10 - Donal
Elle ne comptait plus les minutes qui passaient durant lesquelles elle était là, allongée dans son lit, à fixer le plafond de sa chambre. En réalité, Aliyah repassait en boucle la journée d'hier, et ce que Thomas lui avait demandé. Elle n'avait su quoi répondre, au grand désarrois de son ami. Sa proposition avait été si soudaine, et à la fois irréfléchie.
Pourtant, Aliyah hésitait. Oui, elle hésitait. Normalement, elle aurait dû lui répondre non, que c'était impossible, qu'elle ne pouvait pas partir avec lui. Mais elle n'avait pas refusé, et elle n'avait pas dit oui non plus. Parce qu'elle hésitait, tout simplement.
Au fond d'elle, cette aventure l'attirait. L'idée de partir de l'île, avec Thomas, lui semblait être quelque chose de merveilleux. Mais il y avait sa famille, et ses amis. Et surtout, elle avait peur. Parce que, pour elle, s'était évident qu'il n'y avait rien par-delà leur île. Ils allaient tout simplement errer sur la mer, et ce n'était probablement pas le but de Thomas de revenir de sitôt sur Pa-Hao. Elle devait dire non, elle n'en avait pas le choix.
Après un long soupire, la jeune fille décida de se lever. Elle s'habilla rapidement d'une robe blanche, avant de sortir de sa chambre en se frottant les yeux. Aujourd'hui, Aliyah n'était apte à rien faire. Même pas à se coiffer les cheveux. Elle remonta juste le tout en une queue haute maladroitement ajustée.
- Et bah, t'es dans le pâté aujourd'hui ! fit remarquer sa grande sœur qui était en train de lire un livre sur le canapé.
Elle avait relevé les yeux de son bouquin, attirée par les bruits des pas trainant de sa sœur. Elle était là, au milieu de la pièce avec ses cheveux blonds mal peignés, les épaules affaissées, et le regard fatigué. Vraiment, elle n'avait pas fière allure.
- Tu sais que la famille Tumelty vient tout à l'heure ? déclara finalement Pollie, retournant à son roman.
- Pardon ?! s'écria la blonde en faisant les gros yeux.
Sa sœur ne répondit rien, et Aliyah du retourner dans sa chambre à la hâte. Elle ne savait pas quand il arriverait, mais elle devait être plus présentable que ça. Elle se trouvait vraiment affreuse.
Et alors qu'elle s'était passée un coup d'eau sur le visage et qu'elle était en train de se brosser les cheveux, ses yeux se plissèrent. Les parents avaient invité les Tumelty, certes. Mais dans quel but ? Avaient-ils encore en tête de la mariée à Donal ?
Sortant de la salle de bain pour avoir des explications, elle n'en eut malheureusement pas le temps étant donné que les Tumelty étaient déjà arrivé. Aliyah se cacha alors contre un mur, là où elle ne serait pas vu, sauf par Odilon qui passait dans le couloir. Il la regarda en se retenant clairement de rire.
- Pollie avait dit qu'ils arrivaient tout à l'heure, pas maintenant ! chuchota fortement la blonde, paniquée.
- Je savais même pas qu'ils venaient à la maison, répondit le garçon en haussant les épaules.
Aliyah souffla, faisant voler une mèche de cheveux qui se baladait sur son front. Elle ne pouvait pas se cacher éternellement, alors elle suivit Odilon, qui avait reprit son chemin jusqu'à l'entrée de la maison. Celui-ci salua les personnes qui venaient d'entrer dans leur demeure, et sa petite sœur fit de même, comme le reste de la famille Stratchie.
La blonde lança un coup d'œil insistant à ses parents, mais ceux-ci semblaient volontairement l'éviter du regard. Et, malgré elle, elle dut saluer le jeune Donal Tumelty. Il était également avec sa sœur, Marine. D'après Odilon, c'était avec elle que ses parents voulaient le marier. Tout ça pour des chèvres.
Et ce fut, le rouge aux joues, qu'Aliyah salua le garçon de la famille. Il semblait tout aussi gêné qu'elle. L'un comme l'autre devaient connaitre le pourquoi de cette rencontre. Mais la blonde ne chercha pas plus loin, et, pour faire bonne figure, au lieu de fuir la maison, elle resta dans le jardin. Autant faire semblant de s'occuper des animaux que de faire semblant d'être heureuse de voir les Tumelty chez elle.
Elle fit mine de donner des graines aux poules. Une opération qui normalement prenait cinq minutes, mais qu'elle allait surement faire durer une demi-heure. Sauf que, dès les premières secondes, elle entendit des pas dans la paille s'approcher d'elle, surement l'un de ses parents qui venait la ramener à l'intérieur. La personne s'arrêta à son niveau, et elle dénia tout de même lever les yeux.
Ce n'était ni sa mère, ni son père, et encore moins Odilon ou Pollie. Non, c'était Donal, qui se tenait là, tout penaud, et les mains dans les poches.
- Salut, murmura-t-il presque avec un pointe d'hésitation.
- Salut... répondit Aliyah, les joues en feu.
Il semblait toujours aussi embarrassé qu'à son arrivé.
- Elles ont l'air d'aller bien, fit-il remarquer en désignant les poules du menton.
- Ouais, plutôt. C'est des sacrés morfales, gloussa la blonde.
Cela fit rire le garçon, avant qu'il ne reprenne petit à petit son sérieux. Donal n'était pas ce genre de garçon avec une carrure imposante. Il était de la même trempe que Thomas. Chétif, et fin du visage, mais avec un nez un peu plus épais et droit, des cheveux bruns, presque noir, et des yeux d'un bleu très clair et particulier. Il avait également un tas de grains de beauté sur son teint pâle, lui donnant l'effet d'une peau pleine de tâche de rousseur. Sa chevelure d'ébène, et la couleur de ses iris faisaient de lui un garçon plutôt attirant. Mais ce n'était pas à cela qu'Aliyah pensait en le regardant.
Et pendant qu'elle l'observait du coin de l'œil, elle vit passer une lueur d'angoisse dans le regard du garçon. Il se tourna d'un coup vers elle, retirant les mains de ses poches, pour les placer devant lui.
- Écoute, euh... commença-t-il, stressé. Je sais ce que nos parents planifient...
- Moi aussi, répondit rapidement la fille en plissant les lèvres.
- Sérieux ? s'étonna-t-il, comme soulagé. Tant mieux... Je savais pas quoi dire, ils m'ont forcé à venir, pour qu'on se parle... Mais je ne me sens pas du tout prêt à me marier, déclara le brun en détournant le regard, les yeux écarquillés.
- Oh, moi non plus ! s'exclama joyeusement la fille, toute sourire.
Au moins, ils étaient du même avis, et c'était rassurant pour elle. Et pour lui aussi visiblement.
- Continuons à faire comme si on nourrissait les poules, ça les rendra heureux, sourit le garçon en prenant une poignée de graines.
- Tu savais qu'il faisait ça pour vos chèvres ? questionna Aliyah en imitant le garçon.
- Bah écoute, les miens font ça pour tes poules, ricana-t-il.
La blonde ne put s'empêcher de sourire. Ils cherchaient chacun leur profit. Malheureusement, cela semblait mal parti pour eux, étant donné que ni l'un ni l'autre ne semblait prêt à se marier.
- Ils ont raté leur coup avec Marine, ils ont tentés avec nous.
- Et ils vont encore rater, déclara la jeune fille, le nez en l'air.
- Oups ! s'exclama Donal.
Au final, ce n'était pas un mauvais garçon. Il semblait très sympathique. C'était bien la première fois qu'elle avait une discussion avec lui, et ça ne se passait pas trop mal. Ils rentrèrent finalement dans la maison, plus complice que jamais. Ensemble, ils se jouaient de leurs parents, faisant croire à un amour naissant, ce qui les faisaient intérieurement bien rire.
Quand ils partirent en début d'après-midi, les parents d'Aliyah étaient ravis. Pollie s'en fichait un peu, alors qu'Odilon semblait surpris.
- Tu l'aimes bien finalement, ce Donal ? demanda-t-il discrètement, alors qu'ils faisaient tous deux la vaisselle dans la cuisine.
- Ouais, il est sympa. Mais je vais t'avouer qu'on a tous les deux jouer un petit peu la comédie, sourit malicieusement la fille.
Le bouclé comprit rapidement le petit jeu de sa sœur, et il sourit en coin.
- Ooooh, je vois. Un petit peu beaucoup tu veux dire, rectifia-t-il avec amusement.
- Un petit peu beaucoup, oui.
*
Les lecteurs fantômes, n'hésitez pas à cocher la petite étoile si vous avez aimé.
Un chapitre sans apparition de Thomas, mais nécessaire pour le bon déroulement de l'histoire. 😌
Et ui je me suis amusée avec les gifs parce que c'est pas juste qu'il y ait que Thomas qui y a le droit 🤷♀️
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