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Chapitre 4 - PRESENT

─ Alors, alors, alors ! s'écria Jin en se redressant sur sa chaise, posant ses mains à plat sur la table du café dans lequel le groupe d'amies se trouvaient. 

Fuyumi la força à se rasseoir correctement et lui intima de parler moins fort, tandis que Shizuka la fusillait du regard, agacée par son indiscrétion. Sango, elle, sirotait son café noir en silence, attendant tranquillement que son amie se mette à parler. Elle était toute aussi curieuse que Jin, concernant les aventures de Shizuka de la veille, mais elle avait la décence de se retenir. Elle souffla sur sa frange, qui venant la chatouiller au niveau des sourcils. 

─ Tu crois que c'est en hurlant ici que je vais parler plus vite ? râla Shizuka en s'enfonçant dans sa chaise, les bras croisés sous sa poitrine.

Jin replaça ses cheveux teints de rose derrière son oreille, un air légèrement hautain sur le visage.

─ Je sais surtout que si je te force pas, tu vas rien dire !

La jeune femme avait appris à connaître son amie. Shizuka n'était pas la plus bavarde, contrairement à elle. Ce n'était pas qu'elle était timide, loin de là. Shizuka n'hésitait jamais à dire ce qu'elle pensait, ou à prendre la parole devant les gens de leur promo. Elle était juste... mystérieuse. Et Jin voulait en savoir plus sur elle. Même si ça ne concernait que ses conquêtes, c'était toujours ça de pris. 

Pour la première fois, la veille, Jin apprenait quelque chose sur la période où Shizuka avait été au lycée. En fait, Ikue Fujiwara pouvait certainement compter sur les doigts de ses mains le nombre de choses qu'elle connaissait à propos de Shizuka. 

Elle s'habillait toujours en noir parce que d'après elle, elle était nulle pour associer les couleurs. Elle n'aimait pas boire parce qu'elle détestait perdre le contrôle d'elle même. Elle était très sportive, alors même qu'elle ne la voyait jamais courir ou faire du sport pour s'entretenir. Elle semblait posséder une sorte de don : parfois, elle arrivait à prédire des choses, comme la veille, quand elle les avait prévenues que les portes allaient s'ouvrir. Elle se fichait du physique des gens, mais elle paraissait quand même intéressée par ce Gojo. Et elle avait une voix magnifique, qu'elle n'hésitait pas à montrer lorsqu'elle était de bonne humeur. C'était toujours agréable de l'entendre chantonner. 

Mais concernant sa famille et son passé, c'était le flou total. Avec Sango et Fuyumi, Jin avait émit l'hypothèse qu'elle était morte, et que c'était pour cela qu'elle n'en parlait jamais. Le trio n'avait jamais vraiment osé lui poser directement la question, de peur de la froisser, ou de parler d'un sujet sensible. 

─ Vous avez été dans un hôtel ? Il t'a fait quoi exactement ? insista Jin avec un sourire provocateur.

Shizuka soupira, alors que Fuyumi rougissait à vue d'œil, plaquant ses deux mains sur la bouche de Jin. Sango laissa échapper un petit rire devant l'air un peu trop candide de leur amie la plus innocente. 

─ Il est temps qu'on te trouve un copain Fuyumi, rit Sango en posant son menton sur sa main. 

─ Tu veux la tuer ? Déjà qu'elle a du mal à parler avec nous, elle ferait une syncope avec un garçon, se moqua gentiment Jin. 

─ Je vous emmerde, d'accord ? souffla Fuyumi

Shizuka sourit légèrement, même si ses amies étaient parfois embêtantes, elle aimait passer du temps avec elles. Jin se mit à lui poser d'autres questions, un peu trop intrusives pour les oreilles pures de Fuyumi, ce qui ne fit qu'augmenter l'hilarité de Sango. Alors brièvement, l'ancienne exorciste raconta leur aventure de la veille. Elle passa outre les détails un peu trop piquants et la discussion qu'ils avaient eu avant qu'elle ne quitte la chambre. Shizuka préférait que ses amies pensent que tout c'était bien passé du début à la fin. 

─ Et du coup, vous avez été au lycée ensemble ? demanda Fuyumi pour changer un peu de sujet.

Jin et Sango échangèrent un regard : elles avaient aussi envie d'en savoir plus sur le passé de ce garçon, mais surtout sur celui de leur amie. Shizuka inspira profondément, avant de prendre une gorgée de sa boisson sucrée. Qu'est-ce qu'elle pouvait dire sur Gojo sans en faire trop ? Sans trop en dévoiler ? Sans trop laisser paraître ses sentiments ? 

─ Il a deux ans de plus que moi, donc je l'ai pas vu souvent, on se croisait de temps en temps... 

─ Toutes les filles de l'école devaient lui courir après, répliqua Jin, sûre d'elle. 

Shizuka retint un rire en se mordant la lèvre inférieure. Quand ils étaient à l'école d'exorcisme, elles n'étaient que deux filles. Et on ne pouvait pas dire que Gojo avait la côte, il était bien trop insupportable pour ça. La jeune femme pensait même qu'il était né comme ça : enquiquinant. 

─ Pas vraiment... 

─ Pourquoi ça ? Il était moche avant ? Mais la puberté a frappé c'est ça ? Non, c'est pas possible, je suis sûre qu'il a jamais été moche, se mit à réfléchir Sango en fronçant les sourcils. 

─ Vous dites que je dois trouver un copain, mais à mon avis, c'est vous deux qui êtes en manque, murmura Fuyumi à l'attention de Jin et de Sango. 

Shizuka pouffa de rire, manquant au passage de recracher ce qu'elle avait dans la bouche. La petite blonde n'avait pas tord : quand on entendait Jin et Sango parler, on ne pouvait que penser à ça. Dans un sens, les deux étudiantes lui rappelaient quelqu'un. Toujours trop bavard, toujours de bonne humeur, et toujours prêt à embêter ses amis. Shizuka secoua la tête pour effacer son image de sa mémoire. Elle était de bonne humeur, et elle ne voulait pas que ses souvenirs de lycée lui reviennent en tête et gâchent son présent. 

─ Mais voyez-vous ça, notre petite Fuyumi a la langue bien pendue aujourd'hui ! s'insurgea Jin en parlant un peu trop fort. 

Les autres clients présents dans le café se retournèrent vers le quatuor un peu trop bruyant, et même l'employée derrière le comptoir leur lança un regard sombre.

─ On devrait peut-être partir avant qu'on nous mette dehors, fit Sango à voix basse, un sourire aux lèvres. 

Les trois autres approuvèrent, et chacune des filles finit sa boisson d'une traite. Et sans demander leur reste, elles sortirent du bâtiment, la tête de haute. Leur discussion continua dans la rue, alors que chacune tenait le bras de l'autre. Elles prenaient toute la place sur le trottoir, et les personnes qu'elles croisaient les fusiller du regard lorsqu'ils devaient les éviter. Par moment, elles aimaient être insupportables, ensemble.

Et puis leur dernière année scolaire s'était terminée sur la fête de la veille, alors les jeunes femmes ne se verraient plus aussi souvent qu'avant. À présent qu'elles étaient diplômées, il allait leur falloir trouver un emploi, et la vie les éloigneraient peut-être contre leur gré. Shizuka espérait de toute son âme qu'elle pourrait continuer à les voir régulièrement. Jamais elle n'avait partagé une amitié aussi profonde et sincère qu'avec Sango, Fuyumi et Jin. Jamais elle n'aurait pensé autant s'attacher à elles, surtout après les évènements survenus quelques années auparavant.

─ Bon, est-ce qu'on part voir un film ou sortir quelque part ? Ou quelqu'un a quelque chose de prévu ? demanda Jin en arrêtant de marcher brusquement, forçant ses trois amies à en faire de même.

─ Je dois commencer à faire mes cartons, je dois quitter ma chambre dans la semaine, soupira Sango en imaginant le travail qui l'attendait.

─ Moi aussi, continua Shizuka.

Soudain, elle perçut quelque chose un peu plus loin, venant d'un vieux bâtiment. Elle savait. Elle devait partir parce que même si elle avait coupé les ponts avec l'école des exorcistes de Tokyo, elle ne pouvait pas ignorer les fléaux qui se baladaient ici et là et qui pourraient blesser des gens parce qu'elle l'avait laissé passer.

─ D'ailleurs, je dois faire une course avant de rentrer, s'excusa Shizuka pour pouvoir partir au plus vite éliminer cette vermine.

─ Quoi ? Déjà ? Non, me dis pas que vous vous êtes pas protéger hier et que tu vas à la pharmacie là ? s'écria Jin, au grand dam de Shizuka.

Tous les regards dans la rue convergèrent vers elle, et un malaise s'installa. Pourquoi Jin faisait toujours ça ?

─ Bien sûr qu'on s'est protégé, espèce d'imbécile à grande bouche ! Je dois juste acheter des trucs pour ce soir, j'ai plus rien dans mes placards.

Shizuka était douée pour mentir. Après tout, ça faisait maintenant cinq années qu'elle faisait croire à ses amies qu'elle était seulement malvoyantes. En fait, à part Gojo, personne ne savait.

─ Et bah moi, je vais partir d'ici très vite parce que j'ai honte d'être avec vous, fit Fuyumi le rouge aux joues.

La pauvre allait faire une crise cardiaque à cause des paroles de Jin. Cette dernière se mit à rire et a charrier son amie, tandis que Shizuka se concentrait sur le fléau qui commençait à bouger un peu plus loin. Il fallait qu'elle parte maintenant, avant que quelqu'un ne soit blessé.

─ Bon, je vous laisse !

Et sans un mot, elle se fondit dans la foule, abandonnant ses amies derrière elles. Jin lui cria qu'elle n'avait pas besoin d'être si pressée, surtout qu'il n'était que 14 heures. Mais c'était trop tard, Shizuka était partie et déterminée à tuer du fléau.

***

Comme souvent lorsque l'un entre eux apparaissait, le bâtiment dans lequel la jeune exorciste venait d'entrer était vide. C'était d'ailleurs étrange de voir ça alors que le reste de la rue était très passant, mais ça n'était pas étonnant. Plus il y avait de monde regroupé à un seul endroit, et plus les émotions l'envahissaient.

Alors qu'elle montait les escaliers, elle se repérait grâce aux sons qui résonnaient contre les murs. Lorsqu'elle avait perdu la vue, l'ouïe de Shizuka s'était démultipliée. En fait, on pouvait presque la comparer à un dauphin ou une chauve-souris. Le moindre petit bruit qu'elle entendait provoquait des ondes, et comme un radar, elle pouvait voir les formes et les actions de tout ce qui l'entourait. C'était pour ça qu'elle pouvait bouger aussi facilement. Et c'était pour ça qu'elle ne pouvait jamais choisir quelle couleur elle voulait porter. Elle ne les voyait pas. Elle ne pouvait pas lire non plus.

La veille, quand elle s'était retrouvée en boîte de nuit avec ses amies et Gojo, ça avait été compliqué pour elle. Heureusement que son ancien camarade d'école l'avait guidé, parce qu'avec le trop plein de bruit, Shizuka avait eu énormément de mal à bouger.

Soudain, du mouvement se fit ressentir à quelques mètres au delà de sa position. Elle se trouvait au bout d'un très long couloir, et des portes donnaient sur de grandes pièces vides de part et d'autres. Avant d'aller plus loin, Shizuka invoqua son arme. On la lui avait donné et à présent, elle en prenait grand soin. Mais elle était bien trop grande pour pouvoir se balader avec sans attirer l'attention, alors elle la laissait chez elle, et grâce à un sort qu'elle avait posé dessus, elle pouvait transporté l'objet jusqu'à elle.

Depuis qu'elle avait quitté l'école d'exorcisme de Tokyo, le niveau de Shizuka n'avait cessé d'augmenter. À ses quinze ans, elle se battait à mains nues contre des humains, et leur faisait généralement passer un mauvais moment. À seize ans, elle avait appris ses premiers sorts. A dix-sept ans, elle était passée en grade 1 et elle avait hérité de Tamonten, sa double lance. Elle avait quitté le lycée après sa dernière année sans connaître son vrai niveau, et cinq années étaient passées depuis.

Tamonten se matérialisa dans sa main droite. Le bâton était plus grand qu'elle, et les deux lames qui se trouvaient de part et d'autres pouvaient couper n'importe quoi, même son utilisateur s'il ne savait pas maîtriser son arme. Après tout, c'était le genre de lance qu'il était difficile de prendre en main. Un faux mouvement et l'une des extrémités pouvait trancher un pied.

D'un pas lent mais décidé, Shizuka avança vers le fléau, qui avait senti sa présence. Le combat allait s'engager, et il allait être acharné. La jeune femme pouvait sentir sa puissance de sa position. Mais ce que le fléau ne savait pas, c'était que les exorcistes pouvaient cacher leur puissance. Et il allait y goûter.


Vous trouvez comment les amies de Shizuka ? mdrr

Et vous avez le droit à quelques nouvelles explications quant à son ouïe, j'espère que c'est assez clair ! 

N'hésitez pas à liker, commenter, voire partager si vous pensez que ça peut intéresser des gens, l'histoire avance doucement à l'écrit mais sachez que le scénario, par contre, se construit de plus en plus... 

A la prochaine, dans je sais pas combien de temps parce que je suis la pire limace ptdrr

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