
❦ V i n g t t r o i s ❦
❝ Patience is bitter, but its fruit is sweet ❞ - Aristotle
♪ Paper hearts - Tori Kelly ♪
- Vous avez choisi ? demanda la serveuse en se plaçant à côté de la table, nous surprenant tous les deux.
- Je.. commençais-je.
- Ce sera.. dit Chace en même temps que moi.
Nous nous arrêtions tous deux, nos regards se croisant et un léger gloussement s'échappant de nos lèvres. Je tournais rapidement le regard, sentant le rouge monter à mes joues. Néanmoins, les yeux de mon professeur étaient toujours sur mon visage.
- Allez y Victoria.
Je posais mon regard sur lui brièvement, avant de rapidement reporter mon regard sur mon menu, et sur la serveuse par la même occasion.
- Je vais prendre une salade italienne, s'il vous plait.
La serveuse hocha la tête, avant de se retourner vers Chace, qui s'était subitement mis à sourire, sans aucune raison valable.
- Ce sera la même chose pour moi, s'il vous plait.
Je souriais à mon tour, n'ayant aucune emprise sur la multitude de papillons volant dans tout mon bas ventre.
- Vous désirez boire quelque chose ? continua la serveuse en attrapant nos menus, un apéritif peut être ?
Je regardais Chace, hésitante.
- Une carafe d'eau et une bouteille de champagne ferontè l'affaire, sourit il, merci.
Cette dernière acquiesça avant de s'éclipser en direction des cuisines. Un étrange silence s'installa entre nous. J'avais bel et bien remarqué que l'ambiance entre lui et moi avait changée, mais j'étais incapable de dire si cela était du au passage que j'avais lu, un passage le concernant entièrement.
Je regardais les alentours, admirant la beauté du restaurant. Tout en simplicité, la décoration faisait de cet endroit un lieu paisible et si reposant. J'en oubliais tout ce qui m'entourait, tout ce que j'avais vécu et tout ce que je retrouverais dès demain lorsque nous serions de retour au lycée. Je vivais l'instant présent, chose que je ne prenais jamais le temps de faire, et à vrai dire ça faisait un bien fou.
La serveuse revint avec nos boissons, posant les flûtes sur la table avant de nous servir. Elle déposa également la carafe avant de redisparaitre.
Je pris la coupe, regardant d'un oeil hésitant le breuvage.
- Bon je sais que c'est illégal de vous faire boire, mais il faut bien fêter ça, déclara Chace en rapprochant son verre du mien, à votre victoire.
Je laissais nos deux verres s'entrechoquer, souriant légèrement en rapprochant la coupe de mes lèvres.
- A notre victoire, le corrigeai-je avant de porter la coupe à mes lèvres.
Je laissais le liquide pétillant couler dans ma gorge, agréablement surprise par le gout. C'était très bon, même raffiné. Je comprenais pourquoi les gens adoraient tellement cela.
Chace sembla boire sa coupe comme si elle ne contenait que de l'eau, la reposant presque à moitié vide de son contenu quelques secondes plus tard.
Nos regards se croisèrent et nous ne pouvions nous retenir de glousser, comme deux enfants. L'ambiance était si étrange, si légère, si différente. Je baissais les yeux, reportant mon attention sur la flûte de champagne se tenant dans mes mains, sentant le regard de Chace sur moi, encore une fois.
Lorsque la serveuse réapparut, je ne savais pas dire si j'étais soulagée ou plutôt déçue qu'elle mette fin à ce moment. Elle déposa nos assiettes devant nous, nous souhaitant un bon appétit avant de disparaitre aussi vite qu'elle était arrivée.
- Je ne vous propose pas si vous voulez gouter.. tenta Chace avec un petit sourire.
Je riais légèrement, secouant la tête avant de poser la serviette sur mes genoux. Nous commencions tous deux à attaquer notre plat. Néanmoins, j'avais besoin de savoir ce dont il avait pensé de ma lecture de tout à l'heure, enfin sur son contenu.
J'avais envie de lui demander, de but en blanc, mais j'étais bien trop lâche pour ça. Cependant, ce n'était pas son cas.
- Vous pensiez réellement ce que vous avez dit tout à l'heure ? dans la partie que vous avez lue au public ? demanda t-il en s'essuyant le coin de la bouche à l'aide de sa serviette, son regard entièrement fixé sur moi.
Je reposais ma fourchette, reportant mon attention sur mes mains, tenant la serviette sur mes genoux.
- J'ai été honnête, avouai-je, je n'ai dit que la vérité.
Chace sembla rester silencieux quelques secondes, comme si il réfléchissait à ma réponse.
- Pourquoi avez vous choisi de lire ce passage là en particulier ?
Je haussais les épaules, n'ayant pas de réelle réponse à cette question. Je n'avais pas réfléchi. Instantanément, lorsque la présentatrice avait demandé de lire un passage, celui ci m'était venu comme instinctivement à l'esprit, comme une évidence.
- Je n'ai pas vraiment de réponse à cela pour être honnête, je n'ai pas plus réfléchi, j'aurais surement du.
- Non, non, c'était très bien choisi, reprit il. C'est bien dommage que vous n'ayez pas relevé les yeux quelques secondes pour voir l'admiration dans le regard de chaque personne se trouvant face à vous.
- arrêtez, riais-je nerveusement, ce n'était pas si fantastique.
- Vous plaisantez ? Le public a totalement retenu son souffle dès l'instant où vous avez commencé à parler. Chaque regard, sans exception, était concentré sur vous, comme si vous étiez la seule personne dans la pièce. Chaque personne était pendue à vos lèvres, attendant la suite de votre récit. Vous commencez à me connaitre maintenant, je ne vous mentirais jamais.
