5. Oui, je le veux
Mes yeux s'ouvrent sur une petite fille enjouée qui me tire un peu trop énergiquement du sommeil.
"Debout, il faut qu'on se prépare !
— Il est encore tôt, Margaux...
— Allez, réveille-toi ! insiste-t-elle.
— D'accord." cédé-je en baillant.
Après un petit déjeuner léger et un brin de toilette, le séjour se transforme en salon de beauté. Je m'improvise coiffeuse et manie brosses et barrettes pour réaliser des couronnes tressées à la demande des deux petites filles.
Je suis plutôt satisfaite du résultat. Margaux est habillée d'une robe rose pastel avec un jupon de tulle ceinturé d'un ruban blanc, la tenue des demoiselles d'honneur, et est couronnée d'un serre-tête à fleurs. En fouillant dans l'armoire d'Adèle, nous lui avons déniché une robe très mignonne, bleu ciel avec un nœud dans le dos. Des sandalettes pailletées complètent leur tenue.
"Vous êtes de vraies princesses !" commente Tanguy en entrant dans la pièce.
Il est fraichement rasé. J'hume l'odeur envoûtante de son parfum qui vient chatouiller mes narines. La chemise et le costume qu'il a revêtus lui donnent un air très élégant.
"Et voilà votre prince.
— Il ne reste plus qu'à ce que la reine se prépare, renchérit-il.
— J'y file. Les filles, vous pouvez aller jouer mais faites bien attention à ne pas vous salir."
Je range les affaires éparpillées sur la table du salon et prend le chemin de la chambre pour enfiler ma tenue. Il s'agit d'une robe mauve descendant jusqu'aux chevilles ornée d'un décolleté cache-cœur et de manches courtes transparentes. Je suis contente de ma trouvaille ; elle est confortable et, surtout, munie de poches. Je me maquille légèrement et me coiffe d'un chignon, laissant jaillir quelques mèches rebelles que je ne peux dompter. Je m'asperge enfin d'un coup de parfum. Mes escarpins à la main, je ferme la valise et me voilà prête à partir.
Je croise Tanguy dans le couloir, et je le prends à me parcourir du regard.
"Ouah, t'es trop belle ! lance Margaux qui surgit d'une pièce, suivie d'Adèle.
— Tu es magnifique, ajoute cette dernière.
— Merci les filles, je me devais d'être à votre hauteur, dis-je avec un clin d'œil. Si tout le monde est prêt, nous allons pouvoir y aller."
Les filles partent en courant vers la voiture. Elles évitent soigneusement les quelques flaques restantes, reliques de l'énorme orage qui nous a frappé. Ce matin, le soleil rayonne dans un ciel bleu azur. Le beau temps semble enfin être revenu sur la région, au moment où nous la quittons.
"Cette robe te va à merveille" prononce Tanguy après avoir insisté pour porter ma valise.
Je lui adresse un sourire timide en guise de réponse et m'installe côté passager.
Il prend le volant et conduit pendant les deux heures de trajet. Le voyage est plutôt agréable, égayé par les jeux des filles et un blind-test Disney où je me fais battre à plate couture par le conducteur. En voyant dans le rétroviseur l'expression radieuse de ma sœur tandis qu'elle bavarde avec sa nouvelle amie, je ne peux m'empêcher de sourire à mon tour.
"Elles étaient faites pour se rencontrer, commente Tanguy qui semble avoir remarqué mon manège.
— On dirait bien. J'espère que la séparation de demain ne sera pas trop difficile, lui confié-je.
— Rien n'empêche qu'elle ne soit pas définitive. Si vous repassez dans le coin, vous ne serez pas obligées de tomber en panne pour nous rendre visite.
— C'est vrai. Nous éviterons peut-être aussi de débarquer à l'improviste au milieu d'un orage.
— À vrai dire, ce n'est pas forcément dérangeant. Ça donne l'impression de recueillir des naufragés, c'est plutôt cool.
— Vu sous cet angle, alors..."
En début d'après-midi, la voiture se gare sur le parking du domaine où a lieu le mariage.
"Nous voilà arrivés à bon port.
— Merci au pilote du carrosse.
— C'est un honneur d'avoir 3 princesses pour passagères."
J'enfile mes escarpins et pose un pied sur les graviers. Mes premiers pas maladroits trahissent le fait que je n'ai pas porté de tels talons depuis longtemps et que je dois me réhabituer à cet équilibre précaire.
"Mesdames, avance Tanguy en proposant ses bras à Adèle et Margaux.
— Que c'est galant, pouffé-je devant la scène.
— Désolé Sophie, je n'ai que deux bras.
— Quel dommage, je vais devoir me trouver un autre cavalier.
