12 - Une visite inopinée
Encore une journée où l'île était inondée par un soleil rayonnant. Les jours de pluie étaient rares sur Pa-Hao, mais ils étaient toujours bien accueillis. Aliyah s'était réveillée tôt, et de bonne humeur, commençant sa journée en s'occupant des animaux du jardin.
Elle avait prévu de passer la journée avec Thomas aujourd'hui, comme tous les jours à vrai dire.
- Aliyah ? entendit-elle Odilon l'appeler dans la maison.
- Dans le jardin ! s'exclama la fille qui versait un seau d'eau dans l'abreuvoir de ses cochons.
Elle entendit les pas lourds du garçon se diriger vers elle, craquants sous la paille dès l'instant où il avait mis les pieds dans l'enclos.
- Ali, le moment est grave, commença le bouclé, les sourcils haussés.
- Quoi ? Qui a-t-il ? questionna-t-elle.
Le sujet semblait sérieux, vu la tête qu'il tirait.
- Le chef Haven vient à la maison aujourd'hui...
Le sang de la fille se glaça. Le chef ? Pourquoi venait-il chez eux ? Le regard d'Odilon semblait déjà répondre à toutes ses questions.
- Tu dois te douter de sa venue... Je pense qu'il a eu vent, lui aussi, de tes retrouvailles avec Thomas.
- Mais... Euh... Je n'ai rien a lui dire. Je n'ai rien a caché, répondit nerveusement la blonde.
Une boule s'était formée dans sa gorge, lui rendant la parole difficile. Il fallait qu'elle contrôle ses émotions, qu'elle se maitrise, auquel cas le chef allait très vite comprendre que quelque chose n'allait pas chez la fille. Surtout qu'elle était une piètre menteuse.
- Tu sais... Je suis au courant. Enfin, je sais pour Thomas. Je sais ce qu'il prévoit, et il faut vraiment que vous fassiez attention tous les deux, déclara le garçon.
Aliyah fronça les sourcils. De quoi parlait-il ? Il fallait qu'il soit plus clair, et qu'elle ne se trompe pas sur le sujet.
- De quoi tu parles, Odilon ? demanda-t-elle.
- Le bateau, murmura-t-il faiblement. Je suis au courant. Je sais qu'il va partir.
- Mon Dieu... Mais... Comment... Comment tu sais ? s'étonna la blonde, confuse.
- Je passe mes journées à vagabonder sur l'île, je sais tout. Un jour, par pur hasard, j'ai vu Thomas prendre ce... Ce raccourcit bizarre, plutôt bien caché d'ailleurs, constata le garçon, un sourire aux lèvres. Quand j'y suis allé une fois seul, j'ai vu le bateau. Pour le moment, je n'ai pas eu vent du fait que le chef ait découvert ça.
C'était un fait rassurant, mais à la fois troublant que son frère sache une information pareil. Et puis, il l'avait très bien caché à ce qu'elle pouvait constater.
- Tu n'as rien dit à personne ? C'est pourtant... Interdit, fit remarquer la blonde.
Odilon observa quelques secondes sa petite sœur, avant de baisser tristement les yeux.
- Cette île n'apportera rien de bien à Thomas. Il vaut mieux pour lui qu'il parte, même s'il ne trouve rien par-delà Pa-Hao. Il n'est pas heureux ici, et il ne le sera probablement jamais. Mais c'est bien que tu passes du temps avec lui, sourit finalement le garçon en relevant les yeux vers la jeune fille. Je suis sûre que ça lui fait du bien.
Aliyah, ne sachant quoi dire, hocha simplement la tête avant de sourire. Plus le temps passait, plus elle voyait son frère comme un bienfaiteur. Puis, celui-ci posa une main réconfortante sur l'épaule de sa sœur.
- N'est pas peur du chef. Parle-lui naturellement et ça ira. De toute façon, je serais dans la même pièce. Et je te conseille d'aller voir Donal aujourd'hui, pour faire pencher l'esprit des habitants de l'autre côté. Ça pourrait aider Thomas.
La blonde acquiesça de nouveau aux paroles de son frère, déterminée à protéger son ami. C'était un soulagement pour elle de pouvoir en parler à quelqu'un, et de recevoir des conseils avisés. Odilon était un garçon très intelligent, qui savait toujours réagir face à des situations difficiles.
Ainsi, Aliyah attendit le reste de la journée chez elle l'arrivée du chef Haven. Pour l'occasion, Pollie c'était un peu mieux âpretée que d'habitude, ce qui ne manqua pas à l'œil de sa sœur.
- Sérieux Pollie, le chef est beaucoup plus vieux que toi, lança-t-elle en gonflant l'une de ses joues.
- Et alors ? Il n'est toujours pas marié, répondit la brune avec un sourire malicieux. Avoue qu'il est quand même beau, il a bien vieilli notre Chris.
Aliyah ne répondit rien, secouant simplement la tête tout en levant les yeux au ciel. Mais leur conversation s'arrêta aussitôt qu'on entendit frapper à la porte.
- Je vais ouvrir ! s'écria joyeusement Pollie.
Et, la minute d'après, le chef Haven était dans leur maison. Aliyah sentit son cœur s'affoler, mais Odilon lui lança un regard rassurant qui la calma un peu. Il lui montrait qu'il était bien là en cas de pépin. Mais le garçon avait confiance en sa sœur, elle ne gafferait pas.
- Bonjour chef, chantonna la blonde en accueillant l'homme dans le salon.
Ses parents l'accueillirent également, tout sourire. Il avait toujours cette barbe rousse de trois jours finement taillée, et ses cheveux grisonnants négligemment coiffés. Il était vrai qu'il avait très bien vieilli, et que c'était un homme plutôt pas mal. Mais Aliyah n'était pas du genre à lorgner sur les hommes ayant plus du double de son âge.
- C'est rare de vous recevoir ici, lui dit la mère Stratchie en s'asseyant à table.
- Je vous remercie d'ailleurs d'avoir accepté, sourit le barbue.
Il posa alors ses yeux vert sur la plus jeune de la famille, qui n'était autre qu'Aliyah. Son cœur rata un battement, mais elle resta droite, appuyée contre l'un des meubles de la cuisine.Il lui fallait paraitre le plus détendue possible.
- Je suis venu plus particulièrement pour discuter avec Aliyah, déclara-t-il en s'asseyant sur l'une des chaises de la cuisine.
Au moins, il n'y allait pas par quatre chemin. Pollie sembla irritée, et Odilon tiqua l'espace d'une seconde. Prenant cela comme une invitation, la blonde alla s'assoir à table elle aussi. Elle gardait malgré tout ses distances avec le chef. Elle qui le regardait autrefois avec admiration, le voyait aujourd'hui comme une menace.
- Qui a-t-il ? demanda-t-elle le plus naïvement possible.
- J'ai cru remarquer que tu passais un peu de ton temps avec le fils Heden dernièrement.
Encore une fois, c'était clair. Haven ne faisait rien pour lui simplifier la tâche. Il n'y allait pas en douceur.
- C'est vrai, affirma-t-elle en perdant lentement son sourire. Cela pose problème ?
Elle faisait en sorte que cela ne sonne pas comme une attaque. Et, bizarrement, les yeux verts du chef lui donnaient l'impression qu'il s'amusait à sonder son âme.
- Pas vraiment. Mais, tu sais, il vient d'une famille perturbée, commença-t-il de sa voix doucereuse.
La blonde haleta, prête à répliquer, mais n'en fit rien. Elle ne devait en aucun cas le défendre, même si elle n'aimait pas ce qu'elle entendait.
- Et je voulais savoir s'il allait bien. Tu sais, je ne vais pas personnellement lui parler, tu te doutes que nous ne sommes pas en très bon terme, alors que je pourrais l'aider.
Mensonge, pensa la blonde. Mais elle sourit simplement en écoutant les fausses paroles de cet homme en face d'elle.
- Comment va-t-il ?
- Je ne sais pas... Je dirais qu'il va bien, mais je vous avoue que c'est un garçon très seul, expliqua naturellement la jeune fille. Alors, comme nous étions amis étant petit, il me faisait de la peine. Je me suis dit... Pourquoi pas parler un peu avec lui ? mentit-elle en haussant les épaules.
- Oh, je vois... souffla le roux en baissant les yeux. J'espère néanmoins qu'il ne porte pas le même discours que son père. Tu sais, il était un peu fou, c'est pour ça qu'il s'est pendu ensuite.
Aliyah faisait tout pour ne pas s'énerver. A sa place, Thomas aurait surement déjà tenté de l'égorger au moins cinq fois.
- Non, il vit bien sur l'île. Il se plaint juste d'être un peu seul, mais maintenant que je lui parle, il est content.
- Tant mieux, sourit grandement le chef. Tu sais, j'aimerais vraiment le garder auprès de nous, et le voir s'épanouir sur Pa-Hao. Mais... Fais tout de même attention, finit-il par dire en se levant de sa chaise.
La jeune fille l'observa du regard marcher jusqu'à elle. Elle ne montrait rien, restant neutre, mais son cœur était à deux doigt de l'infarctus. Elle n'avait jamais autant craint cet homme.
- Je ne voudrais vraiment pas qu'il te dise des choses comme le disait son père. Si jamais il prononce une seule de ces paroles, surtout, viens me voir. On ne dirait pas, mais j'ai peur que Thomas puisse être dangereux pour les gens de l'île.
Voyant le chef se tenir devant elle, la blonde se leva à son tour, prenant un air plus sérieux.
- Promis, chef. Je vous en tiendrais le premier informé !
Cela fit sourire l'homme, qui tapota fièrement l'épaule de la blonde. Visiblement, elle avait bien joué le jeu. Il n'avait rien vu aux mensonges de la fille. Il salua rapidement la famille Stratchie, discutant plus longuement avec le père, avant de s'en aller.
Et quand il eut enfin passé le seuil de la porte, le visage d'Aliyah changea du tout au tout. Ses sourcils se froncèrent, et ses poings se serrèrent tout comme sa mâchoire. Le teint d'habitude pâle de sa peau devint rouge. Elle se dirigea d'un pas lourd vers la porte.
- Aliyah, où tu vas ? demanda sa mère, inquiète de la voir dans un tel état.
- Je vais voir Donal ! s'écria-t-elle, tentant de ne pas paraitre énervée.
Mais, contrairement aux dires de son frère, pour cette fois, elle n'allait pas écouter ses conseils.
*
Les lecteurs fantômes, n'hésitez pas à cocher la petite étoile si vous avez aimé.
J'ai une poisse de malade aujourd'hui alors J'ESPÈRE que ce chapitre sera posté sans problème sinon je chiaaaale
😭😭😭
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