Chapitre 4
Quelques années plus tard
Les rayons du soleil pénétrèrent entre les rideaux, me réchauffant doucement la joue. Je remuai légèrement entre les draps, trouvant une position plus confortable. Je posai ainsi ma tête sur mon meilleur oreiller et continuai mon sommeil paisible. Enfin, c'était le cas jusqu'à ce qu'une voix stridente retentisse :
« NON MAIS OH !! DÉGUERPISSEZ ! C'EST UNE PROPRIÉTÉ PRIVÉE ICI !! »
Je me relevai alors, écartai les rideaux et jetai un coup d'œil à l'extérieur. J'aperçus ainsi un FuryFuryus particulièrement remonté pourchasser des opportuns qui s'étaient introduits dans le jardin.
« ALLEZ OUSTE !! DÉGAGEZ PAR CLOPÉLIUS !!, s'écria mon ami en donnant des coups de fourche aux derrières des plus malheureux, FILEZ D'ICI AVANT QUE JE NE VOUS EMBROCHE !! PSCHH, PSCHH ! BANDE DE ROTURIERS !! »
Tous les intrus filèrent ventre à terre sans demander leur reste sous les menaces verbales et physiques de mon colocataire.
Je pouffai de rire face à la situation.
« Hmm ? Que se passe-t-il ?, demanda une voix que je connaissais, juste à côté de moi.
- C'est rien, juste FuryFuryus qui chasse tes fans », expliquai-je en gloussant.
Lenny me regarda avant de m'attraper la taille et de m'attirer contre lui.
« Je suis désolé, s'excusa-t-il.
- Non, ne t'en fais pas, ce n'est pas ta faute », le rassurai-je.
Cela sembla fonctionner et il soupira lourdement.
Pauvre FuryFuryus en effet, obligé de chasser les fans de Lenny de la maison ! Depuis qu'il avait emménagé chez moi et coupé les ponts avec une partie de ses « amis », certains d'entre eux avaient pour habitude de venir squatter chez nous. Même les fans les plus hardcores comme Vernon avaient tout de même laissé une certaine intimité à Lenny. Ceux qui osaient s'introduire relevaient plus des adorateurs qu'autre chose.
« SOLIUUUUUUUUS !!! », retentit la sublime voix de mon ami.
Lenny se contenta de marmonner des insultes silencieuses à son encontre tandis que je me levais.
« FAUT SE LEVEEEEER !! C'EST L'HEUUUUURE !!! », cria-t-il.
Je poussai un long soupir, secouant légèrement mon compagnon pour qu'il quitte également le lit. Je finis par abandonner et sortis de la chambre pour me diriger dans la cuisine.
« Bonjour Solius !!, s'exclama joyeusement mon colocataire, une tasse de thé au saucisson dans la main.
- Bonjour FuryFuryus, saluai-je en baillant, on a encore le temps avant de partir, tu sais ?
- Ne vaut-il pas mieux être à l'avance ?
- Oui, enfin, peut-être, maugréai-je, encore à moitié ensommeillé.
- On prend le bus après tout, il vaut mieux être à l'avance, enchérit celui-ci.
- Tu as raison », accordai-je tout en entamant mon petit-déjeuner.
Je me frottai les yeux, remarquant alors que j'avais oublié d'enfiler ma bague, ayant dû la laisser sur la table de chevet.
Lenny finit par nous rejoindre à table, lançant un vague « bonjour » à FuryFuryus, ces deux-là toujours en aussi mauvais termes malgré ces dix dernières années où l'on vivait ensemble.
« Bonjour Solius, me déclara l'hybride aux cheveux blancs en déposant un rapide baiser sur mon front, faisant rouler des yeux FuryFuryus.
- Bonjour Lenny, saluai-je une nouvelle fois, continuant de me concentrer bien plus sur ma nourriture, ne voulant même pas poser mon regard sur la boisson immonde de mon ami.
- Vous verrez, grommela un FuryFuryus boudeur face à notre proximité, un jour, je me marierai moi aussi, comme toi Solius.
- Préviens-moi de suite dans ce cas, rétorqua Lenny, que tu puisses enfin vivre dans ta propre maison.
- Hé ! Ce n'est pas la tienne !, s'insurgea mon ami.
- En effet, c'est la nôtre », précisa mon compagnon avec un sourire sans chaleur.
FuryFuryus se renfrogna sur sa chaise, un air bougon sur le visage, ronchonnant.
« Allez, arrêtez de vous disputer comme des enfants, insistai-je, on a un bus à prendre.
- En parlant d'enfants..., commença Lenny.
- Non pitié, FuryFuryus a 27 ans, je ne veux pas l'adopter sous prétexte qu'il a 5 ans d'âge mental, Lenny, suppliai-je, n'en pouvant plus de cette blague ressassée.
- Dommage », lâcha alors l'hybride en haussant des épaules.
FuryFuryus lui tira la langue en réponse, tel le gamin qu'il était.
Après le petit-déjeuner chaotique que nous avons eu, nous finîmes par boucler nos sacs et quitter la maison, sans oublier de la fermer à clef, puis de se rendre à l'arrêt de bus près de la Grande Place du marché.
Nous arrivâmes dix minutes avant son apparition et nous montâmes à l'intérieur. Je m'installai avec Lenny sur deux sièges tandis que FuryFuryus se plaçait derrière nous, tout seul, dans un bus vide à l'exception de nous trois et du conducteur.
« J'en ai marre d'être la troisième roue du carrosse, se lamenta celui-ci.
- Ne préfères-tu pas tenir la chandelle ?, s'enquit mon voisin de siège, se moquant du solitaire.
- Roooooh, de suite », souffla mon ami.
Le trajet se déroula tranquillement, malgré les taquineries mesquines de Lenny et les remarques acerbes de FuryFuryus.
Je soupirai, admirant le paysage, les champs et la verdure laissant place au béton de la Ville.
Il avait fallu convaincre longuement Lenny de se rendre à la Ville pour l'orphelinat. Car non, les bébés n'étaient pas livrés par le facteur. Tout comme il avait fallu du temps pour se demander si nous adopterions des enfants. FuryFuryus était peut-être celui qui nous avait poussés à le faire, après tout, il connaissait bien les enfants, travaillant dans un centre aéré. Pour ma part, j'étais instituteur, ce qui m'avait peut-être motivé à en avoir. Lenny, quant à lui, se contentait de travailler dans les champs, aux côtés d'un Vernon le plus heureux du monde. Néanmoins, ce n'étaient pas les enfants qui posaient véritablement problème à Lenny mais la Ville. Je me doutais que c'était à cause de son apparence, toutefois, nous n'avions pas le choix. De toute façon, nous ne resterions pas longtemps. De plus, je n'avais également pas aimé faire mes études en Ville.
« C'est bien la campagne finalement, j'aime être un paysan », avait déclaré FuryFuryus à l'époque.
La navette s'immobilisa, me ramenant dans la réalité. À côté de moi, cependant, Lenny n'avait pas l'air de vouloir bouger.
« Hey, Lenny, lui soufflai-je en lui prenant la main d'un air encourageant, touchant sa bague affectueusement, ça va aller, d'accord ? On ne fait que passer. FuryFuryus et moi avons mémorisé le chemin jusqu'à l'orphelinat. On a 1h de trajet entre les deux, mais ça va le faire.
- Oh, Solius, ne t'en fais pas. Je me demandais juste s'il fallait attacher FuryFuryus pour ne pas qu'il fasse de bêtises ≈, plaisanta l'hybride.
- OOOOOH ! Je ne suis pas un chien !, se révolta mon ami, tout en faisant une affreuse grimace à mon compagnon et en descendant du véhicule.
- Bon, on y va Solius ? », reprit Lenny, ignorant la remarque de mon colocataire.
J'acquiesçai et nous sortîmes, le conducteur nous adressant un vague « bonne chance » avant de fermer la portière et de partir. Je lâchai la main de mon époux et je montrai la carte sur mon téléphone aux deux autres.
« Alors, on doit passer pas loin du lycée pour se rendre à l'orphelinat, c'est ça ?, lâcha mon camarade.
- Les deux sont excentrés de la Ville, donc ils sont à l'opposé de là où nous sommes, fit remarquer le Tuyaurien aux cheveux blancs.
- Dommage, marmonnai-je, bon allons-y.
- Ouais, c'est parti pour se prendre tous les regards hautains du monde par des chèvres sans cornes », renifla moqueusement FuryFuryus.
Je levai les yeux au ciel, sachant pertinemment qu'il avait raison...
... Ou pas.
Alors que nous marchions, les yeux qui se posaient sur FuryFuryus et moi se résumaient en effet à des regards dédaigneux en général, mais sur Lenny, les regards changeaient du tout au tout : de la surprise, de l'envie, de l'admiration, de... l'adoration ?
« C'est bien, Lenny, remarqua allègrement mon ami en sautillant comme un cabri, attire donc tout le monde sur toi ».
À sa remarque, celui-ci se contenta de hausser des épaules d'un air nonchalant.
Les étudiants, ou les jeunes femmes surtout, qui passaient à côté de nous, se mettaient alors à glousser comme des dindons, les plus téméraires venant jusqu'à se rapprocher de Lenny telles des mouches attirées par la nourriture.
Si elles savaient que j'étais marié à Lenny, peut-être que cela les dissuaderait.
« Je croyais que cela te plaisait lorsque tu recevais de l'attention, se moqua gentiment FuryFuryus.
- Je n'en ai pas besoin, rétorqua mon mari, j'ai celle de Solius et elle vaut mille fois celle de toutes ces personnes ».
Je me mis à rougir brusquement tandis que la mâchoire de mon ami semblait pouvoir se décrocher à tout moment, complètement sidéré.
Lenny fronça alors très légèrement les sourcils, signe qu'il en avait assez que toutes ces jeunes femmes sans cornes viennent le gêner dans sa marche. Il prit soudainement ma main et entrelaça discrètement nos doigts.
« Je croyais que-, balbutiai-je, étonné.
- Si cela te dérange, alors tu peux me lâcher, répliqua-t-il.
- Non, à vrai dire, je m'en moque. Ce n'est que se tenir la main, ça n'inclut pas forcément ce genre de choses et puis c'est discret, justifiai-je.
- Euuuuuh, Solius, je n'enlacerai jamais mes doigts avec les tiens, sache-le, nous interrompit FuryFuryus.
- Continue ta phrase FuryFuryus et je te promets que mon autre main viendra te faire avaler tes narines ! », le menaçai-je.
Mon ami se contenta ainsi de fermer sagement sa bouche. La route se fit donc plus paisible, les personnes que nous croisions se bornant à murmurer entre eux, peut-être à cause de nos cornes ou peut-être à cause de nos mains enserrées l'une contre l'autre. Mais au moins, la plupart des femmes qui étaient sur notre chemin n'osèrent pas se jeter contre Lenny.
Enfin, le Grand Orphelinat fut en vue après toutes ces péripéties et nous nous dépêchâmes d'y entrer.
L'accueil était plutôt bien arrangé, l'entrée étant plutôt propre et l'atmosphère calme, seulement quelques pleurs de bébés pouvant se faire entendre dans le lointain.
Je poussai le portillon et m'engageai, interrompant sans le vouloir une femme vraiment âgée sur son chemin.
« Vous venez pour une adoption ?, demanda-t-elle d'une voix chevrotante.
- Ça va ?, fut la réponse de FuryFuryus, vous n'êtes pas euh... un peu âgée pour pratiquer encore ce métier ?
- FuryFuryus !!, m'exclamai-je, souhaitant lui reprocher son indiscrétion.
- Hahahaha, vous êtes drôle jeune homme, rit doucement celle-ci, c'est que le Grand Orphelinat manque de personnel. Puis, que ferais-je à la retraite ? Sinon, concernant l'adoption ?
- Oh oui, nous venons pour ça, s'avança Lenny en prenant la parole.
- Hmm, je vois, suivez-moi », enjoignit la nourrice.
Elle nous entraîna alors vers un autre bureau, nous faisant traverser la cour, empli d'enfants différents jouant. Ceux-ci nous dévisagèrent de loin, s'attardant plus particulièrement sur l'apparence de Lenny. Soudainement, FuryFuryus nous lança :
« Allez-y, je vous rejoins plus tard, je vais tenir compagnie à ces bambins ! »
Et sur ces mots, il se précipita vers les petits.
Arrivés au bureau, la femme se tourna vers nous et nous questionna :
« Vous venez tous adopter pour des enfants ?
- Oh non, FuryFuryus, celui qui est parti jouer avec les petits, est mon ami, fis-je non de la tête.
- Oh je vois et vous ?, demanda-t-elle.
- Nous sommes mariés, répondit Lenny de but en blanc, sans aucune discrétion, en montrant nos doigts entrelacés avec nos bagues.
- D'accord, je n'aurais donc pas besoin de vous poser cette question, sourit la nourrice, et au fait, pardonnez-moi cette indiscrétion, mais vous me rappelez quelqu'un ?
- Moi ?, m'enquis-je.
- Non, ce Monsieur, déclara-t-elle en pointant mon mari du doigt, je me rappelle de vous maintenant, vous étiez un bébé très particulier.
- Vraiment ?, confiai-je, curieux de connaître la suite, pourriez-vous m'en dire plus ? »
Lenny souffla silencieusement du nez sans pour autant s'interposer.
« Oh et bien, il ne pleurait jamais, et surtout, aucune information à part son nom ne nous avait été parvenue.
- Ah bon ?? », lâchai-je, interloqué par cette anomalie.
Même Lenny sembla confus par la révélation de cette nouvelle.
« Sinon, pour en revenir à l'adoption, j'aurais besoin de vous poser plusieurs questions, reprit la nourrice.
- Hum, allez-y, l'encourageai-je.
- D'abord, alors, oui vous êtes mariés mais vous êtes-vous déjà occupés d'enfants Monsieur et Monsieur ?
- Solius et Lenny. Hmm, je suis instituteur, mais je ne m'en suis jamais vraiment occupé..., avouai-je, penaud.
- Je n'ai aucune expérience là-dedans, déclara Lenny d'un air nonchalant.
- Je vois, je vois, dit-elle en nous présentant un formulaire avec plein d'enfants présentés dessus, pourrais-je alors savoir quelle tranche d'âge vous visez ?
- Jeune et très jeune », expliquai-je.
Lenny et moi n'avions pas réussi à nous mettre d'accord sur le sexe de l'enfant et sur l'âge de celui-ci. Nous avions ainsi décidé d'en adopter deux.
« Nous aimerions une fille et un garçon, l'un très jeune et l'autre plus âgé », explicitai-je en apercevant l'air un peu désemparé de la dame.
Celle-ci sembla alors comprendre.
« Dans ce cas, je vais vous conduire à la nurserie pour votre premier choix. La plupart des enfants sont dans la cour sinon »
Et sur ces mots, elle nous enjoignit à la suivre. Elle nous fit passer par un dédale de couloirs, nous dirigeant vers la crèche. Toutefois, au détour d'un corridor, je vis une petite fille se faire emmener par une nourrice.
« Encore ?, s'étonna celle qui nous accompagnait.
- Oui, et cette fois-ci, elle a cassé un vase en plus, soupira l'autre nourrice.
- Désolé, ne faites pas attention à la petite Lya. Elle est très turbulente pour ses cinq ans », déclara-t-elle.
Je secouai la tête et nous nous remîmes en route. Toutefois, au moment de passer, la petite s'accrocha à la jambe de Lenny, lui faisant des yeux de chaton triste. Je me retenais de rire devant la situation incongrue qui se déroulait devant moi.
« Voyons Lya ! », gronda l'adulte qui était avec elle.
Cependant, avant qu'elle ne put lui saisir l'épaule, Lenny me lâcha la main, se pencha vers elle et la souleva, la prenant dans ses bras. La petite lui fit ainsi un grand sourire.
« Manipulatrice hmm ?, constata avec amusement mon époux, Solius, j'aimerais qu'on l'emmène avec moi. Elle me plaît beaucoup.
- Ah ?, lâchai-je.
- Vous êtes sûrs ?, interrogea la vieille nourrice avec étonnement, c'est que... personne d'habitude ne veut d'elle...
- Raison de plus pour la prendre, affirma mon compagnon avec assurance, à moins que tu ne veuilles pas Solius.
- Non, enfin... On regardera son dossier avant quand même, déclarai-je.
- D'accord, concéda l'hybride, allons à la garderie maintenant ».
Et sur ces paroles, il avança, continuant à porter la petite dans ses bras, celle-ci enroulant ses bras autour du cou de son porteur.
Après quelques secondes de marche, la nourrice poussa une grande porte, nous donnant accès à une immense pièce avec des rangées de berceaux, pour une partie vides, tandis que les autres contenaient des bébés en pleurs.
« Mes excuses, s'excusa une femme en train de nourrir un petit avec un biberon, ils sont tous comme ça à 12h. C'est l'heure de les nourrir.
- C'est bon, ce n'est pas grave, c'est normal », répondis-je.
Je me grattai alors la tête et je la tournai vers Lenny, peut-être afin de savoir quel enfant choisir, toutefois, celui-ci était trop occupé à parler avec Lya, ce qui était pour le mieux s'il s'entendait bien avec elle.
Je circulai ainsi entre des rangées de bébés chouineurs, un peu perdu, lorsque l'un d'entre eux interpela mon regard. Je me dirigeai vers lui et me plaçai juste à côté, curieux de son comportement.
Mes yeux alternèrent alors entre un Lenny interrogateur et ce bébé.
« Y a pas à dire, marmonnai-je, ils se ressemblent étrangement »
Contrairement à Lya qui avait une peau similaire à la mienne, une chevelure noire ramenée en deux couettes montrant bien ses petites oreilles, ses petites cornes sur sa tête légèrement courbées et noires, ainsi que des yeux noisette comme les miens, le bébé, quant à lui, possédait de longs cheveux blancs en accord avec ses minuscules cornes, une peau un peu plus pâle que l'ordinaire, sans pour autant rivaliser avec celle de Lenny, qui faisait ressortir ses petites oreilles, et de magnifiques yeux d'un bleu laiteux, ses pupilles alternant entre du bleu et du blanc. Celui-ci me fixait avec ses grands yeux, ne pleurant pas comme ses congénères.
Une nurse se rapprocha de moi et me tendit son dossier :
« Il s'appelle Lims, il doit avoir entre deux et trois mois. Il est en parfaite santé et semble avoir un développement normal, mis à part le fait qu'il n'a jamais pleuré, même pas pour manger, m'expliqua celle-ci.
- Comment faire pour savoir quand le nourrir ?
- Il a tendance à tendre ses bras lorsqu'il a faim, soif ou pour tout autre chose qu'il souhaite, comme maintenant, me dit-elle en montrant le bébé qui tendait ses petits bras dodus vers moi, comme s'il voulait que je le prenne avec moi, souhaitez-vous le prendre dans vos bras ?
- Euh, je peux ?, hésitai-je.
- Bien sûr ! », affirma la jeune femme avec enthousiasme.
Elle se déplaça et prit avec professionnalisme le bébé dans ses bras avant de le glisser dans les miens hésitants. Une fois en ma possession, celui-ci se mit à sourire, laissant échapper quelques gazouillements joyeux. Je me mis à tâter sa joue dodue avec un sourire très doux, le trouvant plus mignon de cette manière.
« Oh !! C'est la première fois que nous le voyons sourire ! C'est fabuleux !, s'extasia la nounou.
- On va le prendre. Ça te va Lenny ?, m'enquis-je en me tournant vers mon époux.
- D'accord, accepta-t-il très facilement.
- Je vous prépare leurs effets personnels Messieurs, déclara la bonne d'enfants en partant chercher les affaires.
- Bien, interrompit la vieille femme, si vous voulez bien me suivre pour signer tous les documents nécessaires ».
Nous la suivîmes, encore une fois, dans un énième bureau, et nous signâmes tous les documents essentiels à l'adoption des deux petits. Même après avoir vu le dossier de Lya, j'avais accepté.
La vieille dame nous fit alors une série de leçons et de conseils sur l'art d'élever un enfant, nous laissant finalement quitter l'établissement dans l'après-midi, après avoir traîné un FuryFuryus réticent sur le chemin.
Il jeta alors un coup d'œil au bébé dans le landau et un autre à la petite fille qui tenait la main de Lenny.
« Pourquoi tu attires toujours les gens étranges Solius ? Entre Lenny et ce bébé, ils font la paire !, s'exclama FuryFuryus.
- Misère FuryFuryus ! Je me passerai de tes commentaires sarcastiques !, répliquai-je.
- Bon, bon », bougonna celui-ci.
La traversée de la Ville fut ainsi plus paisible, notamment parce qu'à cette heure-ci, la plupart des Tuyauriens travaillaient.
Nous prîmes la navette afin d'arriver à la Grande Place du village. Là, Lenny avait réussi à persuader Vernon (je ne sais comment) à tous nous ramener en charrette. Heureusement que deux ânes la tiraient au lieu d'un sinon elle n'aurait jamais bougé.
Notre véhicule de fortune nous déposa finalement juste devant la maison, Lenny remerciant Vernon en lui serrant la main. Je crus d'ailleurs que celui-ci avait atteint le paradis. Sûrement se dirait-il qu'il ne se laverait plus jamais cette main, mais j'espérais que non tout de même.
FuryFuryus ouvrit la porte d'un grand coup de pied, la faisant presque sortir de ses gonds.
« HOME SWEET HOME !, s'égosilla-t-il en dansant comme un diablotin dans le salon.
- Au lieu de hurler comme un babouin, réchauffe le biberon au lait de chèvre pour Lims, lui dis-je en lui passant l'objet.
- Roooh de suite !! », ronchonna le jeune homme en se dirigeant vers la cuisine.
Je me tournai alors vers la petite qui s'était mise à explorer son nouveau chez-elle.
« Lya, tu veux manger quelque chose, tu as faim ?, demandai-je.
- Je peux ?, s'enquit celle-ci d'une petite voix.
- Bien sûr, tu es chez toi maintenant Lya, lui répondis-je en souriant affectueusement.
- Chez moi... Chez moi !, répéta joyeusement la petite fille en souriant elle aussi et en serrant les pans de sa robe violette à froufrous.
- Viens que je te montre ta chambre, Lya, pendant que Solius s'occupe du repas, déclara brusquement Lenny alors qu'il plaçait la poussette à côté de la table.
- D'accord, d'accord ! »
Elle saisit alors la main de mon compagnon et tous les deux montèrent à l'étage.
À ce moment-là, FuryFuryus revint avec le biberon et me le tendit. Je le pris, soulevant ainsi le bébé dans mes bras pour le nourrir.
« Tu peux réchauffer les plats s'il te plaît ?, sollicitai-je mon ami.
- Quoi ? Tous ??
- Mais non, espèce d'idiot ! Ceux que tu préfères, voilà.
- Oh !! Avec plaisir !! », s'écria mon colocataire.
À cet instant, Lya et Lenny nous rejoignirent, la petite s'extasiant sur un peu tout.
« Trop jolie la chambre !! Et ça c'est quoi ??, fit-elle en pointant du doigt l'ancestral transistor qui trônait sur un buffet, tout en tirant la main de mon époux.
- Une vieille radio, répondit nonchalamment l'hybride.
- Oh !! Et lui, c'est qui ??, questionna-t-elle en montrant FuryFuryus qui mettait la table.
- Personne, affirma Lenny en haussant des épaules.
- Hey !, s'insurgea mon ami.
- Comment dois-je vous appeler d'ailleurs Monsieur Lenny ?, reprit la petite sans s'arrêter de déblatérer.
- Monsieur... pfff, pouffai-je en entendant ce surnom et FuryFuryus gloussant également.
- Tu peux m'appeler..., réfléchit mon compagnon en fronçant légèrement les sourcils avant qu'un grand sourire farceur ne s'affiche sur son visage en me regardant, tu peux m'appeler papa.
- Papa !, s'exclama la petite en venant enlacer avec tendresse sa jambe.
- Ah bon ?, soufflai-je, surpris, toujours en train de biberonner Lims.
- Et lui, tu peux l'appeler maman », renchérit brusquement Lenny en m'indiquant du doigt.
Je faillis m'étouffer avec ma salive à ce surnom tandis que FuryFuryus en recracha son eau et partit dans un fou rire incontrôlable, se roulant par terre en se tenant le ventre.
Je lançai alors un regard noir à mon ami, ne trouvant pas cela particulièrement drôle.
« Maman !, fit Lya en lâchant la jambe de son père et en venant saisir la mienne, avec mon petit frère !
- C'est bien ton petit frère Lims, confirmai-je en me baissant pour me mettre à sa hauteur, afin de lui montrer le petit qui tétait son lait à la lenteur d'une tortue.
- Il est bizarre..., débuta-t-elle avant de faire un grand sourire, mais je le trouve mignon !
- Sinon, lui, là-bas, repris-je en faisant un signe de tête vers un FuryFuryus mort de rire, tu peux l'appeler papy ».
Le dénommé s'arrêta brusquement de rire et me fit des yeux de merlan frit.
« Oh !! J'ai même un papy !! C'est trop génial !!, s'enthousiasma l'enfant en tapant des mains.
- Attends Solius !! C'est pas possible ! Je suis plus jeune que toi !, se révolta celui-ci, sous le regard moqueur de Lenny.
- L'un n'empêche pas l'autre, fis-je en haussant des épaules et en me redressant.
- Oh noooooon !! Lya, appelle-moi tonton plutôt !, supplia le pauvre FuryFuryus.
- Tonton papy ?, répéta la petite sans comprendre.
- Non, juste tonton !!
- Papy tonton ?
- Tonton Fufu, enchéris-je d'un sourire ironique, devant le visage déconfit de mon ami à ce surnom.
- Oh !! Tonton Fufu !! », s'exclama avec allégresse la petite, sous le regard désespéré de ce pauvre FuryFuryus.
Lenny et moi ricanâmes face à ce tour que nous lui avions joué. Lya courut alors vers son nouveau tonton pour lui poser plein de questions malgré sa moue boudeuse.
Lenny se déplaça à cet instant pour venir à côté de moi et m'enlacer, posant sa tête sur mon épaule. Je retirai à ce moment-là le biberon du bébé qui avait enfin fini son repas, celui-ci se mit à babiller des mots incompréhensibles avec un grand sourire.
« Hmm, Solius, je suis content d'être avec toi, me déclara subitement mon compagnon, sûrement dans un élan de tendresse.
- Moi aussi Lenny, je suis très heureux », répondis-je en souriant.
L'avenir qui attendait notre famille était plus que radieux, loin de cet orage du premier soir.
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Coucou !! Voilà, c'est la fin de cette petite fanfiction qui m'a pris pas mal de temps T-T. J'espère qu'elle vous aura plu ceci dit ! Moi, ça m'a beaucoup plu de l'écrire en tout cas UwU. Je remercie _Tuyau_ qui m'a permise de reprendre son personnage et qui m'a permise d'utiliser ses dessins ! Merci encore d'avoir lu et on se retrouve sur une autre histoire ^^.
NDA : Le Grand Orphelinat est inspiré de l'autre histoire "Le journal de Perceval" de _Tuyau_, dans le même univers que "Chèvre".
FF
MAJ : Un chapitre 5 est prévu finalement après certaines révélations dans l'œuvre originale. Merci pour votre patience.
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