Chapitre 7
« Lenny !! Où sont les petits fours ?? Tu as tout chargé dans la voiture ?? », m'écriai-je à tue-tête depuis la cuisine.
Mon époux fit irruption dans le salon à mon appel.
« Il ne manque plus que les enfants et toi, annonça-t-il.
- Et FuryFuryus alors ?, m'enquis-je.
- Ah bon ? Il vient avec nous ? Je pensais qu'il courait derrière la voiture, se moqua mon mari d'un air goguenard.
- Lenny... », soupirai-je, désespéré mais amusé par sa réaction.
Des pas précipités se firent entendre dans les escaliers avant d'afficher trois têtes.
« On est prêts !!, s'exclama Lya joyeusement en tapant dans ses mains.
- Prêts à dévorer tout le saucisson du village, avoua malicieusement mon ami.
- Parfait, on va pouvoir y aller, déclarai-je en me dirigeant vers eux, ayant fini de nettoyer la cuisine, récupérant Lims au passage dans mes bras.
- Ouais !!! », s'extasia la petite en se dirigeant à toute vitesse vers la camionnette bleue avec des chèvres.
J'installai alors Lims sur la banquette arrière, dans son siège pour bébé, Lya à l'opposé, l'oncle se plaçant normalement au milieu.
« Non, pas toi FuryFuryus, réfuta Lenny avant que mon colocataire ne monte dans le véhicule.
- Pourquoi ??, s'étonna celui-ci.
- Ta place est sur le toit, lâcha mon compagnon sur un ton farceur.
- Merci pour ce luxe, marmonna l'oncle désabusé, moi qui pensais que tu me ferais plutôt courir derrière la voiture.
- Je voulais le faire mais Solius a refusé, répliqua Lenny en souriant, un air narquois sur le visage.
- Arrêtez de faire les pitres tous les deux, nous devons nous rendre à la fête du village et rejoindre Monsieur Perceval avant d'être en retard à cause de vos bêtises », ordonnai-je avant de prendre la place du conducteur.
Les deux se tirèrent la langue de manière enfantine.
FuryFuryus avait peut-être tendance à déteindre un peu trop sur les autres...
Nous arrivâmes fort heureusement pile à l'heure et je me dépêchai d'amener mes plats, les plaçant sur l'immense table.
Une estrade avait été disposée au milieu de la place du village, juste devant la fontaine, tandis que des grandes tables étaient dispersées un peu partout, différents plats alléchants disposés dessus. Des banderoles étaient accrochées entre les piliers, des lanternes se balançant au gré de la brise.
« Maman, maman, m'interpela Lya en me tirant le bas de ma chemise, dis, je peux aller jouer avec les autres enfants s'il te plaît ?
- Bien sûr et veille sur ton frère Lims s'il te plaît, acceptai-je.
- D'accord !! », affirma celle-ci en prenant la main de son petit frère et les faisant rejoindre un autre groupe d'enfants, ceux-ci contents de retrouver leurs amis.
La vue de tous ces petits me rappela notre groupe de l'époque, qui me manquait parfois.
Je secouai la tête, chassant ces idées noires de mon esprit, et me concentrai sur les salutations avec tout le monde.
Après le discours de la maire du village sur le retour fabuleux de Perceval, la fête put commencer, la musique se mettant à jouer de manière endiablée.
https://youtu.be/Wi6OG01T6JA
(3:24)
Je cherchai alors du regard les deux hommes me servant pour l'un respectivement de mari et l'autre d'ami. Je trouvais l'ami en train de se saouler près de la table des boissons alcoolisées et le mari en pleine conversation avec Vernon et d'autres personnes. J'aperçus pas loin Perceval et me dirigeai vers lui afin de le saluer poliment. Toutefois, à mi-chemin, je décidai de me servir une boisson à la menthe non-alcoolisée puis me rapprochai de l'humain, dos à lui, avant d'entendre la conversation malgré la musique assez forte.
« Comment allez-vous Monsieur Perceval ? Avez-vous fait bon voyage ?, demanda l'oncle d'Harmonie.
- J'ai pu accomplir ce que je souhaitais donc oui, répondit nonchalamment le vieil homme.
- Au fait, Monsieur Perceval ! Je voulais vous souhaiter toutes mes félicitations !!, complimenta l'autre homme.
- Que voulez-vous dire ?, s'enquit un Perceval confus.
- Bah, votre fils Lenny s'est marié ! Toutes mes félicitations pour cet heureux événement !!, loua l'oncle, et c'était un sacré mariage !! Vraiment beau en tout cas ! Vous avez dû croiser vos petits-enfants aussi ? Non ? Lya est une sacrée coquine, toujours très excitée comme une puce celle-là ! Quant à Lims, c'est un enfant plus sage, si on ne m'avait pas dit qu'il était adopté, j'aurais cru qu'il était le fils de Lenny ! Faut dire qu'ils se ressemblent comme deux gouttes d'eau !
- Je... Merci............, remercia-t-il, un sourire forcé sur le visage, cela fait tellement longtemps que je ne suis pas revenu, je n'étais, à vrai dire, pas au courant. Qui est l'heureux élu de Lenny ?
- Oh, mes excuses Monsieur Perceval, je pensais que vous étiez déjà au courant, s'excusa sincèrement l'homme, il est marié à Solius. C'est une bonne personne, ne vous en faites pas, il est instituteur comme vous d'ailleurs, alors tout le monde le connait dans le village.
- Je vois........, déclara simplement l'humain, son sourire forcé n'ayant pas quitté son visage, avant de murmurer, Lenny m'a échappé... »
Pour ma part, je déglutis, sachant que ce n'était peut-être pas finalement le bon moment pour lui dire bonjour. Je fis alors demi-tour et, à mi-chemin, je me cognai contre un torse bien connu.
« Lenny ?, lâchai-je, surpris.
- Solius, est-ce que tu voudrais danser avec moi ? Je n'hésite pas à te le demander cette fois-ci, m'avoua-t-il tendrement en me prenant la main.
- Oh Lenny..., ris-je en me remémorant ses aveux d'il y a plus de dix ans, bien sûr que j'accepte cette danse »
Le sourire sur son visage s'accentua à ma réponse et il m'emmena alors vers le centre de la place, près de la fontaine et de l'estrade où les musiciens jouaient, là où plusieurs couples virevoltaient au son de la musique.
À ce moment-là, une nouvelle musique s'élança et Lenny m'entraîna dans une danse tournoyante.
https://youtu.be/-HNmVe0Mmek
Je suivis ses mouvements et ses pas, m'étant entraîné depuis ce temps et réussissant au moins le miracle de ne pas m'empêtrer les pieds pour m'étaler par terre. Je le laissai me guider au rythme de la musique, profitant alors de ces rares moments où nous n'étions que tous les deux.
Je levai la tête vers mon époux, le voyant soudainement crispé, ou tout du moins de ce que ses yeux me montraient. Il détourna son regard vers moi et plongea ses yeux dans les miens, cherchant sûrement du réconfort de ma part.
« Avait-il croisé le regard de Perceval, ce qui expliquait son comportement ? », pensai-je.
Ma main vint alors se poser sur sa joue dans un geste rassurant et aimant.
« Je t'aime Lenny, lui soufflai-je à voix basse, près de son oreille toute douce et pelucheuse.
- Moi aussi Solius », sourit-il en retour, redevenu confiant et rassuré par mes actions.
Sa main sur ma hanche se resserra autour de ma taille et les doigts de son autre main vinrent entrelacer les miens.
La musique devint soudainement lancinante, lente. Je rapprochai ainsi Lenny de moi et je posai ma tête sur son épaule. Il ferma les yeux et je fermai également les miens, nous contentant seulement de nous balancer d'un pied sur l'autre.
À part cet incident, le reste de la soirée se déroula dans la bonne humeur. Fut alors venu le moment de partir, Lenny alla chercher les enfants tandis que je ramassais un colocataire presque ivre mort.
« MEUUUUUH, je suis une vache Soliuuus, meuuuuuuh, meuglait mon ami, persuadé d'être devenu un bovidé, se mettant même à brouter l'herbe.
- D'accord FuryFuryus, d'accord, maintenant, rentrons s'il te plaît », le suppliai-je en le tirant.
Je parvins par miracle à le ramener au véhicule. Lenny avait déjà levé le siège dans le coffre ainsi que placé Lya et Lims, me permettant d'installer FuryFuryus sur ce fauteuil-là. Perceval finit par arriver, s'asseyant entre les deux enfants. Lenny monta alors sur le siège conducteur et démarra la camionnette. Je jetai un coup d'œil aux deux petits à l'arrière, Lims jouant paisiblement avec son doudou tandis que Lya semblait s'être endormie comme une masse, sa tête posée contre la portière.
Au milieu du trajet et du silence seulement ponctués par les bruits du véhicule et les ronflements de FuryFuryus, Lims se tourna vers l'humain et lui posa cette question :
« Monsieur, pourquoi vous avez des oreilles rondes ? Et pas de cornes ?
- C'est parce que je suis un humain. Et les humains ne portent ni cornes ni oreilles longues comme les hybrides chèvres, expliqua patiemment Perceval, un air presque attendri sur le visage.
- Alors vous êtes pas comme nous ?, renchérit mon fils de sa petite voix.
- Non, je ne suis pas comme vous, affirma-t-il.
- Oh... mais vous êtes mon grand-père non ? Maman m'a dit que vous êtes le papa de mon papa », lâcha Lims.
Je vis le visage de mon époux se renfrogner d'un coup, enfin façon de parler. Mais je pouvais le sentir, au vu de la manière dont ses doigts s'étaient refermés sur le volant, gardant toutefois son calme. Je reportai à nouveau mon regard sur la scène qui m'était reflétée dans le rétroviseur intérieur.
« Maman ?, émit un Perceval confus.
- C'est maman, déclara le petit en me pointant du doigt comme si c'était évident.
- Je vois...., dit simplement l'homme sans rien ajouter d'autre, me mettant particulièrement mal à l'aise.
- Je peux vous appeler Papi alors ?, interrogea l'enfant.
- Non. Appelle-moi Monsieur Perceval, répliqua l'humain.
- Oh..., murmura mon fils d'un air déçu, d'accord Monsieur Perceval ».
Lims se tut, ayant certainement compris la froideur de l'homme.
Le reste du trajet se déroula dans cette même atmosphère jusqu'au domicile. Une fois à destination, Perceval descendit le premier et s'adressa à mon époux :
« Lenny, nous avons besoin de parler. Maintenant.
- Très bien », accepta froidement mon mari, me laissant seul avec les enfants et un alcoolo mal réveillé.
Lenny suivit ainsi Perceval à l'intérieur de la demeure, dans la cuisine, avant de fermer la porte derrière lui.
« Explique-moi, je suis tout ouïe, il est temps que nous ayons une discussion d'adultes, déclara brusquement l'humain en se retournant vers lui.
- Quoi donc ?, fit Lenny en croisant les bras, un air se voulant nonchalant sur le visage.
- Quelle est cette histoire de mariage ? Depuis quand t'es-tu marié ? Et depuis quand as-tu plusieurs enfants ?
- Si tu t'étais intéressé à moi un minimum, tu saurais que je me suis marié avec Solius il y a dix ans. Et que NOUS avons adopté ces enfants depuis un an environ, explicita l'hybride en fronçant légèrement les sourcils.
- Pourquoi t'être marié Lenny ? Quel intérêt ? Ce n'était... ce n'était pas prévu ça..., marmonna le vieil homme sur sa fin de phrase.
- Pourquoi ? Pourquoi ??? POURQUOI ???, s'emporta brusquement le jeune homme à la surprise du plus vieux, ramassant le premier objet qui lui passait sous la main, un torchon, et le lançant au visage de son interlocuteur, TU OSES REVENIR APRÈS M'AVOIR ABANDONNÉ ET CONTESTER MES DÉCISIONS EN CE QUI CONCERNE MA VIE ??? EST-CE UNE PLAISANTERIE ???
- Je ne t'ai jamais abandonné !, s'insurgea soudainement pour une des rares fois de sa vie Perceval, reposant le chiffon sur la table, je suis juste parti en voyage !
- TU ES PARTI SANS UN MOT ! SANS RIEN ! TU M'AS JUSTE DIT QUE TU PARTAIS TEMPORAIREMENT ! PAS POUR PLUS DE DIX ANS !!, répliqua un Lenny furieux, DE TOUTE FAÇON, TU NE COMPRENDRAS JAMAIS CE QUE JE RESSENS ET CE QUE J'AI RESSENTI !! TU NE T'ES JAMAIS SENTI COUPABLE DE TOUTE FAÇON !!
- Bien sûr que si je t'ai aimé ! Enfin..., lâcha Perceval d'un air incertain.
- NON TU NE M'AS JAMAIS AIMÉ ! CE QUE TU M'AS DONNÉ N'ÉTAIT PAS DE L'AMOUR ! JAMAIS ! TOUS CES PAUVRES ENFANTS QUE TU AS AMENÉS, TU T'EN ES JUSTE SERVI POUR TON BUT !! TU N'AS JAMAIS AIMÉ AUCUN DE CES ENFANTS !! PAS MÊME MOI !!! TU NE M'AS JAMAIS AIMÉ PERCEVAL !!! JAMAIS !! MAIS MOI JE T'AI AIMÉ ! JE T'AI AIMÉ EN TANT QUE PÈRE !! MAIS TOI, TOI, TU NE M'AS JAMAIS AIMÉ EN TANT QUE FILS ! TU NE M'AS JAMAIS VU QUE COMME UN DE TES STUPIDES MOYENS D'ATTEINDRE TON BUT !!
- Non, c'est faux !, se révolta l'humain en secouant la tête, je ne t'aurais jamais adopté sinon. Tu-
- TU MENS !, hurla Lenny, des larmes coulant sur ses joues devant son père adoptif, TU MENS ! TU MENS ! JE SAIS CE QU'EST LE VÉRITABLE AMOUR ! SOLIUS ME L'A MONTRÉ ! JE NE SERAI PAS COMME TOI PERCEVAL ! JE NE SERAI PAS TOI ! JE REFUSE D'ÊTRE COMME TOI ! JE NE VEUX PAS FINIR SEUL, ABANDONNÉ ET MAL-AIMÉ !! TOUT CE QUE JE VEUX, C'EST ÊTRE AIMÉ !! »
Et sur ces derniers mots, l'hybride s'enfuit en claquant la porte derrière lui, pleurant à chaudes larmes sans s'arrêter pour se réfugier dans la chambre, à l'étage. Perceval, quant à lui, était resté silencieux, choqué par les paroles de son fils adoptif, se demandant où est-ce qu'il avait échoué dans son éducation... à moins que ce ne soit lui finalement l'échec ?
Sans savoir ce qu'il faisait, il quitta la cuisine et se dirigea dans le jardin, seulement éclairé par la lune.
Je vis au loin Perceval sortir de la maison, l'air complètement hagard et perdu dans ses réflexions. J'avais entendu la terrible dispute entre les deux depuis l'extérieur du domicile.
« Les enfants, fis-je en les faisant descendre de la camionnette, tous les deux réveillés, vous allez monter, vous brosser les dents, vous mettre en pyjamas et vous coucher. D'accord ?
- Oui maman », répondirent les deux en chœur avant de se diriger vers la porte, passant devant un Perceval esseulé.
Lims lui attrapa le doigt et lui dit simplement ces mots :
« Faut pas être triste. Sinon papa et maman aussi »
Puis, il repartit, emmené par sa sœur. Je poussai un long soupir et m'apprêtai à faire sortir cet ivrogne de FuryFuryus lorsque celui-ci se mit alors à sprinter ventre à terre littéralement à travers le jardin, avant d'en jaillir et de sauter d'un coup sur l'humain, s'agrippant à ses épaules et se mettant à baver sur ses cheveux. Perceval, sous le poids de l'autre personne, en tomba à la renverse, les deux s'étalant dans la grâce d'un hippopotame.
« FuryFuryus !! Tu es complètement ivre !!, m'écriai-je avant de me précipiter à toute vitesse vers les deux qui se battaient comme des chiffonniers, lâche la tête de Monsieur Perceval !!
- Noooooon !!! Jamaiiiiis !!!! Il a fait souffriiiiiir mon amiiii », hurla celui-ci à tue-tête, me bavant sur la main.
Je lâchai mon ami et courus vers le véhicule avant d'en sortir un rouleau à pâtisserie. Je revins vers eux et je frappais, pas trop fort, la tête de mon colocataire. Le pauvre risquait d'avoir une belle bosse le lendemain.
L'humain repoussa l'hybride assommé avant de s'épousseter et de se lever en grommelant des injures sophistiquées, les vêtements abîmées, les cheveux dégoulinant de bave.
« Je suis vraiment désolé Monsieur Perceval, ce n'était pas mon intention, je-
- C'est bon, ce n'est pas votre faute. Je vais... Je vais rester pour prendre un peu l'air. J'irai prendre une douche après. Vous pouvez ramener votre ami, Solius », déclara l'humain, semblant avoir vieilli de plusieurs années d'un coup.
Je le vis s'avancer et s'asseoir sur le parvis, semblant contempler les étoiles dans le ciel. J'eus pitié de lui et je lui amenai une couverture, la plaçant à côté de lui. Ensuite, je tirai mon colocataire par les pieds à l'intérieur de la maison. Puis, je le retournai et lui jetai de l'eau au visage. Il battit des paupières, maugréant :
« Y se passe quoiii ?? J'ai maaal à la tête...
- S'il te plaît FuryFuryus, je n'ai pas assez de force pour te porter dans ta chambre, alors vas-y toi-même, le suppliai-je.
- D'accord... », bougonna celui-ci en se levant avec peine et finissant par monter les marches, se dirigeant vers sa chambre.
Pour ma part, je jetai un coup d'œil à la cuisine. Ne voyant rien de cassé, je montai à l'étage et entrai dans la chambre des enfants.
« Maman ! On attendait le bisou du soir !, s'exclama Lya en pyjama en sautillant sur son lit.
- Oui, bisou !, enchérit son frère en tendant ses bras vers moi.
- D'accord, d'accord, me voilà », ris-je doucement face à leurs adorables petites bouilles.
Je vins déposer un bisou sur chacun de leurs fronts, leur souhaitant finalement une bonne nuit. Je passai vérifier l'état de mon ami, voyant qu'il s'était juste étalé dans son lit, encore habillé, ronflant comme un bienheureux. Je refermai la porte et me dirigeai à nouveau vers la cuisine. Là, je préparai un verre de lait chaud, sachant que cela aiderait mon époux. Quelque chose au sol attira soudainement mon attention alors que le lait chauffait dans le micro-ondes. Je me baissai et ramassai un portefeuille. Mû par la curiosité, je l'ouvris, comprenant alors qu'il s'agissait de celui de Perceval. Toutefois, un papier froissé et jauni par les ans attira mon attention. Je le pris, faisant tomber une photo. Je la ramassai, la retournant avant de rire doucement. La bouille de Lenny sur cette photographie était adorable. Il devait être encore tout petit. Il tentait alors un sourire maladroit sur celle-ci, ses petites joues dodues s'efforçant de ne pas être trop visibles.
« Peut-être puis-je demander à Monsieur Perceval s'il en a une en second exemplaire ? Mon mari est bien trop mignon dessus ! », pensai-je.
Je me concentrai ensuite sur le papier plissé et le dépliai, avant d'éclater de rire devant le dessin qui m'était présenté. Mon cœur fondit, entre la photo et le dessin qui représentait deux bonhommes bâtons mal dessinés, l'un petit et l'autre grand. Je comprenais mieux la réaction de Lenny face au dessin de Lims. Aussi... peut-être Perceval n'était-il pas aussi insensible qu'il voulait le faire croire.
Je secouai la tête, rangeai les deux papiers dans le portefeuille et posai celui-ci sur la table. Je récupérai alors le lait chaud et me dirigeai vers notre chambre. Je toquai à la porte de celle-ci, annonçant ma présence.
Je l'ouvris doucement, tombant sur mon compagnon replié sur lui-même au pied du lit, son corps encore secoué de sanglots.
Je refermai la porte derrière moi puis me rapprochai de lui avant de m'asseoir à côté de lui.
« Lenny- », lui soufflai-je avant de me faire interrompre.