— Désolé les filles, c'est un cas de force majeur." se ravise-t-il en se décrochant d'elles pour changer de partenaire.
Nous parcourons ainsi plusieurs mètres en riant joyeusement. Je me détache de lui quand ma mère vient à notre rencontre.
"Enfin, vous êtes là !
— Bonjour maman, dis-je tandis que ma petite sœur court dans ses bras. Voici Adèle et Tanguy.
— Bonjour madame, merci de nous recevoir.
— Merci à vous d'avoir aidé mes filles.
— Elles ont été d'une compagnie très agréable."
Alors que nous achevons une brève visite des lieux, je reçois un coup de coude de ma mère.
"Tu ne m'avais pas dit qu'il était aussi bel homme, il est marié ? m'interroge-t-elle à voix basse.
— Maman ! Ce n'est pas parce qu'il nous a généreusement accueilli que je vais lui sauter dessus."
Mon père vient à ma rescousse et je retrouve également d'autres membres de ma famille. Mon frère et sa fiancée sont en pleine préparation et je n'ai pas le temps de les saluer avant qu'ils ne fassent leur entrée dans l'allée centrale de l'église. La mariée est rayonnante. Je l'ai toujours trouvée jolie, mais sa longue et élégante robe blanche la sublime encore davantage.
Dans le chœur, Margaux porte fièrement son petit bouquet de roses. Tanguy est assis à mes côtés avec Adèle qui, loin de trouver le temps long, semble s'émerveiller de chaque instant. Je dois avouer que la cérémonie est belle. Je me réjouis du bonheur que je vois dans les yeux de mon frère et de sa femme. Une larme d'émotion m'échappe lors de l'échange des consentements.
"Nicolas, voulez-vous prendre pour épouse Élodie pour l'aimer fidèlement dans le bonheur ou dans les épreuves, tout au long de votre vie ? interroge le prêtre.
— Oui, je le veux.
— Désormais, vous êtes unis par Dieu dans le mariage."
Des applaudissements retentissent et j'essuie discrètement le coin de mon œil.
"Ça va ? me glisse mon voisin.
— Oui. Ils sont beaux.
— C'est vrai."
Margaux et Adèle sont ravies de pouvoir jeter des confettis blancs et argentés sur les jeunes mariés quand ils sortent sur le parvis. Les cloches résonnent et nous prenons plusieurs photos de famille avant de retourner au domaine où se déroulent les festivités.
"Ne te force pas à rester avec moi, ne t'inquiètes pas. Ça ne me gène pas que tu ailles voir les membres de ta famille, m'assure Tanguy.
— En vérité, je ne me force pas du tout. Tu es l'excuse parfaite pour m'éviter les conversations à rallonge ou les remarques de personnes que je vois une fois tous les 5 ans.
— Hé bien, je suis ravi de t'être utile.
— Attention, première épreuve de la soirée, signalé-je en voyant l'une de mes tantes se diriger vers moi.
— Sophie ! Comment vas-tu ?
— Bonjour Valérie, je vais bien. Et toi ?
— À merveille. Je vois que tu as enfin ramené un petit ami. Enchantée, jeune homme, enchaîne-t-elle sans nous laisser le temps de la contredire. Il faut dire que nous commencions à nous demander si nous verrions un jour un homme à son bras.
— C'est seulement un ami qui m'a accompagné, l'interromps-je avant qu'elle ne poursuive son monologue.
— Enchanté, je m'appelle Tanguy.
— Oh, je suis désolée pour cette confusion, s'excuse-t-elle. Alors, rien de nouveau du côté des amours ?
— Hé non, mais j'ai encore le temps.
— Bien sûr, dit-elle sans en penser un mot. Et alors, ton travail, comment ça se passe ?
— En fait, je ne suis plus chez Topal. Je suis en recherche d'un nouvel emploi.
— Oh, d'accord. Tu devrais demander à ton cousin, il vient de monter une start-up. Il recrute peut-être.
— C'est gentil, mais je ne suis pas sûre que mes compétences correspondent à son domaine.
— J'espère que tu trouveras, alors. Je vais aller saluer ta cousine, s'éclipse-t-elle, à plus tard.
— Passe une belle soirée.
— Premier round réussi avec brio, commente Tanguy.
— Et ce n'est que le début. Un verre, ça te dit ?
— Volontiers. Tu as vu les filles ?
— Elles sont avec les autres enfants. Il y a des baby-sitters qui organisent des jeux, et aussi un spectacle de magie.
— C'est sympa comme idée pour occuper les enfants.
— Ça donne presque envie d'y participer et de s'éloigner des conversations d'adultes.
— On pourra toujours l'envisager plus tard."
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro