
Chapitre 19-1
[Non réécrit, non corrigé]
— Dayanara...
Noon me sépara de sa poitrine une nouvelle fois et me dévisagea, ses yeux m'observèrent sous toutes les coutures. Chaque détail de mon corps était analysé par la Pacifique et une ribambelle d'émotions traversait ses yeux. De la joie et de la pitié, mêlée à de la tristesse. Le tout, surplombé d'un soupçon de colère.
Son buste montait et descendait au rythme de sa respiration saccadée et des petits tremblements, qui témoignaient de son état émotionnel, parcouraient son corps.
Elle me prit de nouveau dans ses bras protecteurs. Je humai son odeur qui me semblait inconnue et mon cœur se serra. A ce moment-là, j'aurai voulu ressentir de la joie, ou bien même de la tristesse. Mais non. Bien au contraire, j'étais en colère. Ce n'était pas logique, mais je ne pouvais pas m'en empêcher. Une dizaine de questions s'introduisait dans ma tête et s'y encraient. Pourquoi n'étaient-ils pas venus plus tôt ? Pourquoi ne m'avait-il pas sortie de cet enfer plus vite ? J'aurai encore été capable de ressentir, et toutes ces personnes ne seraient pas mortes. Chelsea ne serait pas orpheline aujourd'hui !
Mes dents se serrèrent et je fermai les poings. Je devais me calmer, chasser de ma tête toutes mauvaises pensées. Ils étaient venus me chercher, me sauver, me sortir de cet endroit, et c'était ce qui comptait. J'entrepris un décompte mental pour m'apaiser. Plus jeune, cela réussissais à tempérer ma mauvaise humeur. Mais, aujourd'hui, le résultat n'était pas aussi concluant.
La Pacifique s'éloigna légèrement de moi et tenta de capter mon regard. Je baissai les yeux. Je ne voulais plus lire la pitié dans ses prunelles bleutées. Je n'en avais pas besoin, pas maintenant. Je reculai à mon tour et plantai mes ongles dans ma chair. Ma peau me brûlait et ma respiration s'affolait. Même son contact me dérangeait. Je me sentais mal à l'aise lorsqu'elle me touchait. Peut-être était-ce parce que je ne ressentais plus aucun plaisir à la voir ?
Sûrement.
Noon dû comprendre mon malaise car elle baissa la tête et se tourna vers Nadian et Odyssée, qui avancèrent vers nous.
— Bon, commença la rousse. Il vaudrait mieux rentrer, je suis fatiguée de rester dans cet endroit.
— Je suis d'accord avec toi pour une fois, déclara Valentin.
Les deux se mirent donc en mouvement. J'entamai un pas et essayai de les suivre, mais m'écroulait par terre de tout mon long. Punaise ! Grimaçant, je me redressai en position assise. J'aurai dû m'en douter. Tous ces mauvais traitements, les bains de pieds dans l'eau bouillante et autres, avaient endommagé ma mobilité. Même marcher était devenu une corvée.
Super.
Noon se précipita à une vitesse fulgurante à mes côtés. Elle semblait paniquée et ses mains touchaient mes jambes
— Tu vas bien ?
— O-Oui, marmonnai-je.
La situation était humiliante. Ils me dévisagèrent tous et j'étais certaine qu'ils avaient pitié de moi. Voilà pourquoi je faisais en sorte de ne pas croiser leurs yeux. Je sentis le rouge me monter aux joues et fis mon possible pour me remettre debout. Noon essaya de m'aider mais je lui assurai que je pouvais m'en sortir sans aide.
— Tu peux te relever certes, mais tu n'as pas la force de marcher.
Dire le contraire revenait à mentir. Et même si verbalement j'assurai que je pouvais marcher, ma chute témoignait l'inverse. Je poussai un petit soupire et lorsqu'elle me prit par le bras et m'aida à marcher, je la laissai faire. Nous passâmes devant les autres qui, après nous avoir regardé encore pendant quelques secondes, nous suivirent sans un mot. Je pouvais sentir leur regard sur moi et je me fis violence pour ne pas me retourner et leur dire de baisser les yeux. Je mordis l'intérieur de ma joue et tentai de penser à autre chose. J'allais bientôt être libre, revoir et sentir le soleil, respirer de l'air pur. Je devais me focaliser sur cette idée, et rien d'autre.
Nous marchâmes pendant plusieurs minutes sans échanger de paroles. Je priai intérieurement pour que nous trouvions vite une sortie. Cette sensation de gêne ne me convenait pas. Par chance, le bâtiment était en ruine, si bien que nous trouvâmes rapidement une sortie dans un mur qui s'était effondré. Au moment où mes pieds foulèrent le sol, je gonflai mes poumons d'air et fermai les yeux. Cela m'avait manqué : les rayons du soleil qui caressent la peau, les brises de vent dans les cheveux. Pourtant, je me sentais... normal. Rien n'avait changé en fait. J'espérai me sentir revivre en sortant de ce bâtiment maudit ; j'étais déçue en fin de compte.
— Tu vas bien ? me demanda Noon.
— Oui, répondis-je un peu trop sèchement.
Elle pinça ses lèvres et détourna les yeux. Je ne voulais vraiment pas la vexer, je n'avais même pas fait exprès. Parler avec ce ton était juste devenu une habitude, une très mauvaise habitude. Je ne me sentais pas vraiment mal, mais au fond de moi, je savais qu'elle ne méritait pas que je lui parle de cette façon. Elle était juste inquiète et je la remerciais en la traitant comme une ordure. Je devenais exactement comme Anna-Maria et cette constatation me révulsa.
— Merci d'être venus me chercher, lui dis-je.
Elle me regarda et son visage s'illumina, jusqu'à ce qu'un sourire se dessine sur son faciès.
— C'est normal, Dayanara.
Nous continuâmes d'avancer et, après un certain moment de marche, finîmes par atteindre un van garé non loin du site. Il était blanc et assez vieux. L'un des fars arrière était cassé et des traces de griffures zébraient la carrosserie. Il y avait également des jets d'un liquide noirâtre. Je haussai un sourcil et regardai les autres. Odyssée haussa les épaules et s'avança.
— On a rencontré quelques problèmes sur le chemin. On a dû les écraser.
— J'imagine, murmurai-je.
Au moins, la voiture semblait fonctionnelle. C'était un bon début. Valentin ouvrit une des portières et je constatai qu'il pouvait accueillir au maximum sept personnes. Il y avait plus de place qu'il le fallait.
— Je conduis cette fois-ci, déclara Valentin. Si Odyssée prends encore le volant, on risque de finir dans un fossé.
La concernée lui jeta un regard des plus noirs mais ne rétorqua pas. Nous montâmes dans la voiture et Noon m'installa à la vitre. Je la remerciais en m'imaginant profiter du paysage. Valentin démarra et nous étions partis. J'observai les arbres défiler devant mes yeux. Rien n'avait vraiment changé, enfin selon moi. D'ailleurs, depuis combien de temps étais-je retenue en captivité ?
— Noon, murmurai-je.
Elle m'entendit et se tourna vers moi, en attente de la suite.
— Combien de temps suis-je restée là-bas ?
Une certaine tension s'installa dans le van. La Pacifique semblait assez mal à l'aise, allant même jusqu'à fuir mon regard. Quoi ? Elle n'allait quand me pas me dire que j'avais passé plus d'une année dans cet enfer. Si ?
Elle soupira et s'apprêta à parler mais je la coupai :
— En fait, non. Je ne veux pas savoir.
Son silence avait été éloquent. Il était certain que j'avais passé un bon bout de temps dans cette prison mais sincèrement, je ne voulais plus savoir exactement combien. Certaines choses méritaient de rester cacher.
Elle hocha la tête mais ne détourna pas son regard de moi. De mon côté, j'essayai d'ignorai les picotements de ma peau et me concentrai sur l'extérieur. Nous roulâmes pendant longtemps, dans un silence des plus complets, et finîmes par arriver à Londres.
J'étais loin de Bath, loin de cette prison.
Enfin.
— Nous allons voir un médecin, déclara pour la première fois Nadian.
Sa voix chaude m'avait tirée de mes pensées. Je déviai mon attention vers lui et l'observai. Il avait parlé sans même me regarder, ni bouger, et était retourné à sa contemplation de l'extérieur.
— Bien, répondis-je simplement.
Je ne m'attendais pas à grand-chose de la part de Nadian. Il avait toujours été froid et fermé à mon égard et je savais que malgré tout ce que j'avais vécu, il n'aurait pas changé de comportement envers moi.
Certaines choses ne peuvent pas changer.
Nous roulâmes quelques kilomètres de plus avant que Valentin ne gare la voiture devant une... petite maison campagnarde. Je ne m'attendais pas vraiment à cela. Lorsque Nadian avait parlé « d'hôpital », je me voyais plus aller dans la clinique dans laquelle Neha et moi avions déposez Sumy. Je ne vais pas mentir en disant que cette petite maison en rez-de-chaussée ne me laissait pas perplexe. Néanmoins, je ne posais pas de questions. Il devait y avoir un médecin à l'intérieur. Et un bon, sinon Noon n'aurait pas accepté de m'y emmener. La Pacifique m'aida à descendre et les autres suivirent la marche.
On se trouvait à Harlesden, qui était l'un des quartiers les plus mal fréquentés de Londres. Il se racontait que les Papillons les plus dangereux étaient rassemblés ici et je ne pouvais qu'approuver ces dires face aux regards meurtriers que nous envoyaient, à moi spécialement, les occupants.
Tout était lugubre ici, et il n'y avait rien d'accueillant. Les maisons étaient dans un état lamentable, avec des murs gris recouverts de lierres, des fenêtres aux vitres brisées pour la plupart et des tuiles qui tenaient on ne savait comment. Des herbes hautes parsemaient les jardins et j'étais persuadée que des serpents y vivaient.
La maison où l'on se tenait n'était pas en meilleure état. En fait, toutes les habitations du quartier se ressemblaient.
J'avalai ma salive et me tournai vers les autres :
— C'est vraiment ici ? m'enquis-je.
— Malheureusement, oui, grommela Noon qui semblait aussi tendue qu'un arc.
— Pas très accueillant hein ? ricana Odyssée en croisant ses bras.
— Pas du tout même, assurai-je.
— Moi j'aime bien. On s'y sent comme chez soi, déclara le Démoniaque avec un sourire béat.
Nadian leva les yeux au ciel et s'approcha du perron. Il cogna violement six fois à la porte, si bien que je crus qu'elle allait s'effondrer. Par je ne sais qu'elle miracle elle tenu, et après un bref moment d'attente, elle s'ouvrit. Un homme se présentait à nous. Il avait environ la vingtaine, même si je savais qu'il avait beaucoup. C'était un Papillon de minuit, un Pacifique à en croire les arabesques bleues qui dansaient sur ses mains. Ses cheveux blonds mi- longs attachés en catogan étaient désordonnés ; des mèches de cheveux s'échappaient de sa queue de cheval. Il semblait faire la même taille que moi, soit un mètre soixante-quinze et sa musculature n'était pas vraiment développée, si l'on regardait les deux autres hommes qui m'accompagnaient. Il nous dévisageait chacun à notre tour de ses yeux noisette, s'attardant un instant sur moi, et fixa Nadian. Il eut un mouvement de recul lorsqu'il constata que le Sanglant était proche de lui.
— Que... Qu'est-ce que vous faites ici ?
— Bonjour à toi aussi, doc ! cracha Valentin et je vis l'homme se tendre en entendant le ton froid du Français.
Noon roula des yeux et m'aida à avancer vers le sois disant médecin.
— On a besoin de toi, Mal.
Le dénommé Mal fixa la métisse pendant plusieurs instants avant de soupirer et de reculer.
— Je ne veux même pas savoir pourquoi vous avez besoin de mon aide. Je suis désolé, mais actuellement je ne prends plus de patients.
Il tenta de refermer sa porte mais Nadian la bloqua à l'aide de son pied. Il l'ouvrit d'un geste violent et se posta devant l'homme qui déglutit bruyamment.
— Tu devrais nous écouter, conseilla le Sanglant.
— Je vous répète que je suis...
— On s'en fout du fait que tu sois occupé, Malter. Tu vas nous écouter ou tu vas vraiment le regretter, s'emporta Valentin.
Les narines de Malter frémirent de colère et il sortit de chez lui. En un clin d'œil, il se trouva face à Valentin et malgré qu'il fût plus petit et bien moins charismatique, on pouvait sentir une profonde force emmener de lui. Bras croisés sur son torse, un rictus suffisant déformait ses lèvres.
— Et que vas-tu me faire, Démoniaque de mes deux ? s'emporta-il, sa voix devenue caverneuse .
— Je peux te fracasser contre le mur, peut-être.
— Qu'est-ce que j'ai peur. Je file me cacher sous mon lit.
Wow. Il ne ressemblait pas du tout à cela. J'avais pensé qu'il serait plus timide et réservé. Je me trompais littéralement. Les Pacifiques étaient censés être plus faibles que les Démoniaques, mais là, Malter semblait ne pas avoir peur de Valentin.
— Arrêtez tous les deux, ce n'est pas le moment, tempéra Noon.
— Dégagez de ma propriété ! s'exclama le Pacifique.
— Quelle charmante demeure, se moqua Odyssée.
Le blond se tourna vers cette dernière et la lorgna de haut en bas.
— Dommage que tu ne sois plus mourante. Je te trouvais beaucoup plus charmante.
Ce n'était pas le moment, mais je faillis éclater de rire. Et le regard lourd de sens que m'envoya la rousse me disait de la fermer.
Malter retourna vers sa porte, mais son chemin fut barrer par Nadian. Les épaules du Pacifique se tendirent et sa respiration se saccada. Alors comme cela, il avait peur de Nadian.
— Kell... (Il toussota). Nadian, peux-tu te décaler s'il te plait.
— Il faut que tu la soignes, elle est dans un état lamentable et a besoin d'aide.
Je l'aurai bien fusillé du regard mais Malter avait dit quelque chose qui me titillait. Kell ? Nadian s'appelait Kell ? Était-ce son vrai prénom ou juste un nom de caresse ?
Mes pensées furent coupées lorsque Malter se tourna vers moi et me dévisagea de haut en bas. Ses sourcils se froncèrent plusieurs fois, comme si il voyait dans mon corps, et il hocha la tête.
— En effet, elle est dans un état pitoyable, marmonna-t-il. Que t'est-il arrivé ma petite ?
— Je...
— Attends, rentrons pour en discuter. Nadian, Noon vous pouvez venir. Quant à vous autres (il les regarda), restés dehors.
Sans tenir compte de leurs protestations, il pénétra dans sa maison, suivie de Nadian. Noon m'aida à y entrer. L'intérieur était un peu plus chaleureux que l'extérieur, même si il y manquait de la lumière. Nous passâmes dans un couloir tout aussi mal éclairé où il y avait une succession de portes. Des plaintes de douleur à en glacer le sang s'échappèrent de certaines d'entre elles. Même Nadian et Noon étaient tendus. Je n'osais même pas imaginer ce qu'il y avait derrière ces portes. Cela donnait la chair de poule et je manquai de soupirer de soulagement lorsque nous atteignîmes enfin une chambre, la dernière du long couloir.
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