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Chapitre 43

       

J'ai passé beaucoup de temps à réfléchir après le départ de mon amie. J'ai dressé la liste des pour et des contre, noté mentalement d'en parler à ma mère et à mon frère, toujours de bon conseil.

J'avais l'impression d'y voir clair et je suis maintenant complètement embrouillée, triste de m'être disputée avec Charlotte, et comme toujours, je reporte ma colère contre Thomas. Je lui en veux d'avoir troublé la tranquillité de ma vie, d'être venu me retourner la tête avec ses grandes idées au moment où j'avais retrouvé un semblant d'équilibre. Et surtout, de m'avoir prouvé avec son retour que les choses ne seront jamais simples entre nous. Que, quels que soient mes efforts, je ne pourrai jamais lui être indifférente.

Je me lève plus tôt le lendemain matin et essaye d'appeler Charlotte avant son premier cours, à huit heures, mais elle me bascule immédiatement sur messagerie. Je me résigne à lui envoyer un sms où je lui présente mes excuses mais évidemment, mon message reste sans réponse. 

Je vais travailler pour une fois sans enthousiasme, écrasée par les regrets, l'angoisse et le manque de sommeil. 

Comme prévu, Capucine me rejoint à la boutique à midi et nous nous dirigeons vers la grande artère commerçante de la ville où se trouvent de nombreuses boutiques de prêt à porter.

Mon amie est d'humeur égale, ne fait aucune allusion à ce qui s'est passé la veille. Malgré ses paroles d'hier, j'avais peur qu'elle ne soit du côté de sa sœur et qu'elle refuse elle aussi de me voir. Je suis soulagée que ce ne soit pas le cas. Elle intervient pourtant au moment où je fais mine de passer un coup de fil, entre deux boutiques.

— Laisse-la.

— Pardon ?

— C'est Charlie que tu appelles non ? Laisse-la, Loulou, elle a besoin de temps. Je la connais, ça ne sert à rien de la harceler, tu vas la braquer encore plus. Laisse-lui quelques jours, le temps pour elle de digérer tes mots, de comprendre que tu ne le pensais pas vraiment et de laisser la colère retomber.

— Tu crois vraiment ? C'est la première fois qu'on se fâche...

— Ça devait bien arriver un jour. C'est pas si grave. Puisque tu t'excuses et que tu es désolée, ça s'arrangera. Bon,  tu viens ? J'ai besoin de nouvelles chaussures aussi, et si on veut avoir se temps de se poser, faut pas traîner.

En moins d'une heure, nous dégotons ensemble un jean flare qui met en valeur ses rondeurs, une jupe trapèze, une robe en jersey et deux blouses fluides. Je lui fais aussi acheter quelques bijoux fantaisie, une veste de tailleur et une paire de bottines qui changeront de ses éternels mocassins.

Nous nous installons ensuite dans un café pour grignoter un panini avant que je ne reparte travailler. Capucine dispose ses paquets autour d'elle, rayonnante.

Depuis le lycée, elle n'a pas changé. Son petit carré blond foncé, ses lunettes, ses jeans et pulls sans âge. Je suis sûre qu'il y a sa photo dans le dictionnaire à la page de la définition d'instit. Mais avec son nouveau style, elle est complètement différente. Aujourd'hui, elle a même mis du rouge à lèvres, je crois que c'est la première fois que je vois ça. Même à son mariage, elle n'était pas si jolie. Et surtout, elle me semble vraiment épanouie.

— Eh bien, il en a de la chance Thibault d'avoir une femme neuve à la maison...

Elle esquisse un petit sourire gêné avant de se replonger dans la dégustation de son sandwich. Je la dévisage, intriguée.

— C'est une manière de relancer votre couple ?

— Oh, on peut dire ça...

— D'accord, on n'est pas obligé d'en parler. C'est ta vie privée, je fais, un peu vexée d'être privée de confidence alors que je vois bien que sa transformation subite n'est pas sans raison.

— J'avais juste envie de changer un peu.

— C'est pas un peu, Capou, c'est beaucoup.

Elle ne saisit pas la dernière perche que je lui tends et ne répond rien. Tant pis. Je termine rapidement mon déjeuner, avale un expresso et repart en direction de ma boutique après l'avoir embrassée.

Je laisse encore passer deux jours, deux longues journées avant de rappeler Charlotte le vendredi soir, décidée à aller sonner chez elle si elle refuse encore de me parler. Heureusement, elle répond à mon second appel. Sa voix est plutôt froide, tendue, mais il n'y a plus de colère. Je m'excuse le plus platement possible, et elle m'écoute déblatérer tous mes regrets sans intervenir. Quand elle reprend la parole, son ton est neutre, sans trace d'agressivité, mais sans compromis non plus.

— Lou, tu es jalouse.

— Jalouse ? Je... Non, c'est juste que...

— Si. Ce que tu m'as dit, c'est le reflet de ta jalousie. Comment as-tu pu penser que je pouvais être intéressée par lui ? Tu ne supportes simplement pas qu'une femme s'approche de Thomas. Est-ce que tu es toujours amoureuse de lui ?

— Non.

— La vérité, Lou.

— Non, promis juré craché.

— Ça va, n'en fais pas trop, tu t'enfonces. Ecoute, il est à nouveau dans ta vie maintenant. Si vous décidez de travailler ensemble, il sera même dans ton quotidien. Il faut que tu définisses clairement tes sentiments pour lui et ce que ça implique parce qu'un jour, il va rencontrer quelqu'un, peut-être se marier, avoir des enfants. Tu dois être prête à cette éventualité.

Je déglutis lentement. Cela ne m'avait même pas effleuré l'esprit.

— Lou, murmure Charlotte. Il ne t'appartient pas. Tu dois l'accepter.

Je raccroche, la gorge nouée.

✨✨✨✨✨

Le lendemain soir, Serge est déjà là quand j'arrive. C'est un peu étrange pour moi, je ressens comme une bouffée d'angoisse, comme si on empiétait sur mon espace vital. Depuis la fac, et ma colocation avec Caro, je n'ai jamais vécu avec personne et c'est la première fois que je rentre chez moi pour y trouver quelqu'un. Un homme de surcroît. C'est pourtant moi qui lui ai donné mes clefs. Je l'embrasse à peine et vais m'enfermer dans la salle de bain pour y trouver un peu de calme et la solitude dont j'ai besoin pour faire la transition entre ma journée de travail, éreintante, et la soirée. Serge ne m'entend pas sortir, il est affairé en cuisine. Il a allumé quelques bougies dans l'appartement. Malgré moi, je souris. Finalement, cet homme-là va plutôt bien dans mon intérieur. Il se retourne enfin, et m'aperçoit, appuyée contre le chambranle de la salle de bain. Ses yeux dorés me détaillent, l'air appréciateur.

Bien décidée à réitérer ma technique de la semaine précédente, je ne porte qu'un déshabillé rouge, en dentelle et soie, assez évocateur. Lentement, il s'approche de moi, jusqu'à me plaquer contre la porte. Je passe mes mains dans ses cheveux blonds. Son odeur musquée m'électrise, comme les baisers qu'il dépose de ma nuque à mon épaule.

— Tu en as beaucoup des tenues de ce genre ? demande-t-il dans un grognement.

— Un tiroir plein.

— Quel bonheur...

Le reste du week-end se termine aussi bien qu'il a commencé. Il fait un temps épouvantable le lendemain, la pluie et le vent font trembler les velux de l'appartement. Nous passons la journée à l'intérieur, sans nous habiller, à regarder des films sous le plaid en nous goinfrant de chocolat et à lire, ma tête sur ses genoux, tandis qu'il caresse mes cheveux. 

A aucun moment au cours de notre demi-week-end nous n'abordons le sujet de Thomas ou de la librairie et je suis soulagée de pouvoir me sortir un peu ces histoires de la tête. Je sens que chaque journée avec Serge, chaque moment de tendresse et d'intimité partagé avec lui m'éloigne un peu plus de mon passé, et cela me soulage autant que ça me ravit.

Il n'en reste pas moins que je dois prendre une décision.

J'essaye d'arranger un déjeuner avec ma mère, afin de lui exposer mon choix à faire. C'est une personne sensée, réfléchie et j'ai confiance en son jugement. Je refuse pour le moment d'en parler à mon père. Même s'il s'est contenu lors du baptême, je sais qu'il n'est pour le moment pas envisageable pour lui que je puisse travailler pour mon ex-petit copain. Le problème, c'est que depuis un an que mes parents sont retraités, ce n'est pas évident de les voir l'un sans l'autre. Si mon père sait qu'elle déjeune avec moi, il voudra venir aussi.

Je me résous à patienter jusqu'au dimanche suivant. Je m'invite à manger et profite du fameux moment où nous faisons la vaisselle toutes les deux.

Mon père est au salon, somnolant devant les émissions du dimanche après-midi, c'est maintenant ou jamais.

Ma mère m'écoute, les sourcils froncés. Quand j'ai fini, elle délaisse le reste de vaisselle dans l'évier, s'essuie lentement les mains et va faire chauffer de l'eau. Sans mot dire, elle nous prépare deux infusions verveine-menthe.

— Pas de tisane pour moi, je préfèrerais un café.

— Non, tu en as déjà bu trois.

— Ah.

Même quand on a vingt-huit ans, une maman reste l'autorité suprême, surtout la mienne.

Elle ferme la porte de la cuisine, m'invite à m'assoir à table, devant nos tasses.

— Je ne vois pas le problème, Loulou.

— Il y en a deux pourtant. Deux majeurs. Déjà mon ami n'est pas chaud...

— Je ne connais rien de cet homme ma chérie, pas même son prénom, ajoute-t-elle comme un reproche, mais ce que ma longue expérience m'a apprise c'est qu'il ne faut jamais faire les choses en fonctions de ce que souhaitent ou attendent les autres. Cette décision est la tienne, ton ami n'a pas son mot à dire.

— Je sais, Mamoune, je suis d'accord. Mais surtout, je ne sais pas si j'arriverai à travailler avec Thomas... Je ne suis plus amoureuse de lui, j'ajoute très vite, parce que je sais qu'elle aussi va me poser la question. Mais malgré tout, les sentiments que j'éprouve à son égard sont... comment dire... très contradictoires.

— Je ne comprends pas.

— J'ai peur.

— De quoi as-tu peur ?

— De tout. De ne pas réussir à lui pardonner, à lui faire confiance et que ça envenime nos relations, de le voir tous les jours et de ne jamais réussir à passer à autre chose.

Ma mère reste silencieuse, tournant pensivement sa cuillère dans la tasse puis elle me regarde un instant avant de reprendre.

— Quand tu étais petite, six, sept ans peut-être, avec papa, on a décidé de te faire donner des cours de natation à la piscine municipale. On te regardait depuis les gradins. Tu progressais très vite, en quelques séances tu savais nager sur le dos, faire la planche, tu mettais la tête sous l'eau. Tu t'en souviens ?

Je secoue la tête, en signe de dénégation.

— Tu te débrouillais bien donc, mais tu refusais catégoriquement de sauter dans l'eau. Tous les camarades de ton groupe le faisaient, mais avec toi, rien à faire, même avec une frite, ou en te donnant la main, le maître-nageur ne parvenait pas à te raisonner. Un jour, papa et moi sommes allés faire quelques courses, tu es restée à la maison avec Nico. Tu sais que ton frère avait très peur des araignées, plus jeune ?

— Mais t'as mis de la tequila dans ta tisane ? Je ne comprends rien à ton histoire.

— Alors tais-toi et laisse-moi finir. Ce jour-là, vous regardiez la télévision, et une grosse araignée a surgi dans le salon. Tu t'es mise à hurler, complètement hystérique et ton frère, malgré sa phobie, n'a pas eu d'autre choix que de la tuer pour te calmer. Il était très fier d'avoir affronté sa peur pour protéger sa petite sœur. Le samedi suivant, à la piscine, tu es monté sur le plot au bord du bassin sans que personne ne te demande rien -le maître-nageur avait abandonné depuis un moment-  et tu as sauté. Tu as poussé un hurlement terrible, tous les gens de la piscine se sont tus, effrayés, et quand tu es réapparue à la surface de l'eau, tu riais. Tu venais de découvrir, seule, sans y être obligée, le plaisir immense de gagner contre sa peur. Tu vois où je veux en venir maintenant ?

— Oui, murmuré-je.

Je repense au soir où Thomas m'a fait sa proposition, il y a deux semaines. Quand j'hésitais à entrer dans le restaurant, je m'étais jeté à l'eau comme on saute du plongeoir. J'y vais mais j'ai peur. J'ai peur mais j'y vais.

— Louise, une des raisons qui me rend si fière de Nicolas et toi, c'est que vous êtes des âmes fortes. Vous savez ce que vous voulez, et vous vous êtes toujours donné les moyens de l'obtenir, quoi que ça ait pu vous coûter. Lui avec l'araignée ou Solène, toi avec ton plongeon ou quand tu as refusé de suivre Thomas, quitte à foutre ton histoire d'amour en l'air. Alors Loulou, la seule question à te poser aujourd'hui c'est : est-ce que tu veux diriger une librairie ?

— Oui.

— Alors fais-le. Le reste, c'est secondaire.

Pas plus que je ne tolère les addictions, je ne supporte pas le laisser aller. Je fais du sport, ne sors jamais sans être correctement coiffée ou maquillée. Mes vêtements sont soigneusement repassés, mon intérieur toujours propre. J'assume toutes les décisions que j'ai prises. Je mène ma vie comme je l'entends, je décide de tout, je suis maître de moi-même, que cela concerne mes gestes, mes habitudes, mon corps. Ce soir, galvanisée par le discours de ma maman, je décide que je vais aussi contrôler mes émotions. Ça ne doit pas être si compliqué.

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