Je n'eus pas le temps de dire quoi que ce soit que mon époux m'attira dans une étreinte, ayant failli me faire renverser le verre, posant finalement celui-ci plus loin, hors d'atteinte. Je l'entendis sangloter contre mon épaule, dans mon cou.
« Lenny, lui chuchotai-je en lui caressant tendrement les cheveux, ça va aller. Je t'aime. Dis-moi ce qui ne va pas.
- Je... Je suis abominable Solius, sniff, je lui ai dit enfin tout ce qui me pesait sur le cœur alors pourquoi est-ce que je ne me sens pas mieux ? Pourquoi est-ce que mon cœur est toujours aussi lourd ?, me confia-t-il.
- Lenny, es-tu certain de lui avoir tout dit ? De lui avoir dit tout ce que tu avais sur le cœur ? Du positif au négatif ?, m'enquis-je.
- Je... », hésita-t-il.
Il resta silencieux pendant un moment avant de soupirer, ses pleurs se calmant progressivement.
« Tu as raison Solius, je ne lui ai pas tout dit...
- Ce n'est pas grave, tu lui diras tout demain, lui conseillai-je en lui tendant le verre de lait encore chaud, maintenant tu vas boire ce lait, et prendre un bon repos. La nuit est de bon conseil.
- D'accord », acquiesça mon époux en séchant ses larmes, buvant la boisson.
Il se leva et posa le verre sur la table de nuit. Je le suivis également dans son geste et nous changeâmes de vêtements avant d'éteindre la lumière et de nous coucher.
« Comment vont les enfants ?, me demanda mon compagnon.
- Ils sont couchés et dorment. Comme moi bientôt, déclarai-je en baillant.
- Bonne nuit Solius, me souhaita Lenny.
- Bonne nuit mon amour », répondis-je, laissant ma tête reposer sous la sienne, contre son torse, dans une étreinte réconfortante.
Le sommeil m'emporta ainsi rapidement, ne laissant pas le temps à des pensées noires ou dépressives de faire surface dans mon esprit.
Le lendemain, je me réveillais tardivement. Je me haussai sur un coude afin d'apercevoir l'heure : 10h10.
« 10h10, l'heure de se toucher le nez », pensai-je avant de me demander pourquoi une telle idée saugrenue m'était passée par la tête.
La maisonnée était très silencieuse, ce qui signifiait que personne n'était encore levé.
Je baissai à nouveau mon regard sur la masse devant moi qui continuait de dormir d'un sommeil profond, me gardant dans son étreinte.
Je poussai un soupir et m'extirpai à contre-cœur de ses bras (ainsi que de mon matelas) puis glissai hors du lit sans réveiller mon mari afin de sortir de la chambre. Je fermai alors la porte de notre chambre et me dirigeai vers celle des enfants.
« Les enfants, il faut se lever, il est assez tard », les réveillai-je en douceur en venant ouvrir légèrement les volets de la chambre.
Lya gémit de mécontentement, s'enfonçant un oreiller sur la tête à la manière de FuryFuryus, à l'inverse de Lims qui ouvrit doucement les yeux et me tendit ses bras d'un air ensommeillé. Je m'avançai et le pris avant de retourner dans le couloir, d'ouvrir la porte de la chambre d'amis, puis de balancer un simple :
« FuryFuryus, lève tes fesses, il est tard »
Ce dernier grommela quelque chose avant de placer, lui aussi, un oreiller sur la tête.
Qu'est-ce que je disais ?
Dans mes bras, Lims sommeillait encore, sa tête posée sur mon épaule. Je soupirai, détestant à vrai dire perturber le repos des enfants. Toutefois, la fête du village était obligatoire. Heureusement, nous n'étions restés que jusqu'à 23h.
J'arrivai dans le salon, apercevant un Perceval semblant endormi sur le canapé. J'entrai dans la cuisine en faisant le moins de bruit possible, déposant Lims sur une chaise qui bailla en réponse.
Je commençai ainsi à préparer le petit-déjeuner pour toute la famille. Toutefois, une voix m'interrompit dans mon processus :
« Bonjour, quelle heure est-il ?
- Bonjour Monsieur Perceval, il est actuellement 10h15, déclarai-je en jetant un coup d'œil à l'horloge de la cuisine.
- Hmm, je vois... Que faites-vous ?, s'enquit-il en se frottant les yeux avec ses mains, l'air encore endormi, des cernes apparents sur son visage.
- Je prépare le petit-déjeuner pour tout le monde, répondis-je simplement en plaçant les bols dans le salon avant de revenir.
- Vous êtes... si dévoué à votre manière, Solius, remarqua sincèrement Perceval, sans une once de moquerie dans sa voix pour une fois.
- Disons qu'on est tous dévoué envers quelque chose, répondis-je en riant légèrement.
- Solius, puis-je vous poser une question ?, m'interrogea soudainement l'humain.
- Oui, bien sûr, allez-y.
- Pourquoi vous êtes-vous marié avec Lenny ? Ne le prenez pas mal, je suis juste vraiment curieux, demanda-t-il.
- Oh... et bien, la réponse est simple. Je l'aime c'est tout, avouai-je tout en sortant le pain et les confitures.
- Vous l'aimez... », répéta Perceval, en pleine réflexion.
Je le contournai et partis déposer les dernières affaires nécessaires sur la table du salon puis revins une énième fois dans la cuisine.
L'humain avait alors levé les yeux et fixai la porte du frigo.
« Qui... a fait ce dessin ?, s'enquit-il en montrant du doigt l'œuvre de Lims, affichée sur la porte du réfrigérateur avec d'autres photos.
- C'est moi !, se dénonça fièrement l'enfant en levant sa main, l'air souriant avant de descendre de la chaise et de pointer du doigt les bonhommes, c'est mon dessin ! Là, c'est papa, là c'est moi, là c'est Lya, là c'est maman et là c'est tonton Fufu.
- Oh, lâcha simplement l'humain.
- Je peux vous rajouter aussi Monsieur Perceval, proposa Lims avant de se tourner vers moi, maman, je peux pas attraper le dessin, s'il te plaît ? »
Je ris devant sa mine déconfite face à sa petite taille et sa moue boudeuse. Je lui attrapai alors l'image et la lui donnai. Tout content, il me remercia puis partit s'installer sur la chaise avant d'attraper un crayon et de griffonner un immense dernier bonhomme bâton sur le dessin, à côté de son père.
Le petit me montra ensuite fièrement son chef-d'œuvre et j'éclatai de rire devant la tête de Perceval.
L'humain, à ma grande surprise, finit par sourire en prenant le dessin des mains de l'enfant.
« Ils se ressemblent vraiment... », murmura-t-il d'un air attendri.
Il me passa le dessin et je le remis à sa place sur la porte du frigo, avec une nouvelle tête dessus, à la grande fierté de mon fils.
« Au fait, Monsieur Perceval, auriez-vous des photos de Lenny bébé ? Ou enfant ?, m'enquis-je.
- Pourquoi cela vous intéresse ?, s'étonna-t-il.
- Eh bien, j'ai vu celle dans votre portefeuille et je l'ai trouvée vraiment mignonne. J'aurais bien aimé avoir la même, confessai-je.
- Non, désolé, je n'en ai qu'une seule. Mais peut-être que dans la bibliothèque, vous en trouverez peut-être d'autres dans un album photo avec un peu de chance, me confia-t-il avant de se reprendre, ne dites rien à Lenny.
- Pourquoi ?
- Parce que... les choses sont mieux ainsi.
- En quoi les choses sont mieux ainsi ? », questionna le nouvel arrivant qui n'était autre que mon époux.
Face à son arrivée impromptue, je pris Lims dans mes bras et sortis de la cuisine, tout en soufflant un « vas-y » à l'oreille de mon mari au passage.
« Pardon, s'excusa le premier l'humain, sous la confusion visible de l'hybride.
- Pourquoi t'excuses-tu ?
- Je... n'aurais pas dû me mêler de tes affaires, de ce qui est devenu ta vie privée. J'ai été longtemps absent et je ne suis peut-être pas finalement le mieux placé pour te faire des remarques. Je... ne pensais véritablement pas que tu avais souffert de cette manière Lenny... J'ignorais avoir laissé un tel trou béant dans ton cœur à cause de mon départ que tu as vu comme un abandon. Alors, finalement... je suis content que tu aies réussi à trouver quelqu'un comme Solius. Je suis sincèrement content pour toi que tu sois heureux », déclara sincèrement Perceval.
Le jeune homme sembla chercher une trace de mensonge ou de méchanceté dans ses yeux mais n'y trouva qu'un calme tranquille et une grande sincérité. Il inspira un bon coup avant d'avouer à son tour :
« Moi aussi je suis désolé. Je me suis emporté et j'ai dit des choses dures. Même si je reste persuadé que tu ne m'as jamais vraiment aimé, ou peut-être un peu, je n'aurais pas dû te dire des choses aussi cruelles. Je... Tu as été très important dans ma vie, mais je... merci »
Sur ces derniers mots, Lenny se détourna et laissa le vieil homme méditer sur ces paroles.
Je vis mon époux sortir de la cuisine et en même temps FuryFuryus descendre les escaliers en maugréant, ma fille derrière lui, à l'allure de gros ours endormis.
« Vous voilà enfin vous deux !, m'exclamai-je tout en posant Lims sur sa chaise-haute, il était temps »
Je tendis un verre d'eau à mon colocataire afin de l'aider avec sa cuite, tandis que Perceval finissait également par nous rejoindre à table.
L'atmosphère pendant le petit-déjeuner, même si elle était peu bavarde, était beaucoup plus chaleureuse et moins tendue que celle des deux jours précédents.
L'humain se racla subitement la gorge, attirant notre attention avant de prendre la parole :
« Alors, je voulais avant tout vous remercier pour votre accueil chaleureux à tous, et votre talent indéniable en cuisine Solius, mais je souhaitais aussi vous annoncer que j'ai pris ma décision »
Son éloge m'avait fait rougir, ne trouvant pourtant pas ma cuisine aussi exceptionnelle qu'il l'affirmait.
Nous attendîmes ainsi, tous curieux, de savoir la suite.
« J'ai décidé d'emménager ailleurs. Même si cette maison m'appartient encore sur le papier, je ne me considère plus comme son propriétaire légitime, annonça-t-il en secouant la tête, je vais la léguer à Lenny pour plus de facilité »
Le concerné fut véritablement surpris par ce changement aussi soudain, même si son air nonchalant n'affichait rien.
« Où allez-vous emménager Monsieur Perceval ?, m'enquis-je, inquiet.
- Ne vous en faites pas, je vais rénover la maison d'à-côté pour y vivre. Du moment que j'ai ma bibliothèque, je suis satisfait de ma vie. J'en profiterai peut-être pour voyager un peu plus en Tuyauterie, expliqua-t-il d'un air pensif.
- Tu ne veux pas emmener FuryFuryus avec toi ?, demanda Lenny.
- Heiiiin ???, lâcha ce dernier, outré par une telle demande.
- Je le laisse entre vos mains, déclara Perceval, ne souhaitant véritablement pas avoir un trouble-fête chez lui.
- Dommage, marmonna mon époux.
- Je reste ici juste pour vous embêter », gloussa mon ami.
Je levai les yeux au ciel face à tant de mesquinerie. Le petit-déjeuner se termina ainsi sur une note plutôt joyeuse, bien loin des derniers jours sombres.
Finalement, le bonheur était juste à portée de main, il suffisait de le saisir.
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Coucou !! Alors, je précise que c'est normalement bien la fin MAIS il est possible que je reprenne selon les chapitres parus dans l'histoire originale. J'attends en effet Orius pour savoir comment je vais le caser dans ma fanfic et comment je vais le rendre heureux UwU. Car ma fanfic est un océan de bonheur et de mignonnerie UwU.
Concernant Perceval, je ne l'aime PAS. Je ne l'aime toujours pas. C'est par pitié pour Lenny que j'ai décidé de le rendre plus compréhensif sinon je n'aurais pas hésité à le rendre particulièrement abominable (ce qu'il est dans une certaine mesure).
Bref, j'espère que cette petite fanfic vous aura plu ^^. Et merci encore pour votre lecture!
FF
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