5 - L'âge de raison
- Sérieusement, tu trouves pas ça stupide ? Jamais j'accepterai ça !
- Moi je trouve ça plutôt rigolo.
- C'est parce que c'est pas toi le concerné...
Aliyah était assise dans le sable, pendant que Thomas était en train de bricoler sur son bateau. D'après ses dires, il devait renforcer la coque, alors il ajustait des pièces sur celle-ci avec tu bois, des clous, et un marteau.
- Jamais je n'épouserai Donal Tumelty. Jamais ! se plaignit la blonde en jetant du sable sur ses parents invisibles.
- Pourquoi pas ? gloussa le blond qui releva la tête de sa planche. Il est mignon, intelligent...
- Mais je ne le connais pas ! Peut-être qu'il est méchant, imagine ?
- Tes parents s'en fichent, ils veulent manger de la chèèèèvre ! ricana-t-il.
Mécontente, la jeune fille lui tira la langue. Puis, repliant ses jambes contre sa poitrine, elle posa son menton sur ses genoux. Son silence attira une nouvelle fois l'attention de Thomas. Quand il posa les yeux sur elle, il remarqua son air particulièrement triste, et pensif. D'où venait donc cette soudaine mélancolie ?
- À quoi tu penses ? demanda-t-il finalement, tout en frappant un clou de son marteau.
- Et bien... Je vais rendre visite à Judith aujourd'hui. Tu sais, elle est enceinte... expliqua la jeune fille.
- Sérieux ? Mais elle a notre âge, elle a trouvé un partenaire ?
- Oui, Ivanio Plurel, tu vois ?
- Oh, lui. On était ami plus jeune, j'étais en cours de chasse avec lui, acquiesça Thomas. Et donc, où est le problème ?
Aliyah soupira, et étendit cette fois ses jambes dans le sable. Elle observa un instant sa peau très légèrement halée. Elle n'avait jamais réussi à beaucoup bronzer. Principalement parce qu'elle ne sortait pas énormément, mais aussi parce que sa peau n'aimait pas vraiment les rayons du soleil.
- Bah... C'est ma super copine, et maintenant qu'elle va avoir un bébé, on ne se verra plus beaucoup. Elle va devoir s'occuper de lui tout le temps. J'ai l'impression... Qu'on a grandit trop vite. Et que je l'ai perdu.
Thomas comprenait très bien où elle voulait en venir. Aliyah avait encore se côté enfantin, mais Judith avait choisi son couple, et la vie d'adulte avant tout.
- Tu te dis qu'elle n'a pas encore profité de sa jeunesse ? questionna le blond en reprenant son travail.
- C'est ça.
- Tu sais, c'est la politique de l'île qui veut ça. Tu sais à quel point ils mettent en avant la procréation. Et si tu te maries avec Donal, il y a des chances pour que tu y passes.
- Jamais de la vie j'ai dit, pas maintenant ! Je ne suis pas prête pour ça ! s'offusqua la blonde tout en plongeant son visage dans ses mains.
- Holala, un petit Tumelty ! Comme il sera beaaaau ! se mit à rire Thomas. Je le vois blooond, aux yeux bleus foncés, comme son père. L'avenir de l'île, se moqua-t-il d'une voix faussement rêveuse.
- Arrête Thomas ! ricana la blonde en lui lança du sable.
Celui-ci évita la poignet de grain en gloussant, puis reprit son bricolage. Ils discutèrent encore un moment tous les deux, puis, Aliyah dut quitter le garçon pour se rendre chez son amie précédemment évoquée.
Cela lui faisait bizarre, elle avait comme un pincement au cœur. Si Thomas s'en allait, à qui parlerait-elle ? Avant, Judith lui suffisait. Mais avec son enfant, elle n'aurait plus le temps pour ça. Il y avait bien sa famille. Mais entre ses parents qui voulaient la marier, et son frère qui devenait de plus en plus adulte, elle ne savait pas quoi faire. Il y avait bien son autre sœur, Polly, mais elle n'avait jamais été très proche d'elle. Ce n'était pas le même lien qu'elle entretenait avec Odilon.
Aliyah prit donc les escaliers cachaient que Thomas lui avait montré, et elle se retrouva sur la petite falaise en pierre de l'île. Elle n'avait jamais remarqué qu'il y avait une telle cachette ici, et la possibilité de descendre dans le cocon de roche.
Elle put donc rapidement rejoindre la terre ferme et l'herbe. Remettant ses chaussures, la blonde traina des pieds jusqu'à la maison de Judith. Celle-ci possédait une jolie petite baraque en bois. Maintenant qu'elle allait avoir un enfant, elle s'était installée avec son compagnon, et avait donc fait construire cette maisonnette. Il y avait un enclos derrière, avec deux cochons, une vache et son veau, ainsi qu'une chèvre. Elle devait être nouvelle, elle n'était pas là lors de sa précédente venue.
Aliyah passa par-là, passant par-dessus la clôture en bois, pour rejoindre l'entrée arrière de la maison. Elle frappa deux fois à la porte et entra. Judith était là, dans sa cuisine, à préparer quelque chose qui sentait particulièrement bon. Ses longs cheveux roux étaient noués en une stresse qui longeait son dos. Elle se tourna alors, pour laisser apparaitre son visage fin, parsemé de tâches de rousseurs, et ses magnifiques yeux verts.
- Salut Judith ! Tu fais quoi ? Ça sent trop bon, sourit la blonde en s'approchant du feu, là où il y avait une marmite chauffante.
- Je prépare le ragout préféré d'Ive ! répondit-elle joyeusement.
La blonde sourit faiblement. Ive, lui, il n'était jamais là. Il avait bien de la chance que la rousse soit à ses petits soins.
- Je vois. Et comment va ton bébé ?
- Le toubib de l'ouest m'a dit que tout se passait bien. Normalement, il sera là dans quelques jours...
La jeune fille se tourna vers son amie pour lui montrer son ventre très rond. Aliyah s'approcha, et posa sa main sur celui-ci. Que cela lui semblait étrange. Judith, enceinte, et le bébé semblait si énorme à l'intérieur.
- Tu n'as pas mal ? demanda-t-elle, presque inquiète.
- Non, non. Enfin, parfois, mais c'est normal parait-il. Ce bébé est adorable, sourit tendrement Judith.
Encore une fois, Aliyah sourit à son tour, plus sincèrement cette fois. Son amie semblait si heureuse, c'était le plus important. Elle était tout de même triste, mais Judith avait rêvé de ce bébé.
- Tu sais quoi ? finit par dire la blonde en se redressant. Mes parents veulent me marier à Donal !
- Donal ? De l'est ? s'étonna la rousse. C'est un bon ami d'Ivano, il est sympathique. Il nous a donné une chèvre le mois dernier.
Oh, voilà d'où provenait cette nouvelle chèvre.
- Il pourrait être un bon partenaire. Et puis, ne le dit pas à Ive, mais il est plutôt mignon, sourit malicieusement Judith.
Voilà qu'elle défendait l'idée de ses parents.
- Tu sais, c'est important les enfants. On doit repeupler l'île. Le chef Haven l'a dit. Surtout après les nombreux décès de l'année dernière.
- Il nous faut surtout de nouveau médecin, répondit Ali croisant les bras. Ils ne sont plus assez nombreux, et c'est difficile de soigner, voilà où est le problème.
- Oh, peut-être. Tu n'as qu'à être médecin, toi. Tu retiens tellement bien les choses, sourit Judith alors qu'elle s'était assise sur une des chaise qui entourait la table.
Pensif, la blonde observa par la fenêtre la petite chèvre qui s'amusait à sauter au-dessus du cochon dans le jardin. Devenir une guérisseuse, elle aimerait beaucoup. Mais elle n'avait pas beaucoup confiance en elle, trop peur de fauter, de voir des gens mourir.
- Tu oublies que j'ai peur de tout. Une goute de sang, et je tombe dans les pommes, soupira-t-elle en baissant la tête.
- Oh, un jour ça te passera je suis sûre.
Ça, elle l'espérait. Sa nature de froussarde ne l'avait jamais aidé jusque-là. Mais, tout de même, elle avait réussi à passer cette grotte, et toute seule ! C'était un exploit à ses yeux, elle en était fière. Mais malheureusement, elle ne pouvait en parler à personne.
- Bon, je suis contente que tu ailles bien. Je vais retourner chez moi, je dois discuter de cette affaire de mariage avec mes parents.
- Pas de problème, gloussa Judith en se levant pour prendre son amie dans ses bras. Passe quand tu veux ma biche.
Un dernier signe de main, et la voilà repartie en route pour rentrer chez elle. Elle n'habitait pas loin. Elle marchait sur les chemins de terres plats, longés d'herbe verte et de quelques rares arbres. Son regard s'égara quelques secondes vers l'horizon, là où la mer se perdait. Le soleil commençait à se coucher. Elle n'avait pas pour habitude de sortir aussi longtemps. Et là, elle rentrait au soir, ce qui allait surement étonner ses parents.
Sur le chemin, elle croisa Thomas, une planche de bois sous le bras, et un sac en cuir sur l'épaule. Elle ne put s'empêcher de sourire en l'apercevant, et celui-ci fit de même, plus discrètement.
Enfin, en rentrant, Aliyah n'hésita pas une seconde à se faire entendre. Premièrement, en claquant la porte d'entrée.
- Ali, tu rentres bien tard ! entendit-elle de la part de sa mère qui se trouvait assise dans le salon, sur un grand canapé en cuir marron.
- Maman, où est papa ?
- Je suis là, sourit l'interpelé qui fit son apparition dans la pièce.
Elle le jugea du regard, avant de croiser les bras, l'air très mécontente. C'était rare, elle qui était toujours très enjouée au vue de ses parents.
- Alors comme ça, vous voulez me marier à Donal Tumelty, sans même m'en parler ?! s'écria-t-elle d'une voix colérique.
Ses parents se regardèrent avec surprise, mais au fond, ils savaient très bien qu'ils n'allaient pas passer un très bon moment.
*
Enfin la suite inédite !
Je m'étais arrêtée à la publication du chapitre 4 donc pour les anciens vous avez enfin du nouveau mdr
J'espère que cette histoire vous plait pour le moment 💛
Les lecteurs fantômes, n'hésitez pas à cocher la petite étoile si vous avez aimé.
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