Le regard planté vers la vue que lui offrait la fenêtre de sa chambre, Sakura ne cessait de caresser sa hanche qui portait encore les traces d'un hématome interne que lui avait laissé son agresseur. Elle essayait de se persuader que ce n'était ni de l'angoisse ou de la panique. Elle était médecin certes pas spécialisée en psychologie mais connaissait les premiers volets du grand livre des symptômes post-traumatiques. Seulement elle refusait de demander de l'aide, cela était pour elle une victoire de son assaillant sur elle. Loin de là, elle ne réalisait même pas qu'elle essayait simplement d'éviter d'en parler. Et pourtant cette sensation d'inconfort dans son enveloppe corporelle était devenue quasiment permanente en elle. Elle n'osait dire qu'elle revivait la scène de manière bien plus lente chaque soir. Et comme dans la réalité, Sasuke apparaissait à la fin comme une présence salvatrice, rassurante. Elle se voyait chercher son contact dans ses songes pour se rassurer du fait qu'elle était vraiment en sécurité. Seulement ce contact n'arrivait jamais, car son esprit n'oubliait tout de même pas la froideur et le sarcasme démesurés du jeune homme. La porte s'ouvrît. Elle n'attendait personne, ça ne pouvait donc qu'être son père.

« - Sakura, tu comptes rester encore longtemps sans te trouver une activité à temps plein ? Ton stage à la base s'est terminé et maintenant tu me sembles ne plus avoir de choix professionnelles dans ta vie. » commença le patriarche doucement.

« - J'ai juste besoin de faire le point. Du moins, je pense. » tenta Sakura en essayant de paraître ferme.

Exhalant un soupir qui semblait longtemps retenu, son père se rapproche d'elle avant de venir doucement s'asseoir sur son lit drapée de soie blanche.

« - Sakura, parle moi. J'ai l'impression que tu m'échappes ces temps-ci. »

S'admonestant le plus possible au calme, Sakura s'apprêtait à tout démentir seulement il ne lui laissa même pas le temps d'y penser.

« - Oui je veux parler de cette agression que tu feins avoir effacé de ta mémoire. Crois-moi ça ne changera absolument rien à ce qui s'est passé. Il faut aller de l'avant et pour cela il faut déjà accepter de l'aide. »

« - J'ai déjà dit tout ce que j'avais à dire. » reprit la rose d'un ton mal assuré.

« - Dans ce cas tu me pardonneras d'avoir pris rendez-vous pour toi avec le psychologue de la base. »

Le visage de la jeune fille se peignit d'une surprise peu dissimulée. La dernière chose qu'elle voulait en ce moment, c'était bien de se retrouver sur un canapé dans une pièce qui se forçait à être réconfortante et à devoir relater toutes ses insécurités à un individu qui certainement devait en avoir entendu mille autre.

« - Je refuse d'y aller. Ne m'y force pas s'il te plaît. »

« - Il le faut bien pourtant. »

____

Et c'est ainsi que Sakura s'était retrouvée avec ce type étrange aux allures loin d'être professionnelles. Elle se demandait vraiment si ce jeune homme blond assis en face d'elle était capable de l'aider en quoi que ce soit. En soit il avait l'air de tout sauf d'un médecin. Complètement décoiffé, on aurait dit qu'il venait de se réveiller. L'empilement de tasses de café achevées montrait que ses heures de travail devaient l'excéder. D'autant plus que ça faisait plus de 6 minutes qu'elle le regardait fouiller un peu partout. Il lui avait simplement demandé de s'asseoir et de lui accorder un petit temps histoire de trouver ce qu'il cherchait jusqu'à présent. Seulement il ne semblait pas prêt de le trouver. Timidement, Sakura se racla la gorge devant cette situation fortement risible.

« - Je vous prie vraiment de m'excuser Mlle Haruno, il me manque mon stylo et sans mes notes je risque d'omettre des détails. » Lança l'homme d'une voix sincèrement désolée.

Sakura ne put réprimer le rire qui s'échappait de ses lèvres liées de force. Hébétée elle pointa du doigt l'oreille du médecin où pendait un stylo qu'il avait certainement au préalable lui-même placé.
Bêtement il saisit l'objet en masquant son rire maladroit. Il ouvrit par la suite un dossier portant à la première page le nom de la fleur de cerisier puis d'un mouvement destiné à retrousser ses manches, il tenta de retrouver un semblant de sérieux.

« - Pour remettre les formes, je suis le docteur Uzumaki, Naruto Uzumaki. Vous et moi sommes partis pour je l'espère pour vous, une série de peu de séances. J'ai pris au préalable connaissance de votre situation et votre père m'a également prévenu que d'une certaine manière vous n'êtes pas ici de votre propre chef. » reprit il.

« - À ce sujet, j'aimerais vous demander une faveur. » Osa Sakura peu sûre de son initiative.

« - Tout dépend. Je vous écoute. »

« - Dites à mon père que je vais bien. Vous le constatez plus ou moins j'espère. D'autant plus que je suis majeure, il ne peut en rien m'obliger à suivre ses séances. Je suis ici plus par bonne foi que par contrainte. »

De cette manière Sakura espérait être suffisamment claire. Au début elle trouvait inutile l'idée d'un suivi psychologique, puis il a suffi qu'elle rencontre ce fameux médecin pour être persuadée de l'absurdité de cette idée. C'était sans compter sur le sourire tout nouveau dudit Naruto qui avait l'air de ne pas vraiment se formaliser de ses dires.

« - Vous savez mademoiselle Haruno, il n'y a rien de pire qu'un fou qui se croit sain d'esprit. C'est la chose qu'on nous répète le plus dans ce domaine. En soi, le déni n'est pas vraiment une bêtise des simples d'esprits, car plus on se convainc d'être dans un état particulier et moins on l'est. Les émotions, on ne se persuade pas de les ressentir ou non. C'est justement leur spontanéité qui font d'elles ce qu'elles sont. Et votre dévotion à prouver à tout le monde que vous allez bien, témoigne justement du fait que rien ne va et surtout que vous avez besoin d'aide. » éluda-t-il d'une manière tellement naturelle que Sakura n'était plus sûre d'avoir le même homme en face d'elle.

Oh non, il n'avait plus l'air de l'idiot trop heureux qu'elle avait observé en entrant ici. C'est comme s'il avait revêtu une autre personnalité. Et d'un coup devant le regard médusé de la rose, il lui refit son incroyable sourire idiot faisant revenir la première personnalité qu'elle avait connu en entrant ici. Sa dualité était vraiment fascinante.

« - On dirait que je vous ai un peu secoué.. excusez moi. Mais je suis certain de n'avoir rien dit que vous ne sachiez déjà. » reprit il.

Sakura soupira de lassitude. Elle était en proie à un questionnement interne. En fin de compte, à force de se persuader d'aller bien, elle ne savait plus exactement où elle en était.

« - C'est comme ci j'étais prisonnière de mes propres pensées. Le pire c'est la sensation permanente d'insécurité. » débute la rose difficilement.

« - Ça se termine toujours de la même manière dans mon esprit. Lui, qui finit par me sauver. »

Naruto ne fit aucun bruit de peur de l'interrompre dans son relâchement soudain. Il en était sûr, il devait la laisser amorcer.

« - Il est si détestable si vous saviez... mais en même temps, mon esprit s'évertue à faire de lui une présence rassurante. » continue Sakura très naturellement.

« - J'étais complètement désespérée, j'attendais juste l'échéance, c'est tellement déroutant d'être aussi vulnérable et d'attendre... que ça se termine juste... »

« - Son uniforme, je l'ai en tête plus qu'autre chose. Quoi qu'au début je n'étais pas entièrement rassurée jusqu'à entendre le son de sa voix. Il connaissait mon nom. Tout était allé bien vite de toute façon. Il n'avait pas perdu de temps pour évincer l'autre misérable. »

Fouillant dans son esprit, Sakura s'accorda une petite pause. Elle avait envie de parler mais ses souvenirs semblaient aller dans tous les sens perturbant toute la chronologie.

« - Et on s'est revu. A l'hôpital d'abord, et c'était le château de cartes qui s'effondrait dites vous. Il n'est pas aussi chevaleresque que mon esprit me le faisait croire dites vous. »

Le médecin se permit alors de faire une pause se rendant compte de quelque chose d'assez important.

« - Vous êtes consciente que vous êtes en train de parler d'autre chose que votre agression ? Bien que ce soit le noeud du problème. » Demande le blond.

Éberluée Sakura se refit le schéma de ses mots et se rendit compte qu'il avait bien raison.

« - Je suis perturbée, je dois perdre pied. »

« - Non, votre subconscient se protège simplement, le soldat qui vous ait venu en aide, vous a sauvé au moment vous étiez le plus résignée. Vous étiez persuadé qu'il irait jusqu'au bout et dans votre tête vous vous étiez déjà préparée à subir vu qu'il n'y avait plus d'espoir apparent. Du moins jusqu'à ce qu'il arrive. Rien de plus normal de voir en lui une sorte de sécurité, il a eu le dessus sur ce qui représentait une menace pour vous et ça vous a encore plus conforté dans l'idée qu'il pourrait pour protéger. » lui dit-il d'un ton rassurant.

« - Et donc ? Je développe un genre de syndrome loufoque d'attachement ? » ria la rose sans grande joie.

L'ironie ne lui allait décidément pas.

« - Vous êtes juste confuse. » annonça le jeune médecin en haussant les épaules de son air le plus détaché.

« - Il y'a une bien grande différence entre ce que vous pensez et ce que vous vous autorisez à penser présentement. Ce n'est tellement une question d'attachement et je pense vraiment que vous avez déjà la réponse à vos questions vous ne vous autorisez juste pas à mettre la main dessus. Arrêtez simplement d'en faire des questionnements infinis qui risque de vous ramener sans cesse à cette même soirée. Et ne vous en voulez pas de chercher son contact dans vos moments de terreur. C'est une réaction des plus normales mademoiselle Haruno. »

« - Je ne développe donc aucune obsession ? » demanda tout bêtement la rose.

« - Vous auriez préféré ? Ça aurait peut-être été plus facile pour vous de vous justifier ainsi le trouble qu'il génère en vous ? » suggère l'homme blond.

« - Vous me parlez de sentiments ou je n'ai rien compris ? »

« - Exactement. »

Sakura rit sans humour avant de lever le regard au ciel devant ce qu'elle qualifiait d'une incompétence de son médecin qui lui sourit simplement.

« - Vous accélérez un peu les choses docteur Uzumaki. »

« - Non je crois juste au coup de foudre comme dirait-on. »

Et après un long moment à débattre sur les potentiels sentiments de la rose, ils furent obligés d'aborder le sujet qu'elle fuyait tant. Chose qui ne dura même pas une dizaine de minutes vu que la rose en profita pour couper court à la conversation fuyant encore ce volet. Il ne pouvait la contraindre de toute façon.

« - Je vous raccompagne à la sortie ? Vous êtes ma dernière consultation aujourd'hui de toute façon. » proposa Naruto en posant sa blouse sur le fauteuil attenant.

A peine sortis, le docteur contourna rapidement la rose pour aller vers une personne dans le hall qu'il semblait avoir reconnu. L'uniforme devenu à présent beaucoup familier à Sakura la fit tiquer quand elle identifia rapidement le porteur.

« - Sasuke ? Tu n'étais pas censé arriver avant midi à mon souvenir. »

« - C'est le cas. »

Le docteur jeta un coup d'œil rapide à sa montre et comprit qu'il avait certainement dû excéder le temps imparti avec Sakura.
Le regard de Sasuke se ramena rapidement derrière la chevelure rose derrière l'homme blond. Cette dernière tenait maladroitement la lanière de son sac en maniant frénétiquement ses doigts.

« - Bonjour mademoiselle Haruno. »

Sakura tiqua une fois de plus comme ci elle avait bêtement cru qu'il ne l'aurait pas remarqué alors qu'elle n'avait en soit rien faire pour dissimuler sa présence d'autant plus qu'elle n'était pas la personne qui passait la plus inaperçue.

« - Bonjour. » répondit elle avec un sourire poli.

Naruto qui sentit bien vite la tension étrange entre ces deux là comprit fit rapidement le lien entre les histoires à l'homme en uniforme de Sakura et Sasuke   S'il s'agissait vraiment de son ami, Naruto trouvait intérieurement risible que Sakura ait réussi à en faire une présence rassurante connaissant le personnage. C'était de loin le moins réconfortant et il le voyait mal jouer ce role.
Regardant Sakura s'en aller rapidement il se mit en tête de creuser davantage.