Un été particulièrement chaud
Les grillons chantaients, les corbeaux croassaients, les pleureuses s'égosillaient devant le bois mortel qui contenait un cadavre, un cadavre pourtant connu du village, celle qu'on appelait "Mademoiselle".
Revenons quelques mois en arrière. Lorsque toute cette farandole macabre avait à peine commencé...
Il faisait chaud, très chaud. Le village de Touves-en-Borèlle subissait bien la canicule puisqu'il était perché sur une montagne et situé dans la partie la plus chaude et aride du pays. Des trois-cents habitants de ce village quelques uns avaient bien passé l'arme à gauche depuis début juin pour cause de déshydratation et autres peines estivales. Quand on retrouvaient ce qu'il restait d'eux, ils avaient déjà subi le processus de Pâleur Cadavérique autrement appelé: "Pallor Mortis". Les cadavres se putréfiaient déjà, emmenant leur lot de vers, se tortillant de plaisir à la vue de nourriture "fraîche".
C'est dans ce cadre bucolique qu'Alioth Avon avait décidé de passer ses vacances, accompagné d'un cousin:Leonis et de deux cousines de bas âge.Ils faisaient un pique-nique près de la forêt, qui restait humide et fraîche, contrairement au village. Tandis que les cousines couraient et criaient dans les bois, Mme D'Orfey, grand-mère d'Alioth se plaignit : "Il fait très chaud n'est-ce pas Alioth ?" Il acquiesça. "C'est pourtant étrange, d'habitude, une brise légère souffle toujours sur le village." En effet la brise s'était arrêtée il y a bien deux mois, augmentant la canicule de plus belle. Alioth, se plaisant à observer les personnes, analysait Mme D'Orfey: C'était une petite femme menue, aux habits élégants. Ses cheveux acajou faisaient écho à ses yeux couleur forêt de printemps. Son visage portait déjà les marques du temps. "En effet, la chaleur est étouffante", fit-il d'une voix lassée." Je suis sûr que c'est de la faute de la comtesse !" Aboya Leonis, pointant du doigt un immense manoir de style néoclassique, appartenant à la comtesse. "C'est depuis qu'elle s'est installée ici que la brise nous a quittés", repris de plus belle le jeune homme.
Le grand-père d'Alioth, M. Avon semblait acquiescer en silence. Contrairement à sa femme, Antoine Avon était un homme bon vivant, avec son sempiternel cigare vissé à ses lèvres. Mme D'Orfey, outrée de ces accusations envers la protectrice du village, regarda Leonis d'un air glacial qui perça les yeux marron du garçon.
Leonis, contrairement à Alioth, était bien bâti et tombeur avec ses cheveux bruns, platrés sur le dessus. Sa face était brune tel un marin. Ses vêtements amples traduisait une certaine paresse. Lorsque le soleil commençait à passer derrière les montagnes, les grands-parents plièrent la nappe et rappellèrent les deux cousines. La petite troupe commença à rentrer au village, marchant lentement à travers les files de maisons en grès des montagnes.
C'est alors qu'ils croisèrent le regard d'Elisabeth Rosello, se promenant dans le village pour exhiber la richesse de sa famille par le biais de vêtements. Encore une fois, elle était tout de rouge vêtue: chapeau rouge, cardigan écarlate et jupe de tulle vermeil. Tout ceci allait de pair avec ses cheveux roux profonds, encadrant en boucles son visage blanc aux lèvres délicates et aux yeux gris clair. Cependant son caractère ne reflétait pas sa beauté, elle semblait omnisciente, superficielle,égoïste. Elle était l'Orgueil incarné. À côté d'elle se tenait son "ami" qu'elle traitait en larbin: "Alexis, un petit empôté qui adore manger", tel le qualifirait Elisabeth. Il restait près d'elle pour admirer une beauté imprenable.
En continuant de rentrer, ils croisèrent l'agent Luve, policier de province, pourtant très bon détective. Il avait été muté au comissariat de Touves il y a quelques mois, car il aurait soi-disant une trop grande colère en lui.
Lorsqu'enfin ils arrivèrent au numéro sept de la rue 7 septembre, la grand-mère jeta un regard inquiet vers la bâtisse fraîchement construite, surplombant le village, appartenant à la comtesse. Celle-ci était revenue au village il y a un an, projetant de faire construire un manoir sur la colline du Golgotha, du surnom qu'on lui donnait. Elle avait acheté le terrain il y a bien quarante ans. Le manoir baignait maintenant dans une sombre noirceur, la lueur de la lune dessinait des formes sur la facade pâle. Une fenêtre envoyait de la lumière. Alioth crut que la comtesse les observait de son nid d'aigle, Bah, certainement son imagination...
Arrivé à sa chambre, se situant à côté de celle des filles, Alioth se mira dans la glace, regarda cette face pâle creusée d'acné, ces cheveux chatains , dont la forme était dictée par deux épis, ces yeux, hérités de sa grand-mère, envitrinés par ces lunettes fines, ce nez aquilin et ce corps maigre, réclamant de l'attention. Voilà ce qu'il était, un laideron comparé à son cousin ! Ceci il ne pouvait l'accepter. Il sentit son corps bouillir, ses joues se remplir de lave rouge. Une expression de colère contre le monde et contre les gens beaux l'étreigna et lui donna envie de frapper le miroir, instrument de vanité. Il le savait, il était jaloux et envieux de tout le monde, même pour des détails insignifiants. Ce péché le rongait de l'intérieur, lui prennait chaque once de bonheur et il le savait,allait bien, si ça continue, le faire mourir, vert d'envie
Ne voulant se l'assumer, il arracha avec violence la page du calendrier indiquant 1er juillet et se jeta dans ses draps, plein d'espoir que la journée de demain se passe mieux
Il ne savait à quel point il avait tort...
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Ceci est le prologue de l'histoire, fait pour présenter les personnages.
La prochaine partie sera focalisée sur un personnage. Ce sera son journal.
Et au fur et à mesure, l'histoire se dévoilera à travers les personnages. Et Merci d'avoir lu jusque-là 😊
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