PDV Stella

Nous arrivons au bord de la Tamise, toujours main dans la main. Sans vraiment savoir pourquoi, j'ai l'impression que Violet aimerai me parler de quelque chose. Pourtant il reste silencieux, le regard rivé sur le sol, semblant réfléchir. Qu'est-ce qui peut bien le bouleverser autant ? Aurais-je fait quelque chose de mal ? Voudrait-il mettre de la distance entre nous ? Pourtant il tient fermement ma main, comme s'il avait peur de me perdre. M'aime-t-il du même amour que celui qui m'anime depuis le début de notre amitié ? Quand j'y pense, je me dis qu'il ne peut y avoir homme plus parfait à mes yeux, aussi bien physiquement que psychologiquement. Bien qu'il m'ait fallu un certain temps pour le comprendre, alors qu'en fait il n'est pas si différent de moi. Nous avons beaucoup de choses en commun. Oui, depuis le début je sais que c'est lui. Lui qui fait battre mon coeur, lui ma raison de vivre, lui avec qui je veux finir ma vie. Pour sûr, j'ai déjà rencontré nombre de prétendants à cause de ma mère et sa lubie que je devais être absolument mariée avant mes 18 ans. Mais aucun n'avait animé mon cœur comme lui l'avait fait. J'ai comme cette sorte de conviction dans mon cœur qui me dit que je ne trouverai jamais mieux. C'est lui et personne d'autre. C'est plus qu'un simple amour de jeunesse, il est l'oxygène qui maintient ma flamme en vie. Et comme elle, je ne peux pas vivre sans toi, Gregory Violet.

Nous dépassons le banc de la dernière fois et continuons à marcher tranquillement ; nos yeux s'habituant petit à petit à l'obscurité ambiante. Je me demande si je devrais lui avouer mes sentiments ? Le contexte si prête si bien ; un ciel étoilé sans nuages, un croissant de lune très peu brillant mais bien présent, le clapotis de l'eau de la Tamise et l'homme de ma vie me tenant la main. Que demander de plus ? Qu'il m'aime aussi de cet amour si fort que je ressens pour lui. Si ce n'était pas le cas, je ne sais pas comment je pourrais vivre. Une flamme privée de son oxygène est vouée à s'éteindre. C'est un peu niais, mais réel. Nous nous écartons du chemin pour aller dans une petite prairie un peu à l'écart et nous nous asseyons dans l'herbe pour oberver les étoiles. Je jette de temps en temps un coup d'oeil vers Violet, les lumières du ciel se reflètent à la perfection dans ses yeux couleur améthyste. Il a un profil si délicat, ses traits de visage si fins, ses lèvres noires sûrement si douces...

Violet : Les étoiles sont magnifiques ce soir, tu ne trouves pas ?

Je détourne rapidement le regard vers le ciel.

Moi : Oui, on dirait qu'elles s'allument pour nous...

Violet : Pourtant, la plus belle des étoiles n'est pas dans le ciel ce soir...

Je ne comprends pas à quoi il veut faire allusion, puisque l'Etoile du Nord est bien là, mais son regard posé sur moi me fait tilter. Il-Il parlait de moi !? Après tout, "stella" signifie "étoile" en latin. Je lui souris, sourire qu'il me rend. Nous retournons à notre contemplation lorsqu'une légère brise se lève et fait basculer la capuche de Violet en arrière ; ce dernier ne s'en préoccupe pas et ne cherche pas à la remettre. C'est la première fois que je vois nettement son visage et ses cheveux. Ils ont l'air si doux, j'ai envie de les toucher. Non ce serait bizarre. Mais ma main se dirige toute seule vers lui et je prends une mèche entre mes doigts. Violet le sent et tourne sa tête vers moi. Il est encore plus beau sans sa capuche qui assombrissait son visage. Sa mèche blanche donne plus de lumière à son visage, tandis que son maquillage lui donne un côté plus mystérieux en soulignant son regard.

Moi : Euh... Euh... Désolée je...

Il sourit et pose sa tête sur mon épaule, je caresse ses cheveux et il ferme les yeux. On dirait un chat. Nous profitons tout deux de cet instant magique, ce serait le moment parfait pour lui avouer mes sentiments mais j'ai peur de tout gâcher.

Violet : Je te sens anxieuse, qu'est-ce qui ne va pas ?

Il arrive aussi à deviner mes ressentis ?

Moi : Bah... C'est que je ne voudrais pas gâcher ce beau moment...

Violet : Ne t'inquiète pas, tu ne pourras jamais rien gâcher.

Moi : Je n'en serai pas si sûre à ta place...

Violet : Tu as quelque chose à me dire ?

Moi : Ouais...

Il relève sa tête et me regarde avec une sorte de compassion.

Violet : Vas-y je t'écoute.

J'hésite. Et si cela ruinait notre amitié ? Et s'il ne m'aimait pas ? Et s'il ne voulait plus me voir après ça ? Et si...
Tout à coup, Violet pose sa main sur ma tête et commence à caresser mes cheveux comme je l'avais fait avec lui un peu plus tôt. Je le regarde incrédule, il détourne le regard et rougit légèrement tout en continuant ses caresses. C'est plutôt agréable...

Violet : Quand j'étais petit, ma mère me caressait la tête pour m'apaiser, j'ai pensé que ça t'aiderait aussi...

Il est définitivement adorable. Je lui souris, de nouveau en confiance.

Moi : Merci...

Le bel homme qu'il est me sourit et plonge ses beaux yeux améthyste dans les miens de jais. Après quelques instants, il arrête ses caresses.

Violet : Donc, que voulais-tu me dire ?

Aller, je me lance.

Moi : En fait je... Je ne sais pas comment te le dire, mais... depuis le jour où je t'ai rencontré, tu as pris une place importante dans mon cœur ; tellement importante que maintenant je ne me vois plus vivre sans toi, ni même continuer ma vie sans toi. Tu es devenu mon oxygène, ma raison de vivre et surtout, mon amour. Avant de te connaître je n'accordais aucun sentiment au réel ; à part l'art et la poésie je ne comprenais pas le monde autour de moi et je m'en fichais. Mais tu m'as montré la vraie valeur de ce sentiment si beau et particulier qu'est l'amour ; même si je n'y connais que peu de chose, cela m'est suffisant pour te dire que je t'aime.

Quelques secondes passent, mon cœur bat la chamade et mes oreilles sont à l'affût de la moindre réponse. Lorsque j'ose à nouveau le regarder, il a l'air à la fois surpris, indécis et heureux. Je crois ? Son expression est assez imprécise. Alors que je panique à l'idée que cela ne soit pas réciproque, il semble réfléchir. Peut-être n'aurais-je pas dû ? Trop tard, ce qui est fait ne peut être défait ; il faut que j'assume.

Violet : ... Stella je... Comment te dire ça ? ... Toi et moi... ce n'est pas possible.