O n e
- Jungkook? J'ai une bonne nouvelle pour toi. annonce Ji en se précipitant vers moi.
Elle tire mon bras pour m'éloigner de la fenêtre avec un regard de réprimande. Mon corps est mou et se laisse trainer. Son regard et à la fois doux et ferme. Je ne sais même pas pourquoi je l'apprécie autant. Ce n'est qu'une infirmière. Mais c'est la seule compagnie que j'ai. Je sais pas ce que je ferais sans elle. Bah je serais déjà mort...
- Tu ne veux pas savoir mon petit?
- Si. -je répond mollement
Je me laisse tomber lourdement sur le fauteuil à côté de mon lit d'hôpital. La perche de ma perfusion se tire vers moi avec un petit grincement. J'en ai marre de ce truc! Je relève mes genoux vers mon torse et laisse vagabonder mes yeux sur le paysage encore visible. J'ai le souffle cour et j'ai mal au crâne. Je déprime encore plus maintenant. J'espère que la vielle petite infirmière aura de quoi me changer les idées.
- Tu as le droit de sortir Jungkook. Je me suis arrangée pour te laisser une liberté complète. Tes parents sont d'accord.
3 mois. 3 mois qu'ils me gardent enfermé putain. Et c'est maintenant qu'ils me laissent le droit de me balader. Merde et puis quoi encore? Ils vont croire que je vais sauter de joie ou plutôt de la fenêtre. Je ris jaune avant de me rendre compte que j'ai ris a voix haute. Pauvre Ji, c'est pas facile de s'occuper de moi. Je veux surtout pas la vexer, elle ne mérite pas ça.
- Ça ne te plait pas ? demanda l'infirmière un peu inquiète- Je sais que tu veux quitter ta chambre.
-Merci...
Je me tourne vers elle pour lui offrir un sourire. C'est juste un pauvre sourire mais j'ai oublié comment on fait. Je me lève et m'approche de la vieille femme. Sincèrement, elle me fait penser a ma grand-mère, elle agit comme ma grand-mère. Ji m'a déjà dit que je suis son patient préféré. Je ne sais pas comment elle fait sérieux. Même moi je m'insupporte.
La main de Ji vient caresser mes cheveux brun, et descends jusqu'à ma joue. J'ai envie de pleurer. Avant que je puisse le détourner, des bras accueillants m'entourent et une chaleur m'envahit. Ji, je suis désolé mais ça je ne te le dirais probablement jamais. Toute l'affection qu'elle me porte me donne une légère envie de continuer de vivre. Elle me donne toute l'affection que ma mère ou mon père ne peuvent pas me donner.
En soupirant je m'écarte et m'éloigne. Je me sens mieux, et l'idée de sortir de mon aile d'hôpital me parait un peu plus réjouissant.
- Allez Jungkook, un garçon de 17 ans ne doit pas rester enfermé. En plus tu peux aller où tu veux quand tu veux! Tu vas avoir une nouvelle chambre, plus grande.
Son petit air enthousiaste me fait rire intérieurement. Pourtant je suis plus intelligent que ça. Je vais être déporté dans l'aile des patients à long terme. Il n'y a qu'eux qui ont autant de liberté que ça. Génial, maintenant cette nouvelle vient de me gâcher la journée et probablement le reste de ma vie. C'est clair comme de l'eau de roche, je vais rester dans ce foutu hôpital pendant bien plus longtemps que prévu. J'en ai pas la force même si au fond je m'en doutais. Je vais mourir et je risque de passer le reste de la vie ici. Parfait!
Je me laisse tomber sur mon lit et mes yeux commencent à me brûler. Bordel pourquoi je pleure? Oui je sais que je vais crever, oui je sais que j'ai plus rien à perdre mais merde, pas l'aile des patients à long terme. Je suis pas prêt !
- C'est dur je sais mais tu sera mieux là-bas, crois moi. Et puis c'est toujours moi qui vais m'occuper de toi. Jungkook, il faut que tu comprenne que c'est pour ton bien, il y a de patients avec qui tu pourrais t'entendre.
- J'ai pas envie- je râle, dépité
Les larmes coulent finalement sur mes joues. J'ai peur et je prend finalement conscience de la gravité de la chose. Je ne suis qu'un gosse et je suis complètement livré à moi même. Et puis je me fiche bien des autres. Je serais juste moins seul. J'ai beau cherché mais je ne vois rien derrière l'obscurité.
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Une heure est passé, j'ai déjà changé de chambre. C'est plus grand ici, je l'avoue mais j'avais pris l'habitude de l'obscurité de mon ancienne piaule. Ici c'est plus lumineux, et la fenêtre donne sur un jardin clos, réservé aux long terme. Le lit, lui, reste toujours peut accueillant. Tant pis. Ji est encore avec moi, elle range mes affaires. C'est pas comme si j'avais grand chose de toute façon. Des vêtements, mes affaires de toilettes, mon ordinateur portable- cadeau de ma "copine"- et mon portable. Quand je vois que certain patient ont toute leur maison sur le dos, je suis bien content du côté épuré de ma chambre.
Je m'assois en tailleur sur mon lit. Ji y a posé une petite caisse en carton. J'avais oublié ce détail. La boite est remplie de photos et de petits cadeaux que mes amis m'ont fait au début de mon internement. Avant de me laisser tomber...
Je pioche au hasard dans le carton et en sort une petite photo avec un cœur rouge dessiné dessus. Le garçon est joyeux, amoureux. Ses yeux sont pleins de vie. J'ai changé, tellement... Et en négatif. Il y a aussi une jolie jeune fille allongé contre lui, enfin moi. C'est Una.
Voir la photo me fait penser a elle, elle me manque un peu. Una ne viens que rarement me voir. Je ne sais même pas si je doit encore la considérer comme ma petite amie. Je ne sais pas non plus si je l'aime toujours. Elle doit être passé a autre chose mais n'ose pas me le dire. Le peu de fois où elle est venue, Una n'avait pas l'air d'apprécier ma compagnie, en tout cas plus comme avant. Parfois on se parle par message. Elle me manque un peu.
Je balance la photo dans le carton et en reprend une autre. Ji est toujours occupée. Mon coeur se brise quand mes yeux se posent sur la seconde photo. J'ai mal. C'est peut être un cliché banal mais c'est pire que ça pour moi. C'est lui. Lui qui m'a brisé et abandonné. C'est trop que je ne puisse supporter. J'enfonce la photo dans la boite et balance cette dernière par terre.
Je me laisse glisser sur mon lit et me recroqueville complètement. Je me sens vide et déjà mort. C'est juste trop. Voilà la seule chose auquel je ne voulais plus jamais pensé. Lui. Je suis con. Je savais bien que cette boite était un piège a con dépressif comme moi. Mon corps se fige et refuse de bouger. J'aimerai resté là, à ne plus jamais bouger.
C'est sans compter sur ma chère Ji. Une main viens caresser mon crâne.
- C'est l'heure de ton repas Jungkook. Tu dois manger tu le sais bien. Il a le réfectoire des patients à long terme. Mais si tu préfère je peux t'apporter ton repas dans la chambre comme avant...
- Il faut que je sorte d'ici Ji.
Je me précipite vers la porte. Mes jambes m'ont obéis. L'air devient lourd dans cette pièce j'en ai franchement ras le bol de resté cloîtré. Encore heureux, je n'ai pas ma perfusion à cette heure ci. Avant de quitter la pièce qui est maintenant la mienne, j'avertis mon infirmière que j'ai besoin d'être seul et que je peux me débrouiller.
C'est faux. J'ai besoin de quelqu'un. Mais j'ai envie de marcher et j'ai faim. Ça n'arrive pas souvent. Je ne sais même pas où est ce foutu réfectoire. Tant pis je vais me débrouiller. Mes pieds commencent déjà à me faire mal. J'ai totalement perdu l'habitude de me déplacer. Qui sont ses cons de médecins qui me laissent mourir dans ma chambre ? Et pourquoi ce ne sont jamais eux qui viennent me faire passer des test ou même m'annoncer des fausses bonnes nouvelles ?
J'arrive devant un ascenseur. Je me rend compte que je suis au deuxième étage. Les porte s'ouvrent sur un médecin suivit d'une petite fille d'environ 10 ans et d'un garçon a peine plus jeune que moi. Les pauvres putain. Surtout la petite, ça se voit a son regard qu'elle est triste, seule. Le garçon pose une main sur le crâne de la fillette et lui ébouriffe les cheveux. Le médecin les a abandonné à cet étage et s'éloigne deux. Ils sont tout seuls, comme moi. La petite fille me regarde et m'offre un sourire tremblant. J'ai pas fait gaffe mais elle tire sur mon sweat à capuche vert et rouge. Le garçon lui tire le bras pour qu'elle cesse.
- Désolé - s'excuse t-il pour la gamine.
- C'est rien - je souffle.
- Il est où ton problème à toi? - demande alors une petite voix claire et fragile.
Je baisse les yeux vers la petite brune. Le grand tente de s'excuser du comportement de la fillette. Ça fait 3 mois que je n'ai parlé a personne d'autre qu'à Ji, mes parents et Una. J'aime pas la sensation que ça me fait. J'ai envie de pleurer.
Je pointe mon crâne et me tourne vers la gamine et soupire.
- Dans mon cerveaux.- dis-je simplement
- Moi c'est mes os. Comment tu t'appelle ? Demande t-elle
-Jungkook...et toi?
Elle me fait chaud au cœur. Elle est si fragile pourtant elle fait tout pour ne pas le montré. Tout le contraire de moi.
-Anie- repond la petite avec un sourire- Et lui c'est G, oui c'est comme ça qu'il veut qu'on l'appelle. Son problème c'est ses poumons. Il s'occupe de moi quand ma maman et mon papa ne sont pas là.
J'ai les yeux qui brûlent. La petite Anie est juste adorable, elle ne mérite pas son sort
Je fait un signe de la main au dénommé G pour le saluer. Il me sourit en retour. Pourquoi les gens ont l'air si heureux?
Anie tire sur la manche de son ami et commence à s'énerver. Elle lui dit qu'elle a faim et G lui caresse la joue en l'entrainant vers le fond du couloir. Ils doivent sûrement aller à ce foutu réfectoire.
-Attendez!
Les mots sont sorti seuls de ma bouche. Ça fait longtemps que j'ai pas entendu ma voix aussi fort. Les deux se retournent.
- Tu cherches le réfectoire je suppose ? s'avança G - Viens avec nous.
Je les suit en silence. Il fait froid dans ces maudits couloirs. Je fait attention au chemin qu'ils empreintent pour m'en souvenir. Je veux pas me perdre la prochaine fois.
Enfaite le réfectoire est au bout du long couloir. Au même niveau que la chambre. Tant mieux, comme ça je n'aurai pas trop a marché. Mes jambes me font mal et mon crâne aussi.
On arrive devant deux doubles porte. Je pense que c'est ici. En tout cas ça y ressemble. Il y a des petites fenêtre dans les porte et j'arrive à voir les gens au travers. Les deux enfants pousse les portes et me laisse passer.
C'est lumineux. Putain je ne pensais pas pouvoir dire ça un jour mais c'est agréable. C'est spacieux et on dirait quelque chose de complètement éloigné d'un hôpital. Il n'y a pas beaucoup de monde. Sûrement parce qu'il est encore tôt. Mais il y a un truc qui me choque. C'est le visage des gens. Pourquoi ils sourient tous bordel? A quel moment c'est une bonne nouvelle d'être au service à long terme? Peut-être ont-ils trouvé de la compagnie. Peut être que cela allège leurs jours. Mais moi je ne connais personne ici.
Voyant mon expression vide et mon peu d'enthousiasme, mes deux rencontres me laissent seul en me signalant que je peux me joindre a eux quand je le désirerais. J'ai pas forcément envie de m'incruster dans leurs petite routine. Je ne les connais même pas même si comme moi ce sont encore des enfants.
Me voilà jeté dans la fausse aux lions. J'ai du mal avec le fait que je vais devoir resté ici pendant encore longtemps. Même après avoir poussé les deux porte vers cet endroit si lumineux, il n'y a toujours rien derrière l'obscurité.
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