PDV Stella

Je me réveille un matin de plus et fais face à la dure réalité : mon rêve n'en était qu'un parmi d'autres. Je suis née dans une noble famille d'Angleterre, je suis la dernière d'une famille de 5 enfants - que des garçons plus grands que moi - ils sont tous allés au Weston College, alors mes parents n'ont pas voulu s'embêter à me trouver une école pour filles et comme ils connaissent bien le Principal, ils ont réussi à me trouver une place. En réalité, je me fiche un peu de l'école dans laquelle je vais puisque dans tous les cas je serai une ratée pour ma famille. Contrairement aux jeunes filles de mon âge, je n'arrive pas à retenir tout ce que je devrai savoir, disons que je connais seulement les bases de l'Etiquette et de la politesse. Tout ce que je sais faire c'est dessiner, mais pour ma mère « c'est juste un passe-temps pas une vraie discipline ! ». Pourtant l'un des dortoirs du Weston College est consacré uniquement à l'art quel qu'il soit (musique, dessin, peinture...) j'aimerai bien y aller. Mais mes parents ont insisté pour que je me retrouve chez Scarlet Fox, le dortoir de la noblesse, comme mes frères. Après tout, je n'ai pas mon mot à dire. La seule chose qui me rend vraiment heureuse c'est m'enfermer dans ma bulle et dessiner pendant des heures et des heures. Malheureusement chez moi moi le « des heures et des heures » se transforme plus souvent « des minutes et des secondes ». Par ailleurs, j'ai aussi des pouvoirs psyschiques mais ça personne ne le sait.

J'enfile l'uniforme du Weston College (le même que les autres mais version féminine), coiffe mes cheveux en une longue tresse et aplatit comme je peux mes mèches rebelles de devant, attrape mes affaires et descends prendre mon petit déjeuner. 

Servante : Bonjour Madame, comment allez-vous ?

Moi : Bonjour, bien merci. Et vous ?

Ah mince je ne suis pas censée lui retourner la question ! Comprenant mon erreur la bonne me sourit et s'incline poliment. Je mange rapidement et rejoins la calèche qui m'emmène devant un grand bâtiment entouré d'un extérieur tout aussi grand. Sur le portail est écrit majestueusement « Weston College ». Je me demande comment sera mon séjour ici ? Alors que j'y réfléchis, mes parents et moi allons dans le bureau du Principal escortés par les factotums. Je sors de mes pensées pour saluer le Principal et les préfets, pendant qu'ils se présentent je les détaille vaguement du regard. Lawrence Bluer, préfet des Sapphire Owl, cheveux bleutés, yeux bleus, lunettes, un regard intelligent, une posture droite et stricte. Herman Greenhill, préfet des Green Lions, blond aux yeux verts, carrure assez large, un regard sévère, une confiance en lui débordante. Edgar Redmond, préfet des Scarlet Fox (là où mes parents veulent m'envoyer), blond aux yeux rubis, un regard chaleureux et distingué, il aborde une posture noble. Et enfin, le préfet qui a suscité chez moi le plus d'attention : Gregory Violet, le préfet des Violet Wolf, des yeux violets, des cheveux noirs embellis par une mèche blanche ; assez longs, un regard énigmatique et mystérieux souligné par son maquillage sombre, il avait une posture décontractée, légèrement courbée, mais je le sentais un peu tendu. Alors que nos regards se croisaient, mon rythme cardiaque s'accéléra sans que je sache pourquoi. Le Principal m'adressa la parole :

Le Principal : Alors tu t'appelles Stella Starlight ?

Moi : Oui Monsieur.

Le Principal : Vu ton dossier, tu aurais tout à fait ta place chez Scarlet Fox et Violet Wolf, quel dortoir préfères-tu ?

Ma mère : Si possible, nous aimerions qu'elle -

Le Principal : Nous avons pour principe de laisser les enfants choisir lorsque c'est possible, Madame.

Ma mère me lance un regard insistant. Elle veut que je réponde Scarlet Fox, mais si pour la première fois en 17 ans je peux faire mon propre choix, autant me faire plaisir. Même si je sais que cela aura des conséquences plus tard.

Moi : Alors je choisis le dortoir Violet Wolf, Monsieur.

Le Principal : Très bien. T'y voilà admise dans ce cas. Je te laisse dire au revoir à tes parents, ensuite tu passeras la journée avec les préfets et M. Violet te fera visiter le dortoir.

Nous sortons de la pièce et lorsque nous sommes à l'abri des regards ma mère me gifle, son regard est empli d'une intense colère.

Ma mère : TU VEUX NOUS FAIRE HONTE PETITE SOTTE !? ON AVAIT DIT QUE TU IRAIS A SCARLET FOX COMME TES FRÈRES ! JE T'AI DÉJÀ RÉPÉTÉ MILLE FOIS QUE L'ART N'EST PAS UNE VRAIE DISCIPLINE ! TU FAIS HONTE À NOTRE LIGNEE !

Moi : Veuillez m'excuser Mère. Je vous souhaite un bon retour au manoir.

Avec elle, cela ne sert à rien de débattre pendant des heures, elle aura toujours le dernier mot contre moi. Ses paroles sont aussi aiguisées que ses pensées ; c'est l'une des raisons pour laquelle je ne pénètre plus son esprit depuis longtemps.

Ma mère : Tu ne t'en tireras pas comme ça ! 

Une fois qu'ils sont partis, je cache comme je peux la marque de gifle sur ma joue avec mes cheveux et rejoins les préfets.

Moi : Excusez-moi de vous avoir fait attendre.

Redmond : Ce n'est rien, viens nous allons te faire visiter et t'expliquer comment ça marche ici.

Il me fait un grand sourire que je lui rends timidement, de près il est quand même impressionnant, ils le sont tous d'ailleurs. Nous commençons à marcher, M. Violet se tient à côté de moi un peu derrière les trois autres, et me regarde du coin de l'oeil avec une pointe de curiosité. Je me demande ce qui le fait m'observer comme ça, mais je n'ose pas lire ses pensées ; ce serait une violation de son espace personnel. Les autres préfets accélèrent un peu le pas, j'allais les rattraper mais M. Violet me retient par le bras et s'arrête. A son contact, mon cœur s'accélère encore. Il me regarde avec une lueur de compassion, il me semble.

Violet : C'est ta mère qui t'a fait cette marque sur ta joue ?

Moi : Oh ça... euh non en-en fait je...

Il me lâche le bras et passe devant moi en disant simplement : 

Violet : C'est cruel d'abîmer une si belle œuvre d'art.

Je reste sur place bouche-bée sans comprendre ce qu'il m'a dit. Une œuvre d'art ?