» chapitre 9
Quelques jours s'étaient écoulés avant que Chan ne ressente le besoin de recontacter Hyunjin. Ils ne s'étaient pas donné de nouvelles, l'un comme l'autre, mais à vrai dire, Chan n'avait pas eu la tête à ça. Il s'était enfermé dans son atelier avec la seule envie de peindre jusqu'à épuisement. Il prenait toujours quelques minutes pour s'hydrater, grignoter, ou se griller une cigarette à l'extérieur, mais ses pensées étaient envahies par les nombreuses idées qu'il avait. La nuit tombée, il se douchait en vitesse et rejoignait son lit pour s'assoupir. Il n'avait pas le temps de penser à autre chose qu'à ses tableaux et, tant que l'inspiration était là, il ne pouvait pas faire autre chose que peindre.
Comme toujours, sa motivation s'estompait après quelques journées intensives. Il avait produit non loin d'une dizaine de toiles en à peine une semaine. Il avait repensé à l'homme qui lui avait acheté la peinture du zèbre coloré et il avait donc travaillé dans l'optique de le recontacter. Il comptait bien lui vendre d'autres œuvres similaires. Avec l'argent qu'il avait reçu, il était tout de même motivé. Et puis, si cela pouvait l'aider à se faire connaître ne serait-ce qu'un minimum pour son art et pas pour son nom, il n'allait pas passer à côté d'une telle occasion.
Mais pour continuer sur sa lancée, il avait besoin de retrouver l'inspiration. Et pour retrouver l'inspiration, il avait besoin de revoir Hyunjin. Avant de saisir son portable, il repensa à ce qu'ils s'étaient dit et à ce qu'ils avaient partagé. Son estomac se tordit violemment, si bien qu'il en eut presque mal au cœur. Quand il pensait lui, il se sentait tout chose. Les images de la dernière nuit qu'ils avaient passé ensemble s'immiscèrent dans son esprit. Hyunjin était magnifique, il avait quelque chose de terriblement attirant auquel il ne pouvait pas résister. Son corps, sa voix, ses gestes… Tout chez lui était un appel à la luxure. Et Chan était on ne peut plus heureux qu'ils soient sur la même longueur d’onde. Hyunjin venait chez lui parce qu'il le voulait bien, et en toute connaissance de cause. Ils ne faisaient que coucher ensemble, ça s'arrêtait là. Oui, il appréciait sa compagnie. Il avait de la discussion et une présence agréable, alors ça ne lui déplaisait pas de le revoir. Et puis, même s'il n'envisageait rien de sérieux, il avait une certaine forme d'attachement avec lui.
Ce n'était peut-être que pour s'amuser, mais il ne pouvait pas nier que ça lui faisait du bien, et pas seulement pour son inspiration.
Décidé, il attrapa son portable pour envoyer un message à Hyunjin. Il lui proposa de venir passer l'après-midi, et même de venir manger s'il en avait envie. La réponse fut rapide. Il comptait arriver dans moins de vingt minutes. Chan fut un peu pris de court. Il ne s'attendait pas à ce qu'il rapplique aussi vite. C'était à croire qu'il n'attendait que ça. Il se dépêcha de filer sous la douche avant que Hyunjin n'arrive. Il eut à peine le temps de peaufiner ses cheveux que la sonnette retentit dans la villa. Le cœur battant à tout rompre, Chan déverrouilla le portail. Il eut l'impression que Hyunjin avait couru jusqu'à la porte d'entrée tant il était arrivé vite jusque-là.
Silencieux, il retira ses chaussures sous le regard de Chan. Celui-ci fronça les sourcils. Il avait la sensation qu'il n'attendait que ça, qu'il l'appelle pour venir. Et quand Hyunjin se redressa et qu'il enroula les bras autour de son cou, Chan eut un petit mouvement de recul. Ils se fixèrent, Hyunjin se mordit la lèvre.
— Je suis content que tu m'aies proposé de venir.
— Je… j'avais envie de te voir.
Le regard de Hyunjin se noircit. La tension qui émanait de leurs corps était infernale. La proximité donnait à Chan des bouffées de chaleur si impressionnantes qu'il crut suffoquer. Hyunjin profita qu'il lui attrape la taille pour se coller davantage à lui et venir l'embrasser. Chan ferma les yeux et fondit dans le baiser. La bouche de son amant était délicate, pleine de tendresse, mais comme toujours, très affamée. Hyunjin embrassait comme un dieu. Il avait quelque chose de très érotique dans sa manière de s'y prendre, chacun de ses gestes était sensuel. Naturellement sensuel. Chan resserra la poigne sur sa taille et le fit basculer. Il se retrouva contre le mur et l'échange devint fougueux. Leurs lèvres se caressaient, et c'était comme si elles cherchaient à avoir l'ascendant sur l'autre. Chan voulait se montrer fort, il voulait maîtriser les choses, mais en réalité, il n'était maître de rien du tout.
Avec Hyunjin, il lâchait prise. Il ne pensait même plus au fait qu'il était en train d'embrasser un homme. Tout ce qui comptait était le plaisir et l'excitation qu'il lui faisait ressentir. Il n'avait jamais été comme ça avec qui que ce soit. Aucune de ses conquêtes ne pouvait se vanter d'avoir été rappelée. Il n'avait que des histoires sans lendemain, parce qu'il ne voulait aucune forme d'engagement, aucune attache, aucun fardeau. Il en portait déjà bien trop et une relation, ce n'était pas dans ses ambitions.
Hyunjin, c'était différent.
— Tu me rends dingue, putain…
— T'es si pressé que ça ?
Hyunjin descendit une main sur l'entrejambe de Chan. Il y pressa la paume et haussa un sourcil.
— J'imagine que le déjeuner va devoir attendre ? s'amusa-t-il. Dommage, j'allais t'inviter.
— Invite-moi à te bouffer alors…
— Seulement si tu prends des initiatives.
— C’est-à-dire ?
Un petit rire échappa à Hyunjin. Il se pencha pour atteindre l'oreille de Chan, ce dernier frissonna en sentant son souffle le frôler.
— J'ai envie que tu me retournes dans toutes les positions possibles et imaginables.
Chan lâcha un gémissement alors que les doigts de Hyunjin se resserraient contre son membre. Quand il lui parlait de façon aussi crue, il ne pouvait pas résister. Il n'avait pas envie de lui résister. Et en fait, il n'avait jamais pu. Il fonça sur sa bouche en pressant leurs corps l'un contre l'autre. Hyunjin remonta une jambe contre la hanche de Chan et celui-ci l'attrapa sous le genou pour le soulever. Il lui saisit l'autre jambe et, tout en continuant à l'embrasser sans retenue, il bougea le bassin. Même avec leurs vêtements, ils pouvaient tous les deux constater qu'ils étaient particulièrement excités. Chan délaissa la bouche de Hyunjin pour l'embrasser dans le cou. Il se délecta de ses soupirs de bien-être, du goût sucré de sa peau, de sa chaleur, de sa présence.
— Chan, geignit-il en s'agrippant à ses cheveux. Chan, fais… fais-moi des trucs…
— Putain… soupira-t-il dans son cou.
Il lui administra un dernier coup de reins et serra les dents quand il le reposa sur le sol. Hyunjin venait à peine d'arriver et ils étaient déjà dans tous leurs états. Mais que pouvaient-ils y faire ? Ils étaient attirés l'un par l'autre, c'était indéniable. Dès qu'ils se trouvaient ensemble, la tension devenait insupportable et l'atmosphère gorgée d'électricité.
— Viens…
Chan lui saisit le poignet et lui fit traverser la villa d'un pas hâtif. Il n'y avait pas une minute à perdre. Ils devaient passer à la suite, et sans attendre.
***
Le souffle court et les cheveux en bataille, Hyunjin se laissa tomber à plat ventre sur le matelas. Chan s'assit sur le bord du lit afin de se débarrasser du préservatif. Il tourna la tête et sourit quand il remarqua que, les yeux mi-clos, Hyunjin l'observait. Il était nu, au-dessus de la couverture. Il en profita pour faire glisser son regard sur la cambrure de son dos, puis sur ses fesses rebondies. Il expira d'un coup sec et ramassa les vêtements éparpillés sur le sol. Il posa ceux qui ne lui appartenaient pas sur le lit pour ensuite s'habiller.
— Tu m'as épuisé, soupira Hyunjin, l'air satisfait.
Alors qu'il fermait sa braguette, Chan lui lança un bref coup d'œil.
— C'est ce que tu voulais, non ?
Il hocha la tête. Il roula sur le côté et se redressa afin de remettre ses habits. Il eut un peu de mal à enfiler son boxer et un gémissement lui échappa. Il fallait dire qu'ils avaient passé un bon moment à s'amuser. Pas loin de trois heures en vérité. Chan s'était complètement lâché, comme Hyunjin l'avait espéré, et il n'avait pas été déçu.
— J'ai du matériel à acheter, tu veux venir ?
— Hm, oui, mais d'abord on va aller manger parce que je meurs de faim.
Chan pouffa de rire.
— Pourtant je viens de bien te nourrir, marmonna-t-il.
— Hé, je t'ai entendu ! s'exclama Hyunjin.
— Crois-moi que je t'ai très bien entendu aussi... C'est limite si tu m'as pas percé les tympans.
Il fit mine de se déboucher les oreilles tout en grimaçant.
— J'y peux rien si t'es une bête de sexe. J'allais pas me retenir de crier pour tes pauvres oreilles fragiles. Tu faisais le timide, mais y'avait aucune raison.
Chan sentit une chaleur irradier dans son visage. Il avait beaucoup appréhendé le fait de coucher avec Hyunjin à tel point que, la fois d'avant, il n'avait pas été capable de prendre les rênes. Aujourd'hui, il avait montré au jeune homme qu'il savait mener la danse et visiblement, au nombre d'orgasmes qu'il avait eus, il en déduisait qu'il avait apprécié. Lui non plus n'avait pas été en reste. Hyunjin était un très bon coup, entreprenant, qui n'avait peur de rien et qui n'avait presque pas de limites. Alors il n'allait pas s'en plaindre. Cette partie de jambes en l'air devait être la meilleure de sa vie.
Tous les deux habillés, ils rejoignirent la salle de bain pour démêler leurs cheveux . Les boucles brunes de Chan étaient défaites. Hyunjin n'avait cessé de s'y accrocher dès qu'elles lui tombaient sous la main.
Prêts à partir, ils grimpèrent dans la voiture et Chan démarra. Le trajet fut silencieux, mais pas embarrassant. Ils avaient tous les deux besoin de souffler, de reprendre leurs esprits. Après cette matinée mouvementée, rythmée par leurs corps enlacés et leurs voix manifestant leur plaisir, ils ne crachaient pas sur un peu de calme.
— Tu peux choisir où tu veux manger, lança Hyunjin en regardant le paysage urbain défiler par la fenêtre.
— Je connais un truc sympa à côté du magasin où je me fournis, on peut aller là.
— Tout ce que tu veux.
La voiture s'engouffra dans une petite rue et très vite, elle s'arrêta sur un parking entre deux bâtiments. Chan donna quelques billets au gardien, puis ils purent se mettre en route. Le restaurant n'était qu'à quelques pas de là, c'était un endroit simple à l'intérieur totalement en bois. Il n'y avait que trois tables, des décorations vieillottes, mais une odeur de nourriture qui donnait l'eau à la bouche. Ils s'installèrent et une dame au chignon blanc vint prendre leur commande. Repartie en cuisine, Chan alla chercher une carafe d'eau et deux verres.
— Merci pour le resto.
Le menton dans le creux de la main, Hyunjin sourit.
— Je te dois bien ça.
— Je t'en dois autant, dit Chan avant de boire une gorgée d'eau fraîche.
Il reposa son verre et son regard se perdit dans la pièce. Il s'en voulait un peu d'appeler Hyunjin seulement quand il avait besoin d'un élan d'inspiration. Mais en même temps, ils se voyaient seulement pour du sexe. Enfin, en théorie. Là, ils allaient partager un repas et ensuite, il comptait l'emmener dans sa boutique fétiche. Ce n'était pas rien enfin à ses yeux. Ils étaient en train de faire autre chose, tous les deux. Il tapota son index sur la table tout en se mordant la lèvre. Il allait vraiment devenir fou à se torturer l'esprit. Pourquoi culpabilisait-il alors que Hyunjin venait de son plein gré ?
— Chan ? Tout va bien ?
La voix suave du jeune homme le sortit de ses pensées.
— Oui, ça va, je suis juste… un peu crevé.
— Je vois que je suis pas le seul à avoir été épuisé par ce qu'on a fait.
Chan déglutit. Il était sûr d'avoir les pommettes écarlates.
— C'était vraiment super bien, continua Hyunjin.
— C'est… Oui, carrément.
Ils n'eurent pas le temps d'en parler davantage puisque leurs plats arrivèrent. Il leur fallait bien ça pour combler leur estomac et retrouver des forces. Chan se sentait détendu et en même temps, il avait la sensation d'être amorphe. Ses gestes étaient lents, mous, et son esprit fonctionnait lentement.
— Au fait, j'avais un truc à te dire, mais j'ai vraiment pas eu le temps cette semaine !
Chan haussa un sourcil.
— Je t'écoute.
— Je connais un gars… Enfin, non. Ma boss connait un gars qui baigne dans l'art depuis dix ans. Il a sa petite galerie d'expo à Dongdaemun, un truc un peu moderne en alu avec des sculptures devant super grandes. Bref, c'est pas le sujet !
Hyunjin reposa ses baguettes sur le côté et croisa les bras. Son air se fit plus sérieux.
— Ma boss m'a donné des invitations pour un vernissage dans sa galerie, donc je me suis dit que tu pourrais m'accompagner.
Une grimace déforma la bouche de Chan et il se renfrogna sur le dossier de sa chaise. Il n'était pas friand de ce type d'événement. Avec la notoriété de son père, il n'avait pas pu y échapper et il détestait cette ambiance mondaine qui y régnait. Il se souvenait très bien que, lorsqu'il était enfant, il avait dû s'y rendre et il regardait son père de loin, comme un rêve inaccessible. Il était entouré de nombreuses personnes, il riait, souriait, se montrait sous son meilleur jour alors qu'avec lui, il était distant. Avec la surcharge de travail qu'il avait, il n'avait jamais une minute à lui consacrer. Et là, il se pavanait fièrement devant les autres, leur accordait du temps alors qu'il ne remarquait même pas son propre fils.
— C'est gentil mais…
— Attends ! Laisse-moi terminer ! Vraiment, avec ce que tu fais, ça serait intéressant que tu puisses discuter avec lui.
— Je peux pas me ramener devant lui comme ça.
— Tu seras pas seul. Et ma boss est proche de lui, y'a moyen que tu puisses décrocher un rendez-vous.
— Je sais pas si je peux accepter, c'est vraiment beaucoup trop.
Hyunjin se pencha sur la table. Son regard se planta dans celui de Chan et son visage se fit plus sombre.
— Fais-moi confiance. Et accepte. Ça me fait plaisir de t'aider, peut-être que ça pourra te donner un coup de pouce.
— Je vais y réfléchir, mais je te promets rien.
La réponse de Chan suffit à faire fleurir un large sourire sur les lèvres du blondinet. Discrètement, il avança la main vers la sienne et la lui caressa. Chan eut le cœur qui dérailla. Hyunjin était adorable et, même s'ils ne faisaient que coucher ensemble, il ne pouvait pas nier qu'il était touché qu'il soit prêt à l'aider. Il avait de la chance. Énormément de chance. Et dans le fond, il ne trouvait pas cela normal. Mais peut-être pouvait-il accepter d'avoir lui aussi son heure de gloire ? Juste un instant.
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