PDV Stella

Je me réveille difficilement. La nuit dernière n'a pas été de tout repos et je n'ai pas réussi à dormir. Je me prépare aussi rapidement que possible, mange et vais en cours. Lors de la pose, j'observe attentivement les élèves jusqu'à trouver celui d'hier soir. Je le vois justement sur un banc, en train de relire ses cours. Rassemblant mon courage je décide de l'aborder.

Moi : Bonjour ! Excuse-moi, j'aimerai te parler.

Lui : Oh, oui bonjour. On se connaît ?

Moi : Tu m'as bousculée hier matin, mais sinon pas plus que ça.

Lui : D'accord... De quoi voulais-tu me parler ?

Moi : Eloignons-nous un peu.

Nous allons dans un coin isolé et après avoir vérifié que ceux aux alentours ne peuvent pas nous entendre, je commence à lui expliquer.

Moi : Ecoute... Hier soir, après le couvre-feu, j'ai entendu du bruit et quand je suis sortie de mon dortoir j'ai aperçu Arden et quatre autres garçons entrer dans la salle de musique. J'ai vu ce qu'ils t'ont fait...

Il me regarde apeuré.

Moi : Ne t'inquiète pas, je tiens à t'aider et dénoncer Arden. Pour ça, j'ai besoin que tu m'en dises plus.

Lui : N-Non... Je ne peux pas ! Si Arden l'apprend, il va...

Moi : Mais si tu ne me dis rien, toi et d'autres continuerez à souffrir. Et puis personne ne t'entends ici.

Il semble réfléchir un instant puis se penche vers moi pour chuchoter :

Lui : Arden demande souvent à moi et d'autres élèves du dortoir de faire ses tâches et ses devoirs à sa place, comme de la broderie ou des poèmes, pour qu'il puisse impressionner M. Redmond. Tous les jeudis soirs, on se réunit dans la salle de musique et on lui remet notre travail. Sauf que même si tout est correct, lui et ses amis prennent un malin plaisir à nous brutaliser et cela nous force normalement à rester silencieux.

Moi : D'accord je vois. Je vais en informer les préfets anonymement. Votre honneur sera lavé tu peux en être certain. Merci pour ces informations.

Lui : De rien. Maintenant séparons-nous avant qu'Arden ou l'un de ses tyrans nous voient ensemble.

Je le salue rapidement puis me dirige vers mon prochain cours tout en réfléchissant. Comment informer les préfets de cette mise en oeuvre tout en gardant l'anonymat ? Je pourrais leur écrire une lettre, mais si Arden la lit il comprendra qu'il a été démasqué et manipulera les préfets pour nier mes accusations. Le garçon a parlé de broderies et de poèmes tout à l'heure, je pourrai leur transmettre un message caché grâce à ce genre de stratagème ? Je m'y connais plutôt bien en écriture poétique, j'en lisais souvent des recueils chez moi et je pense être capable d'écrire un poème comportant un message caché que seuls les préfets pourront déchifrer. C'est une bonne idée. Il faut que je l'écrive pour jeudi prochain.

M. Agares : Encore dans la lune, Starlight ?

Je me redresse et le regarde incrédule. Mince j'avais oublié, je suis en cours là !

M. Agares : Cela vous fera un Y supplémentaire.

Moi : Oui. Veuillez m'excuser...

Bon sang, à ce rythme là je serai renvoyée avant la fin de l'année !

Ellipse une semaine plus tard.

J'ai terminé le poème cette nuit et ai pu le poster très tôt ce matin. Les préfets auront l'occasion de le lire durant le temps des factotums. J'espère que ça va marcher. Et s'ils ne comprennent pas ? Impossible, M. Redmond adore la poésie c'est sûr qu'au moins lui comprendra. Mais dans le doute je me rendrai discrètement à la salle de musique ce soir ; en plus cela fait tellement longtemps que je n'ai pas vu Violet, je veux être sûre qu'il va bien. A sa pensée mon coeur s'emballe. Pourquoi ai-je dû tomber amoureuse ?

La journée a été terriblement longue. Heureusement, maintenant les cours sont finis, les préfets ont dû avoir lu ma lettre. Je prie n'importe quel dieu pour qu'ils l'aient déchiffrée. Pendant que je me prépare pour aller à la salle de musique après le couvre-feu, mon appréhension monte. Et s'ils n'arrivaient pas à temps ? Et si je me faisais prendre ? Et si Arden et sa bande s'en prenaient aux préfets ? Ils oseraient ? Après tout, une batte de cricket peut tuer si on frappe assez fort et cela m'étonnerait que les préfets aient une arme sur eux. Il faudra que je puisse agir au cas où. Ce que je vais faire si cela se produit ? Appliquer les deux/trois techniques de self-defense que je connais. C'est l'un de mes frères qui me les a apprises quand j'étais petite, en disant que cela pourrait me servir un jour. Ce fut la seule chose utile que j'appris de ma famille.

C'est bon le couvre-feu est passé depuis une dizaine de minutes. Je sors discrètement, m'assurant que personne ne soit dans le couloir en ouvrant mon esprit aux pensées des autres - que je peux detecter jusqu'à environ 50 mètres autour de moi - . Personne. Je fonce. J'arrive près de la salle de musique et me cache au même endroit que la dernière fois. Bizarre, la porte est ouverte mais aucune lumière n'en sort. Ont-ils renoncé ? Non je perçois les pensées des garçons de la dernière fois. Mais aucune trace d'Arden et des autres. Où sont-ils ? Ces élèves ne se sont pas retrouvés attachés là tout seuls. Je m'apprêtais à aller voir lorsqu'une vive douleur se fit ressentir à l'arrière de mon crâne. J'eus tout juste le temps d'entrapercevoir Arden et sa bande de pourris avant que tout ne devienne noir.

PDV Violet

Moi : Pourquoi nous avoir fait venir ici Redmond ? J'ai sommeil...

Il n'aurait pas pu attendre demain matin ? Le couvre-feu est à peine passé ! J'aurai aimé dormir si c'était possible.

Redmond : C'est à propos du poème que l'on a reçu cette après-midi...

Ah ce fameux poème. J'ai cru y reconnaître l'écriture fine de Stella mais je me fais sûrement des idées. Elle me manque plus que je ne veux bien l'admettre...
Redmond nous révèle que le poème contenait en réalité une date, une heure et un lieu qui nous étaient adréssés. Jeudi, après le couvre-feu, dans la salle de musique. Pourquoi ? Aucune idée. Soit c'est une mauvaise blague - qui sera lourdement sanctionnée - soit c'est un élève qui a voulu nous prévenir discrètement de quelque chose de grave. Nous marchons jusqu'à la dite salle et voyons de la lumière qui s'en échappait ainsi que des sortes de cris. Redmond s'y précipite, nous sur ses talons, et ouvre la porte d'un coup.

Redmond : QUE SE PASSE-T-IL ICI !?

Nous nous figeons tous en découvrant le factotum de Redmond et quatre autres de ses amis brutaliser des élèves de la Red House et... STELLA !? Elle écarquille les yeux en me voyant, apeurée. Elle est attachée les mains dans le dos sur une chaise et a une coupure profonde qui saigne sur sa joue gauche. Tout à coup je suis pris d'une immense colère. Alors que Redmond cherchait désespérément des explications auprès de son factotum, je poussais violement Greenhill et Bluer se trouvant devant moi, ignorant leur protestations. Je détache Stella et cette dernière fond en larmes dans mes bras. Je la serre aussi fort de je peux lui caressant doucement le dos et lui souffle des "je suis là", "c'est fini". Cela faisait si longtemps que je ne l'avais pas vue, sa douce odeur est toujours aussi réconfortante. C'est alors que M. Agares sort de nulle part.