27_ Toute chose à une fin
Les jours défilèrent.
Law ne revint plus voir la blanche dans sa chambre après ça. Si elle eut du mal à s'adapter à la pièce, elle dû s'y faire tout seule.
Nombreuses furent les nuits blanches passées.
Malgré les cernes soulignant ses jolis yeux, la demoiselle gardait le sourire pour ses nouveaux camarades.
Son travail en cuisine était irréprochable, elle obéissait au doigt et à l'œil.
Jamais elle ne contestait les ordres du capitaine non plus, et jamais elle ne faisait d'écart.
Elle ne se lâchait pas vraiment non plus au départ lors des fêtes et jeux organisés par ses camarades. Ce n'était pas faute d'avoir essayé.
Mais finalement, petit à petit elle s'y faisait.
Rares étaient les fois où elle se transformait maintenant, restant les trois quarts du temps humaine, elle se refaisait doucement à son corps longtemps refoulé.
Lors de son temps libre, elle demandait à Bepo de l'entraîner un peu, elle ne voulait pas risqué d'être un poids pour l'équipage le jour où ils auraient à combattre.
Le Mink fut ravi de pouvoir l'aider. C'est avec joie et enthousiasme qu'il l'entraîna comme il le pu.
- C'est le capitaine qui m'a enseigné tout ça. sourit-il.
- Mmh ? Vraiment ?
- Oui, c'est une longue histoire mais je lui dois beaucoup ! affirma l'ours polaire.
À cet instant seulement la jeune femme réalisa qu'elle aussi lui en devait beaucoup. Elle avait une sacrée dette envers lui, et se jura bien de la lui payer un jour.
D'ailleurs sa relation avec Trafalgar depuis ce fameux soir, resta pour le moins platonique.
Elle n'attendait plus rien de lui et lui offrait le respect qu'elle lui devait en tant que subalterne.
Les moments qu'elle avait pu passer avec lui seul à seul lui manquait beaucoup dans le fond. Mais que pouvait-elle bien y faire ?
C'était comme ça, elle s'y était résolue.
Elle avait bien pensée le séduire. Mais comment séduire cet éternel aigri aux sourcils froncés ?
Puis quand bien même, elle ne désirait pas créer de gêne au sein de l'équipage. Sans compter que séduire n'était pas son fort.
(Bonus avec un générateur IA, j'ai essayé de reproduire au mieux Tilly ^^)
Un soir alors que le submersible voguait sur l'eau, Tilly s'était rendue sur le pont, ne parvenant pas à trouver le sommeil.
Sous sa forme Zoan, elle s'était assise à l'avant du navire pour regarder lascivement la mer.
Et Law qui se trouvait adossé à la tôle jaune bien avant son arrivée l'observait en silence. Elle ne l'avait pas remarquée.
Ce n'est que lorsque le vent souffla dans sa direction en emportant les effluves de son parfum qu'elle détecta sa présence.
Machinalement elle tourna sa tête dans sa direction.
Leurs regards se croisèrent.
Elle le devina soupirer avant de marcher dans sa direction pour se poster à ses côtés. Debout face à la mer, mains dans les poches de son pantalon.
Après quelques minutes silencieuses, le chirurgien dévia son attention vers elle.
- Tu as toujours du mal à dormir ?
La blanche marqua une courte pause avant d'opiner de la tête sans pour autant le regarder.
- Il va pourtant falloir t'y faire.
- ...
Pas la peine de le lui dire, elle le savait bien. D'ailleurs elle ne s'en était jamais plainte alors elle prenait mal le fait qu'il le lui dise comme ça. Elle faisait des efforts pour s'adapter.
Soufflant du museau à la fois ronchonne et tristounette, elle dévia son regard à l'opposé de son capitaine.
"Toi non plus tu ne dors presque pas j'te signal."
Le noiraud bugga l'espace d'un instant :
- Tu viens de parler là ?
"Mmh."
- Comment tu fais ça ? questionna-t-il perplexe et curieux.
"La télépathie tu connais ?" grogna-t-elle condescendante.
- Hé ! Surveille ta manière de me parler merdeuse. gronda-t-il irrité.
Pourquoi semblait-elle énervée d'abord !?
- Bien sûr que je connais, pour qui tu me prends ! Je ne t'en savais pas capable.
Elle ne répondit rien, s'allongeant mollement sur le pont en fermant les yeux.
- Va falloir que tu m'explique comment tu fais ça.
"Ça quoi ?" Elle soupira.
- La télépathie, devenir invisible.
La blanche resta silencieuse quelques secondes.
Le tatoué vint s'asseoir à ses côtés, signe qu'il ne comptait pas s'en aller sans avoir obtenu plus d'informations.
"Ce sont des bribes de pouvoirs de mon fruit du démon. Je me fond dans le décors, j'ai une fourrure dite caméléon. Et la télépathie je viens de le découvrir figure toi. T'étais pas censé entendre mes pensées." grommela-t-elle fatiguée.
Ignorant ces derniers mots, il enchaîna :
- Tu sais faire quoi d'autre ?
"Je ne sais pas, je ne m'y suis jamais intéressée."
- Tu devrais.
Elle lui jeta un bref coup d'œil.
Il reprit :
- Ce fruit du démon fait parti de toi maintenant. Fais en une force. Accepte le.
"..."
Il y eut un moment de flottement durant lequel les deux pirates se fixèrent mutuellement.
"En fait il y a une autre chose que je peux faire..."
- Je t'écoutes.
"Mais je ne contrôle pas bien... En fait je ne suis même pas sûre que ce soit de mon fait." avoua-t-elle sans avoir à bouger ses babines.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
"Je crois que lorsque je fais ça... Ça relâche un truc qui endort, un peu comme des phéromones soporifique je suppose ? Mais ça ne marche que sur les autres alors je ne suis pas sûre... Tu en penses quoi ?"
- ...
"Capitaine ?"
N'obtenant aucune réaction ni réponse, la blanche se redressa.
L'instant d'après Law basculait en arrière, inconscient. De justesse elle se plaça entre le sol et son visage, amortissant sa chute dans sa fourrure.
"L-law !"
Paniquée elle glissa son museau devant sa bouche s'assurant qu'il respirait toujours, ce qui, fort heureusement, fut le cas.
"I-il s'est endormi !? Je l'ai endormi !??"
Elle déglutit, cherchant à le réveiller.
Mon dieu.
Qu'allait-elle faire maintenant !?
Elle ne pouvait pas le ramener, il était beaucoup trop lourd !
Encore moins le laisser ici tout seul !
Devait-elle aller réveiller Bepo ?
Non le pauvre Mink avait eu une journée épuisante.
Prévenir Shachi ? Clione ? Uni ou Jean Bart !??
Non, mieux valait que ce qu'il venait de se passer ne s'ébruite pas trop...
Fixant le visage relâché et endormi de son capitaine d'un œil angoissé, elle décida de le laisser là. Et rester à ses côtés en guise d'oreiller.
La blanche appréhendait grandement le réveil du chirurgien.
Il allait l'engueuler c'était certain...
Aaah... Elle allait passer un sale quart d'heure elle en était persuadée.
Tant pis, il faudrait bien assumer.
Allongée en boule autour de son visage et son buste, la blanche veilla sur lui de longues heures avant de sombrer à son tour.
La nuit céda sa place à l'aube.
Des pas lourds et étouffés résonnèrent au lointain, s'approchant peu à peu du pont extérieur.
Puis, plus rien. Le silence à peine brisé par les vaguelettes claquant contre la coque du submersible.
Deux petits yeux noirs posés sur deux êtres endormis l'un contre l'autre. Chose pour le moins surprenante et insolite.
De quoi retourner le cerveau encore ensommeillé du Mink qui s'était mit à les fixer, éberlué, se frottant les yeux pour s'assurer qu'il ne rêvait pas.
- Cap'tain !? questionna-t-il finalement, suspicieux.
Il grogna, plongeant son visage dans la fourrure blanche tachetée qu'il prit pour son coussin, ne voulant pas être dérangé.
- Ben ça alors... prononça Bepo on ne peu plus surpris. Le Cap'tain fait la grasse matinée...
Grasse matinée ? Qu'est-ce qu'il racontait ? Il ne pouvait pas être si tard. Puis qu'est-ce que Bepo venait foutre dans sa chambre de beau matin sans même toquer !?
Et pourquoi y avait-il des courants d'air dans sa chambre d'abord !?
- Ferme la porte Bepo. grogna-t-il en fronçant ses sourcils d'agacement, les yeux toujours clos.
- Oh... D'accord. Voilà.
Docilement l'ours polaire obéit, fermant la porte principale du submersible.
