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Londres - soirée du 24 Décembre

Les yeux rivés sur sa magnifique part de bûche de Noël, Jack n'osait pas aborder avec son père le sujet qui l'interpelait tant. Après un long moment à fixer son gâteau, il se décida enfin à parler :

— Papa, tu sais, même si ce changement soudain me fait vraiment plaisir, j'avoue être surpris de ta venue...Et même un peu...anxieux...

— Jack qu'est-ce-qui te prend ?!

— Laisse Amy. Ce n'est pas grave. En fait, comme depuis toujours à mon sujet, ton mari a raison. Ma visite n'est en effet pas qu'une simple visite de courtoisie.
J'espérais ne pas avoir à vous apprendre ça durant les fêtes, mais puisque mon fils attend des réponses, je me dois d'être honnête. Pour ne rien vous cacher, ce Noël sera probablement pour moi le dernier. Ma...maladie est en train de gagner la partie et cette fois, il n'y a plus rien à faire.

Non non, ne pleure pas et donnes-moi ta main chérie. Toi et ton frère, êtes ce que j'ai eu de plus beau dans la vie, avec votre mère et vos familles bien sûr. Et même si je ne peux pas m'empêcher de penser que nous aurions pu partager encore plus autrefois, je suis prêt à partir le cœur rempli de tous ces moments précieux.

Une fois encore, je ne voulais pas vous en parler de cette façon, reprit-il après un temps d'arrêt, mais, dans le fond crois-tu que tu l'aurais mieux accepté si je te l'avais caché et que tu avais été mise devant le fait accompli ? Tu sais que j'ai raison. N'oublie pas que ton regard est un livre ouvert pour moi, comme c'était le cas avec ta mère, précisa-t-il en lui souriant.

Je n'ose même pas imaginer à quel point cela doit être dur à accepter, surtout à ce moment précis de l'année, mais j'aimerai vraiment que vous gardiez tous de moi le souvenir d'un père, d'un beau-père et d'un grand-père aimant, comblé et heureux d'avoir pu être avec vous à chacune des grandes étapes de votre vie jusqu'à présent.

Et j'aimerai, autant que cela soit possible, que nous passions un merveilleux Noël tous ensemble. Que l'on...se réjouisse du temps qu'il nous reste, plutôt que de ne voir QUE le temps qu'il nous reste.

— Est-ce que...tu comptes l'annoncer aux enfants ?, lui demanda Jack plus sèchement qu'il ne l'aurait voulu

— Toujours aussi direct, n'est-ce pas ? Enfin, je sais pourquoi de toute façon...

A vrai dire, je pense qu'ils sont un peu trop jeunes encore pour leur infliger une telle épreuve durant une période aussi joyeuse, non ?

Cela étant, j'ai ici une lettre que j'aimerai que vous leurs lisiez lorsque je serai parti vers ma dernière aventure. Évidemment, vous pourrez la lire avant, mais je vous demande de ne pas la lire avant que...ma vie ne s'achève.

Le vieil homme prit une enveloppe dans la poche intérieure de sa veste, et la tendit à sa fille. Celle-ci, après un instant lui répondit, la tristesse luttant contre l'amusement dans sa voix :

— Merci papa.

Je suppose qu'il est inutile de te demander ce qu'elle contient ? S'il y a bien une chose qui ne changera jamais, et que j'ai toujours tellement aimé chez toi, c'est bien tes mystères et tes facéties.

Amy, qui observait la scène sans trop savoir quoi dire ou quoi faire en pareille circonstance, s'étonna tout de même de l'aspect de la missive. Elle semblait faite d'un papier très ancien, et était cachetée à la cire et marquée par un sceau.

Plutôt curieux pour une lettre à priori écrite il y a peu de temps, à plus forte raison dans la mesure où elle savait que son beau-père n'était pas attaché aux vieilles traditions du passé. Du moins l'avait-elle toujours cru jusqu'à maintenant.

Lorsque Jack mis la lettre dans la poche intérieure de sa veste, après que sa sœur lui eut tendue en silence, Amy pu entrevoir le sceau qui l'intriguait tant, elle devait bien se l'avouer.

Celui-ci semblait de prime abord composé d'une simple initiale en majuscule entourée d'un cadre ouvragé d'apparence baroque mais, en regardant plus attentivement, elle se rendit compte que la lettre était composé d'un glaive – ou une épée, elle n'avait pas pu faire la différence si rapidement – accolé à un arc de cercle plus petit.
Une unique lettre, qu'elle ne comprenait pas.

P.

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