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Chapitre 2

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William

L'avion a décollé depuis deux heures et elle se tient déjà loin de moi. Ça fait deux heures que je la regarde discrètement, non en vrai, je la mate ouvertement au risque de me cramer. Si ce n'était pas moi, je pourrais trouver ça malsain, mais ça me donne l'impression d'être un fauve se léchant les babines à l'affût de sa proie. Et dire qu'il nous reste juste dix heures de vol, ça va être l'enfer. Une rangée ainsi que l'allée principale me séparent d'elle, donc j'ai tout le loisir de pouvoir admirer son profil.

Elle a presque supplié Debra, ma petite sœur, de s'asseoir à côté d'elle, me forçant ainsi à voyager à côté de Matt, mon meilleur ami qui est aussi le petit ami de ma sœur. Tous deux travaillent pour moi chez E.C et tous deux ont travaillé sur ce dossier avec Lina ainsi que Chris et Alex qui nous accompagnent. Debra et Matt voient dans ce voyage une occasion de se reposer et de prendre du bon temps tout en profitant du paysage idyllique qu'offre cette île. Chris et Alex, pour eux, c'est plus comme une sorte de lune de miel, la lune de miel qu'ils n'ont jamais pu s'offrir à leur mariage. Moi, je vois ce voyage comme une chance de refricoter avec Lina bien plus qu'une opportunité de conquérir de nouveaux clients. Pour Lina, ses premières vraies vacances depuis qu'elle a été embauchée donc l'occasion de se reposer.

Nous attendons tous quelque chose de ce voyage.

Plus je la regarde et plus je la trouve différente. Un truc a changé en elle. Je ne saurais pas le définir, je la trouve changée, plus introvertie, plus effacée, plus triste. J'espère ne pas en être la cause. Alors que je ne la quitte pas des yeux, Matt me donne un petit coup de coude dans le bras pour attirer mon attention.

— À ce rythme-là, tu vas te griller la vue. Et si tu allais t'asseoir à côté d'elle.

Je déglutis puis fronce les sourcils. C'est ce que je ferais si j'avais des couilles, mais la confrontation me terrifie. Mes couilles, elles se sont barrées, ça, c'est une autre histoire.

— Tu sais bien qu'elle me fuit comme la peste.

Et quand je dis ça, je suis gentil.

— Moi j'aurais dit comme l'herpès ! Quoi, c'est vrai ! me nargue-t-il, rieur, face au regard assassin que je lui lance. Vu tous tes plans cul depuis que je te connais. Sérieusement, et à qui la faute ?

— Je sais que j'ai tous les torts, on ne va pas revenir là-dessus, mais je ne lui ai pas été infidèle, merde. Je ne comprends pas cet acharnement à me tenir à distance.

— Tu lui as préféré ton boulot, crois-moi, c'est pire pour une femme. Elle a les armes pour rivaliser avec une autre femme alors qu'avec ton travail... Tu vas devoir ramer mon pote, non ramper, en fait, t'écraser telle une carpette, m'annonce-t-il, fier de lui en levant son index en l'air comme s'il venait de me révéler une idée de génie.

— Tu sais que tu ne m'aides pas là.

— Désolé ! Faut que je te montre un truc.

Il regarde autour de lui discrètement et pioche dans son sac qui se trouve à ses pieds pour en sortir une boîte, non, un écrin. Mon regard s'écarquille et mon cœur s'affole subitement en comprenant la signification que représente cet objet.

— C'est ce que je crois ? je lui demande, surpris avant même qu'il ne l'ouvre.

Je crois que ma surprise est égale à la joie que je ressens. C'est une excellente nouvelle et elle me ravit.

— Oui, je voulais avoir ton avis avant de faire ma demande à ta sœur. Hawaï, le cadre est paradisiaque, ça s'y prête à merveille. Alors ? fait-il en l'ouvrant discrètement.

— Joli, discret, sobre, à son image, c'est tout elle. Elle va l'adorer.

— Tu crois ? me demande-t-il d'une petite voix inquiète en se penchant vers moi.

— Bien sûr, elle t'aime, elle est complètement folle de toi, alors même si tu lui offrais une bague en collier de pâquerettes, elle te dirait oui, je lui dis pour l'encourager. Tu ne serais pas en train de paniquer là ? je me moque gentiment.

— Grave ! J'aimerais t'y voir toi.

— Ça, aucune chance !

S'il y a bien une chose dont je suis sûr dans ma vie, c'est celle-là ! Il me sourit mi-joueur, mi-moqueur pas convaincu par mes propos.

— On en reparlera lorsque tu feras ta demande ! D'ici là, un peu de soutien de ta part ne serait pas de refus. Et si elle me dit non ? angoisse-t-il, m'arrachant un sourire.

— Pourquoi te dirait-elle non ? Vous vous aimez.

— Toi, qu'en penses-tu ?

— Tu es mon meilleur ami, tant que tu la rends heureuse, moi ça me va. Et en plus, depuis le temps qu'elle te court après. Même si ça ne m'allait pas, tu crois vraiment que j'aurais mon mot à dire. Tu connais pourtant le tempérament de ma sœur.

— C'est vrai ! C'est ce qui fait son charme.

— C'est surtout ce qui fait d'elle une chieuse, je lui rétorque, amusé.

Là, nous riions tous les deux. J'adore vraiment ma sœur, mais quand elle a une idée en tête, rien ni personne ne peut lui faire renoncer, et ça a toujours été comme ça. Nos rires attirent l'attention de Lina qui se tourne dans notre direction avant de nous ignorer sans plus d'égard.

— Tu es certain de ne pas regretter, avec cette bague, tu dis adieu à toutes les autres et au plaisir de la vie.

Me passer la corde au cou, même pas en rêve. Se contenter d'une seule et même femme tout au long de sa vie alors que l'océan regorge de poissons. Je le reconnais, le concept est attrayant, mais encore faut-il être certain d'avoir trouvé la bonne. Pourtant, il fut un temps où j'y ai cru ! Je suis prêt à faire des concessions, mais celle-là, je crois que jamais je n'y céderai. J'aime trop la baise, j'aime trop les femmes pour me contenter pour le restant de ma vie de la même chatte. Je ne recherche et ne veux rien de sérieux. Juste prendre du bon temps.

Et Lina, hein... me hurle ma trique. Pourquoi la poursuis-tu aussi assidûment et rêves-tu de me voir fourrer sa chatte, si tu veux m'enfoncer dans celles d'autres femmes ?

Ah oui, je ne vous ai pas dit. Depuis que j'ai retrouvé mon envie de baiser même si je ne baise pas encore, ma queue me parle. Oui, oui, ma queue me parle. On converse tous les deux.

Je vous jure que je ne suis pas dingue.

Juste frustré sexuellement.

Ça doit être un des effets secondaires de la chose qui me fait parfois douter de ma santé mentale. Et putain d'effets secondaires !

Pour en revenir à ce que je disais, Lina, c'est différent.

Lina, c'était le défi à relever.

C'est la seule à m'avoir résisté, à avoir réussi à me tenir à distance d'elle une année entière, autant dire un exploit qui force mon respect, et surtout, mon admiration. Elle a réussi là où toutes les autres ont échoué. Je n'ai toujours eu qu'à claquer des doigts pour que les femmes me tombent dans les bras et baissent tomber leur petite culotte. Ça a toujours été facile, mais Lina a corsé tout ça, elle a rendu le jeu plus difficile, élevé le niveau, se rendant unique. Et comme je suis le genre de mec qui obtient toujours ce qu'il veut, sauf une fois, je la voulais et je la veux plus que tout. Elle m'a fait trimer, languir une année entière, trois cent soixante-cinq jours, je les ai tous comptés. En me résistant, elle a su susciter mon intérêt, en m'ignorant, elle a heurté ma fierté, mon ego, en sortant les griffes, elle m'a obligé à me battre, car je déteste qu'on se refuse à moi, je déteste ne pas réussir à obtenir ce que je veux, et c'est elle qu'on veut.

Oui, vous ne rêvez pas, j'ai bien dit, on, ma trique et moi !

Sur ce coup-là, je te suis ! me dit-elle frétillante d'impatience.

Je déteste ne pas mener le jeu, et là, c'est elle qui mène la danse, alors que c'est moi le créateur et le maître de ce jeu. Je ne laisserai plus jamais une femme avoir ce pouvoir sur moi, ni elle, ni une autre... plus jamais ! Et lorsque je vois qu'elle n'accorde pas plus d'importance à ce que nous avons vécu, qu'elle a capitulé sans pleurs, sans heurts, sans me faire de scène, mon orgueil de mâle dominant en a pris un coup, de ce fait, il s'est réveillé. Lorsque je l'aurai eue... je n'ai pas le temps d'aller plus loin dans mes pensées que mon futur beau-frère m'en fait sortir.

— Ça fait longtemps que j'ai dit adieu à toutes les autres, me murmure Matt, sans quitter la bague des yeux avant de relever son regard et de le poser sur moi. Et quand tu as la bonne, les plaisirs de la vie, c'est avec elle que tu les partages.

Sa voix vibre de sincérité que ça me donne la chair de poule.

— Tu me dis ça parce que tu es amoureux.

Je retiens ma grimace au dernier mot que je viens de prononcer.

— Parce que tu ne l'es pas toi peut-être ? Tu peux te mentir autant que tu veux, mais pas à moi. Je suis ta voix de la raison William EDEN. Et en plongeant dans tes yeux sombres, le déroulé de ta vie me paraît limpide. C'est elle.

J'en ai déjà une de voix de la raison et elle m'emmerde bien assez. Je ne réponds rien. Qu'est-ce que je peux répondre à ça ? Rien.

— De plus, pour ce qui est des plaisirs de ta vie, tu es mal placé pour me donner des conseils. Ça fait quand même presque un an et demi que tu ne vois qu'elle, relève-t-il, en laissant son regard glisser en direction de Lina.

— C'est uniquement par souci de facilité, et quand je dis facile, c'est dans le sens de simple, de commode. Nous savons tous deux qu'elle est beaucoup de choses, mais pas facile. Pour preuve, l'année qu'elle m'a fait passer à me languir d'elle. De plus, on est dispo l'un pour l'autre.

— À d'autres, Will, je te connais mieux que personne.

Il sous-entend quoi par-là ? Que moi aussi d'une certaine façon, je les refuse ces plaisirs de la vie en m'accrochant à elle. Je ne m'accroche pas à elle !

Moi... ? Franchement ! Un peu de sérieux !

Je veux juste remettre les choses à leur place. Personne n'est au courant pour Lina et moi, pas même ma sœur. Matt est mon meilleur ami, mon confident, de ce fait, il m'était juste impossible de lui cacher l'identité de la femme que je fréquentais et avec qui j'entretenais une relation. Moi, j'ai entretenu une relation... 

Ça me choque. Non, ça me fait toujours bizarre d'employer ces mots : relation et fréquenter. Je ne suis pas le genre de gars qui a des relations, sous-entendues des relations amoureuses. C'est plus des relations de cul, de sexe et d'échanges consentis. Pour ce qui est de fréquenter, on ne peut pas dire que je fréquente, car ça sous-entend sur du long terme, or, je ne baise jamais deux fois la même femme, ça évite tout attachement, mais tout ça, c'était avant Lina qui a fait voler en éclats mon mode de vie. La vérité, c'est qu'avec elle, c'est facile, juste facile et bon. Oh putain que c'est bon !

Putain, ce que c'est bon !

— J'ai toujours ce que je désire, tu le sais, je lui affirme avec conviction.

— Elle va peut-être être l'exception qui confirme la règle. Tu es trop confiant sur ce coup-là Will.

Le timbre de sa voix me met en alerte. Mes Sourcils se froncent et mon regard se fait suspicieux. Mon assurance vacille.

— Tu sais un truc que je ne sais pas ?

— Non !

— Donc le mariage, la routine, la même femme... Tout ça te convient ?

— Ça me convient, je te rassure, sans cela, je ne planquerais pas ça dans mes tiroirs depuis plus de six mois, me rétorque-t-il en refermant l'écrin. À toi aussi ça te convient, sans cela, tu aurais déjà lâché le morceau. C'est juste que tu n'en as pas encore pris conscience, tu ne l'as pas encore pleinement réalisé et ne me sors pas encore la vieille rengaine de la facilité et de la disponibilité. Toi et elle, c'est bien plus que ça, sinon tu y aurais mis un terme depuis belle lurette, et tu le sais aussi bien que moi. Arrête de te voiler la face. Toi, le serial baiseur qui ne fourre jamais sa bite deux fois dans le même trou !

— C'est d'un poétique ce que tu viens de me dire.

— Ne fais pas le mec affligé, car si un de nous doit l'être, c'est bien moi !

— Tu as bouffé du lion ma parole.

— Will, tu sais que je pourrais me couper une couille pour toi, c'est dire à quel point je t'aime, mais des fois, je me dis que t'es trop con. Tu as tout pour être heureux, tu as réussi tout ce que tu as entrepris, il ne te manque qu'une chose, l'amour, mais tu bousilles tout, car tu as peur. Tu sais qu'elle n'est pas elle. Regarde-la bien, c'est le jour, l'avenir. L'autre, c'était la nuit, des problèmes assurés, et surtout, du passé. Ouvre les yeux, bon sang, et arrête de lutter contre les relations sérieuses, contre cette relation, car tu peux t'en défendre autant que tu veux, elle et toi partagiez une relation. Si tu ne crois pas en elle, crois en toi ! Et je ne mentais pas quand je disais que je me couperais une couille pour toi.

— Juste une ?!

— T'es grave toi, tu sais ! me fait-il remarquer en me lançant un sourire de connivence. Et comment je fais pour satisf... avec ta sœur ? se reprend-il très vite alors que je lève le bras pour qu'il n'en dise pas plus. C'est que je vais en avoir besoin pour ce que j'ai prévu !

— Tu as raison, pour se venger, elle serait capable de me les couper juste après ! Les deux. Elle ne se contentera pas d'une.

— Pas faux ! C'est vrai que chez vous, vous faites tout dans la démesure et l'excés, et c'est souvent à cause de toi.

Je redeviens sérieux et regarde de nouveau en direction de Lina.

— Ça reste une femme !

— Oui, donc à moins de virer de bord... Tu es mal barré mec !

— Jamais de la vie ! Plutôt m'en couper une, tiens !

— Comment tu comptes t'y prendre pour la reconquérir ? me questionne-t-il, en plantant son regard en face du mien pour ne rien manquer de mes émotions.

— Recon... quérir ? manqué-je de m'étouffer avec ma propre salive. Je ne compte pas la reconquérir, juste la tringler !

— Et c'est toi qui me parlais poésie il n'y a pas deux secondes, me dit-il, en secouant la tête, dépité par mon attitude, et surtout, ma façon de parler. Je vais finir par croire que tu es un cas désespéré. Tu sais que tu as un problème. Tu n'as vraiment rien entendu de ce que je t'ai dit ! Quant à ce qui est de la disponibilité, ça ne t'a jamais gêné dans le passé, si je me souviens bien, tu les préférais même indisponibles. Et là, c'est moi qui ne le suis plus, à plus.

Il se redresse et suit du regard ma sœur qui lui offre un magnifique sourire tout en se dirigeant vers les toilettes. Pas très discret, il n'attend même pas qu'elle atteigne la porte pour se lever et la rejoindre après avoir remis l'écrin dans son sac. Une fois parti, je repense à ses paroles.

Est-ce que je serais capable de me contenter de Lina pour le restant de mes jours ? Sexuellement, on est en parfaite osmose, on se convient parfaitement, et même plus que ça. Lina, c'est comme une oasis de fraîcheur, vivifiante et rafraîchissante, mais après. Le contrat PADMA a été éreintant pour tout le monde pas seulement pour moi, mais il a au moins eu le mérite de me faire réfléchir longuement à la direction que je veux donner à ma vie. Après une longue introspection et des remises en cause parsemées d'une quantité de doute, j'ai pris la décision de reprendre entre guillemets les choses avec elle.

Pourquoi ? Pas pour les bonnes raisons. Ça, je le sais !

Je la veux juste parce qu'elle m'a jeté et ignoré.

Ouais, je sais, c'est moi qui l'ai jetée le premier, mais pas volontairement. Matt a raison, je suis qu'un gros con.

Si je réussis, où est-ce que ça va me mener, nous mener ? Et ce nous, qu'est-ce qu'il va signifier ? Rendre notre relation officielle ? J'ai décidément horreur de ces deux mots.

Est-ce que j'attends quelque chose d'elle, mis à part qu'elle écarte ses cuisses ?

De nous ?

De notre histoire ?

Si histoire il y a...

Ça fait cinq ans que je ne me suis pas lié, attaché à une femme. S'attacher, c'est de nouveau devenir faible et vulnérable. Ne rien leur promettre, c'est rester maître de ses sentiments, de ses émotions et de sa vie. Garder le contrôle ! J'en ai besoin, ça m'est vital ! Et Lina, je ne lui ai rien promis à ce que je sache ! Pourquoi est-ce aussi casse-gueule, prise de tête et compliquée une femme ?

Mon plus gros problème, non mon seul réel problème, c'est la manière dont je vais m'y prendre pour obtenir ce que je veux. Eh oui, vu que durant presque cinq mois, je me suis comporté avec elle comme... comme rien, en fait. Je l'ai juste ignorée, oubliée dans un coin de ma tête, pas de quoi en faire tout un fromage. Je vous jure ! Bon, elle va me voir arriver à des kilomètres, et surtout, elle va se méfier de moi et de mon changement de comportement. Je ne veux surtout pas qu'elle pense que je me moque d'elle ou pire que je joue avec elle en profitant de mon statut. J'ai beaucoup de respect pour elle.

Non, toi, tu veux juste la tirer, m'annonce mon petit bonhomme en pleine face.

— Parce que toi, non, peut-être ! C'est l'hôpital qui se fout de la charité.

Je me lève et gagne le siège vide à côté d'elle. Je laisse passer de longues secondes avant de m'adresser à elle.

— Tu comptes m'ignorer encore longtemps ?

Je l'entends soupirer. Elle colle son front contre le hublot pour mieux me tourner le dos, et surtout, pour s'éloigner de moi et cette attitude me vexe.

— Tu vas bien être obligée de me parler à un moment ou à un autre de ce voyage, tu sais.

— Je compte me tenir le plus éloignée de vous !

— Tu n'es pas obligée de me vouvoyer, je ne suis pas ton boss durant ce voyage. On peut faire une trève.

Je la vois froncer ses sourcils sur le reflet du hublot. Les dés sont lancés. Elle prend ses écouteurs et les met dans ses oreilles pour ne pas avoir à m'écouter plus longtemps, mettant fin à toute discussion. Je n'insiste pas. Je reste assis à ses côtés durant le reste du voyage. Après plus de douze heures de vol, l'avion atterrit enfin à l'aéroport international d'Honolulu.

Lorsque je me réveille, la tête de Lina repose tout contre mon épaule, elle est venue se coller tout contre moi, m'enserrant le bras de ses deux mains comme pour se tenir chaud et ma tête repose tout contre la sienne. L'odeur de son shampoing m'emplit les narines. De ma main, je dégage une mèche de cheveux de son visage, ce qui la fait frémir. Cette réaction s'en fait ressentir aussitôt dans mon caleçon. Je m'y sens à l'étroit. J'aimerais faire durer ce moment plus longtemps, mais l'hôtesse vient nous dire d'attacher nos ceintures pour l'atterrissage. Lina se réveille et lorsqu'elle relève la tête, elle croise mon regard. Nous nous fixons dans les yeux de longues secondes. Nos visages sont à moins de cinq centimètres l'un de l'autre, il me suffirait d'un rien pour l'embrasser, si bien qu'en le réalisant, elle relâche brusquement mon bras et se recule précipitamment au risque de se cogner la tête contre la paroi de l'avion. J'ai juste le temps de placer ma main derrière sa tête avant qu'elle ne la cogne. Après le choc, je garde ma main tout contre l'arrière de son crâne sans la quitter des yeux.

— Ça va ? s'enquiert-elle.

Je la regarde sans comprendre. Elle me désigne du menton ma main que je viens de retirer.

— Ta main ?

Serait-ce un brin d'inquiétude voilé que je perçois dans sa voix ?

Je pourrais profiter de la perche qu'elle me tend, mais je n'en fais rien. Je l'enveloppe de mon regard en m'attardant sur ses lèvres pulpeuses qui exercent sur moi une forte attraction me poussant presque à aller vers elles, pour les lécher, les embrasser, les pourfendre de se refuser à moi depuis si longtemps.

— Oui ! je lui montre en articulant mes doigts.

— Désolée, je me suis endormie, me dit-elle prise en faute en arrangeant ses cheveux et sa tenue.

Je reprends mes esprits et cesse de la contempler béatement comme un idiot face à son expression changante.

— Tu m'as entendu me plaindre, lui assuré-je, parfaitement conscient qu'elle ne va pas aimer ma réponse, un sourire en coin et le regard pétillant.

Elle se détourne de moi et regarde par le hublot avec toujours ce même air triste au fond des yeux que j'ai déjà décelé plus tôt. Nous quittons l'avion, récupérons nos bagages et gagnons l'extérieur où nous attend notre chauffeur avec une pancarte à mon nom.

— Je suis monsieur Eden, dis-je au chauffeur.

— Bonjour, monsieur Eden. Je suis votre chauffeur. Je vais m'occuper de vos bagages, ensuite, je vous conduirai au port où vous embarquerez sur un bateau pour gagner l'hôtel.

— Trop cool ! s'exclame Matt.

Nous grimpons dans la limousine et durant tout le trajet, j'observe le reflet de Lina sur la vitre, qui semble perdue dans ses pensées. Elle a ce petit air triste depuis quelque temps qui ne semble pas vouloir la quitter lorsqu'elle pense que personne ne la regarde. Lorsqu'elle relève la tête et croise mon regard, elle s'en détourne aussitôt pour regarder le paysage défiler devant elle. Une fois au port, chacun récupère ses bagages. Je suis le dernier à sortir. Je gagne le coffre et m'apprête à récupérer mon sac lorsque je la vois tenter de soulever le sien.

— Laisse, je vais le porter, lui proposé-je, en me saisissant de celui-ci.

— Ce ne sera pas nécessaire, je peux le faire, réplique-t-elle, d'une voix assurée et ferme.

Elle s'empresse de poser sa main sur les anses, mais je suis plus rapide qu'elle. Sa main se pose sur la mienne et une décharge électrique nous traverse tous deux. Nous relevons la tête et nos regards se croisent encore.

— J'insiste, ton sac pèse une tonne. Tu y as mis toute ton armoire ? je la taquine gentiment.

— Tout ça ne te mènera nulle part, tu le sais au moins !

— Quoi tout ça..., je ne comprends pas ?

Ma conscience réfrène mes envies d'interdit. J'exhale.

Car fait indéniable, désir il y a, et il englobe ce tout ça et même plus encore. Oui, j'éteins mes désirs pour ne pas la brusquer et pour ne pas qu'elle me rejette. Désirs qui me consument et me tourmentent. Désirs qui me tiennent éveillé. Désirs qui m'empêchent de bander.

De bander comme n'importe quel homme de bonne constitution physique..

— T'asseoir à côté de moi, t'intéresser, tes regards langoureux, porter mes bagages, cette soudaine attention que tu m'accordes, cet intérêt subit pour ma personne alors que tu m'ignores depuis des mois. Convoite quelqu'un d'autre. Mais merci de porter mon sac.

Percé à jour, elle n'aura pas mis longtemps. Elle n'insiste pas plus et retire sa main avant de se détourner de moi et de suivre le chemin emprunté par les autres.

La convoiter.

Moi ? Non !

Ce qu'elle n'a pas compris, c'est que je ne la convoite pas, je la revendique. Elle est à moi et à personne d'autre. Je la suis des yeux tout en souriant et plus particulièrement le balancement de ses hanches qui happent à chaque ondulation mon regard. Je la trouve magnifique dans cette petite robe noire toute simple qui la sied à merveille et qui met à mal ma queue, qui tout comme moi n'aime pas être ignorée. Les bagages rejoignent ceux des autres à l'avant du bateau. Je prends place à côté d'elle. Ma cuisse frôle sa jambe et ce simple contact suffit à éveiller mon désir d'elle. Cet aller est une vraie torture. Durant tout le trajet, ma cuisse ne rompt pas le contact d'avec sa jambe, ce simple toucher fait monter mon excitation, mais pour elle, cela semble l'indifférer, elle reste impassible.

Ça m'énerve ! J'ai l'air du toutou à sa mémère qui attend qu'elle daigne lui accorder un peu d'attention à défaut d'un os et ce n'est pas l'os qui m'intéresse, non, c'est toute la carcasse.

— Enfin, on arrive ! lance Matt, en se levant pour s'étirer à la vue du ponton qui se profile au loin.

— Ce n'est pas trop tôt, lui répond Debra, j'ai trop envie de faire pipi, annonce-t-elle, en se tortillant d'une jambe sur l'autre.

Y a que ma sœur pour dire un truc comme ça, à voix haute. Matt l'aide à descendre du bateau en lui tendant la main. Chris suit Alex de très près et lui passe son bras autour de son cou pour le ramer tout contre lui. Il a passé une partie du voyage à vomir, le mal des transports. Depuis notre départ de Paris jusqu'à notre arrivée ici, on n'a quasi pas entendu Lina. Elle est restée silencieuse presque tout le trajet, et là, sur son siège, elle contemple la mer et le paysage alors que tous se sont levés pour gagner la sortie. Elle semble perdue dans ses pensées et à des lieux d'ici. Elle est un peu pâle. Aurait-elle le mal de mer ? J'aimerais pénétrer son esprit pour savoir à quoi elle pense, là, tout de suite.

J'ai dit pénétrer, je voulais dire, sonder, oui sonder, sonder, c'est nettement mieux. Trop tard ! Aussitôt dit, aussitôt en mode « on ». Une douche froide, là, tout de suite, c'est tout ce qu'il me faut. Je pars en vrille pour un rien, j'ai l'impression de ne plus contrôler mon corps et encore moins mon membre qui n'en fait qu'à sa tête.

— Will, tu viens, me hurle Debra, tout excitée.

— J'arrive !

Je me lève et m'apprête à descendre du bateau lorsque je remarque que Lina est toujours assise. Elle n'a même pas vu que les autres ont quitté le bateau. Je l'observe en souriant avant d'aller jusqu'à elle et de poser ma main sur son épaule pour la ramener à l'instant présent.

— Lina, on est arrivés, lui dis-je, d'une voix douce la faisant sortir de ses pensées.

Elle relève la tête et hisse ses yeux vers moi. Nous nous fixons de brèves secondes avant qu'une certaine gêne, non un certain malaise ne la gagne rompant le charme de cet instant. Elle baisse le regard afin de me fuir et se dégage de mon emprise pour se lever. Je jurerais avoir vu une larme au coin de son œil.

— Tu pleures ?

— Pourquoi je pleurerais ?

— Je ne sais pas, tu avais l'air plongée dans un autre monde.

— Oui, un monde où vous n'existiez pas. Dois-je m'attendre à être espionnée continuellement durant ce séjour ? se renseigne-t-elle, en soutenant mon regard.

Ça a le mérite d'être clair.

— Le bateau a accosté depuis au moins cinq bonnes minutes. On y va, les autres nous attendent.

— Oui, et c'est Célina pour vous, monsieur EDEN, m'assène-t-elle froidement.

Son visage se ferme masquant toute frustration. Qu'est-ce que je disais ? Elle va m'en faire baver et les hostilités semblent déjà avoir commencé. Elle s'apprête à descendre du bateau, lorsqu'une petite vague le fait tanguer et la surprend. Elle se retient in extremis à la rampe et à moi, frôlant mon érection. Je la sens tressaillir à mon contact. Son pouls comme le mien s'accélère. De peur de tomber, nous nous immobilisons l'un contre l'autre en prenant bien appui sur nos jambes, attendant que le tangage cesse. Nous restons ainsi, immobiles, blottis quelques instants, ça me paraît durer une éternité. Afin d'assurer sa prise, elle lâche la rampe et s'accroche à moi. Son doux parfum taquine mes narines. Je cherche à détecter dans ses yeux un signe, un indice qui me révélerait ses sentiments, ses intentions, ses pensées, mais je n'y vois rien. Juste le masque de froideur qu'elle n'adresse qu'à moi et auquel je me suis habitué. Je la tiens fermement tout contre moi laissant tomber mon sac à terre.

C'est ça, accroche-toi à moi ! C'est tout ce que je veux ! la supplie ma troisième main tendue à l'extrême, de la sentir tout contre nous.

— Ça va ? Tu ne t'es pas fait mal ? je m'enquiers, inquiet, une lueur protectrice au fond des yeux.

Elle se contente d'un signe négatif de la tête pour toute réponse avant de se reculer, réalisant qu'elle a ses deux mains posées sur moi, l'une posée où plutôt accrochée à mon biceps et l'autre bien à plat sur mon torse. Troublée, elle se contente de baisser les yeux. Je lui tends alors la main pour l'aider à descendre du bateau. Ce geste a l'air de la surprendre, car elle me lance un regard étonné, mais elle ne rechigne pas et la saisit. Je suis aussi surpris qu'elle, elle est tellement sur la défensive avec moi que je pensais qu'elle allait me snober une fois de plus. Avec Lina, je me dois d'avancer lentement, mais sûrement, et c'est une victoire en soi. Elle hisse son sac sur son épaule et nous quittons le bateau pour longer le ponton.

Va vers elle, bordel ! Fais le premier pas, tente un truc...

Je lui prends la main et l'oblige à s'arrêter.

— Qu'y a-t-il, monsieur EDEN ?

Elle se stoppe net et me toise de toute sa personne, croyant certainement m'intimider. Je fais bien deux têtes de plus qu'elle.

— Laisse-moi ton sac, je vais le porter, il est décidément trop lourd pour toi !

Je n'attends même pas sa réponse. Je lui ôte la sangle de son épaule et la mets sur la mienne. Lina reste sans voix à me fixer du regard avant de me rejoindre. Une fois à ma hauteur, elle me lance un merci du bout des lèvres sans me prêter plus d'attention.

— Allons rejoindre les autres, ils ont déjà dû arriver à l'hôtel.

Bien que chargé, je ralentis le pas, afin qu'elle puisse se mettre à ma hauteur. J'aime marcher du même pas qu'elle, ça me donne l'impression d'être sur la même longueur d'onde. Je sens son regard posé sur moi et je l'avoue, ça me plaît. Le fait qu'elle daigne m'accorder un peu d'attention me fait dire qu'elle s'intéresse de nouveau à moi, du moins c'est ce que j'aime penser.

J'ai conscience de la déstabiliser. Elle s'interroge sur mes intentions qui, je le reconnais, n'ont rien d'honorable et je n'y peux rien, je ne suis pas un mec gentil, ainsi que sur mon comportement, ce qui est normal et je ne peux pas l'en blâmer. J'ai aimé être son centre d'intérêt, j'ai toujours aimé sa façon de me regarder, car elle ne regardait et ne voyait que moi et je l'avoue, ça me manque... Elle me manque !

Nous apercevons enfin le hall de l'hôtel qui est juste sublime. Pour un hôtel cinq étoiles, c'est une pure merveille. On voit de suite que l'on est à Hawaï, il y a des fleurs partout et une hôtesse nous accueille à l'entrée du hall pour nous mettre autour du cou un collier de fleurs et nous souhaiter la bienvenue. Nous traversons le hall. Je jette un regard en direction de l'immense baie vitrée qui donne sur la plage. Ce voyage, cette île, cet hôtel, c'est exactement ce dont j'avais besoin, tout y est paradisiaque. Je m'avance en direction de la réception, suivi de près par Lina.

— Eh bien, Johnson ne s'est pas foutu de nous, dis-je à son attention, en m'arrêtant en plein milieu du hall de l'hôtel et en tournant sur moi-même afin d'avoir une vue d'ensemble.

Mon regard se pose sur elle, elle est tout aussi émerveillée que moi. J'aime la voir ainsi. J'ai eu raison de faire ce que j'ai fait, elle ne va pas aimer, mais tant pis, elle ne m'a laissé aucun autre choix.






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