Comme promis, Aliyah s'était proposée pour aider Thomas à récolter ses provisions. Le garçon ne s'y était pas opposé, bien au contraire. C'était leurs derniers instants ensemble, et ils comptaient bien en profiter.

- Tu me diras quand tu partiras. Je te ramènerai du pain, et d'autres trucs si tu veux, dit la jeune fille alors qu'ils marchaient tous les deux vers la forêt.

- Tu sais que t'es pas obligée, lança Thomas dans son dos. Tu vas te faire tuer par tes parents si tu prends dans leurs provisions.

- Oh, franchement, c'est rien. Ils me disputeront, je devrais faire deux trois corvées, et me marier avec Donal, déclara-t-elle en haussant les épaules.

Thomas, qui avait rattrapé la marche, la dévisagea en faisant les gros yeux, tout en ayant les sourcils froncés. La blonde ne put se retenir plus longtemps de rire en voyant la tête de son ami.

- Je rigole ! C'est la seule chose à laquelle ils ne me forceront ja-mais !

- Ne jamais dire jamais, menaça le blond en levant un sourcil. Imagine un peu si je reviens, et que je te retrouve mariée avec trois gosses ! s'étouffa-t-il presque.

- Chut, tu dis n'importe quoi !

Et alors qu'ils se turent, regardant où ils posaient leurs pieds, Aliyah tilta sur la dernière phrase de son ami.

- Tu... Tu comptes revenir ? demanda-t-elle, sans pour autant le regarder.

Thomas leva les yeux pour l'observer, mais elle faisait mine d'être occupée à faire attention aux branches sur leur passage. Il ouvrit la bouche, puis la referma, réfléchissant bien à ce qu'il allait répondre. Mais, au final, il ne devait pas lui donner de faux espoirs.

- Probablement pas, répondit-il enfin.

Elle hocha la tête à cette réponse, mais ne montra aucun signe de tristesse – bien qu'elle n'en ressentait pas moins. Elle n'avait qu'une envie, rendre les jours plus longs, changer les secondes qu'elle passait avec Thomas en heure.

- Si jamais tu revenais, ça pourrait être drôle, sourit faiblement la blonde.

- Peut-être que, d'ici là, j'aurais de la barbe ?

Aliyah éclata de rire en se tournant vers le blond. C'est vrai qu'il n'avait pas un poil sur le menton, bien qu'il ait pourtant déjà atteint les dix-huit ans. Mais ça lui allait bien. Surtout, il paraissait bien plus jeune qu'il ne le faisait.

- Tu es très bien sans, Thomas. Moi, je t'aime bien comme ça.

Le garçon eut un sourire en coin. S'il lui plaisait ainsi, c'était le principal. Mais, était-ce vraiment le principal ? Au final, ne s'en fichait-il pas un peu de plaire physiquement à quelqu'un ? Bizarrement, au fond de lui, si la blonde ne l'avait trouvé à son gout, il s'en serait senti très frustré. Frustré de quoi ? Il n'en avait pas la moindre idée. Et lui ? Que pensait-il d'elle ? Il ne s'était jamais vraiment posé la question. Et le fait d'y penser maintenant le mis dans un drôle d'état.

Longeant la rivière de la forêt, Thomas marchait derrière la jeune fille qui avait pris les devants. Le garçon se mit à plisser les yeux tout en l'observant.

- Qu'est-ce que je pense d'elle... ? murmura-t-il, d'une voix très basse, pour lui-même.

- T'as dit quoi ?

- Nan, rien.

Ses longs cheveux blonds et lisses tombaient en cascade sur son dos. C'était un blond platine qui lui allait à ravir. En accord parfait avec ses yeux clairs, entre le bleu et le vert. Quand il pleuvait, ses cheveux avaient tendance à onduler. Ça, il s'en rappelait, car petite elle s'en plaignait beaucoup. Et puis, elle était mince aussi. Évidemment, en grandissant, elle avait pris des formes. Pas trop de poitrine, et assez de hanche.

Le rouge aux joues, Thomas leva les yeux au ciel en jurant contre lui-même. Qu'est-ce qu'il lui prenait de la reluquer ainsi ? Si jamais elle le savait, elle le noierait directement dans la rivière. Il préféra alors mettre de côté toutes ces questions stupides. Et puis, ce n'était pas du tout le moment de penser à ça.

- Oh, là ! s'exclama soudainement la blonde en pointant un arbre du doigt. Des pommes !

Parfait ! De quoi lui changer les idées. Thomas s'approcha en vitesse du pommier, devançant la blonde qui le laissa faire. Avec une certaine agilité, le garçon grimpa aux branches afin d'atteindre plus facilement les fruits de l'arbre.

- T'es prête ? Je te les lance et tu les rattrapes !

- Ok !

Sauf qu'Aliyah ne savait pas que Thomas prenait cela pour un jeu. Il se mit à lui lancer les pommes de tous les côtés. Et pendant qu'il riait aux éclats sur son perchoir, la jeune fille courait dans tous les sens pour rattraper les fruits. Malgré tout, ça la faisait rire également.

Quand le panier en osier fut rempli, le blondinet descendit de son arbre pour rejoindre la fille.

- T'es cinglé, bougonna-t-elle en lui frappant l'épaule.

- Gneuh gneuh j'suis cinglé, se moqua le garçon. Mais c'est comme ça que tu m'aimes comme t'as dit, sourit-il malicieusement.

- Ouais, bah t'as bien de la chance !

Thomas gloussa, et ils reprirent leur route dans la forêt. Chaque fois, le garçon grimpait, et la fille récoltait. Ils avaient pu prendre des cerises, également des prunes et des fruits de la passion. Non loin de la mer, ils avaient plutôt attrapé des noix de coco et des bananes. Et ça commençait à peser lourds pour les deux adolescents. Ils durent donc rentrer en fin d'après-midi pour faire l'inventaire de la cargaison.

- Je mettrais tout ça dans le bateau demain, déclara Thomas en calant les paniers dans un coin de la cuisine.

Son amie acquiesça, puis vit le regard de Thomas changer. Les yeux plissés, une lueur malicieuse dansait dans son regard sombre qu'il posa sur Aliyah.

- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-elle nerveusement face au regard du garçon.

- Cette nuit, tu veux pas venir avec moi voler des tomates et des patates dans le jardin d'Haven ?

- Quoi ? s'étouffa presque la fille. T'es complètement fou !

- Peu importe, je serais déjà plus de cette île le jour où il s'en rendra compte ! ricana-t-il.

Hésitante, la jeune fille ne savait pas quoi répondre. Elle n'avait jamais fait ce genre de chose, jamais volé quoi que ce soit de sa vie. Elle plissa les lèvres en détournant les yeux, indécise à l'idée d'accepter d'être une rebelle ou non.

- Alleeeez ! Dit oui ! Dit oui ! Dit oui ! Dit ouiiii ! supplia le garçon qui avait glissé jusqu'à la fille tout en croisant ses mains entre elles.

Il s'était arrêté à quelques centimètres d'elle, et avait même plié les genoux pour paraitre plus petit. Fasse à ses yeux doux, et sa moue enfantine, Aliyah se retenait tant bien que mal de rire.

- Hmmmmm... Bon, ok.

- OUI ! s'écria Thomas en levant les bras en l'air.

Il se mit à courir sur place, comme s'il faisait un échauffement, avant de sautiller dans la pièce tout en criant joyeusement.

- Mais ! l'interrompit-elle alors en levant un doigt en l'air. Je te rappelle que j'ai peur du noir, Thomas. Et parcourir l'île en pleine nuit, franchement, ça me rassure pas du tout...

Thomas s'était arrêté net au premier mot de la fille, pour se tourner vers elle afin de l'écouter. A la fin de ses mots, un sourire en coin se dessina sur ses lèvres alors qu'il fourrait ses mains dans ses poches. Il savait exactement quoi répondre à cela.

- Je viendrais te chercher en douce... Et puis, si t'as peur, t'auras qu'à prendre ma main.

*

Les lecteurs fantômes, n'hésitez pas à cocher la petite étoile si vous avez aimé.

J'ai relu ce chapitre et j'ai souri COMME UNE GOGOLE en lisant la dernière phrase. J'avais oublié que je pouvais écrire des trucs mignons comme ça 😭