L'ergokinésie est un pouvoir complexe. Il permet de manipuler les énergies. La mienne est unique. Elle prend une couleur violette, colore mes veines de bleu électrique, se condense en boules d'énergie et s'étend en champ de force. Les lasers ne m'ont pas tuée, ils m'ont rendue plus forte, plus vivante, ils m'ont permis de rencontrer des gens formidables, ils m'ont permis de rencontrer l'amour, d'apprendre à me battre, à comprendre les vraies valeurs de la vie, à me dépasser, à sauver le monde. 

Quand je les ai perdus, je n'étais plus Evy. Quand je les ai retrouvés, je me suis aussi retrouvée. 

Stephen Strange a réussi à les débloquer. Je ne l'en remercierai jamais assez. C'est pour ça qu'aujourd'hui, je préfère sécher ma dernière heure et aller lui dire au revoir.

- J'espère qu'on se reverra, dis-je à l'homme tandis que je le serre brièvement dans mes bras.

- J'espère aussi. Tu es une jeune femme formidable, Evangeline. Et tes pouvoirs sont ton essence. Ne les perds plus jamais.

Je forme une boule d'énergie dans ma main et souris. Toutes les heures, je le fais à l'abri des regards pour m'assurer que je suis bien redevenue Outbreak. 

- Et, une dernière chose, reprend Strange. Evite de refouler tes sentiments. Aimer quelqu'un n'est pas une honte, tu en as le droit. Mieux vaut que tu en profites avant de le perdre définitivement.

J'acquiesce doucement, mes joues prennent une teinte rosée. J'aime Peter. Ça a toujours été le cas, depuis qu'on a passé du temps ensemble en tant que Peter et Evy, depuis que j'ai compris quel garçon formidable il était, depuis le début. Je ne voulais pas me l'avouer, mais maintenant je suis certaine de mes sentiments. Qu'importe s'ils ne sont plus partagés, je vais arrêter de me voiler la face. 

Maman et Liv ont pleuré quand je leur ai dit que mes pouvoirs étaient revenus. Je ne sais pas si Peter est au courant, mais je compte bien le lui dire dès que je peux. Mardi prochain, il part toute la journée pour participer à un Décathlon au nord de Manhattan, je vais en profiter pour aller m'expliquer avec lui. Ça fait trop longtemps qu'on est fâché pour une broutille tous les deux. J'ai encore tout gâché, mais cette fois je réparerai mon erreur. 

Je salue une dernière fois le Docteur et lui fais promettre qu'on restera en contact. 

Sur le chemin du retour, MJ m'appelle pour me demander si je serai là pour le Décathlon. Je lui assure que je viendrai avec plaisir et elle propose de passer me prendre mardi matin. J'en ai discuté avec maman et elle est d'accord pour que je sèche les cours, même si j'en ai déjà loupé pas mal avec ma blessure. 

Celle-ci est d'ailleurs totalement guérie. Plus aucune trace de douleur ou de cicatrice. Mes pouvoirs l'ont totalement résorbée. Une fois rentrée chez moi, je monte les escaliers quatre à quatre pour entrer dans ma chambre comme une furie. Je balance mon sac de cours sur mon lit et vais fouiller dans mon placard. Mon costume est là, réparé depuis quelques jours et prêt à être réenfilé. Pour de vrai cette fois-ci. L'adrénaline et l'excitation s'emparent de moi alors même que j'enfile la tenue et glisse mes pieds dans mes bottes. Je n'arrive pas à croire que je suis de nouveau Outbreak. Je compte bien refaire mon entrée dans les rues de New York. Spider-Man a été acclamé dans tous les journaux et même à la télévision quand, à notre retour de France, il a déjoué une petite bagarre de quartier. Ça a suffit à montrer à tout le monde que le justicier reprenait du service. J'espère que mon retour sera aussi attendu. Je me sens coupable d'avoir abandonné les New Yorkais comme ça, du jour au lendemain. Je n'ai pas été au courant des nouvelles de ces derniers mois, mais j'espère qu'ils n'ont pas été confrontés à un vilain. On en aurait sûrement entendu parler tout de même. 

Ce soir, je préfère reprendre en douceur, faire un petit tour et m'assurer que tout le monde va bien, aller admirer le pont de Brooklyn du toit d'un immeuble et la frénésie des habitants de New York en contrebas. 

J'attache mes cheveux, pose mon masque et enfile mes gants. Quand je me regarde dans la glace, je manque de pleurer. Elle m'a tellement manquée...

Dans le tiroir de mon bureau, je retrouve le bracelet en chaîne de moto que m'a offert Tony après ma victoire contre Steel Laser. Je passe par la fenêtre et saute dans ma petite cour où je laisse se déployer la belle moto que je n'ai pas vue depuis plus de six mois. J'ai mis du temps à me rétablir, mais me revoilà et j'ai déjà hâte de sentir l'air fouetter mon visage.

Je pose le casque sur ma tête.

- Debout là-dedans, m'écrié-je.

- Evangeline, c'est toi ?

- Bien sûr banane, qui d'autre ?

- Ça me fait plaisir de te revoir, même si je ne sais pas exactement en quoi consiste le plaisir. 

- Moi aussi ma petite Caddie. J'ai hâte d'aller botter le cul des méchants.

- Comment se fait-il que tu sois partie si longtemps ?

- C'est une longue histoire, mais je te promets de te la raconter sur la route. Active le mode invisibilité. 

J'enfourche la moto et je nous sens disparaître grâce à la technologie avancée de Stark. Alors que nous sillonnons les rues du Queens à toute vitesse, je raconte mes mésaventures à Caddie qui essaie de compatir même si elle est dénuée de quelconque émotion. C'est seulement une voix dans un casque après tout, mais j'ai vraiment l'impression d'avoir nouer des liens avec elle depuis que je la "connais". 

C'est grisant cette sensation, je jure que plus jamais je n'abandonnerai Outbreak de toute ma vie. Je pensais qu'elle avait tué Saint-Germain, que ses pouvoirs étaient une malédiction, qu'ils n'avaient pas pu sauver Hunter et donc que je n'étais plus digne de les avoir, mais j'avais tort.

Outbreak est de retour et elle ne va pas se gêner pour jouer de mauvais tours. 

♦♦♦♦♦♦

- Arrête de stresser comme ça, tu vas me donner le tournis ! s'exclame MJ.

Je danse d'un pied sur l'autre depuis qu'on est arrivées sur le parking de la salle dans laquelle va se dérouler le décathlon scientifique de Peter. Le bus de Midtown est garé un peu plus loin et les étudiants sont déjà rentrés, mais je commence à me dire que ça doit être une mauvaise idée de venir ici. 

- Je vais le déstabiliser.

- Mais non, allez viens !

La frisée m'attrape par le bras et me tire à l'intérieur. Les spectateurs montrent leurs billets à l'entrée, ce sont sûrement les recruteurs et les parents des participants. Le lycée de Midtown rencontre aujourd'hui une prestigieuse école de Brooklyn. D'après MJ, ils les ont écrasés l'année dernière. C'est en partie pour ça que Michelle a quitté l'équipe. L'humiliation, très peu pour elle. 

L'estrade est encore vide. Seule deux tables avec des sonnettes en leur centre, trônent, attendant que les participants arrivent et s'installent. Je m'apprête à m'assoir dans le fond, mais MJ me tire à la seconde rangée où il reste de la place. Je m'installe et serre mon sac sur ma poitrine en scrutant les coulisses. J'ai chaud, les mains moites et le cœur qui bat à cent à l'heure. Et si je déconcentrais Peter ? Il m'en voudrait encore plus qu'il ne m'en veut déjà et je pourrai faire une croix sur l'espoir de redevenir amis. 

Les minutes s'écoulent lentement, Michelle essaie de me rassurer, me fait répéter ce que je devrai lui dire à la fin, comment je devrai m'y prendre, or je ne me souviens plus.

- Sois juste toi-même, dit-elle. Il est fou de toi, ça passera crème.

Je la regarde, peu convaincue. Peter n'est pas fou de moi. Il ne l'est plus. Pas avec tout ce que je lui ai fait enduré. L'attente, l'indécision, les disputes, la distance. Je n'ai fais que lui envoyer des signaux contradictoires, depuis le début. Il a dû se lasser depuis un moment. 

- Ça commence, chuchote-t-elle alors que les lumières s'éteignent dans la salle. 

L'homme qui posera les questions monte sur scène et nous fait un petit speech en réajustant ses fiches. Il présente ensuite les étudiants de chaque lycée et ils s'installent tous les uns à côté des autres sur leurs chaises respectives. Quand Peter arrive, dans sa veste jaune canari, l'air sérieux, mon cœur s'emballe. Je prie pour qu'il ne me voit pas. 

Le décathlon commence et j'ai les yeux rivés sur Peter qui répond à certaines des questions posées avec brio. Ned le soutient, ainsi que ses camarades et ils finissent par marquer beaucoup de points. MJ est toute excitée à mes côtés, elle répond aux questions avant les autres et pousse un cri discret de joie quand c'est la bonne réponse. Le temps s'écoule, mais je n'en perçois pas la longueur, je suis hypnotisée par les mouvements de Peter, son stress, ses cheveux ébouriffés et qui retombent en boucles sombres, ses yeux pétillants, ses lèvres humides. 

Soudain, tout le monde s'exclame. MJ se lève en applaudissant fort, Peter et Ned se jettent dans les bras l'un de l'autre. C'est terminé. Ils ont gagné. Tout est passé si vite. 

Je me lève à mon tour et applaudis chaleureusement. Peter scrute la salle et ses yeux tombent sur moi. Son sourire disparaît de ses lèvres et il reste immobile, sûrement surpris de me voir ici. Je l'applaudis encore plus fort et essaie de lui offrir un demi-sourire, mais il me semble crispé.

Ses camarades le poussent dans les coulisses et il se laisse faire à contrecœur, sans me lâcher du regard. La salle commence à se vider et MJ me pousse vers les coulisses quand nous nous extirpons de nos places.

- Allez, à toi de jouer.

Je lui lance un regard angoissé et elle me sourit.

- Je t'attends dans la voiture. Faites pas des bébés.

Michelle me laisse seule au milieu de la salle qui se vide. J'inspire profondément et me dirige vers les coulisses. Je sillonne entre les étroits couloirs sombres quand soudain, je tombe nez à nez avec Peter. Nous nous plantons l'un en face de l'autre, silencieux. 

- J'allais justement venir te voir, dit-il.

- Je suis désolée, Peter.

Je préfère lâcher le morceau avant de changer d'avis, avant qu'il ne s'excuse en premier ou dise quelque chose qui ne me plaira pas. Le jeune Parker m'observe sans trop savoir quoi répondre.

- J'ai retrouvé mes pouvoirs Peter, dis-je en m'approchant. Et c'est grâce à toi.

Il fronce les sourcils ; évidemment il ne comprend pas, mais tant pis. Je m'approche encore jusqu'à effleurer ses doigts des miens. Je ris nerveusement.

- C'est un truc de fou, je sais. Mais avec Strange, on a réussi à débloquer ce qui n'allait pas chez moi. Je suis redevenue Outbreak. 

- Evy, c'est... 

- Non. Laisse moi finir, le coupé-je. L'autre jour, je me suis emportée pour rien, j'étais simplement énervée. Enervée contre moi, énervée contre tout. Mes pouvoirs ne revenaient pas, je faisais n'importe quoi... Enfin bref, je suis désolée. Tu me manques Peter et je ne veux pas qu'on se sépare à cause de mon mauvais caractère. 

Je me jette à son cou et l'étreins avec force.

- Pardonne-moi, s'il te plaît.

Une seconde passe puis deux et, alors que je commence à me détacher, pensant que c'est trop tard, les bras de Peter se referment sur mon dos. Il me serre contre lui et me soulève même de terre de quelques centimètres.

- Je suis content de te retrouver Evy. 

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Et voilà le chapitre de réconciliation ! Je suis pas super fière de moi, mais j'espère que ça vous ira. Il reste encore 3 chapitres et ensuite je pense que ce sera la fin de ce tome 3, et j'ai hâte de vous publier le prochain parce qu'il risque d'être chaud... je n'en dis pas plus, à la semaine prochaine mes Outbreakers ! ^^ :*

L'action n'est pas encore dans le prochain chapitre (enfin c'est une question de point de vue gnégné) mais dans celui d'après, ça part en cacahuètes !