Je hochais la tête, laissant libre court à mon esprit.
- Et vous, qu'est ce que vous en avez pensé ?
Chace sembla prit de court par ma question, grattant son menton dans un geste nerveux. J'étais peut être allée trop loin.
- J'ai été touché, répondit il simplement, et très surpris.
Je le regardais intensément, j'étais à présent celle qui était pendue à ses lèvres, espérant qu'il développe davantage sa réponse qui me semblait bien trop courte. Pour mon plus grand bonheur, il le fit.
- A vrai dire, j'étais comme le public. Vous n'étiez plus mon élève à ce moment là, vous étiez une artiste, une vraie. J'étais presque dans un monde parallèle, seulement guidé par le son de votre voix. Il prit une pause. Au départ, je ne pensais pas vraiment que cela m'étais dédié. Mais plus les mots sortaient de votre bouche, plus je me reconnaissais. C'était peut être une attitude prétentieuse je l'avoue, mais c'était comme si vous vous teniez face à moi, me parlant à coeur ouvert, comme ces dernières semaines. Et pour être honnête... je n'arrive toujours pas à mettre un doigt sur ce que j'ai ressenti à ce moment là, c'était comme...
Je le voyais peiner à trouver ses mots, alors je l'interrompis, comprenant son problème qui était aussi devenu le mien au fil des jours passés à ses côtés.
- Je comprends, moi aussi.
Je ne pouvais pas affirmer avec certitude que nous venions de nous avouer nos sentiments naissants mutuels, mais ce que je savais, c'était que cette relation avait passé un cap. Je ne savais pas dans quelle direction nous nous dirigions, ni où nous finirions, mais j'espérais que la balade serait longue, juste pour être à ses côtés.
Son sourire à mon égard était toujours aussi fidèle. Presque instinctivement, ma main rejoint la sienne posée sur la table, nos doigts se touchant d'une manière timide. Puis au fil des secondes, comme si chacun avait réussi à apprivoiser l'autre, nos doigts s'entremêlèrent, scellant ce lien entre nous.
❋
Je regardais la nuit défiler, assise dans cette voiture à laquelle je commençais à m'habituer. Les lumières éclairaient encore les rues, les étoiles parsemaient le ciel. Le trajet était agréablement silencieux. Chace comme moi étions plongés dans nos pensées.
Je fus arrachée à ces dernières lorsque la main de Chace sur mon bras me ramena à la réalité.
- Nous sommes arrivés, annonça t-il, une légère pointe de déception dans sa voix.
Mon regard parcourut les alentours, constatant que nous étions bel et bien devant cette affreuse maison. Chace m'avait plusieurs fois demandé si je souhaitais aller chez Mandy et Ken, ce que j'avais refusé. Il n'avait jamais réellement proposé que je vienne chez lui, et à vrai dire je le remerciais pour cela. Je ne voulais pas de sa pitié.
Je hochais la tête, détachant ma ceinture de sécurité avant de me retourner vers lui.
- Merci pour tout, pour cette journée, cette soirée, merci pour cette victoire qui n'aurait jamais été possible sans vous.
Il sourit à son tour, un léger rouge montant à ses joues, chose que j'étais capable de voir malgré l'obscurité de la nuit.
- Je pense que c'est à moi de vous remercier, vous m'avez permis d'atteindre une chose à laquelle je ne croyais plus..
Je mimais son sourire, mon regard maintenant ancré dans le sien, comme incapable de bouger.
Quelques secondes passèrent avant que la main de Chace trouve sa place sur ma joue, caressant cette dernière avec son pouce. C'était mal, je le savais, mais mes yeux ne pouvaient s'empêcher de se fermer à ce contact.
En les rouvrant, je retrouvais ceux de mon professeur, qui semblaient me questionner. Il ne lui fallut plus de temps avant qu'il daigne enfin poser ses lèvres sur les miennes, me surprenant tout de même. Inexpérimentée dans ce domaine, je restais comme paralysée, ce qui fit cesser mon professeur.
Ce dernier s'éloigna de quelques millimètres, notre proximité permettant toujours à son souffle de s'échouer sur mon visage. Cela ne fit qu'un tour dans ma tête. J'en avais envie moi aussi. Je réduisais à néant ces quelques millimètres nous séparant, plaquant à mon tour mes lèvres sur les siennes, tentant de suivre le rythme de ces dernières.
Il n'y avait rien de bien compliqué, cela en devenait même addictif. J'aurais pu passer la soirée voire la nuit à faire cela, juste pour le plaisir de partager cette connexion avec lui. Sa main auparavant sur ma joue se trouvait à présent dans mes cheveux, puis soudainement, la langue de mon professeur décida de prendre part au baiser, intensifiant ce dernier.
Je le laissais mener la danse, suivant ses mouvements. Puis tout s'arrêta, nos lèvres se séparant. Je ressentais une sensation étrange en moi. En ouvrant les yeux, je rencontrais à nouveau ceux de mon professeur, mon regard se portant sur ses lèvres rougies par notre baiser.
Nous sourions, niaisement peut être. Un silence c'était installé dans la voiture, un silence que nous ne savions pas comment briser. Malgré tout ce tas d'émotions en moi, un élan de panique prit le dessus.
- Je.. Je dois y aller, merci encore !
J'étais partie de la voiture, comme une lâche encore une fois. Je rentrais dans la maison, ne prêtant pas attention à mon professeur. Me laissant retomber contre la porte, mes doigts touchèrent mes lèvres, la sensation de celles de mon professeur encore présente sur ces dernières.
Malgré tout, ce moment allait rester gravé en moi. Malgré l'interdit, l'adrénaline, l'angoisse, on ne pouvait pas oublier son premier baiser.
❋
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro