Complètement avachie sur un lit peu confortable, Sakura ne saurait dire entre le tintement des appareils et la migraine qui l'assaillait lequel était le plus dur à supporter. Sûrement était-ce les douloureux souvenirs de la nuit précédente. Son corps fut soudainement envahi de douloureux frissons, comme à nouveau prisonnier des mains trop baladeuses de ce pervers. Son esprit pourtant lui refusait de l'amener jusqu'au bout de cette horrible aventure, ce qui la troubla de fois de plus.

Comment tout cela a-t-il bien pu se terminer ?

Cette chambre d'hôpital froide et impersonnelle la confortait encore plus dans son malaise. Ses bras étaient marqués et elle sentait sa lèvre qui picotait. Une vive angoisse était nichée au fond de la jeune fille. Sakura ne se sentait pas en sécurité, terrifiée, oppressée, ses pensées étaient bêtement emmêlées. Se redressant doucement dans le lit, la rose ramenait ses jambes contre elle rapidement avant de poser sa tête dessus sentant ses larmes venir progressivement.
Doucement, la porte s'ouvrît, lui faisant brusquement relever la tête. Son père, Kisashi, se tenait à l'entrée, les lèvres plissées comme pour retenir son émotion de voir sa fille adorée ainsi. C'était tout lui ça, il n'en montrait jamais assez. En quelques pas, il se retrouva auprès de celle qui ressemblait plus à un petit oiseau blessé, avant de poser sa grande main sur la tête baissée de celle-ci, lui envoyant tout son soutien sans aucun mot. Ce fut comme l'autorisation nécessaire à débloquer toutes les larmes contenues jusqu'ici. Comme un bébé, Sakura se mit à pleurer sans aucune retenue ni manière. Ses hoquets la faisant tressauter régulièrement entre deux sanglots. Les bras forts de son père l'entouraient rapidement. Et en retour elle se cramponnait à lui comme une bouée de sauvetage.

« - Papa... »

« - Calme toi. Crois moi, il ne s'en tirera pas sans dommage. » trancha froidement l'homme. Ce n'était plus l'homme qui l'avait élevé qui parlait mais plutôt le général intransigeant. Son père ne blaguait jamais avec la justice de base, encore moins lorsque cela concernerait sa fille.

« - Tes amies sont dehors. Je ne leur ai pas permis de rentrer, ses irresponsables méritent de se remettre en question un temps soit peu. » reprit il.

Sakura releva la tête vers lui, une moue mécontente au visage. Ça aussi c'était propre à son père, cette capacité d'en vouloir au monde entier quand quelque chose lui arrivait. Seulement, elle n'était plus un enfant et mes amies encore moins ses gardiennes.

« - Elles n'y sont pour rien.. personne n'aurait pu le prévoir. » tenta la rose sachant d'avance que ça ne servirait à rien face à lui et à son entêtement.

« - Alors quoi ? Elles n'ont même pas remarqué à temps que tu n'étais plus là. A ton propre anniversaire ! Comment tout ça a pu arriver déjà ? »

Sakura se crispa en se refaisant le film de tout cette soirée. Vraisemblablement, elle n'était pas prête à en parler. Et ça au moins son père semblait le comprendre car il la reprit dans ses bras en réitérant ses caresses contre ses cheveux.

« - Laisse les entrer s'il te plaît. Te connaissant, elles doivent sûrement être en train de culpabiliser. » lui dis la fleur en le regardant dans les yeux. Elle le savait très sensible à cela même s'il s'évertuait à jouer les durs.

« - Il y a de quoi l'être... quelqu'un d'autre souhaite te voir avant ça. Tu le veux bien ? » formule doucement le père avec cette voix qu'il ne prenait qu'avec elle.
Devant son air étonné il se sentit obliger d'ajouter rapidement.
« - Sasuke Uchiwa. Celui qui t'a conduit à l'hôpital. »

Comme un déclic, la fin de cette soirée lui revient immédiatement. Cet uniforme, ses yeux, cette voix, cet air détaché. Oui elle se souvenait de comment son agresseur s'était envolé de sur elle d'un coup alors qu'il s'apprêtait à l'avilir au maximum. Cet homme l'avait sauvé, elle avait perdu connaissance dans entre ses bras, une fois rassurée d'avoir compris qu'il était de l'équipe « Yezo ».
C'était sûrement de là qu'il connaissait le prénom de la rose. Sûrement l'avait-il déjà vu alors qu'elle venait rencontrer son père dans leurs bases stratégiques. Évidemment, elle ne pouvait pas se souvenir de lui, car des soldats, il y'en avait des milliers dans cette base dont mon père était le commandant et qui plus est, son père ne la laissait jamais s'attarder au milieu de toutes ses personnes. La recevant généralement dans son bureau assez reclus. Sakura lui en était reconnaissante évidemment mais présentement elle n'était pas prête à rencontrer quelqu'un quand bien même ce serait pour le remercier.
Devant son mutisme, son père comprit ce que sa bouche n'avait pas dit.

« - Il comprendra. Ne t'y forces pas. » Suite à ces paroles, il la refit s'allonger, lui ordonnant presque de se reposer avant de sortir.

La porte s'ouvrît juste après sur une tête blonde, hésitante quant à passer la porte. Celle-ci finit par se faire pousser par une autre derrière elle. Les quatre amies étaient finalement dans la pièce. Hinata qui avait comme Sakura les yeux embués se précipitaient dans ses bras.

Devant le désarroi de ses amies, Sakura ravala rapidement ses larmes pour ne pas davantage leur faire de peine.

« - J'ai eu tellement peur pour toi ! On est sincèrement désolé Sakura ! On aurait dû être plus attentive ... » lança la brune d'une voix teintée de culpabilité. C'était l'effet du père de la rose sans aucun doute.

« - Ce n'était pas un babysitting non plus. Je n'ai plus 5 ans et vous n'êtes pas en charge de moi. » tenta-t-Elle de les rassurer.

« - Je n'imagine même pas ce qui se serait produit si ce type n'était pas arrivé. » reprit Ino affolée.

Sakura grimaçait également en n'osant pas non plus imaginer ladite suite. Instinctivement, elle se frottait frénétiquement les bras. Temari se rendant compte de la stupidité de la question de l'autre blonde de la pièce tenta de changer de sujet.

« - Et sinon tu lui as parlé ? Tu as eu le temps de le remercier ? Et surtout qu'est-ce qu'il y faisait ? Il était normalement en service vu qu'il était en uniforme ? » questionne Temari.

Son amie se contentait de hausser les épaules face à toutes ses questions dont elle n'avait pas de réponses. Avait-elle seulement l'envie de parler ?

« - Pourtant il était là. Il est resté toute la nuit. » annonce Hinata de son calme naturel.

Sakura se sentit soudainement très honteuse de n'avoir pas été fichue de le recevoir. Après tout il l'avait sauvé, et était resté s'enquérir de son état. C'était la moindre des choses. Elle ne put s'empêcher de se questionner à son sujet. Cet acte était peut-être bien anodin pour lui qui sûrement devait accomplir un devoir de tous les jours mais pour elle, il lui avait épargné une mort symbolique. Quoique épargner était fort dit.

« - Et maintenant ? » leur demanda la rose comme une évidence.

« - Il est parti. » dis Tenten qui jusqu'ici n'avait pas bronché.

Elle soupira lourdement en se laissant aller sur sa couette. Quelques excuses renouvelées plus tard, les filles s'en allaient sous demande du médecin traitant de la rose, la laissant sans le savoir à nouveau seule face à cette angoisse qui l'étreignait.
Elle s'évertuait à ne pas leur montrer le trouble qui l'envahissait. Sakura n'aurait su dire si cela était dû à un état de choc prononcé ou autre chose mais cette sensation de revivre en permanence cette soirée l'obligeait à trouver le maximum de choses susceptibles d'occuper son esprit jusqu'à épuisement. Un épuisement qui tarda bien à venir.

______

« - Elle va mal. » conclus la blonde une fois sortie de la chambre de sa meilleure amie.

« - Oui et elle a le droit d'être ainsi. » renchérît Hinata.

« - J'ai vraiment envie de faire quelque chose pour lui remonter le moral. Après tout son anniversaire a été gâché de la plus horrible des manières. Elle n'a même pas soufflé ses bougies. »

Seulement, les autres n'étaient clairement pas réceptives à la proposition d'Ino.

« - Mmh.. on ne peut pas dire que ta dernière idée fut l'une des meilleures. » râle Temari.

« - Peut-être bien mais elles ne seront pas toutes similaires non plus. Laissez moi rattraper le coup. »

« - On veut bien mais je doute que Sakura ait la tête à sortir présentement. » signale Hinata.

« - Je n'ai jamais parlé de sortir ! Vous voyez l'homme qui l'a sauvé ? Et bien il m'avait de s'en faire beaucoup trop pour une simple citoyenne comme il doit en voir de tous les jours. »

Peu convaincue de la suite, Temari regardait son amie déblatérée une autre idée qui sûrement n'aurait rien d'ingénieux.

« - Et bien je proposé d'organiser des retrouvailles ! Sakura était quand même triste de n'avoir pas pu le remercier avouez-le ! »

« - Et donc tu y vois l'occasion de jouer les entremetteuses j'imagine ? » tenta Hinata.

« - Pas nécessairement, ils sont grands. Ils sauront eux mêmes donner une suite à cela mais je sens au fond de moi que c'est une excellente idée ! » s'extasie Ino toujours seule à emballer par son idée.

« - J'ai un peu peur de la réaction de Sakura. Je n'aimerais pas vraiment la brusquer. Mieux on lui achète une écharpe, ça fera le même effet. » propose Tenten.

« - Une écharpe ? Pour remplacer le beau brun en uniforme ? C'est une blague ? » s'étonna Ino suscitant un rire général.

La porte de la chambre de Sakura s'ouvrît l'instant d'après à la surprise collective affichant une jeune fille fébrile, se campronnant à la poignée de porte et traînant de l'autre main un lot de perfusion. Elle tendit sa main libre vers ses amies qui s'emprèsserent de la rejoindre.

« - Mais que diable fais tu debout ?! Retournons à l'intérieur. »

La jeune fille les arrêta rapidement dans leur intention de la ramener dans son lit.

« - Vous savez.. cet homme, celui-là même qui m'a sauvé, il est encore ici, je l'ai aperçu par la fenêtre revenant des toilettes. Seulement, j'avais à peine assez de force pour émettre un murmure. Je veux le voir.. s'il vous plaît. »

Devant le ton suppliant de leur ami, elles n'eurent d'autres choix que d'adhérer à son idée.

« - Tres bien mais on fera autrement. Retourne t'allonger, je vais moi même le conduire jusqu'à toi. » propose Temari doutant de la capacité de Sakura à tenir debout aussi longtemps. Le coup à la tête qu'elle avait reçu faisant encore son effet et la rose paraissait bien trop fébrile.

« - Non s'il vous plaît, ce serait une perte de temps. »

Ne considérant même pas les dires de Sakura, Hinata ramena la fleur à son lit d'un commun accord avec les autres. Comme convenu, Temari était déjà dehors, prévenant le brun de la requête de Sakura.

Ce que la blonde aux quatre couettes ne vit pas cependant, c'était le vague soulagement inscrit sur le visage du jeune homme lorsqu'elle demanda sa présence auprès de son amie.
En effet, Sasuke avait attendu une bonne partie de la nuit des nouvelles de Sakura puis il était rentré, seulement son esprit beaucoup préoccupé avait conduit son corps dès le matin à nouveau dans l'hôpital où se trouvait la jeune fille.
Malheureusement pour lui, celle-ci demeurait toujours inconsciente. Le malaise pour lui s'empira lorsque devant le père de la jeune fille, qui accessoirement était son supérieur, il avait dû justifier sa soudaine dévotion à s'enquérir de l'état de la demoiselle. De nature taciturne et sûr de lui, ce ne fut pas bien compliqué pour Sasuke de faire passer pour le sens du devoir ce que lui-même n'arrivait pas encore à s'expliquer. Ce n'était pas sa première fois de rencontrer les yeux verts de la fille de son supérieur. A maintes reprises, il l'avait observé durant ses courtes visites à son père. Du peu qu'il savait, elle aspirait à travailler avec l'équipe de médecin de la base.

Au matin, il avait été soulagé de la savoir réveiller, encaissant quand même son refus de le voir, il ne lui en tenait nullement rigueur.
Essayant de paraître le plus neutre possible, il s'élança la suite de la blonde vers la chambre de celle qui a occupé son esprit le temps d'une soirée. Avant même qu'il n'eut le temps de poser la main sur la poignée de la porte qui le séparait de la jeune fille, celle-ci s'ouvrît doucement dévoilant le visage épuisé de Sakura qui semblait s'impatienter.

Sakura réprima un hoquet de surprise en posant son regard sur son sauveur. Ce fut à ce moment que son corps lui rappella qu'elle avait atteint sa limite d'efforts physiques pour la journée. Ses jambes flageolantes ne purent plus la porter plus longtemps. Elle allait toucher le sol quand il la rattrapa.

Une fois de plus.