- Mais Cap'tain... Pourquoi vous dormez dehors ? questionna-t-il innocemment, et sincèrement curieux.
Vous ? Comment ça vous ? Il n'avait pas souvenir d'avoir invité quiconque à partager sa chambre hier soir. D'ailleurs il n'avait plus souvenir de grand chose...
Que signifiait ce bourrier ??
Et comment ça dehors !?
Mollement il souffla du nez, éreinté et agacé à souhait, ouvrant lentement ses yeux pour remarquer son ami debout à ses côtés.
Quelque chose obstruait sa vu aussi.
Une touffe de poils.
Quelle plaie.
Et oui, il se trouvait bien dehors, Bepo n'avait pas tort...
Il ferma ses yeux de plus belle. Fatigué. Il n'avait pas envie de se lever.
Et ce sol à moitié dur commençait à courbaturer certains de ses membres.
Pourquoi il dormait par terre...
Les informations se rassemblant petit à petit dans son cerveau à mesure qu'il émergeait, le chirurgien ouvrit ses yeux en grand d'un coup avant de se redresser brusquement. Probablement un peu trop vite d'ailleurs puisqu'il fut pris de vertiges.
Bordel !
Mais qu'est-ce qu'il foutait dehors à dormir sur le pont !??
- Bien dormi ? sourit gentiment le Mink sans parler trop fort pour ne pas réveiller sa camarade.
- Ouais... il tiqua. Non ! se corrigea-t-il en rassemblant peu à peu les morceaux.
Tilly.
Il dirigea son attention vers l'animal endormie avant de se renfrogner brusquement puis secouer la pauvre panthère pour la réveiller :
- Réveille toi merdeuse ! Merde ! Qu'est-ce que tu m'as fait !? s'énerva-t-il sous l'œil choqué de son navigateur qui chercha de l'en empêcher.
- C-cap'tain ! Doucement !
La blanche se réveilla en sursaut, paniquée et en sueur, bondissant sur ses quatre pattes aux aguets.
- Lâche moi Bepo ! pestait Trafalgar assis à côté avant de la fusiller du regard. Toi.
Elle se raidit, déglutissant en tremblant de peur.
Qu'allait-il lui faire ?
Elle savait bien qu'il serait énervé au réveil mais... Pas à ce point.
S'aplatissant au sol, penaude l'air désolée elle sembla vouloir s'excuser.
Repoussant son navigateur en replaçant son couvre chef sur son crâne correctement, Law se leva, faisant face à la féline, l'air hautain et dédaigneux.
- T'as plutôt intérêt à avoir une bonne explication crois moi. menaça-t-il d'un ton cinglant.
- Cap'tain...
- Te mêle pas de ça toi.
- Mais Cap'tain...
- La ferme j'ai dis ! s'emporta-t-il hors de lui.
- Désolé... Je ferais mieux de disparaitre.
- Non tu bouges pas de là !
Un grognement le coupa dans ses réprimandes.
Tilly reprit forme humaine, s'interposant entre Bepo et Law sourcils froncés :
- Pas la peine de passer tes nerfs sur lui, c'est moi qui ai merdé !
Le chirurgien de la mort haussa un sourcil nerveux.
- Baisse d'un ton. cracha-t-il froidement.
Bepo se sentait de trop ici.
Qu'avait-il bien pu se passait entre ces deux là pour que son capitaine se fâche comme ça...? Dire qu'il y a à peine quelques instants ils dormaient blotties l'un contre l'autre...
- Je t'ai endormi sans le faire exprès y'a pas de quoi s'énerver !
- Pas de quoi s'énerver !? Tu plaisantes j'espère !? On aurait pu se faire attaquer que je ne m'en serais même pas rendu compte !
- Mais il ne s'est rien passé ! Et l'équipage aurait très bien pu gérer une attaque !
- Tu t'entends parler !? Tu prends les choses bien trop à la légère, t'as aucune idée des merdes qui peuvent arriver sur ces mers !
- J'en ai bien conscience ! Je sais que je n'ai aucune expérience ici ! Je le sais ! Mais les faits sont là : il ne s'est rien passé ! Alors pas la peine de me hurler dessus comme ça ! Je t'ai endormi sans le vouloir et je m'en excuse. Je suis désolée.
Law maugréa, de mauvaise humeur, totalement à cran, le ton monta :
- Tu n'as aucun contrôle sur ton fruit du démon. Si tu veux pouvoir rester à bord il va falloir te bouger et apprendre à le contrôler avant que tu n'endormes l'équipage au pire moment et qu'on passe tous l'arme à gauche par ta faute !
- Que- ça n'arrivera pas enfin ! s'outra-t-elle interloquée par de tels propos.
- Et qu'est-ce que tu en sais ?
Elle n'en revenait pas qu'il la croyait capable de mettre tout l'équipage en péril à cause de son fruit du démon. Il était presque parvenu à la faire douter d'elle même. Et si ça arrivait vraiment..?
- ...
- On est dans le nouveau monde ici. La moindre faute peu mettre en péril l'équipage entier ! Tu n'es plus sur ta petite île hivernale Tilly, tout n'es pas tout rose ici. Tu as des responsabilités envers nous autant que nous envers chacun, c'est comme ça et si ça te plaît pas j'te jure qu'on te larguera sur la première île qu'on croisera. Ils ont tous bossés dur pour en arriver là. À toi de faire des efforts si tu veux aussi en faire partie.
- C-cap'tain, elle s'entraîne avec moi tu sais...
Vraiment ? Il n'en savait rien... Pour autant il ne pouvait revenir sur ses mots, il conserva donc un regard dur et un ton cassant :
- Ce n'est visiblement pas suffisant.
Blessée par ses mots, elle se referma sur elle même instinctivement.
Qu'est-ce qu'il avait aujourd'hui !?
Plus le temps passait, plus l'impression d'être une gêne pour son capitaine se faisait sentir.
D'un côté elle savait qu'il n'avait pas tort. Il faisait et disait tout ça dans l'intérêt de son équipage. Cela devait lui peser d'être le capitaine plus souvent qu'elle ne l'imaginait, alors si en plus il devait gérer une fille incapable de gérer son fruit du démon...
Elle commençait à se sentir minable, son moral en prit un sacré coup, son cœur brûlait douloureusement dans sa cage thoracique.
D'un autre côté, elle avait le sentiment qu'il ne prenait pas vraiment en compte ses efforts.
Elle avait toujours fait de son mieux pour s'intégrer, pour aider à bord.
Elle s'entraînait même avec Bepo dès qu'elle le pouvait, elle ne se plaignait jamais.
Mais alors qu'elle venait de ne faire qu'une petite faute, il en profitait pour s'acharner sur elle.
Pourquoi ?
Pourquoi faisait-il ça ?
Pourquoi était-il si sévère tout à coup ?
Qu'avait-il contre elle au juste !?
Qu'avait-elle fait !!?
Était-il vraiment celui qui l'avait soigné ? Qui s'était occupé d'elle, était venu l'arracher de ce cirque !?
Pourquoi avait-elle cette impression de refaire un bond en arrière ??
Ça ne pouvait pas continuer comme ça... Elle ne pouvait pas continuer comme ça. Ça faisait bien trop à encaisser, elle était fatiguée. Elle n'avait pas la force. Pas le mental pour ça.
Qu'attendait-il d'elle au juste ? Devait-elle s'adapter à lui ? Changer pour être conforme à ce qu'il voulait d'elle ?
Non... Non ce n'est pas ce qu'elle voulait, elle ne voulait pas changer. Elle avait intégré l'équipage parce qu'elle s'y sentait bien, à sa place. Mais peut-être ne l'était-elle pas finalement ?
- Merci. claqua-t-elle amèrement la tête baissée. Je ne me suis jamais sentie être une telle merde qu'aujourd'hui. souffla-t-elle le cœur serré. Mais je suppose qu'il me fallait ça... Une bonne claque pour réaliser à quel point je suis faible, à quel point je suis un poids pour l'équipage.
- Ce n'est pas c-
- Si. le coupa-t-elle. J'ai compris ça va. Navrée d'avoir été si encombrante. Je ne me ferais plus remarquer.
À ces mots, sans un regard elle s'inclina respectueusement puis fit rapidement volte face, s'efforçant de ne pas fondre en larme avant d'avoir gagner sa cabine.
- Tilly ! il choppa son bras, l'arrêtant furtivement avant qu'elle s'en défasse violemment.
- Je ne suis pas comme toi Law ! s'écria-t-elle en se retournant les larmes aux yeux.
Le noiraud se glaça sur place, refroidit.
- Je n'ai ni ta force, ni ton courage, ni ton expérience ! Je ne suis pas une pirate expérimentée ! Je ne suis qu'une pleurnicharde qui ne maîtrise rien d'autre que sa transformation pour se cacher ! Mais si tu me traites comme ça, je crois que même avec toute la volonté du monde je serais incapable d'en ressortir plus forte ! Pasque je suis faible t'entends !! hoqueta-t-elle les joues trempées de larmes.
- Tilly... murmura le Mink touché par sa détresse.
- Tu n'es pas-
Elle rit nerveusement :
- Si je le suis. Et tu me l'as clairement fait comprendre. Mais je comprends. T'es un pirate à plus de trois milliards de berrys. À côté de ça je fais tâche parmi vous.
- Je t'interdis de dire ça ! s'énerva-t-il. Ne modifie pas mes paroles !
- Je ne serai jamais à la hauteur de ton équipage ! Je ne serais jamais ce que tu veux ! Alors c'est terminé !
Il se raidit :
- De quoi tu parles !?
- C'est terminé pour moi tout ça. Dès qu'on atteindra l'île là bas, je quitterais l'équipage.
Son annonce fit l'effet d'une bombe.
Law se liquéfia, sa bouche s'assécha tandis que son regard se posa sur l'île en question qu'ils gagnerait d'ici une poignée de minutes. L'île, c'est ce dont Bepo voulait lui parler un peu plus tôt.
- Tilly, tu peux pas partir comme ça ! la retint justement le Mink les larmes aux yeux.
- Je suis désolée. Merci pour tout ce que tu as fais pour moi Bepo. Tu auras toujours une place dans mon cœur.
Sur ce elle s'en retourna, essuyant son visage d'un revers de la main avant de se changer en panthère pour gagner sa chambre et plier bagage.
- Cap'tain... chouina le Mink, attirant son regard.
Law tremblait à mesure qu'il réalisait.
- ...
Qu'est-ce qu'il lui avait prit ?
Pourquoi s'était-il comporté de manière si dur avec elle ?
C'est vrai, après tout, elle n'avait rien fait d'assez grave pour compromettre l'équipage. Elle l'avait simplement endormie par maladresse.
Et si le fait qu'elle ne contrôle pas son pouvoir dérangeait en effet le chirurgien, la raison de son agacement était toute autre.
S'être fait avoir si facilement avait blessé son égo.
Pire de savoir qu'elle avait un grand potentiel mais ne s'en servait pas l'énervait. Pourquoi reniait-elle son fruit du démon !?
Il y avait tant de possibilité, tant de chose à explorer. Ce qu'il avait eut pour but de faire en réalité était de la pousser dans ses derniers retranchements pour la rendre plus forte, la bousculer pour qu'elle s'en relève plus mûre, qu'elle se prenne en main et se motive à dompter son fruit du démon.
Seulement voilà. Il avait agit de manière impulsive, il s'était imaginé à sa place un court instant et n'avait pas vraiment prit en compte sa façon d'être.
Elle n'était pas de ceux qu'il fallait bousculer pour rendre plus fort non, elle n'était pas comme lui comme elle le disait. Car c'est lui qui aurait aimé qu'on le pousse dans ses derniers retranchements s'il avait été dans sa situation.
Hors Tilly n'était pas comme ça.
La jeune femme avait déjà été brisée une fois, elle n'avait déjà plus confiance en elle et tout ce qu'il était parvenu à faire n'était que la faire se sentir plus misérable qu'elle ne se sentait déjà.
Il n'avait fait que briser le peu de confiance qu'elle recommençait à bâtir.
Ce dont elle avait besoin elle, c'est justement qu'on lui fasse confiance, qu'on l'encourage, qu'on la soutienne. Car non, elle n'avait pas de mental en acier comme lui, elle n'avait qu'une piètre estime d'elle même. Contrairement à lui, elle n'avait jamais voulu manger de fruit du démon, n'avait jamais vu l'utilité de le perfectionner. Non elle voyait déjà ce fruit comme une malédiction et alors même que la veille elle commençait à s'ouvrir aux possibilités qu'il apportait, aujourd'hui elle se remettait à le renier totalement.
Quel con.
Il avait été un piètre capitaine pour le coup. Incapable d'agir en fonction d'elle.
Il avait confondu égalité et équité.
Il l'avait traitée comme les autres plutôt que de s'adapter à elle comme il avait pu s'adapter à chacun.
Et maintenant il regrettait.
Car il l'avait blessée. Il le savait. Peut-être même perdue à jamais.
Non.
Non ça il n'en était pas question !
Il ne pouvait pas la perdre, pas elle.
Elle ne pouvait pas quitter son équipage comme ça.
Cette idée lui donnait la nausée.
Qu'est-ce qu'il lui arrivait encore !?
Pourquoi le simple fait de l'imaginer disparaître à jamais lui faisait si mal !?
Et pourquoi s'était-il sentit si démuni en la voyant pleurer ?
Ses larmes... Avaient été si sincères, si profondes.
Il n'osait imaginer à quel point elle devait souffrir par sa faute. Il l'avait complètement brisée.
Quel idiot. Il n'était vraiment pas des meilleurs en relations humaines, vraiment pas.
- Cap'tain, on arrive bientôt sur l'île de Bolunga... La ville qui s'y trouve est vraiment grande, si elle décide de partir pour de vrai on ne la retrouvera jamais.
- Elle n'est pas encore partie Bepo. Et elle ne partira pas.
- Mais Cap'tain elle a dit que-
- J'en ai rien à foutre. Elle n'a pas mon autorisation pour quitter les Hearts. Et sa place est nulle part ailleurs qu'ici. lâcha-t-il sourcils froncés, implacable, avant de regagner l'intérieur. Garde une certaine distance avec le rivage et ne t'approche pas du port, ne nous faisons pas remarquer. ordonna-t-il avant de disparaitre.
- Compris.
- Comme si j'allais la laisser partir. marmonna-t-il en gagnant l'étage supérieur des dortoirs.
Arrivant devant la porte de sa chambre il s'arrêta.
Son cœur angoissé battait la chamade.
De quoi avait-il si peur ?
Quelle était cette appréhension étrange qui tordait ses boyaux ?
Peut-être était-il également entrain de réaliser qu'à vouloir la rendre plus forte, il avait omis de la considérer comme une personne à part entière. Peut-être réalisait-il également qu'il s'était en quelque sorte comporté comme toutes ces personnes avide du pouvoir qu'elle détenait. Et ça, ça l'écoeurait. Il se dégoutait de lui avoir fait de surcroît probablement penser à ce genre de personnes, elle qui déjà peinait à s'en relever, elle qui pourtant lui avait fait confiance, elle qui s'était enfin sentit en sécurité quelque part...
Quel abruti.
Chose mise à part, un mauvais pressentiment étreignait son corps entier.
- Tilly. Ouvre s'il te plaît. Il faut qu'on parle. demanda-t-il d'une voix plus contrôlée et ferme.
Il insista, n'obtenant aucune réponse.
- Hé si tu n'ouvres pas, je t'assure que j'entre de force. s'agaça-t-il, perdant patience à mesure que l'angoisse engourdissait ses organes.
Toujours rien.
Il appuya sur la poignée et la porte visiblement non verrouillée s'ouvrit toute seule.
- J'entre.
Le cœur battant il s'exécuta.
L'horreur le saisit lorsqu'il remarqua la pièce vide et l'armoire défaite, elle avait déjà tout remballée, laissant cependant le gros de ses affaires.
Où pouvait-elle bien se-
La queue velue de l'animal passa de l'autre côté du hublot, elle se trouvait déjà sur le pont.
Merde !
Le rivage était tout près, et même si Bepo tenait le submersible éloigné de la rive, pour un animal aussi agile qu'une panthère, bondir sur une telle distance n'était guère impossible.
Vite Law se téléporta sur le pont tout près d'elle :
- NE FAIS PAS ÇA ! s'écria-t-il désespérément, alarmant ses subalternes inquiets sur le pont.
Trop tard.
Tilly usa de toutes ses forces, toute sa volonté, et sans se retourner, prit son élan et bondit par dessus la rambarde et l'eau salée
- TILLY !
Son cœur se déchirait. Et bien qu'il y eut une once de soulagement de la voir atterrir en un morceau sur la terre ferme, le chirurgien se sentit mal.
- Cap'tain arrête tu vas tomber !
Il allait la perdre.
- Retenez le !
Non.
- Capitaine !
Elle lui lança un dernier regard rougis et embué de larmes.
- On te tient !
Il l'avait définitivement perdue.
- Lâchez moi c'est un ordre ! s'égosillait-il la gorge sèche, le cœur lourd.
Trop tard...
- Pas question tu vas couler à pic si on fait ça imbécile !
Elle était partie.
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