F o u r
- Qu'est ce qui se passe mon grand ? Tout va bien ?
Ma mère est montée dans ma chambre et se tient maintenant dans l'encadrement de la porte. Je suis dos à elle mais je peux imaginer son incompréhension. Je n'ai pas non plus envie de la laisser sans explication, mais pas non plus envie de discuter. Je sais parfaitement qu'elle va essayer de me dissuader de partir. Malheureusement pour elle, personne ne pourra.
Je ferme ma valise et attrape mon sac à dos. Une fois mon attirail près, je quitte la chambre en forçant maman à se décaler. Je crois bien que mon regard noir l'a effrayé. Ou c'est peut-être moi en général. Sa petite voix triste va finir par me briser le cœur.
- Tu n'es tout de même pas entrain de partir ?! Jungkook...tu viens d'arriver !
- Je rentre.
Je fais tomber ma valise dans les escaliers, pour la faire glisser jusqu'en bat. Ça provoque un grand fracas ce qui a pour effet d'augmenter l'état de fébrilité de ma mère. Je suis la valise et descend moi aussi, suivis par les petits pas de ma génitrice. Elle doit être entrain de chercher ses mots, je la connais.
- Mais enfin...C'est ici chez toi...
Je me retourne soudainement vers elle, n'en croyant pas mes oreilles. Son expression est torturée et triste.
- Vraiment ? C'est chez moi ici ? Ici, où tout le monde me traite d'égoïste, me regarde avec pitié et me liynche à longueur de journée ? C'est ça que tu appelles "chez moi" maman ? Désolé mais tu devrais revoir ta définition, je dis en ouvrant la porte d'entrée.
Je n'avais pas réellement prévu de m'énerver contre elle. Je ne peux pas m'empêcher de ressentir un brin de culpabilité.
- Si c'est à cause de ton frère, ton père et moi, nous allons lui parler et-
- Ça ne sert à rien ! je m'énerve. Ça ne sert plus a rien maman ! Pour l'amour du ciel... Je suis plus le bienvenu ici, je suis un total étranger dans cette ville.
- Mais non voyons..., bafouille ma mère.
- Qu'est ce qu'il se passe ici ? demande une nouvelle voix.
Je me retourne, surpris, vers la porte d'entrée et constate que ma petite tête brune préférée s'y trouve. Il ne manquait vraiment plus que ça. Je pousse un long soupire pendant que Jimin nous dévisage. Il devait probablement venir me voir et il a entendu les cris. Enfin, mes cris.
J'ignore totalement cette interruption. Si je cherche à débattre, je ne partirai jamais d'ici. Hors, je ne compte vraiment pas passé une journée de plus dans cette ville.
- Jungkook, je t'en prie mon lapin. Réfléchis avant de t'en aller, continue ma mère.
Je quitte la maison, traînant ma valise derrière moi. Bien déterminé, je fais totale abstraction des supplications de ma mère dans mon dos. Pourtant au moment où je m'apprête à sortir de l'allée, une main me retiens par le bras et me retourne.
Je fais face à Jimin. Ce dernier a une expression d'incompréhension sur le visage. Oui je comptais partir sans te prévenir. Oui je comptais partir en laissant ma mère en plan. Mais ça, ça me regarde putain !
- Tu pars ? Encore ? me demande t-il les sourcils froncés.
- Oui je me tire d'ici. Pourquoi, tu veux m'accompagner peut être ?
Le noiraud me lâche et me fixe toujours de la même façon. Il glisse ses mains dans les poches de son slim noir. Il porte un t-shirt noir aussi. En fait, c'est un t-shirt que je lui ai offert.
- Peut être, répond simplement Jimin.
- Ce n'était pas une proposition. Maintenant lâchez moi, j'ai pas envie de discuter.
- Te ne pourra pas toujours fuir, Jungkook. Tu ne pourra pas toujours esquiver les situations délicates.
Mon sang boue littéralement dans mes veines. J'ai rarement était autant en colère de toute ma vie, et dieu sait que j'ai pu être hargneux dans le passé. Je crois même que je suis tellement énervé que je me suis rapproché de Jimin, la tête haute, comme pour le défier.
- Je. Ne. Fuis. Pas. Putain. Tu n'as pas de leçon à me donner !
- Je ne parle pas de moi. Regarde dans quel état tu as mis ta mère ? Et que va penser ton père en rentrant. Et la colère de ton frère qui va augmenter ?
- Alors quoi ? T'es devenu leur nouveau gardien c'est ça ?
Jimin gonfle les joues, signe de son exaspération. Derrière moi j'ai entendu une fenêtre s'ouvrir. Je crois que les voisins ont l'air plutôt intéressé par cette dispute. Quand à moi, je continue de fixer Jimin avec tout autant de fureur.
- C'est ta famille !
- Famille ? Et où étaient-ils quand j'étais entrain de mourir, hein ?!
- Moi j'étais là ! réplique Jimin, la voix toujours plus forte.
Je commence à avoir mal au crâne avec ces conneries. Nous n'avons pas arrêté de hausser la voix pour essayer d'écraser l'autre. Parceque c'est ça maintenant notre relation, on s'écrase, on se brise.
- Mais où es tu maintenant ? je demande dans un souffle. Quand j'ai besoin de toi ?
- Tu m'as écarté de ta vie Jungkook !
J'attrape à nouveau la poignée de ma valise et m'écarte. Mes yeux me brûlent tant je retiens mes larmes.
- C'est peut être pour une bonne raison...
- Alors explique moi, je t'en supplie, me répond Jimin avec une voix triste.
Je baisse les yeux et recule en secouant la tête. Ça ne sert plus à rien, c'est trop tard maintenant. C'est fichu. Je n'ai plus envie de faire des efforts, plus envie de rabbacher les mêmes conneries. C'est fini. Je pars et pour de bon.
Tournant les talons, je quitte l'allée de cette maison qui était la mienne autrefois, lorsque j'étais jeune. Lorsque j'étais quelqu'un d'autre. Une fois que je suis suffisamment éloigné, je laisse couler mes larmes. Ce ne sont pas des torrents, seulement quelques unes, et tout en silence.
J'appellerai un taxi quand je serai sur la Grande route, ce sera plus rapide, plus facile.
Mes mains serrent fermement la poignée de la valise pendant que j'essaie de reprendre une contenance. Il y a une chose que je déteste par dessus tout, c'est de me prendre la tête avec Jimin. De voir son regard changer lorsqu'il laisse sa colère déborder. La dernière fois que c'était aussi intense, on s'est tapé dessus en plein milieu d'un hôpital.
Des milliers de frissons me parcourent et ma gorge se met à me brûler. Je ne vais pas bien et je vois difficilement comment ça pourrait aller mieux. Dans ma tête repassent les images de ce qu'il vient de se passer. J'entends mes propres paroles me cogner les tympans.
Je ne me reconnais plus. Ce n'est pas moi tout ça. Je...Je crois que j'ai un sérieux problème.
Les voitures passent à une vitesse folle devant mes yeux, me faisant tourner la tête. En fait, tout tourne. Mon estomac commence à se contracter et ma respiration se bloque. Je me penche et vide le contenu de mon estomac contre le mur d'une maison en bordure de la route. Ce n'est que de l'eau parceque c'est la seule chose que j'ai avalé en deux jours.
Je me laisse ensuite tomber contre ma valise en me tenant comme je peux. Une petite dame, assez âge qui a apparemment vu la scène, se précipite vers moi et me demande si tout va bien. Je me contente d'hocher la tête et lui de demander si elle peut appeler un taxi pour moi. Ce qu'elle fait très rapidement et Dieu merci.
Elle reste avec moi jusqu'à l'arrivée de la voiture et j'essaie de la remercier du mieux que je peux. Cette dame, assez austère paraissait-elle, était très gentille et sur la banquette arrière, je me demande ce que j'aurais fait sans son intervention.
La voiture roule lentement et me berce. Je suis épuisé, paralysé par ce qu'il s'est passé dans cette matinée. Mes yeux se ferment touts seuls et je m'endors la tête contre la vitre.
----
Ça va ? Vous ne me détestez pas trop ?
C'est le 4e chapitre et ça part déjà en chair à saucisse ! 🤷
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro