Chapitre 1
La pluie tombait à grosses gouttes, s'écrasant contre les vitres de la maison. Je regardai l'horizon d'un air absent, perdu dans mes pensées, étalé sur le canapé.
« Je me souviens juste de cet homme qui m'étranglait dans mon berceau », tels étaient les mots qu'avait prononcés Lenny ce jour-là en me racontant son passé, lors de la fête de bienvenue.
J'en frissonnai rien qu'en y pensant, une peine immense étreignant mon cœur. Je me sentais mal en me rappelant comment nous nous étions quittés.
« Tout ça à cause de cette andouille de FuryFuryus, grommelai-je, s'il n'avait pas été ivre et aussi indiscret, j'aurais pu continuer ma conversation ».
Je soupirai lourdement, ignorant ce que je devais faire.
« Peut-être que je devrais aller m'excuser ?, me demandai-je.
- Qui donc ? », interrompit une voix bien connue depuis les escaliers.
Je ne pris même pas la peine de répondre à l'autre personne.
« Écoute Solius, reprit le concerné, je t'ai déjà dit que j'étais désolé, je n'aurais pas dû abuser de l'alcool en effet... Même si c'était drôle parce que je te voyais touuuut déformé !
- Oublie FuryFuryus, je ne t'en veux pas », affirmai-je.
Le dénommé FuryFuryus demeura silencieux, se contentant de descendre les marches et de se diriger au petit trot vers moi. Toutefois, à mi-chemin, il ouvrit grand les yeux et poussa un cri d'exclamation, me faisant sursauter par la même occasion. Il se précipita alors vers les portes-fenêtres.
« Oh non ! Il pleut ! Je venais juste de nettoyer les vitres !! Elles vont être encore sales, rooooh !! », se plaignit FuryFuryus dramatiquement, posant son nez contre le verre et aplatissant son visage de dépit dessus sous mes yeux confus.
Je roulai alors des yeux face à la réaction complètement disproportionnée de mon squatteur, euh colocataire.
Je décidai finalement de me lever, ayant pris ma décision. Je pris un parapluie, rassemblai mes longs cheveux châtains qui descendaient jusqu'à mes hanches en une tresse échevelée tout en prenant soin de ne pas abîmer mes cornes courbées (de chèvre) au passage ainsi que mes oreilles (toujours de chèvre).
« Je ne me ferai jamais à mes longues oreilles », marmonnai-je.
Au moment d'ouvrir la porte, FuryFuryus m'interpela, surpris :
« Mais ?? Où vas-tu Solius ? Et sous cette tempête ??
- Ne t'en fais pas, répondis-je nonchalamment, je me rends juste chez mon voisin d'à côté ».
Le visage sombre de mon ami me laissa cependant de marbre.
« Vraiment ? Pourquoi ?, grogna un FuryFuryus mécontent.
- Parce que. Je dois discuter de certaines choses avec lui.
- Mais on doit réviser ensemble, la rentrée est dans pas longtemps. En plus, il doit sûrement être encore entouré de son fabuleux groupe de fans, lâcha le jeune homme avec dégoût.
- Écoute FuryFuryus, je sais que Lenny et toi ne vous appréciez pas du tout. Mais ce n'est pas une raison pour lui cracher dessus dans son dos. Je pense qu'il y a quelque chose derrière tout ça, expliquai-je, pensif.
- Tout de même... Puis, je n'aime pas son apparence, il est tellement blanc, comme la nacre ! Ses longs cheveux sont tellement blancs, presque transparents, et ses yeux... on les voit seulement parce qu'ils sont délimités par les pupilles... Non vraiment... son apparence me terrifie et-
- FuryFuryus ! On ne juge pas les gens sur leur apparence ! C'est toi qui me l'as demandé par rapport à Tuyus, souvent jugée par sa petite taille. Alors, s'il te plaît, je ne te demande pas d'être ami avec Lenny, je te demande juste de ne pas lui faire plus de mal qu'il ne s'en fait déjà pour lui-même », m'emportai-je.
Le silence prit place entre nous deux.
« Solius ? Tu ?? », souffla un FuryFuryus éberlué.
Je ne répondis mot et me contentai de tirer la langue à mon ami, avant d'ouvrir la porte avec le parapluie et de me précipiter jusque sur le palier de mon voisin.
Je sonnai alors à la porte, attendant patiemment tout en tentant de m'abriter le plus possible de la pluie. Tout en patientant devant la porte, une silhouette finit par me rejoindre. Je la reconnus rapidement.
« Harmonie ? », tentai-je.
Celle-ci releva la tête, légèrement surprise de me voir.
« Solius ? Oh... Je suis contente de te revoir, sourit-elle doucement, comment vas-tu ?
- Bien et toi ? Je ne t'avais pas revue depuis la soirée, continuai-je.
- Ça va. Sinon, que fais-tu ici ? C'est étonnant de te voir là, fit-elle remarquer.
- Oh ! Hé bien... Je suis venu m'excuser auprès de Lenny pour l'indiscrétion de FuryFuryus. Et surtout, j'ai des questions importantes à lui poser. J'aimerais en savoir un peu plus sur Perceval, répondis-je, et toi ?
- Je vois... Pour ma part... Mon oncle et ma tante m'ont demandé de ramener Vernon... Je le déteste mais vu que si je ramène ce morveux, j'aurais le droit à de l'argent de poche, j'ai accepté, m'expliqua honnêtement la jeune femme.
- Oh euh... Oh Vernon... Il est euh... en effet... pas très sympathique », lui accordai-je.
Un sourire immense prit place sur le visage d'Harmonie. Elle prit mes mains dans les siennes avant de lâcher joyeusement :
« HAHA ! J'ai enfin rencontré quelqu'un qui est d'accord avec moi ! Tout le monde l'aime bien mais pas moi !
- Oui enfin, FuryFuryus ne l'apprécie pas trop non plus, avouai-je, embarrassé.
- Je sens que je vais bien m'entendre avec vous deux », chantonna joyeusement ma nouvelle amie, lâchant mes mains tandis que la porte s'ouvrait enfin.
En parlant du loup, Vernon était celui qui nous accueillait. D'ailleurs, sa grimace de dégoût en dit long sur son état d'esprit. Derrière lui, des éclats de voix pouvaient se faire entendre. Toutefois, Vernon tenta de refermer la porte. Heureusement, Harmonie fut la plus rapide et cala son pied entre la porte et le palier avant de pousser la pauvre porte avec une grande force, clamant bien haut et fort d'un air sarcastique :
« Cher Vernon, tu dois rentrer à la maison. Alors, je te laisse le choix. Soit je te ramène en te traînant par les pieds, soit tu me suis bien sagement »
Sa menace fut suivie d'un grand sourire forcé.
Je n'osais rien dire, gêné par la situation. Le regard de haine que m'avait lancé Vernon ne m'avait pas aidé. FuryFuryus avait peut-être raison, j'aurais dû passer un autre jour.
Une autre voix cependant vint résoudre calmement la situation tendue.
« Voyons Vernon, c'est impoli de laisser des invités sur le palier de la porte ≈ »
Lenny se montra dans l'embrasure, churlupant un autre gobelet dans sa main.
« C'est bien aimable mais je suis seulement ici pour ramener cet idiot, réfuta gentiment Harmonie.
- Je vois, tu devrais rentrer Vernon », conseilla sagement l'hybride, une certaine émotion transparaissant dans son regard.
Était-ce de l'envie ?
Le dénommé Vernon hésita mais hocha la tête tout en grommelant, finissant par suivre la jeune fille qui se contenta de me faire un signe d'au revoir.
« Solius ? Que fais-tu ici ? Tu te languis de moi ?, gloussa avec amusement le Tuyaurien.
- Oh euh non, déniai-je, gêné, j'étais simplement là pour te voir et discuter avec toi. Mais puisque tu es avec d'autres personnes, je ne vais pas vous déranger ».
Un air étonné s'afficha sur son visage et une émotion passa dans son regard avant qu'il ne me lâche :
« Attends deux secondes »
La porte se referma, me laissant dans le désarroi le plus total, avant que celle-ci ne se rouvre une énième fois. Je me poussai alors, plusieurs personnes sortant en file indienne, elles aussi désarçonnées et consternées, comme si elles étaient virées sauvagement de sa maison.
« C'est bon, tu peux rentrer Solius », m'intima Lenny, reprenant son sourire habituel.
Mon esprit confus ne saisit pas la situation et l'hybride dut me prendre le bras pour me tirer à l'intérieur, me tirant de mes pensées.
« Oh euh je... Tu ne les as pas virées à cause de moi j'espère ??, interrogeai-je, me sentant mal à cette idée.
- Non, ne t'en fais pas, ils partaient de toute façon », me répondit avec nonchalance le jeune homme.
Lenny finit par me lâcher le bras et je le suivis dans son étrange maison, toujours d'un blanc aussi éclatant et profondément vide.
Un proverbe intéressant racontait que « la maison reflète notre personnalité et notre cœur ». Est-ce que Lenny se sentait aussi vide ? Après tout, j'avais l'impression de parler à une personne morte de l'intérieur à chaque fois que je lui parlais. À l'origine, je n'avais pas eu plus envie que ça de lui parler. Toutefois, plus je discutais avec lui et plus j'avais envie de me rapprocher de lui et de l'aider. Maintenant que j'y pensais, l'unique fois où il m'avait semblé vivant était lorsque je l'avais vu rire, au marché ce jour-là, quand nous étions tombés dans la fontaine.
« Solius ?, questionna l'homme, me ramenant dans la réalité.
- Oh oui ! C'est moi !, m'exclamai-je.
- Je sais bien que c'est toi, rit doucement le tuyaurien, reprenant dans sa main son gobelet malheureusement vide à son grand désespoir, se contentant alors de le secouer nonchalamment.
- Oh je, je ne suis pas venu les mains vides d'ailleurs ! », renchéris-je brusquement.
Je me mis alors à fouiller mes poches et finis par trouver le sac sous les yeux confus de mon interlocuteur.
« Je t'ai amené du thé glacé. J'ai compris que tu en raffolais lors de notre dernière altercation », expliquai-je en lui tendant le sac.
D'abord surpris, un sourire immense, dévoilant toutes ses dents blanches parfaitement alignés (mais quelle dentition !), prit place sur son visage.
Il se déplaça et prit le sac avant de fouiller l'intérieur et d'en sortir une thermos.
« Merci Solius »
J'étais étonné par ses remerciements puis je ris doucement.
« De rien, c'est normal. C'est en échange pour m'avoir aidé à aménager ma maison. Quoique, je ne connais toujours pas la contrepartie mais merci », remerciai-je sincèrement.
Lenny sembla sonder mes yeux avec les siens aux pupilles presque invisibles et absentes à la recherche de quelque chose qui puisse expliquer mon action sûrement.
« Je vois... » murmura-t-il en réponse.
Alors qu'il me rendait mon sac, tout en se servant le thé glacé dans son gobelet après, je remarquai le bracelet de fleurs desséchées à son poignet.
« Lenny ?? Tu as gardé ce vieux truc ??, soufflai-je, éberlué.
- Quoi donc ?
- Le bracelet que je t'ai offert ! », répliquai-je en pointant du doigt le dit objet.
Le jeune homme ne dit rien, regardant le bracelet d'un air complètement absent, comme s'il se posait une multitude de questions.
« Tu n'es pas obligé de le garder, je t'en offrirai un autre si tu veux, lui proposai-je.
- Non, répondit-il brusquement.
- Ah bon ?, répliquai-je, totalement désarçonné par sa réponse.
- Non parce que... celui-ci est spécial »
Et sur ces mots, il se tourna, dos à moi, se concentrant sur sa boisson.
Spécial ?? Ah bon ?? Pourquoi ?? Il fallait vraiment que j'arrête d'essayer de comprendre les actions de mon voisin.
« Sinon, Lenny, repris-je afin de détendre l'atmosphère et d'accomplir mon objectif, je suis venu m'excuser pour l'indiscrétion de FuryFuryus la dernière fois.
- Hmm, tu es gentil Solius, mais je n'en ai cure pour être honnête, m'avoua le tuyaurien dans un grand sourire en se retournant face à moi.
- Euh... ah bon ? Euh... tant mieux alors ?
- Sinon, tu souhaites autre chose Solius ? Peut-être puis-je t'offrir du thé ? ≈
- Surtout pas du thé aux ronces et encore moins au saucisson ! », fis-je en grimaçant avec du dégoût.
Ma mimique fit éclater de rire Lenny, qui se mit à rouler par terre tel un FuryFuryus possédé. Son rire me contamina et je me mis à rire également pendant plusieurs minutes. Ce fut éprouvant et je dus m'appuyer sur le canapé pour reprendre mon souffle, tout comme mon voisin qui peinait à reprendre sa respiration.
« Tu es vraiment incroyable Solius. Je n'avais pas eu un tel fou rire depuis si longtemps !
- Oh bah, de rien ? », lâchai-je, essoufflé.
L'hybride sembla vouloir dire quelque chose mais au loin, le tonnerre retentit soudainement. Le sourire de Lenny disparut aussi rapidement qu'un éclair était apparu la seconde d'après.
Je me souvins vaguement que celui-ci m'avait avoué qu'il avait eu peur du tonnerre pendant longtemps. Peut-être encore maintenant ?
« Dis, Lenny, est-ce que par hasard... tu aurais encore peur du tonnerre ?, m'enquis-je doucement en me redressant.
- Haha, tu es drôle Solius ≈ Qui a peur du tonnerre à son âge ? », tenta le tuyaurien en cachant son malaise derrière un faux sourire.
Ses sourires avaient-ils déjà été véritables ?
À sa réponse, un autre grondement se fit entendre.
« Tu devrais partir », me joignit Lenny, tentant de maîtriser les tremblements de sa voix.
Je secouai la tête de manière négative, refusant de le laisser seul.
« Sûrement pas. Tu sais, ce n'est pas grave d'avoir peur du tonnerre Lenny. Désolé d'avoir dit qu'on n'en avait plus peur dès l'âge de cinq ans la dernière fois. Mais j'ai menti. Je connais des adultes qui en ont encore peur », le rassurai-je en me rapprochant de lui.
Je saisissais alors le gobelet qu'il serrait comme un malheureux dans ses mains jusqu'à la suffocation et le déposai sur la table. L'hybride était demeuré silencieux depuis mon geste, se contentant de me regarder faire, une émotion étrange dans les yeux.
« Viens chez moi », lui proposai-je.
Je ne sus si le tonnerre l'avait rendu docile ou malade, mais il hocha la tête et me suivit.
J'avais l'impression d'avoir une autre personne en face de moi, peut-être son vrai lui finalement. Je ne voulais pas rester ici, c'était bien trop vide pour être considéré comme vivable.
Je pris sa main, ramassai mon parapluie dans l'entrée et le guidai jusqu'à ma maison malgré l'averse. J'ouvris la porte, balançant mon parapluie sur le plancher et nous faisant entrer complètement trempés.
« Je pense qu'un bon bain nous fera du bien », remarquai-je joyeusement.
Lenny se contenta de regarder autour de lui, complètement silencieux. Je poussai alors un long soupir et priai pour que le FuryFuryus au bois dormant ne se montre pas.
Pitié Clopélius, faites qu'il dorme dans son lit et ne se réveille pas !
J'allumai les lumières, la nuit étant tombée en plus, et guidai mon voisin à l'étage, perturbé par son étrange silence.
Je le fis entrer dans la salle de bain, lui lâchai la main et lui répondis :
« Attends, ne bouge pas, je reviens, je vais te chercher des vêtements. Je ne peux pas te prêter mes habits mais ceux de FuryFuryus oui »
Parce que ce bougre était tout de même plus grand que moi !
Je me dépêchai alors d'emprunter des vêtements à mon ami, entrant dans sa chambre sur la pointe des pieds pendant qu'il ronflait comme un bienheureux dans son lit. Je les lui rendrai plus tard.
Je fis demi-tour, refermant bien la porte derrière moi en silence, puis me dirigeai à toute vitesse vers la salle de bain. Je me tétanisai alors devant la scène devant moi. Heureusement pour moi, Lenny n'avait pas encore enlevé le bas, seulement le haut.
Toutefois... peut-être que ces abdos musclés expliquaient également sa popularité ? Était-il aussi parfait ? En tout cas, FuryFuryus n'était pas aussi musclé (prenant plutôt du gras en ce moment d'ailleurs), il ne risquait pas de rivaliser avec lui.
« Oh pardon... », déclarai-je en rougissant fortement.
Attends, pourquoi je rougis ??
Je cachai mon visage derrière les textiles et fis comme si je n'avais rien vu.
« Je vais euh, laisser les vêtements sur le côté, euh, je euh, ouais », balbutiai-je.
Je posai alors promptement les habits sur une chaise et me dépêchai de sortir. Toutefois, le jeune homme me saisit par la main.
« Solius, voudrais-tu prendre un bain avec moi ? », me demanda-t-il sincèrement, sans aucune arrière-pensée honteuse (ou pas, pas comme l'autrice en tout cas hohohohohoho).
Je me figeai, ne sachant pas quoi répondre à une telle question.
Je me tournai lentement, gardant les yeux fixés sur son visage nonchalant.
« EUH... Nous ne sommes plus des enfants, tu sais ?, tentai-je.
- Où est le problème Solius ? ≈, remarqua Lenny, semblant avoir retrouvé son ancien lui, nous sommes tous les deux des hommes.
- Oui enfin... dans mon ancien monde... les relations entre personnes d'un même sexe pouvaient exister !, renchéris-je, tout en me mettant à regarder le plafond.
- Oh ? Alors, serais-tu de ce bord Solius ? ≈ Aimerais-tu les hommes ?, s'enquit un Lenny particulièrement intéressé et curieux.
- Non, c'est euh... », bafouillai-je en me mettant à fixer un plancher particulièrement passionnant.
Mince ! Pourquoi tout le monde, même dans mon ancienne vie, me posait la même question ? Bon, d'accord, peut-être que les torses musclés des hommes m'attirent, mais de là à dire que j'aime les hommes... Bon peut-être que c'était le cas... Mais Lenny ??
« Ce n'est pas grave Solius, je ne faisais que te taquiner ≈. En réalité, je m'en moque bien, tu peux aimer les hommes ou pas, je m'en fiche particulièrement », répondit soudainement l'hybride, me sortant de mes pensées.
Je relevai les yeux pour apercevoir son regard perdu dans le vide.
« Bon d'accord, concédai-je, c'est uniquement parce que tu n'as pas l'air bien. Mais ne va pas croire que je prendrai un bain avec toi tous les jours ! »
Ma réponse surprit le jeune homme qui en resta coi et me lâcha la main.
C'était bien la première fois que je voyais un Lenny éberlué et c'était assez drôle.
« Bon chacun son tour dans la baignoire et tu ne regardes pas !, imposai-je, alors que mes joues étaient devenues cramoisies.
- Très bien... », concéda le tuyaurien.
J'entendis le froissement de vêtements et de l'eau être remuée.
« C'est bon », se contenta de dire mon voisin.
La vision me fit un pincement au cœur. Lenny s'était recroquevillé sur lui-même dans la baignoire. Après tout, le tonnerre n'arrêtait pas de gronder à l'extérieur.
Je me dépêchai ainsi de me déshabiller puis le rejoignis dans l'eau, alors qu'il avait fermé les yeux. Fort heureusement, la vapeur de l'eau chaude m'empêchait de voir quoi que ce soit. Je m'assis face à lui, sortant un savon d'une armoire au-dessus et deux gants afin de les lui passer. Lenny, toujours renfermé sur lui-même, ne dit mot. Je me bornai ainsi à simplement poser le tout à côté de lui puis entrepris de me laver le haut du corps. De toute façon, j'avais déjà pris une douche donc ce n'était pas réellement nécessaire.
L'hybride, qui avait détourné les yeux, les posa subitement sur moi, alors que j'avais fini de me savonner et que je profitais simplement de l'eau chaude de la baignoire, tentant de me détendre.
« Ce n'est pas vraiment confortable comme position, non ?, me fit remarquer le jeune homme en souriant tristement.
- Hmm, en effet, accordai-je.
- Mets-toi dans l'autre sens », me conseilla le tuyaurien.
Je haussai un sourcil face à la proposition étrange. Cependant, je finis par suivre son conseil et me tourner, Lenny fermant les yeux à chaque fois que je sortais de l'eau, et me plaçai dans l'autre sens, c'est-à-dire dos à lui.
Je grimaçai, ne trouvant pas cette position tant confortable que ça. Enfin, c'était jusqu'à ce que Lenny m'attrape par la taille et me tire dans son étreinte, mon dos reposant alors contre son torse, me trouvant ainsi entre ses jambes.
« Qu'est-ce que ??, lâchai-je, hébété.
- C'est mieux, confirma le jeune homme, comme ça tu peux t'appuyer sur moi et moi je m'appuie contre le dossier de la baignoire »
Sa logique était implacable en effet... Néanmoins... cette position était un peu gênante ! Mon visage prit la couleur d'un homard. Est-ce qu'il le faisait exprès au moins ?? J'étais malheureusement complètement crispé, ne profitant ainsi pas de l'eau.
« Détends-toi Solius ≈, me susurra Lenny à l'oreille, envoyant un frisson le long de mon corps, tu es aussi rigide qu'un poteau de bois héhé »
Son rire grave résonna dans mon oreille.
« Ce n'est... pas très évident, marmonnai-je.
- Laisse-moi te faire des massages alors ≈ », se contenta de répondre nonchalamment l'hybride.
Je m'apprêtai à réfuter sa proposition lorsque deux mains se mirent à masser mes épaules doucement.
Et... ses massages étaient bigrement efficaces ! Je sentis la tension dans mon corps diminuer au fur et à mesure du temps, me détendant dans sa prise. Finalement, alors que j'étais devenu un chamallow, Lenny entoura ma taille avec ses bras et me ramena encore plus près de lui. Cependant, à ce rythme, j'étais déjà devenu une flaque, me reposant juste dans l'eau chaude de la baignoire, sentant la fatigue m'envahir et le sommeil me picorer les yeux.
Dans le lointain, j'entendis vaguement le tonnerre retentir, la prise autour de ma taille se raffermissant à ce bruit. Sa touche me ramena à mes esprits et je posai ma main sur la sienne, caressant doucement son bras.
« Ça va aller Lenny, tu ne crains rien ici, lui chuchotai-je.
- Hmm », marmonna-t-il en venant enfouir son visage dans mon cou.
Un silence agréable prit place entre nous deux pendant quelques minutes, jusqu'à ce que mon voisin reprenne la parole en murmurant dans sa barbe qu'il n'avait pas :
« Tu sens bon Solius »
Je fronçai les sourcils avant de m'insurger :
« Heureusement que je sens bon ! L'inverse aurait été inquiétant ! Puis, je crois que le savon que m'a amené FuryFuryus est drôlement efficace ! »
Lenny resta silencieux avant de pouffer doucement de rire. La confusion m'envahit, ne comprenant visiblement pas pourquoi cela le faisait rire.
« Et si on sortait ? L'eau commence à se refroidir, proposa l'hybride.
- Hmm, tu as raison. Je n'ai pas envie de devenir aussi fripé qu'une feuille de papier ! Et ne regarde pas ! », ordonnai-je alors que je m'extirpais de ses bras fermes.
Je pris une serviette, l'enroulai autour de ma taille, laissai une deuxième sur la chaise, à côté des vêtements, puis sortis de la salle de bains, me dirigeant vers ma chambre pour enfiler un pyjama.
Je m'habillai rapidement avant d'ouvrir à nouveau la porte de la chambre, tombant sur Lenny qui m'attendait sagement derrière.
« Oh ! Euh tu as déjà fini ? C'était rapide !, fis-je remarquer, étonné.
- Hmm. J'ai vidé et nettoyé la baignoire au fait ne t'en fais pas », ajouta le jeune homme en entrant dans la chambre.
Je lâchai un petit rire en apercevant le pyjama, tout bleu avec des poulets qui dansaient la salsa dessus.
FuryFuryus avait décidément de drôles de goûts. Le mien tout de vert avec des tardigrades ne valait peut-être pas mieux après.
J'enfilai alors mes chaussettes avec des cactus dessinés dessus et pris les anciens vêtements de Lenny, encore mouillés, afin de les mettre dans un panier pour les étendre le lendemain.
« Où puis-je dormir Solius ? Quelques coussins me suffiront, ne t'en fais pas, assura mon voisin en balayant ma chambre d'un regard blasé.
- Avec moi », répondis-je du tac-au-tac.
Mon interlocuteur me fit les gros yeux.
« Non je veux dire, je, mon lit est assez grand pour deux personnes, je dors dans un lit double après tout donc tu peux dormir avec moi. En plus, FuryFuryus a pris la chambre d'amis et je n'ai pas encore aménagé la dernière donc tu peux dormir avec moi », expliquai-je à toute vitesse, embarrassé par ma bourde.
Le jeune homme se contenta de simplement hocher la tête.
Je pris quelques oreillers dans l'armoire avant de les placer dans le lit, puis je fermai les rideaux. Finalement, je me glissai sous la douce couette, dans le matelas moelleux, avec délectation, après avoir éteint les lumières.
Mon voisin remua dans les draps, signifiant sa présence malgré l'obscurité envahissante. Puis un silence complet. Le sommeil commença à m'emporter et je fermai les yeux. Enfin, c'était jusqu'à ce que je sente un poids se serrer contre moi.
« Gnééé ?, lâchai-je, ensommeillé.
- Pardon », s'excusa Lenny.
Je baillais puis me tournai dans sa direction, dos au mur ainsi.
« Tu veux me dire pourquoi tu as peur du tonnerre Lenny ?, m'enquis-je, curieux.
- Le jour où je suis mort, il pleuvait et le tonnerre grondait. Depuis, je crois que j'ai associé le tonnerre à un mauvais souvenir. Je pensais avoir réussi à vaincre ma peur mais lorsque le tonnerre est aussi fort qu'aujourd'hui, je n'y arrive pas, m'avoua-t-il.
- Mais et ton père ? J'ai cru comprendre que l'homme qui avait vécu ici, Monsieur Perceval, t'avait adopté. Il ne t'a pas aidé ?
- Je préfère ne pas en parler, clôtura l'hybride.
- Je vois », déclarai-je.
Afin de le réconforter, ma main se déplaça et je tâtai, malheureusement, à l'aveuglette, cherchant désespérément sa tête.
« Que fais-tu Solius ? C'est mon nez que tu touches là, gloussa l'hybride, semblant réjoui de la situation.
- Ah, très drôle, je cherche ta tête. Non, ça ce sont tes cornes. Ah, j'ai enfin trouvé ! », fis-je ravi avant de me mettre à caresser ses cheveux tout doux.
Non vraiment, c'était un crime d'avoir des cheveux aussi doux... Pourquoi la vie était-elle si injuste ?
Au départ, je l'avais senti se raidir, puis il s'était détendu au fur et à mesure.
« Solius ?, chuchota le jeune homme.
- Oui ?
- Puis-je te tenir dans mes bras ? », m'interrogea-t-il d'une petite voix.
Je demeurai silencieux un temps avant de lâcher un petit « oui » discret, mes joues rosissant malgré moi. Sans un mot alors, Lenny se rapprocha encore plus de moi et m'attira doucement dans son étreinte. Mon visage finit ainsi contre son torse bien trop parfait et ses bras m'enlacèrent, me serrant contre lui.
Si FuryFuryus entrait à cet instant, il se moquerait de moi durant tout le reste de mon existence. Faites donc qu'il dorme tellement qu'il ne se réveille pas pendant cent ans !
Pour ma part, j'ignorai où placer mes mains, alors je les disposai autour du corps de mon homologue, l'enserrant contre moi. Puis, j'appuyai ma tête contre sa poitrine, calant ma respiration sur les battements lents et réguliers de son cœur. Petit à petit, je finis par sombrer dans un sommeil paisible, n'ayant pas senti la poigne autour de moi se resserrer lorsque les éclairs frappaient et que le tonnerre grondait.
____________________________________
Hey ! Oui désolée, l'histoire est séparée en trois chapitres, se déroulant sur trois jours en fait :D. J'ignore si j'ai vraiment réussi à respecter le caractère des personnages, ils sont peut-être un peu OOC j'avoue... Désolée...
J'espère sinon qu'il vous plaît ! N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez UwU.
NDA : Le dessin de la couverture du livre a été faite par les mains soyeuses de _Tuyau_.
FF
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro