18_ Le collier
Tilly se réveilla dans la même cage que la veille. Elle se sentait lourde, les évènements de la veille lui revinrent en mémoire.
Bon sang. Enfermée dans cette foutue cage, elle commençait à se sentir de plus en plus mal. Commençant à espérer revoir ses compagnons.
Allaient-ils venir la chercher ?
Ils ne la laisseraient quand même pas derrière n'est-ce pas ?
Même si... Trafalgar ne semblait pas l'apprécier dernièrement... Il n'allait pas la laisser là n'est ce pas ?
Elle savait être encore celle qui lui causait des ennuis, et bien qu'en soit, elle n'y pouvait rien, elle s'en voulait et commençait à angoisser sérieusement.
Et si Law jugeait que c'était le meilleur moyen de se débarrasser d'elle ? Et si...
Non. Il n'était pas comme ça, après tout il ne l'avait pas sauvé pour la laisser derrière maintenant n'est ce pas !?
...
Une part d'elle voulait y croire, l'autre doutait. Et la peur étreignait ses boyaux, lui tordait le ventre.
D'un autre côté, même si Law était celui qui donnerait l'ordre décisif, elle avait confiance en ses camarades, ils ne la laisserait pas tomber.
Mais allaient-ils seulement réussir à la trouver...
Elle se redressa péniblement, ayant quelques vertiges. Une gêne au cou.
Qu'est-ce que c'était que...
L'animal se raidit brusquement.
Non...
C'était bel et bien un collier qu'elle sentait étreindre son cou, un collier lourd, rigide.
Elle couina lorsqu'elle essaya de le retirer et qu'une douleur lancinante la saisit dans la nuque.
Une voix mesquine s'éleva un peu plus loin, la faisant sursauter :
- Et oui ma jolie, tu as deux aiguilles implantée dans le cou. N'essaie pas de t'en défaire c'est impossible. assura le moustachu. Dès demain je m'occuperai de ton dressage, en attendant tiens toi tranquille, il serait dommage que j'use de ceci dès aujourd'hui. se vanta-t-il en désignant entre ses doigts une télécommande.
Furieuse, Tilly se jeta contre les barreaux, y plantant ses canines acérées, cherchant vainement à les briser.
- Tch. COUCHÉ !
Il n'eut droit en guise de réponse qu'à un puissant rugissement le faisant reculer d'un pas.
- Grr. J'ai dis : COUCHÉ !
Cette fois une horrible décharge électrique parcouru le corps de la blanche qui geint de douleur, paralysée par la souffrance que lui infligeait ce collier.
Bordel.
Quel enfoiré.
Craintive, elle recula dans le fond de sa cage.
- Oui c'est ça, tu comprends enfin qui donne les ordres ici. Tiens toi à carreaux, je m'occuperai bien de toi sois en sûre. jubila-t-il d'un air mauvais avant de s'en retourner.
Tilly était terrorisée son ossature était douloureuse, elle se sentait engourdis, faible. Comment pouvait-elle se sortir de là ?
Elle finit par se résigner, il fallait qu'elle tienne bon jusqu'à l'arrivée des Hearts. Eux sauraient quoi faire, oui, elle serait bientôt à leur côté de nouveau...
Courage.
Trois jours passèrent sans que personne d'autre que le moustachu et ses larbins ne pointent le bout de leurs nez.
Tilly était épuisée. Cela faisait des jours qu'elle essayait de lutter contre l'autorité de cet homme, des jours qu'elle encaissait décharge après décharge. Elle mangeait à peine, s'efforçait de survivre, parfois contrainte d'obéir aux ordres du chauve.
Son corps la faisait atrocement souffrir, et ces aiguilles dans son cou l'empêchaient de dormir. Elle souffrait le martyr, couinant dans l'obscurité de la nuit, incapable de voir l'extérieur.
Elle avait bien essayée de s'enfuir, à vrai dire, elle était parvenue à briser les barreaux métalliques mais dès qu'elle était parvenue à la limite du chapiteau, son collier, muni de capteurs, l'avait assailli de décharges plus violentes les unes que les autres, l'empêchant d'aller bien loin. Finissant par s'évanouir à quelques pas à peine du chapiteau.
C'était peine perdue, elle était incapable de se débarrasser du collier.
Le moustachu commençait à la briser petit à petit, la faire obéir, pourtant il restait une chose qu'il ne parvenait jamais à écraser : sa foi en ses compagnons.
L'animal était persuadée qu'ils viendraient la chercher. Elle y croyait, c'est ce qui la poussait à se rebeller chaque jour au moins une fois.
Quatre jours.
Cela faisait maintenant quatre jours qu'elle était prisonnière.
Éreintée, les muscles endoloris dû au traitement qu'elle subissait, on l'emmena une fois de plus dans la cage principale.
Les acrobaties s'enchaînaient. Tilly était à bout, le bruit sourd du fouet claquant contre le sol ou les barreaux lui prenaient la tête.
Autre chose également, depuis la veille elle avait constaté que le collier avait un pouvoir bien pénible sur elle, il touchait à son système nerveux et lorsqu'elle recevait un ordre, elle peinait de plus en plus à y résister, son corps s'exécutait tout seul.
Peut-être était-ce aussi dû à la fatigue, toujours est-il que pour la première fois, ce fut un sans faute. Elle obéit au doigt et à l'œil du dompteur.
- C'est très bien tout ça, très bien. déclara-t-il satisfaisait en retirant ses gants noirs alors que Tilly lui emboîtait mollement le pas.
Oui depuis hier, elle n'avait même plus besoin de passer par le couloir pour rentrer dans sa cage. Elle suivait machinalement son "maître" le regard dans le vide.
- M'sieur Jack. héla l'un des gros bras en entrant dans le chapiteau principal, préoccupé.
Le dompteur s'arrêta, ordonnant à Tilly de rejoindre sa cage d'un geste tandis qu'il invitait son subalterne à poursuivre.
- Quelqu'un demande à vou-
D'autre bruit de pas coupèrent l'homme dans son explication puisqu'il se tourna vers le responsable, d'un air mal assuré.
Il déglutit :
- J-je vous ai pourtant demandé d'attendre avant de-
- Je n'ai aucun ordre à recevoir d'un déchet pareil. cracha froidement l'intru, lui clouant le bec.
Ses iris d'un gris tranchant, cette voix ferme et sans appel, ces cernes profondes cachées dans l'ombre de ce bonnet nordique, ces tatouages, ce nodachi.
Tilly qui, de dos, s'apprêtait à gagner sa cellule, se figea, tremblante.
- Que me vaut l'honneur de la présence du chirurgien de la mort ici ? questionna le moustachu perplexe et le reconnaissant immédiatement.
L'air furieux du pirate ne lui disait rien qui vaille...
Pire encore, le silence pesant qu'il avait laissé s'installer alors qu'il se mettait à fixer la silhouette de celle qu'il était venu lui même chercher, ne créait que davantage de tension.
Elle l'avait entendu, cette voix... Elle était persuadée de l'avoir attendue autrefois.
Qui était-il ? Pourquoi se sentait-elle bouleversée ?
Son esprit divaguait, tout se mélangeait, elle n'avait plus les idées claires. Complètement perdue, complètement vidée.
Qui était-elle déjà ?
Peu importe. Réfléchir ne faisait que raviver la douleur des aiguilles implantées dans sa nuque, elle n'y parvenait plus.
Elle n'avait qu'à suivre les ordres, et tout se passerait bien.
Alors elle grimpa péniblement dans sa cellule avant de s'y allonger.
- Je vois que notre dernier spécimen vous fait de l'œil, si vous désirez la voir en action il faudra attendre demain pou- il se glaça d'effroi lorsque l'œil perçant du noiraud se posa sur lui, empli d'aversion et de dégoût.
D'un pas pourtant calme, il s'avança.
La tension devenait palpable, le sous fifre n'osait bouger, se contentant d'observer, il n'avait qu'une envie : fuir pour sa vie.
Le moustachu suait à grosses gouttes tandis que seul les pas stressant du chirurgien claquants au sol brisaient le silence.
Il passa à côté de lui sans le calculer, continuant sa marche en direction des cages entreposées les unes à cotées des autres.
Ce n'est qu'en arrivant devant celle de Tilly qu'il s'arrêta.
Impossible de voir son expression. Toutefois il ait n'était pas difficile de deviner qu'il était hors de lui au vu de sa poigne raffermit et tremblante autour de son nodachi.
Il ouvrit la grille.
- Sors de là. ordonna-t-il ferme mais pas le moins du monde offensif.
Le souffle pénible, elle leva la tête dans sa direction puis la reposa sur ses pattes avants.
Trafalgar se crispa, faisant ressortir une veine sur sa mâchoire serrée.
- C'est inutile, elle n'obéit qu'à moi. se vanta fièrement Jack en se tournant vers eux.
Mais le noiraud l'ignora de plus belle.
- Tilly. On rentre, viens.
Elle ferma ses yeux, légèrement perturbée. Ce nom faisait éco dans son cerveau, lui rappelait quelque chose.
- Ne m'oblige pas à te trainer par la peau du-
Le collier. Trafalgar n'était pas naïf. Il avait déjà une idée de quoi il en retournait, il commençait à bouillir de l'intérieur.
Ce connard avait osé.
"Merdeuse." Ce mot s'était mit à tourner en boucle dans sa tête, lui faisant un mal de chien. Elle couina, se crispant.
Des bribes de souvenirs, des silhouettes, des rires... Qui étaient ces gens ? Qui était-elle !?
- Je vous ai prévenus. haussant les épaules, le chauve au chapeau soupira, lassé. Aller ma jolie, assis. ordonna-t-il.
La blanche eut un temps de réaction mais finit par obéir, elle s'assit sous l'œil effaré du capitaine.
La voir dans cet état lui était insupportable.
- Cette panthère... commença-t-il en conservant un ton contrôlé, calme. Fait partie de mon équipage. claqua-t-il finalement.
- Q-quoi !? s'exclama le moustachu réalisant peu à peu l'erreur qu'il avait faite.
Qui plus est, se mettre à dos l'une des pires supernovas, ex grand corsaire. Trafalgar Law, le chirurgien de la mort.
Contenant sa terreur, il tenta de se justifier :
- Vous devez faire erreur. il se racla la gorge. J'ai cet animal depuis plusieurs semaines déjà et-
La langue du chirurgien claqua contre son palet :
- La ferme.
Le silence reprit subitement ses droits. Oh pas bien longtemps... Law se tourna pour faire face à son interlocuteur :
- Les mercenaires ont la langue bien pendue lorsqu'ils se voient torturés mais malgré ça, j'ai eu du mal à vous dénicher. Je crois qu'il est plus que temps de vous faire payer ce que vous avez fait à mes hommes. cracha-t-il, une pointe de sadisme dans la voix.
Cette fois le dresseur se liquéfia sur place. Face à cet homme, il n'avait aucune chance. L'idée d'envoyer ses bêtes sur lui lui traversa l'esprit toutefois il n'aurait jamais le temps d'atteindre les cages pour libérer ses fauves.
Il n'y en avait qu'une seule dont il pouvait se servir pour le distraire et prendre la fuite.
Alors que le fourreau de Kikoku tomba contre le sol, le chauve ordonna soudainement :
- ATTAQUE, RÉDUIS LE EN CHARPIE !
Trafalgar se tendit lorsqu'il comprit à qui il s'adressait. C'est vrai qu'il n'avait pas un seul instant imaginé Tilly se retourner contre lui, hors, elle ne savait pas ce qu'elle faisait. Ainsi lorsque ses crocs s'enfoncèrent dans la chair de l'épaule du chirurgien dans un rugissement sourd, il pesta, serrant les dents de douleurs. S'il n'avait pas eu le réflexe de l'esquiver, c'est son cou qui aurait morflé et cette fois, il ne s'en serait pas tiré.
- Fais chier. jura le noiraud incapable de se défaire de la prise de l'animal.
L'espace d'une seconde, le dresseur pensa avoir gagner, et son avidité le poussa à rester. Car si elle parvenait à le tuer, les trois milliards de berrys seraient siens.
Mais Trafalgar ne possédait pas une telle prime pour ses beaux yeux.
Usant de sa Room, il se téléporta derrière le chauve, le scalpant en deux avant d'écraser sa tête au sol de son pied :
- ASSEZ ! TILLY ! s'écria-t-il d'une voix autoritaire lorsqu'il vit la blanche bondir dans sa direction.
Elle se freina.
- TUE LE VAS-Y !
Perdue, son regard fade alternait entre les deux hommes incapable de distinguer lequel des deux elle devait suivre.
- C'est un ordre de ton Capitaine t'entends !?
Elle tiqua. La raison la rattrapa brusquement.
Qu'est-ce que... Qu'est-ce qu'elle avait fait !?
- ÉGORGE MOI CE CHIE-
Law écrasa son pieds sur la mâchoire du chauve qui fut contraint de se taire, mangeant le sol terreux.
La blanche releva brusquement ses prunelles bleues en direction de Law avant de déglutir. Puis son attention se focalisa sur tout ce sang entrain de couler le long de son épaule, imbibant sa chemise jaune.
Son cœur se serra, elle recula, totalement bouleversée.
Il était venu pour elle, il était venu la chercher et elle, elle l'avait blessé.
Coupable, désolée et tremblante elle ne savait plus quoi faire, pire lorsque le regard du chirurgien s'adoucit en comprenant qu'elle venait de reprendre ses esprits. Il semblait sincèrement soulagé et ravi puisqu'un sourire victorieux ornait son visage. Ses sourcils froncés, comme à son habitude.
- Gh- Tue le ! articula difficilement le moustachu en actionnant sur la télécommande.
La blanche rugit de douleur, son corps s'avança vers Law mais cette fois elle lutta. Pas question. Pas question de le toucher encore une fois ! Jamais !
L'électricité altérait ses sens, brouillait sa vue, elle avait atteint sa limite.
- Cap'tain !
- Capitaine !
Des voix lointaines résonnèrent, le hurlement d'un homme aussi, puis la douleur cessa, elle perdit finalement connaissance, semblant entendre son nom prononcé par diverses personnes.
Puis plus rien.
Le silence, le noir complet.
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