît lui-même. Et lui, c'est pareil avec moi.

Je ne réponds pas, mais hoche la tête.

Alors je peux peut-être faire confiance à Flynn.

-          Concernant à ce qu'il a dit, je ne veux pas t'influencer aussi, je suis d'accord avec lui et je préfère que tu voies par toi-même à qui tu peux faire confiance ou non.

-          Je n'ai pas signé pour ça, je rétorque. Je croyais que les Parallèles étaient censés se protéger entre eux ?

-          Je ne veux pas t'en dire plus, me répond Astrid. Hors de question d'influencer ton avis, tu es assez réfléchi pour comprendre toi-même où te ranger. Tu verras bien assez vite de toute façon.

J'allais l'interrompre, quand elle continue :

-          Fin bref, je ne voulais pas que Flynn me voie avec toi, sinon il va tout comprendre.

-          Il est si rusé que ça ? Je demande.

Astrid fait la moue, réfléchissant, et puis elle répond.

-          Il l'est, c'est sûr. Mais c'est surtout qu'il me surveille. Il sait que je ne dors pas la nuit, et que je me lève. Je l'ai déjà croisé « par hasard », alors qu'il voulait juste discuter avec moi. Peut-être qu'il sait qu'on a discuté cette nuit, dans tous les cas je me méfie de lui.

-          Qu'est-ce qu'on risque ? Je demande, plus amusé qu'inquiet par la situation.

Astrid doit sentir que les risques m'attirent plus qu'autre chose, alors ses lèvres en un petit sourire malicieux, et elle répond :

-          Les règles sont strictes. Seuls Raphaël, Flynn et moi sommes autorisés à sortir du QG. Personne ne les a jamais enfreintes avant, bien sûr je l'aurais bien fait moi-même, mais comme moi je suis autorisée... Donc au fond je ne sais pas vraiment ce qu'on risque vis-à-vis des Parallèles. En revanche, vis-à-vis du gouvernement, c'est simple, c'est l'arrestation. Et sans conteste la mort.

-          Super, je signe, je dis en riant.

Astrid rit, les yeux pétillants, et elle me répond :

-          Ça fait du bien d'avoir quelqu'un comme toi ici, personne ne veut jamais s'amuser. Je suis toujours seule.

La joie semble vraiment l'animer cette fois, comme si le simple fait de partir en expédition avec moi l'amusait.

Sa tristesse semble s'être envolée brusquement, bien sûr je vois toujours dans son regard ce magma de fureur et de mélancolie, sauf que la joie semble avoir pris l'avantage cette fois, contrairement à hier.

Si j'ai le pouvoir de lui redonner le sourire, même pendant un instant et pour quelque chose de dangereux, et bien j'en suis très heureux.

-          On devrait y aller, dit-elle en reprenant son air sérieux. Personne ne devrait remarquer notre absence à cette heure-là, et si on se débrouille bien on sera vite revenus.

Elle se retourne, déterminée, et se dirige à grands pas vers la porte.

Lorsqu'elle pose la poignée dessus, je l'interpelle, incapable de ravaler mes mots :

-          Qu'est-ce qu'il t'a fait ?

La main d'Astrid se fige.

Je m'en veux immédiatement, je commençais à peine à me lier d'affection avec elle, mais je n'ai aucun tact, je n'en ai jamais eu.

Son dos est pétrifié, elle ne se retourne pas, alors comme je suis déjà bien dans la merde, je m'enfonce encore plus.

-          Tu as l'air de vraiment vouloir énerver Flynn. Je ne le connais pas encore, mais il ne semble vouloir de mal à personne. J'ai plutôt l'impression qu'il protège les autres, toi plus que les autres. Pourquoi tu lui en veux ? Qu'est-ce qu'il t'a fait ?

Le silence commence par me répondre.

Je fixe le dos d'Astrid sans bouger, et puis, sa nuque s'abaisse légèrement vers le bas.

Elle se relève, et puis, la voix d'Astrid me parvient, semblant soudain vraiment triste :

-          Parfois on pense bien faire, Swann. On aime tellement fort qu'on est prêt à tout sacrifier. Sauf que la frontière est très maigre, mais elle est capitale à ne pas dépasser.

Elle rajoute, cette fois-ci d'une voix vide :

-          Flynn a dépassé la frontière.

***
Hey !
Un petit chapitre qui prépare l'expédition de Swann pour récupérer ce fameux objet qui lui est cher 😛
On en apprend un tout petit peu plus sur le secret liant Flynn et Astrid, qu'en pensez vous, des suggestions ?
Les relations entre les personnages vont évoluer, mais avec un personnage comme Swann, difficile de savoir de quelle façon !
Vos avis sur les personnages que nous connaissons maintenant ?