Chapitre 9
Quelques mois plus tard
Click-Clock. Click-Clock. Click-Clock. Click-Clock Click-Clock. Click-Clock. Click-Clock. Click-Clock. Click-Clock. Click-Clock. Click-Clock. Click-Clock. Click-Clock. Click-Clock. Click-Clock. Click-Clock.
Le pendule de l'horloge se balançait dans un mouvement continu de droite à gauche, puis de gauche à droite et ainsi de suite, à l'infini, son bruit caractéristique se répétant sans cesse.
Je me trouvais juste en-dessous, allongé, fixant le pendule de manière hypnotique depuis un temps indéterminable. Après tout, j'étais confiné à la maison depuis trois mois déjà, et l'horloge semblait être ma nouvelle source de distraction du moment. La télévision avait été délaissée, les livres également. Seule la solitude était mon amie en ce moment. Tout du moins, elle était chassée le soir et revenait le matin, lorsque je me retrouvais encore seul.
Je poussai un long soupir d'ennui, me laissant finalement bercer par le son itératif du pendule et m'endormant sur le plancher.
Je fus réveillé par une porte brusquement claquée, des éclats de voix retentissant dans l'entrée.
Je me relevai sur mes coudes, l'esprit encore embrumé.
Ce fut Lenny qui s'afficha le premier dans le salon tandis que j'apercevais les enfants monter poser leurs affaires dans leurs chambres respectives.
« Solius ? Que... Que fais-tu allongé sur le sol ?, lâcha-t-il, stupéfait devant ma position.
- Je me trouvais un nouveau compagnon de jeu, marmonnai-je alors que mon époux venait m'aider à me relever.
- Solius, si tu veux dormir, fais-le plutôt sur le canapé, soupira mon partenaire face à mon entêtement.
- Lennyyyy, j'en ai marre d'être seuuuul...., me plaignis-je tel un FuryFuryus tout en plongeant mon visage dans son cou alors que je me trouvais soulevé dans ses bras.
- Solius, je viens de rentrer des champs, je ne dois pas sentir exceptionnellement bon, déclara nonchalamment mon mari.
- Je m'en moque..., grommelai-je, tu m'as tellement manqué... »
Sa prise se resserra autour de moi avant qu'il ne me dépose sur le canapé.
« Solius..., chuchota l'hybride en voyant que je refusais de le lâcher, s'il te plaît, laisse-moi aller prendre une douche, préparer le repas, et je pourrais m'occuper de toi après.
- J'ai déjà fait le repas... », confiai-je à demi-mot.
Son regard devint plus sévère face à mon aveu.
« Solius, je t'avais demandé explicitement de ne pas t'approcher de la cuisine, me sermonna mon compagnon.
- Lenny... je n'ai pas quatre ans, réfutai-je tout en le lâchant, et je sais très bien ce que je fais.
- Et si jamais il t'arrivait un accident ? Tu en es à ton huitième mois et tu peux être extrêmement fragile, tu-, s'inquiétait mon époux avant que je ne l'interrompe.
- Lenny. Tu es trop paranoïaque. Je me porte comme un charme, si on excepte les nausées du matin et ma fatigue habituelle. Donc, tu n'as pas à t'inquiéter autant, le rassurai-je en posant sa main sur mon ventre bien trop rond à mon goût.
- D'accord... », concéda-t-il simplement alors que ses oreilles s'étaient baissées en signe de soumission.
Il finit par se détourner et partir à l'étage, sûrement pour se changer. Je soufflai un bon coup, épuisé de me battre à chaque fois pour rassurer cette tête de mule qui s'imaginait les pires scénarios.
« Maman ! Maman ! », s'exclama soudainement une petite voix que je connaissais bien.
Ma fille Lya se précipita à toute vitesse, tenant la main de son frère Lims, vers moi afin de monter sur le canapé pour se placer à côté de moi. Les deux se positionnèrent chacun d'un côté, se posant contre moi.
« Maman, maman, tu vas bien ?, s'inquiéta Lya en apercevant mes cernes sous mes yeux.
- Oui, ne t'en fais pas, je vais bien », mentis-je.
Je m'efforçai alors de sourire pour dissiper le doute même si cela ne sembla les convaincre qu'à moitié.
« Que pouvais-je leur dire ? Pas la vérité... Je ne pouvais pas leur avouer que mes sautes d'humeur avaient été assez fréquentes ces derniers temps, surtout envers ce pauvre FuryFuryus qui se contentait de tout prendre sans rien dire, que mes nausées me pourrissaient toutes mes matinées et que le poids de mon ventre était atrocement douloureux pour mon dos... Non, ce n'était pas quelque chose que je pouvais confier à mes enfants. », pensai-je avant de me recentrer sur le présent.
« Tout ça, c'est la faute de papa, reprit ma fille en gonflant ses joues, si seulement il avait mis moins d'œufs dans le ventre de maman. Maman ne serait pas malade »
Son honnêteté me fit éclater de rire pendant plusieurs secondes, avant de me calmer rapidement.
« Ne le blâmez pas trop, votre père n'a pas choisi le nombre d'œufs. Il ne pouvait pas savoir que je porterai des jumeaux, expliquai-je, un sourire aux lèvres.
- À quoi ils ressembleront ?, s'enquit soudainement Lims, ses oreilles frétillant de curiosité, changeant de sujet.
- Sûrement à maman !, répondit Lya avec enthousiasme.
- Pourquoi ils ne ressembleraient pas à papa ?, questionna mon fils.
- Parce que maman est celui qui pond les œufs ! Ça doit toujours être comme ça, annonça avec sérieux la petite.
- Non, ils peuvent ressembler à papa aussi, réfuta le cadet.
- Non, ce sera maman, se mit à bouder ma fille.
- Papa, rétorqua Lims.
- Maman », répondit Lya.
Et s'ensuivit une dispute entre les deux sous mon regard épuisé avant que je ne les intercepte, souhaitant éviter que la situation ne s'envenime.
« Ça suffit vous deux, les grondai-je, ils pourront autant ressembler à votre père qu'à moi, voire même à nous deux. Maintenant, arrêtez de vous disputer, vous me donnez mal à la tête.
- Pardon maman », s'excusèrent les deux en même temps en venant se blottir contre moi.
Un certain silence prit place avant que les bavardages incessants de Lya ne reprennent, racontant comment sa journée s'était passée, suivis de ceux de Lims un peu plus ténus. Selon ma fille en tout cas, Monsieur Perceval semblait être un bon instituteur, me remplaçant le temps de ma grossesse et de la durée de mon congé maternité. Les regards que m'adressaient les autres tuyauriens étaient assez drôles en y pensant, allant de l'admiration à la confusion. Mais il semblerait que, grâce à la notoriété de Lenny et de FuryFuryus, le village m'avait déjà accepté malgré... cette transformation biologique assez bizarre.
Peut-être que le plus grand changement s'était plutôt produit chez Vernon, qui s'était mis à me vénérer comme un dieu depuis que je « portais la progéniture parfaite » de Lenny. Son comportement, à mon égard, avait donc fait un 360°. Je ne m'en plaignais pas plus en réalité, il était devenu supportable au moins. Et de toute façon, je ne l'appréciais pas tant que cela mais... il était un ami de Lenny, un de ses rares vrais amis pour le coup. En fait, Vernon était vraiment un cas à part...
Je secouai la tête, chassant toutes ces pensées insensées et écoutai plus attentivement le récit de ma fille.
Le reste de la soirée se déroula alors de la même manière que les autres, assez tranquille en somme, FuryFuryus nous ayant rejoints plus tardivement.
Je baillai à m'en décrocher la mâchoire, m'allongeant, enfin..., m'étalant plutôt dans le lit double afin d'essayer de trouver une position confortable malgré le poids important de mon ventre, ce qui était assez compliqué.
Lorsque mon époux me rejoignit, après avoir couché les petits, il se glissa furtivement dans le lit, me surprenant comme à chaque fois.
« Veux-tu que je t'aide Solius ?, me murmura-t-il en rapprochant mon dos contre son torse, m'enlaçant et permettant à ses bras robustes de soutenir mon ventre.
- Hmmm », répondis-je tout en poussant un soupir de soulagement, le poids se faisant moins important.
J'entendis un vague « bonne nuit » souhaité par mon compagnon, lui marmonnant un autre en retour, et je sombrai dans un sommeil profond.
Le lendemain
Lenny se leva silencieusement, laissant son époux maugréer dans son sommeil et trouver une position plus confortable pour lui sans sa présence.
Il s'habilla alors, tout en en profitant pour rassembler sa longue chevelure blanche en une queue de cheval haute, avant de quitter la chambre et de descendre les escaliers, rejoignant une autre personne dans la cuisine.
« Ah, te voilà, lâcha FuryFuryus en l'apercevant, rangeant sa tasse, on y va alors ?
- Attends, il faut que je prévienne les enfants avant », déclara simplement l'hybride avant de se préparer un sandwich rapide et de sortir de la cuisine pour se diriger vers le canapé.
Les deux petits s'étaient déjà levés et installés devant la télévision, regardant des dessins animés diffusés par des cassettes, Solius et lui vérifiant et sélectionnant toujours les films avant de les montrer aux enfants. Ils avaient également jugé bon de ne les laisser regarder la télé que certains soirs, s'ils acceptaient, et les week-ends. Il s'approcha d'eux avant de se placer juste devant l'écran.
« Lya, Lims, j'ai besoin de toute votre attention, annonça simplement le père.
- Oui papa ? Qu'est-ce qu'il y a ?, s'enquit l'aînée en mettant sur pause le dessin animé, son frère levant la tête vers l'adulte lui aussi.
- Je vais vous laisser avec maman aujourd'hui, expliqua doucement Lenny en s'agenouillant près d'eux, c'est son anniversaire et tonton Fufu et moi allons partir au marché lui acheter des petits cadeaux. Je veux que vous veilliez sur lui et que vous l'aidiez. Maman s'épuise facilement et a besoin de l'aide de ses deux enfants forts pour prendre soin de lui. Vous pouvez faire ça pour moi ?
- Oh oui papa ! On fera attention à ce que maman soit pas triste de pas te voir !, enchérit Lya avec enthousiasme, son frère acquiesçant en même temps.
- Juste, laissez-le dormir et si vous avez un problème, vous m'appelez et vous allez chercher Monsieur Perceval juste à côté, d'accord ?, répéta l'hybride avec insistance, à chaque fois qu'il laissait les enfants avec juste son époux.
- D'accord papa, agréèrent les deux enfants d'un air sérieux.
- Bien je vous aime, prenez soin de vous, déclara avec tendresse le père en venant embrasser le front de ses deux petits, souriant joyeusement face au baiser impromptu.
- Toi aussi papa ! », souhaita joyeusement Lya alors que Lims tapotait dans ses petites mains d'encouragement.
Lenny sourit doucement face à sa famille, se sentant chanceux d'avoir des enfants aussi adorables et un compagnon aussi aimant.
Il se releva ensuite et les laissa continuer leur film. Il reprit son sandwich, et en compagnie de FuryFuryus, il sortit de la maison. Tous les deux se dirigèrent vers le marché silencieusement.
Le trajet fut au final mouvementé. Lenny se retint à plusieurs reprises d'étrangler l'être stupide à cornes qui n'arrêtait pas de tester sa patience sur plusieurs aspects.
Heureusement pour lui, son air nonchalant donnait l'impression que même si le monde s'écroulait, il ne réagirait pas. Intérieurement, il se retrouvait à donner des coups de pieds au crétin qui lui servait de compagnie.
« Vraiment, pensa l'hybride, je ne vois pas ce que lui trouve Solius. FuryFuryus est inintéressant au complet, si seulement je pouvais le bâillonner et l'enterrer quelque part. Dommage que cette idée puisse rendre triste mon Solius... »
Au bout d'une heure de marche et d'un très, très, très long monologue de FuryFuryus sur... tout, ils finirent par arriver au village, sur la Grande Place du marché, au plus grand bonheur de Lenny qui se mit à faire des emplettes. Il se contentait de chercher divers aliments qui plairaient à Solius et qui étaient possibles pour lui malgré sa grossesse. L'autre hybride faisait de même et s'accordait avec celui aux cheveux blancs sur leurs achats.
Lenny finit alors par refermer un sac, celui-ci déjà plein, sentant qu'il avait pris tout ce qui était nécessaire, jetant un coup d'œil à l'heure avant de couper court à la conversation poliment avec le vendeur dans un grand sourire nonchalant.
Il était déjà 10h et il ne pouvait se permettre de rester plus longtemps, ne souhaitant pas retrouver un Solius encore plus bougon que d'habitude et voulant également s'occuper du repas pour son anniversaire.
Alors qu'il se mettait à traîner l'idiot de service vers la sortie du marché, une figure étrange l'interpela. Un hybride se trouvait recroquevillé dans un coin, portant un gros pull d'hiver en cette chaleur, en plein été. Lenny lui-même était en chemise légère tandis que FuryFuryus était en T-Shirt. Ses vêtements n'étaient pas les seuls à sortir de l'ordinaire, son apparence ne passait pas inaperçue également. Ses oreilles noires et extrêmement basses, trahissant son état mental assez bas, ainsi que ses cornes noires, pas très grandes par rapport à la normale, dénotaient légèrement de l'apparence habituelle des hybrides. Ses cheveux, d'un noir corbeau, avaient été regroupés en une queue de cheval basse échevelée, tandis que ses yeux, de couleur obsidienne trahissaient une angoisse profonde. Enfin, autour de lui, une sorte d'aura sombre et emplie de désespoir ainsi que de culpabilité flottait dans l'atmosphère.
Lenny jeta un coup d'œil à son poignet, celui-ci portant deux bracelets de fleurs, un complètement desséché, heureusement entouré d'une protection pour durer, tandis que l'autre était constitué de fleurs fraîches, ayant été tressé quelques jours auparavant par son époux. Il soupira avant de se décider. Il lâcha alors l'autre abruti et se dirigea vers l'inconnu, déposant promptement son bracelet neuf aux pieds de la personne moribonde puis continua son chemin.
Un FuryFuryus finit par le suivre en râlant, portant des sacs bien plus lourds, dépassant l'étranger sans le calculer. Ce dernier avait d'ailleurs fini par poser ses yeux sur l'objet offert. Il le ramassa avant de le regarder sous tous les angles. Il se leva brusquement, reconnaissant la marque de celui qui l'avait fabriqué. Il se mit alors à poursuivre les deux autres personnes, les appelant doucement.
« Messieurs..., déclara-t-il d'une toute petite voix avant de venir se placer devant l'hybride à la chevelure blanche, le faisant s'arrêter net, je... merci... pour... le... bracelet... puis-je... juste... savoir qui l'a fait... s'il vous plaît ?
- Comment ?, questionna Lenny, n'ayant pas compris un traître mot débité par son interlocuteur à cause de sa voix trop basse.
- ROOOOH ! C'est bon !! Donne-lui juste une pièce au clochard pour qu'on puisse y aller !, renchérit un FuryFuryus outré, surgissant derrière Lenny.
- Fu... FuryFuryus ? », lâcha soudainement la voix de l'autre personne.
Un silence s'ensuivit à ses mots, le concerné fronçant les sourcils au départ avant que ses yeux ne s'écarquillent.
« ORIUUUUUS ??????, s'écria ce dernier d'une voix suraigüe avant de se prendre un sac en pleine face.
- Tu n'as pas besoin de me percer les tympans, je ne suis pas sourd, souffla un Lenny courroucé.
- Non mais roooh !, répliqua l'autre hybride en roulant des yeux, Sinon, Orius ! Je suis si heureux de te voir !! Comment vas-tu ???
- Je... euh... bien........, confia celui-ci alors que ses oreilles s'abaissaient.
- Oh euh..., lâcha le jeune homme embarrassé, hum, je... je vois. Est-ce que tu viens juste d'arriver ?
- Oui... il y a quelques jours, avoua-t-il en détournant le regard.
- Orius ?, interrompit soudainement Lenny, attirant l'attention des deux autres, c'est bien toi le meilleur ami de Solius, n'est-ce pas ?
- Tu, tu connais Solius ?, demanda d'une petite voix le concerné, ses yeux pétillant de vie alors que quelques larmes coulaient sur ses joues, ses oreilles se relevant légèrement.
- Oui, je peux t'emmener le voir, affirma l'hybride aux cheveux blancs avant de se tourner vers le comique de service, se vantant alors, j'ai trouvé mon cadeau, moi.
- MAIS ?? QUE ??? », s'étonna FuryFuryus avant de rouler des yeux exagérément.
Et sur ces mots, Lenny posa un de ses sacs dans les bras du colocataire, se retrouvant alors avec trois contenants à transporter. Il saisit ensuite gentiment le bras du dit Orius et l'emmena avec lui, ignorant l'imbécile fulminant laissé derrière lui.
« Je m'appelle Lenny au fait, se présenta nonchalamment l'hybride.
- Et moi Orius », énonça timidement le jeune homme.
Son interlocuteur ne répondit alors que d'un simple hochement de tête poli, marchant d'un pas rapide tout en l'emmenant avec lui.
Orius observait en même temps le paysage au fur et à mesure du trajet, entendant parfois au loin les protestations de son ami FuryFuryus. Il sourit doucement, se sentant ébranlé de l'intérieur, ignorant à vrai dire à quel point Solius devait avoir changé. Il avait à peine reconnu FuryFuryus pour être honnête, celui-ci paraissant plus vieux et plus 'mature', également plus grand.
Il secoua la tête d'un air négatif, son meilleur ami n'aurait pas changé à ce point. Enfin, il avait tout de même l'impression que plusieurs années s'étaient écoulées.
Finalement, le groupe arriva à destination, s'approchant d'une grande maison à un étage, aux murs blancs, un jardin bien entretenu, une balançoire oscillant légèrement à cause de la brise. Orius admira la demeure devant lui, lui paraissant bien plus accueillante et chaleureuse que la sienne, beaucoup plus petite. Juste à côté, la maison voisine était de forme ronde, ressemblant étrangement à un poulailler. Il s'extirpa de son observation insistante sur cette seconde habitation pour se recentrer sur celle devant lui, dorénavant sur le palier de la maison.
« Est-ce que Solius vit tout seul ? Ah non, il y a FuryFuryus, heureusement. Au moins, il n'est pas resté tout seul, soupira intérieurement l'hybride, est-ce qu'il manque d'argent par contre ? Pour vivre avec deux colocataires ? Solius, pardon... »
La porte d'entrée s'ouvrit et tous deux rentrèrent, refermant rapidement pour laisser la chaleur de l'été à l'extérieur. Orius se referma sur lui-même, sentant la fraîcheur de la climatisation du salon lui caresser la peau, et il se frotta les bras pour se réchauffer.
« Mets-toi à ton aise, je dois ranger les courses », déclara nonchalamment Lenny avant de l'abandonner dans le vestibule.
Son interlocuteur acquiesça, s'avançant alors timidement vers le salon avant de percuter doucement deux petites figures.
« Oh pardon, s'excusa-t-il en reculant en remarquant qu'il s'agissait de deux enfants.
- C'est pas grave !!, s'exclama la fille, qui ressemblait trait pour trait à son ami FuryFuryus, avec la même intonation.
- Hmm, affirma le garçon, plus petit, tenant la main, sûrement, de sa sœur, et semblable à ce Lenny.
- Et toi ? Tu es qui ? Oh ! Pardon, se reprit l'enfant avant de recommencer, je veux dire, bonjour ! Moi, c'est Lya, et lui, c'est mon petit frère Lims !
- Bon-bonjour, je m'appelle Orius, ravi de vous rencontrer, salua de manière embarrassée le concerné.
- Pourquoi tu es tout triste au fait ?, questionna la fille, moi, quand je suis triste, maman m'apporte un gros chocolat chaud et papa me lit une histoire et hop, je suis plus triste après.
- Et moi, maman ou papa me serre très fort dans ses bras et après, plus de tristesse, enchérit le garçon.
- Tu veux jouer avec nous Orius pour plus être tout triste ??, proposa gentiment la dite Lya.
- D'abord, papa a dit qu'on devait réveiller maman, interrompit Lims.
- Oh oui ! C'est vrai ! On revient Orius ! », termina la sœur avant d'emmener son frère à l'étage, disparaissant de la vision de l'hybride.
Ce dernier se demandait alors combien de résidents se situaient dans cette maison.
La porte d'entrée s'ouvrit à nouveau, laissant pénétrer un FuryFuryus pantelant et ruisselant de sueur.
« PFFFFF, me laisser derrière avec autant de sacs !! Je suis quoi pour eux ?? Un esclave ??, grommela FuryFuryus avant de se traîner dans le couloir sous l'air inquiet d'Orius, Et bien ils ont raison ! Ou pas ! Seulement de la vaisselle Môssieur ! »
L'insurrection du jeune homme continua jusque dans la cuisine sous le regard stupéfait de son ami, perturbé par les comportements étranges des uns et des autres depuis qu'il était arrivé en Tuyauterie.
Il ne sut où alors se placer, gêné, et préféra rester au milieu du couloir, debout, attendant qu'on vienne le chercher comme un agneau égaré, ses oreilles se baissant.
Pendant ce temps-là
On me secoua doucement, presque avec hésitation, sûrement pour me réveiller. J'ouvris les yeux, tombant sur mes deux enfants qui me fixaient avec de grands yeux.
« Hmm ? Quoi ?, marmonnai-je en me frottant les paupières.
- Maman, maman, il est plus de 11h ! Papa nous a demandé de te réveiller ! Il a même amené un invité !, m'expliqua Lya.
- Oh, je vois..., soufflai-je, en me redressant en même temps et en me tournant dans leur direction, plaçant une main sous mon ventre lourd.
- Maman, maman, tu veux de l'aide ?, me proposa gentiment ma fille.
- Non, ça ira, gloussai-je, c'est très gentil mais maman peut se lever comme un grand.
- Au fait maman, joyeux anniversaire !, me souhaita brusquement la petite, suivie promptement par son frère.
- Joyeux anniversaire maman, me confia-t-il, les deux venant m'enlacer et se blottir contre moi.
- Oh. Oh c'est vrai, me rappelai-je, ayant complètement oublié, c'est gentil, merci.
- Maman, viens, on t'a prévu des cadeaux !!, m'encouragea ma fille en me tirant doucement le bras.
- D'accord, d'accord, allez me chercher vos cadeaux et mettez-les dans le salon, laissez maman se lever à son rythme, soupirai-je, épuisé malgré mon réveil aussi tardif.
- D'accord ! », agréèrent les deux petits en même temps avant de se précipiter hors de la chambre pour se diriger vers les leurs.
Je secouai la tête, amusé par leur enthousiasme aussi important. Je finis ainsi par me lever, lissant un peu ma chemise de nuit bleue, coiffant promptement mes longs cheveux pour qu'ils soient présentables, avant de me dandiner hors de la chambre.
« Un invité ?, pensai-je alors que je voyais Lya et Lims sortir de leurs chambres respectives, avec des boîtes emballées, pour se précipiter vers les escaliers, les descendant à grand bruit, sûrement Vernon. Si ça avait été Monsieur Perceval, les enfants auraient donné son nom alors qu'ils connaissent peu Vernon, quoi qu'il eût tendance à se montrer un peu plus »
J'approchai des escaliers, apercevant une silhouette en bas, visiblement embarrassée, ne sachant pas où se mettre. Il avait l'air jeune, peut-être 18 ans, et il se triturait les mains timidement, ses oreilles tellement baissées qu'elles pourraient presque toucher ses épaules. Je ressentis de la peine pour lui, un sentiment de familiarité et de nostalgie m'envahissant.
Je m'apprêtai à l'aborder lorsque FuryFuryus surgit, m'interrompant :
« Oh bah Soliuuuuus ! Tu es enfin levé gros beau au bois dormant !, se moqua mon ami sous l'air surpris du nouveau venu.
- Toi !!, persifflai-je en me mettant à descendre les escaliers d'un pas tristement lent et en le pointant du doigt, attends que je t'attrape !!
- Ah ! Bah j'ai le temps de mourir trois fois !, railla l'hybride en commençant à courir au ralenti.
- Tu vas prendre cher FuryFuryus !! », m'écriai-je en arrivant au rez-de-chaussée pour le poursuivre en marchant.
Ce dernier finit par sautiller comme un cabri en ricanant comme un bossu.
« C'est qu'il se moque de moi en plus ce bougre ! », bouillonnai-je intérieurement.
J'arrivai à peine dans le salon que lui se situait déjà près de la table, dos à moi, tout en continuant à faire des bonds de lapin. Je ramassai alors une bûche servant au feu de cheminée, dans son panier, puis je visai sa tête, la lui envoyant à l'arrière du crâne. Il lâcha un « Ouille » avant de s'étaler lamentablement au sol sur son ventre, surpris dans sa marche. Je me déplaçai ainsi à grandes enjambées et finis par m'asseoir sur lui, sur son dos. Je me mis ensuite à lui tirer ses oreilles couleur châtaigne.
« Ouah Solius !! C'est douloureux !!, s'exclama le martyr en remuant des pieds et des bras.
- Espèce de chèvre mal élevée !! Répète un peu ce que tu as dit !!, le menaçai-je en accentuant ma prise.
- OUILLE, OUILLE, OUILLE ! PARDON SOLIUUUS ! JE PROMETS DE PLUS RECOMMENCEEEEEER !!, se plaignit ce dernier.
- Maman fait peur quand il s'énerve comme ça, chuchota Lya à son frère sur le canapé, debout contre le dossier, observant la scène.
- Hmm, approuva Lims en hochant la tête.
- Je me reeeeeends Soliuuuuus !! Je déclare forfait !!, certifia le malheureux qui souffrait, tapant des mains sur le plancher.
- Menteur ! Tu continues juste après ! Tu es pire qu'un gosse de 3 ans FuryFuryus ! Et je sais de quoi je parle !!, le grondai-je comme un bébé qui avait fait une bêtise.
- Mais mamaaaan ! Je serai sage ! Promis !!, reprit le martyrisé sur un ton enfantin.
- Et tu te moques de moi en plus !, remarquai-je en roulant des yeux, avant de lâcher ses oreilles et de lui taper sur la tête, pas trop fort, entre les deux cornes.
- Ouille ! Aie ! Ouille !, geignit l'hybride en plaçant ses mains sur son crâne pour se protéger, mais arrête Solius ! Lenny ! Aide-moiiii ! »
Le concerné, qui amenait les plats depuis tout à l'heure et les posait sur la table, se contenta de se tourner dans notre direction avant de jeter un regard nonchalant sur la scène. Il haussa simplement des épaules avant de l'ignorer.
Heureusement pour le torturé, la fatigue me prit et j'abandonnai ma colère, finissant par lui asséner un dernier coup sur la tête avant de me lever, difficilement, puis de me diriger vers la table, m'appuyant dessus.
« La prochaine fois que tu te moques de moi, fis-je d'un air suffisant pendant que mon ami se relevait lui aussi, aie au moins l'intelligence de ne pas le faire dans MA maison »
FuryFuryus me tira simplement la langue avant de s'enfuir en ricanant, partant se cacher derrière l'inconnu avant de le pousser dans le salon.
« Devine qui c'est Solius !, reprit soudainement mon colocataire.
- On est censés... se connaître ? », soufflai-je, perturbé.
L'autre baissa la tête alors que des larmes s'étaient mises à couler sur ses joues, murmurant d'une voix inaudible.
« Oh, mais pourquoi pleures-tu ?, m'exclamai-je en me dirigeant vers lui et en lui prenant le visage pour essuyer ses larmes d'une tendresse maternelle, je suis désolé d'avance si j'ai pu t'offenser, je... »
Il secoua doucement la tête de manière négative avant de saisir ma manche avec sa main.
« Je suis désolé Solius... Pardon... », s'excusa-t-il d'une voix que je ne connaissais que trop bien.
Mes yeux s'écarquillèrent avant que la réalisation ne me frappe.
« Orius ? C'est toi ? C'est bien toi ? », chuchotai-je tandis que je me mettais à pleurer également.
Je le pris alors dans mes bras du mieux que je pus, le serrant comme jamais, une vague de bonheur et de soulagement s'emparant de moi.
« Orius, je n'y crois pas, fis-je en reculant légèrement, un immense sourire étiré sur mes lèvres, je suis tellement heureux de te revoir, tu m'as beaucoup manqué. Et tu n'as pas à t'excuser, ce n'était pas ta faute »
Mon meilleur ami se mit ainsi à fondre en larmes, devenant une fontaine de pleurs dans mes bras.
Je le consolai de cette manière, le laissant pleurer de tout son soûl dans mon étreinte, comme s'il se libérait enfin d'un poids pesant.
« Tu vois ? Un câlin et tout va mieux », confirma Lims envers sa sœur qui se contenta de lever les yeux au ciel d'un sourire amusé.
FuryFuryus se rapprocha de nous et voulut nous enlacer lui aussi mais je lui donnai un coup de pied dans le genou, ce qui eut pour effet de le faire à nouveau tomber au sol dans un geste disgracieux.
« Pourquoi j'ai pas le droit au câlin moi ???, s'insurgea ce dernier.
- FuryFuryus, au lieu de râler, viens mettre la table avec les enfants s'il te plaît », enjoignit mon compagnon.
Le concerné se plia aux ordres, non sans bougonner des insultes inaudibles.
Finalement, je pus lâcher mon meilleur ami et l'emmener avec moi pour manger, Lenny ayant rajouté un couvert supplémentaire entre FuryFuryus et moi, mon autre ami se retrouvant en bout de table, en face de Lims.
« Tiens, mange Orius », l'encourageai-je en posant devant lui une assiette fumante de ratatouille et de pommes de terre.
Celui-ci acquiesça avant de se mettre à avaler la nourriture doucement, tout en continuant de pleurer, donnant un drôle de spectacle.
« C'est bon Orius, ne t'en fais pas, sèche tes larmes, je ne vais pas m'enfuir maintenant ou disparaître à nouveau, mange tranquillement, je suis là », le rassurai-je tendrement en lui caressant la tête.
Il finit alors par sécher ses larmes, savourant les légumes avec plus de lenteur et de timidité.
Le repas se déroula dans une ambiance nostalgique et légère, discutant à la fois du passé et du présent.
« Va faire la vaisselle FuryFuryus, ordonnai-je à mon ami alors que nous finissions de déjeuner.
- Rooooh ! Je suis vraiment un lave-vaisselle, grommela ce dernier.
- Allez vaisselle-man, va rendre justice auprès des couverts, me moquai-je de lui.
- Au moins, débuta-t-il avant qu'un sourire railleur ne prenne place sur son visage, je peux courir, moi ! »
Et sur ces mots, il s'enfuit ventre-à-terre vers la cuisine en riant comme un possédé de sa blague, Lenny levant les yeux au ciel d'un air nonchalant en le suivant avec le reste de porcelaine.
« FuryFuryus..., souffla un Orius éberlué, il a... changé...
- Hmm, pas tant que ça non plus, constatai-je avant de me tourner vers ma fille qui s'apprêtait à rallumer la télévision, Lya, va faire tes devoirs.
- Oh non !, bouda celle-ci en croisant les bras, et ton gâteau maman ??
- On fêtera mon anniversaire au goûter ou ce soir Lya. En attendant, va faire tes devoirs s'il te plaît, ordonnai-je doucement.
- Bon, d'accord..., soupira-t-elle avant de reposer la télécommande et de se diriger vers les escaliers pour monter dans sa chambre à l'étage.
- Ma- Maman ?, répéta mon meilleur ami d'un air confus.
- C'est une longue histoire, répliquai-je en posant ma main sur mon front d'épuisement, viens, allons nous installer sur le canapé ».
Sur ces paroles, je me levai difficilement, récupérant Lims au passage de sa chaise-haute, et vins m'asseoir sur le divan dans un soupir de contentement.
« Alors, Orius, parlons un peu de toi, repris-je en lâchant mon fils qui se précipita vers ses jouets et se mit à les sortir de leur boîte, comment vas-tu ?
- Bien, déclara-t-il simplement en se plaçant à côté de moi.
- Orius..., soufflai-je, tu sais bien que tu ne peux pas me mentir. Je te connais suffisamment pour savoir quand tu me mens.
- Non, je t'assure, affirma le concerné alors qu'un petit sourire discret s'étirait sur ses lèvres, j'allais vraiment mal mais depuis que j'ai revu FuryFuryus et ensuite toi, je vais beaucoup mieux.
- Est-ce que... tu veux me parler de certaines choses ? De ta mort par exemple ? Ou de tes problèmes familiaux ? Sache que je suis là pour toi si tu veux m'en parler, lui murmurai-je, mon expression inquiète, tout en prenant ses mains dans les miennes.
- Je... Je préfère éviter d'en parler...*, bredouilla-t-il avant de secouer la tête, et si on parlait de toi plutôt, je veux savoir tout ce que tu as fait depuis ce temps ! »
Son air si soudainement enjoué me fit rire, retrouvant le meilleur ami de mon enfance qui m'avait tant manqué.
« Tout ? Ça risque d'être long Orius !, remarquai-je en souriant.
- Ah ? Ah bon ?, balbutia mon meilleur ami, de manière confuse, il... ne s'est pas écoulé quelques mois depuis ta... ta disparition ?
- Oh Orius.... Quel âge as-tu ?, m'enquis-je en comprenant la situation.
- J'ai 18 ans, bientôt 19, dans même pas un mois, m'avoua le concerné timidement.
- Et moi je viens de fêter mes 32 ans aujourd'hui Orius », lui confiai-je alors.
Ses yeux s'agrandirent de surprise et il me regarda comme un poisson dans l'eau.
« C'est- C'est pour ça que tu paraissais plus vieux ! Et FuryFuryus aussi ! Je... Je... Oh..., lâcha-t-il, un sentiment de culpabilité sur le visage.
- Ne t'en fais pas Orius, ce n'est pas parce que nous avons dix ans d'écart que nous ne sommes plus meilleurs amis !
- Je... Oui, merci..., me remercia-t-il, rassuré, ses oreilles remontant légèrement, je... puis-je te poser une question, enfin plusieurs Solius ?
- Oui, vas-y
- Je... Ta bague..., laissa-t-il en suspens.
- Oh, fis-je avant de rougir, eh bien... je... je suis marié à vrai dire... depuis presque sept ans donc... hum, voilà...
- Je- Je- Je suis tellement heureux pour toi Solius !!, s'écria mon meilleur ami avant de fondre en larmes, et tellement triste de ne pas avoir pu assister à ton mariage !!
- Oh, ce n'est rien Orius, ce n'était qu'un petit mariage entre proches et amis, le consolai-je en lui caressant le crâne.
- Mais, avec qui t'es-tu marié ? Quand même pas FuryFuryus ??, lâcha d'un air presque horrifié mon ami.
- Avec lui ?? Quelle horreur ! Jamais !, m'indignai-je avant de me racler la gorge et de détourner le regard, mes joues rosissant et mes oreilles remuant d'embarras, non... avec Lenny...
- Oh, lui, il a l'air gentil, confirma Orius en hochant la tête.
- Hum, tant mieux... Changeons de sujet, bredouillai-je de gêne.
- Oui, est-ce que le petit devant est son fils ?, questionna l'hybride aux cheveux noirs.
- Lims ? Non, non, nous l'avons adopté, comme Lya, réfutai-je promptement.
- Vos... enfants ?, balbutia-t-il d'un air choqué.
- Ah Orius, tu as raté tellement de... choses et tu n'es pas encore à jour, marmonnai-je en appréhendant la suite.
- Est-ce que ça explique... la rondeur de ton ventre ? Tu es diabétique Solius ??, interrogea mon ami avec une vive inquiétude.
- Non, non ! Ça aurait plus de sens mais je, et bien, je... hum, je suis enceinte... », murmurai-je sur la fin, presque honteux de mon aveu.
Orius me fixa avec des yeux de merlan frit, sa bouche grande ouverte, ne sachant pas quoi dire.
« Hum, d'ailleurs, oui, j'en suis à mon huitième mois et si mon ventre est aussi gros, c'est parce que je porte deux bébés, des garçons, racontai-je alors que je m'emballais, mes yeux se mettant à briller, ignorant les réactions de mon ami, Lenny et moi avons pensé à plein de prénoms différents ! On a pensé à Clovis, Alexis ou même Agride. Mais nos choix se sont finalement portés sur Alosius et Onyx. Je suis sûr qu'ils leur iront bien »
Je me mis à déblatérer plein de choses diverses et variées sur le futur de nos bébés, caressant mon ventre en même temps avant de tourner mon regard vers mon ami et constatai que ses oreilles s'étaient à nouveau baissées.
« Orius ?, m'enchéris-je en venant relever son visage, qu'est-ce qu'il y a ? Tu ne vas pas bien ? Peut-être que-
- Non... c'est juste... C'est juste que... que j'aurais l'impression de trop m'immiscer dans ta vie si je restais ici... Tu... Tu as refait ta vie alors que moi... Je n'ai jamais réussi à... Je n'ai..., m'avoua-t-il tandis que des larmes coulaient le long de ses joues.
- Orius, l'interpelai-je en venant sécher ses larmes avec une grande tendresse maternelle, ce n'est pas ta faute. Et bien sûr que si je veux de toi dans ma vie. Tu es comme ma famille pour moi, nous avons grandi comme des frères et si j'ai refait ma vie, c'est aussi en partie parce que je n'ai jamais eu le choix et parce que j'ai eu la chance de tomber sur les bonnes personnes également. Sans FuryFuryus et Lenny, je ne sais pas ce que je serai à l'heure actuelle... Ce serait sûrement apocalyptique mais... ici, je suis heureux et encore plus de t'avoir à nouveau dans ma vie »
Mes paroles réconfortantes réussirent à le calmer de sa crise de larmes, se mettant à sangloter silencieusement, ses épaules secouées de soubresauts.
« Tu veux un câlin ?, proposa gentiment Lims en tendant ses bras vers l'hybride.
- Oui, Orius a besoin d'un gros câlin pour aller mieux », acceptai-je en laissant monter mon fils sur le sofa.
Ce dernier s'approcha alors de mon ami et vint l'enlacer avec douceur, le serrant du mieux qu'il pouvait dans ses petits bras.
Le plus grand s'arrêta de pleurer, sincèrement touché par le geste du petit. Il vint timidement resserrer son étreinte autour de l'enfant, le prenant tendrement dans ses bras.
Je pris alors discrètement mon téléphone avant d'en prendre une photo, trouvant le tout absolument adorable.
« So- Solius..., s'insurgea vaguement mon ami en rougissant, tu, je, mais...
- Vous étiez trop mignons, gloussai-je.
- Enfin... », bredouilla mon ami en détournant le regard, embarrassé.
Je ris de sa timidité, mon ami étant exactement le même que dans mes souvenirs. Mon fils finit par le lâcher et s'en retourner jouer sur le tapis.
Pendant ce temps-là, Orius et moi passâmes l'après-midi entier à bavarder, rattrapant le temps perdu, évoquant la nostalgie du passé et faisant ressortir les souvenirs enfouis dans un coin de ma tête.
« Orius, soufflai-je en contemplant le coucher de soleil.
- Oui ?
- Mes parents... comment vont-ils ? », osai-je enfin demander.
Le silence de mon ami et son air attristé en dirent long sur le sujet.
« Je vois, soupirai-je, chagriné, je m'attendais... à cette éventualité... J'espère...
- Ne t'en fais pas Solius, ils vont bien, me rassura l'hybride, ils... ils ont continué à prendre soin de moi après ta... disparition et... je... maintenant que je suis parti aussi...
- Ce n'est pas ta faute Orius, repris-je en le cajolant, c'est juste que... je n'ose même pas imaginer la douleur qu'un parent peut ressentir en voyant son enfant partir avant lui et... je la comprendrai... maintenant... »
Un silence lourd de sens et empli de regrets flotta pendant quelques minutes dans l'atmosphère avant que je ne secoue la tête.
« Oublions, enfin... Je ne peux souhaiter qu'à mes parents de... continuer à vivre sans moi. Si je pouvais juste les revoir un jour... je souhaiterais leur dire que je suis heureux et que j'ai même fondé ma propre famille... », avouai-je dans un demi-sourire peiné.
Je poussai finalement un long soupir.
« Bref, Orius, que veux-tu manger ce soir ? Est-ce qu'il y a un plat qui te ferait plaisir ?, m'enquis-je, changeant de sujet.
- Euh, je, euh... Du ragoût ? C'est possible ?, demanda d'une toute petite voix le jeune homme, ça me rappelle... les soirées chez toi...
- Oh Orius, fis-je en venant lui pincer les joues, tu es toujours aussi adorable !! Je ne peux que t'adorer ! »
Ce dernier sourit tandis que ses joues rosissaient d'embarras. Je me levai alors, me dandinant vers la cuisine, suivi de mon ami.
« Tu veux de l'aide Solius ?, me questionna celui-ci.
- Hmm ? Non, ne t'en fais pas, souris-je, va te poser sur le canapé. Je suis sûr que tu as plein de choses importantes à régler, comme les inscriptions à l'école, ou des aides financières. Crois-moi, occupe-t'en maintenant et pas au dernier moment comme moi ! Lenny va m'aider.
- Oh, je, bon d'accord..., accepta celui-ci.
- Oh, euh... Tu peux surveiller Lims pour moi ? Tu peux faire ça pour moi ?, proposai-je en ayant aperçu sa mine déconfite.
- Oh, oui ! Bien sûr, agréa-t-il, ses oreilles se redressant légèrement.
- Merci, le remerciai-je avant de me pencher hors du cadre de la porte, Lenny ! Viens m'aider ! »
Des bruits de pas se firent entendre avant que la silhouette de mon époux ne se dessine en haut des escaliers, tenant notre fille dans ses bras.
« Oui Solius ?, s'enquit ce dernier.
- Viens m'aider à cuisiner », l'enjoignis-je en retournant à l'intérieur.
Le concerné descendit les marches avant de poser Lya au sol et de venir m'aider à préparer le ragoût.
La petite se dirigea vers mon meilleur ami avant de lui prendre la main et de l'emmener auprès de son frère, s'exclamant en même temps :
« Viens jouer avec nous, grand frère Orius !!
- Euh, d'accord », concéda-t-il.
Il s'en alla ainsi jouer avec les deux enfants jusqu'à l'heure du dîner. Le repas se déroula finalement dans une ambiance légère, toujours sous les pitreries de FuryFuryus. Je constatai alors qu'Orius se détendait un peu plus au fur et à mesure.
Pendant que Lenny et FuryFuryus rangeaient et nettoyaient la vaisselle, j'interrogeai mon meilleur ami sur une question de la plus haute importance :
« Orius, où veux-tu dormir ce soir ? Je n'ai qu'une chambre d'amis qui sert à FuryFuryus, Lya et Lims ont leur propre chambre et moi, hum, je dors dans ma chambre, avec Lenny, mais et toi ? Peut-être que...
- Je peux dormir sur le canapé... ne t'en fais pas, murmura-t-il en se triturant les doigts, mal-à-l'aise.
- Tu peux dormir avec moi si tu veux, proposa brusquement FuryFuryus en quittant la cuisine, je dors dans un lit double, donc j'ai la place si tu veux. Puis, j'ai déjà dormi avec des amis avant donc, ça ne me dérange pas si c'est toi Orius »
Le concerné s'empourpra tellement qu'il devint aussi rouge qu'un homard à notre plus grande confusion.
« Non, mais, je, bon, hmpf », lâcha-t-il avant de filer à toute vitesse à l'étage vers la salle de bain.
Je secouai la tête, amusé par la situation.
La soirée se déroula tranquillement, après avoir ouvert mes cadeaux et dévoré le gâteau, m'endormant petit à petit au milieu des conversations sur le divan. Je décidai alors de partir me coucher et laissai mon époux s'occuper des enfants. Je souhaitai à tout le monde une bonne nuit avant de monter les escaliers et de me réfugier dans la chambre, mort de fatigue. Je troquai ma chemise de nuit pour une autre, noire cette fois-ci.
Je baillai à m'en décrocher la mâchoire et m'allongeai sur le lit, tentant de trouver une position confortable. Le sommeil me piquait les yeux et je m'endormis finalement. Toutefois, je finis par me réveiller bien plus tard, seulement une heure après en jetant un coup d'œil au réveil. Je poussai un long soupir de résignation, m'étant éveillé à cause de la douleur sourde présente dans ma poitrine.
« Ah, j'en ai marre... », marmonnai-je, tout en poussant des gémissements de douleur et de désespoir.
Je me contentai de m'enserrer dans mes propres bras, attendant comme à mon habitude que la douleur daigne diminuer. Néanmoins, pour une fois, la porte s'ouvrit, révélant mon mari sur le pas de la porte.
« Solius ? Je viens de coucher les enfants, qu'y a-t-il ? Un problème ? », s'enquit-il en refermant la porte derrière lui et en venant s'asseoir sur le lit à côté de moi.
Je baissai le regard, embarrassé, avant de me décider à lui murmurer timidement :
« Est-ce que... tout le monde est couché ?
- Oui, ton ami Orius a fini par accepter de dormir avec cet âne de FuryFuryus après une lourde insistance de la part de ce dernier, me raconta Lenny avant de revenir sur moi, qu'est-ce qui ne va pas Solius ? Tu as mal quelque part ? Tu ne te sens pas bien ? »
Il se rapprocha de moi et posa sa main à la peau toujours aussi douce sur mon front, sûrement pour évaluer ma température.
« Je- Je n'ai pas de fièvre, chuchotai-je en repoussant gentiment sa main, c'est juste... c'est juste que...
- Dis-moi Solius, je suis là pour toi, m'encouragea tendrement mon compagnon.
- C'est juste que j'ai mal à la poitrine... », confessai-je finalement en détournant le regard, mes joues rosissant de gêne.
Je pus sentir les yeux perçants de mon partenaire sonder mon visage.
« Quel type de douleur ? Est-ce que c'est grave ? Es-tu allé consulter un docteur ? Et-, enchaînait-il les questions les unes après les autres avant que je ne l'interrompe.
- Non, tu- tu m'as mal compris Lenny... Je... Je produis du lait en fait... Trop..., avouai-je en cachant mon visage rouge de honte dans mes mains, et j'ai mal...
- Oh », lâcha simplement mon mari.
Un silence extrêmement embarrassant plana dans la pièce.
« Solius, me souffla doucement mon époux en enlevant tendrement les mains de mon visage et en me le relevant, pourquoi ne m'as-tu rien dit ?
- J'avais trop honte..., murmurai-je.
- Solius, ta santé est bien plus importante, répliqua Lenny en secouant la tête avant de baisser son regard, et comment t'y prends-tu pour faire diminuer la douleur ?
- À vrai dire... Je ne produis du lait que très récemment, depuis une semaine environ... J'attends juste que la douleur passe, confiai-je, penaud.
- Ah Solius, laisse-moi t'aider, si tu me le permets, me proposa mon mari en commençant à déboutonner le haut de ma chemise de nuit.
- M'aider ? Comment ?, lâchai-je, confus.
- Voyons Solius ≈, gloussa mon compagnon d'un air coquin, ne me dis pas que tu ignores comment on nourrit un bébé ?
- Euh si... mais, je ne vois pas le rapport-, débutai-je avant que mes yeux ne s'écarquillent
- Donne-moi ton lait Solius ≈, me susurra Lenny avant qu'il ne se baisse et ne se mette à aspirer le lait comme un bébé.
- Hey Lenny ! Que-, balbutiai-je, alors que mon visage devenait aussi écarlate que celui de mon ami Orius précédemment, mais- je- que ???
- Hmm, me répondit savamment mon partenaire, bien trop occupé par sa tâche, une grande concentration sur sa figure.
- Oh et puis, fais ce que tu veux », concédai-je en tournant la tête pour observer le ciel nocturne à l'extérieur, me forçant à ignorer l'étrange sensation qui parcourait mon corps entier.
L'activité dura plusieurs longues minutes à mon plus grand désespoir, Lenny devant accomplir le même geste deux fois. Cependant, cela eut au moins le mérite de faire complètement disparaître la douleur dans ma poitrine.
« Tu te sens mieux Solius ?, demanda mon époux en se redressant, léchant le reste de lait au coin de ses lèvres.
- Hmm, oui...., avouai-je d'une toute petite voix.
- Tu aurais dû me demander de le faire plus tôt, enchérit Lenny de manière espiègle, ton lait est délicieux ≈. Il est plus doux, onctueux et sucré que le lait de chèvre que l'on boit habituellement. Je serais presque jaloux de nos bébés.
- Arrête, pitié !!, le suppliai-je en enfouissant mon visage de gêne dans un oreiller.
- Pourquoi ? Parce que tu n'as pas de seins comme une femme, tu complexes ?, rit mon compagnon de ma réaction, ou parce que je viens de boire ton lait directement au 'sein' ?
- Lenny ! Bonne nuit !! », finis-je par bouder en refermant ma chemise de nuit et en me cachant sous les draps.
Le rire de mon mari répondit à ma moue boudeuse, se calmant promptement.
« D'accord, joyeux anniversaire et bonne nuit mon cœur », me souhaita-t-il en retour, éteignant les lumières et me rejoignant sous les draps.
Ses bras passèrent sous les miens et vinrent tenir mon ventre, me soulageant de son poids. Je me calai un peu plus contre son torse et me laissai bercer par le rythme stable de son souffle, sombrant paisiblement dans un doux sommeil.
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*Je me devais de le dire mais Orius s'est ôté sa propre vie. C'est précisé seulement dans l'histoire originale.
Coucou !! Me revoilà avec un autre chapitre ! Il n'y en aura plus qu'un et après je pourrai me calmer XD. Enfin... jusqu'à ce que je décide d'en publier encore un autre ^^'.
Comment l'avez-vous trouvé ? Il a été long à écrire mais j'ai beaucoup aimé XD.
J'espère que ce chapitre vous a plu en tout cas et on se retrouve au prochain pour voir les deux bébés hihi.
FF
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