18 - "Les femmes sont des tempêtes"
Point de vue de Peter
Je frappe dans le miroir de la salle de bains et grimace. Maintenant, j'ai la main en sang et j'ai brisé une glace. Au point où j'en suis, sept ans de malheur ne seront pas plus difficiles à vivre que tout ça. J'ai été con. Encore une fois. Au lieu de fermer ma gueule et de profiter du moment, j'ai dû exprimer ce que je ressentais, comme à chaque fois que je me retrouve avec elle.
Qu'est-ce qui lui a pris d'être si avenante avec moi ? De me faire les yeux doux, de coller son corps au mien et de m'envoyer des signaux contradictoires qui ont réveillé mes hormones d'adolescent ? Elle savait que c'était risqué, que j'allais tout faire foirer, dire le mot de trop. Et ça n'a pas loupé.
Ça fait près de deux semaines qu'Evy, Liv, Ned et moi tentons de découvrir l'identité de celui qui se fait appeler Imperio. Quand elle m'a raconté comment il les avait attaquées alors qu'Evy était encore diminuée, j'ai eu la peur de ma vie. Il aurait pu arriver n'importe quoi, elle aurait pu être blessée ou pire. Mais il semblerait qu'il veuille se mesurer à Outbreak. Malheureusement, les entraînements avec Strange ne payent pas autant que prévu pour Evy. Elle est toujours bloquée et même si sa guérison accélérée s'est réenclenchée, ça pourrait tout aussi bien être ses tissus qui se régénèrent naturellement vite. Les médecins ne sont pas étonnés qu'elle soit déjà sur pied. Ils lui ont retiré les béquilles et conseillent de ne pas faire d'efforts physiques pendant encore quelques temps, mais la voir rétablie après seulement sept semaines ne les alarme pas le moins du monde. Strange et Tony sont convaincus que ce sont les pouvoirs d'Evy qui sont la cause de cette cicatrisation, or j'en suis de moins en moins persuadé. Sa magie a disparu et quoi qu'elle dise, elle n'a pas l'air décidée à la récupérer de sitôt. Pourtant, je sais qu'elle fait des efforts.
Aujourd'hui, les cours ont été annulés pour forte tempête de neige. Ce n'est pas pour ça que ça nous a arrêté et, même en plein mois de Décembre, à zéro degrés dehors, les filles ont décidé de se rejoindre à la piscine. Evy est venue nous chercher, Ned, Michelle et moi et nous avons roulé jusqu'au Nord du Queens où se trouve l'une des seules piscines couvertes et chauffées de la ville.
Comme je le craignais, voir Evy en maillot de bain m'a paru beaucoup trop agréable et j'ai fait en sorte de ne pas me retrouver trop près d'elle durant notre petite après-midi. Mais elle était d'humeur joueuse et ne cessait de me chercher des poux. À un moment, j'ai même cru qu'elle allait m'embrasser, mais elle s'est contentée de me serrer contre elle. Je sentais la chaleur émaner de son corps à moitié nu et l'odeur de vanille de ses longs cheveux bruns. J'ai cru que j'allais étouffer. Alors, j'ai trouvé le prétexte le plus débile du monde et j'ai fait la plus belle connerie de ma vie.
- Hunter n'apprécierait pas.
Je n'aurais jamais cru être aussi sec en disant ces mots. Pourtant, Evy s'est raidie. Comme brûlée, elle s'est reculée de moi, les yeux embués de larmes. Sans un mot, elle est sortie de la piscine et elle s'est enfermée dans les vestiaires. Sur le coup, je n'ai pas su quoi dire pour m'excuser, même si au moment où les mots ont franchi mes lèvres, je savais que je faisais une belle erreur.
Nous l'avons retrouvée un petit moment plus tard dans sa voiture, les yeux perdus dans le vide et la volume de son auto radio monté à fond. Liv et Michelle n'ont rien dit, se contentant de l'observer de leurs yeux inquiets. Quand elle m'a déposé chez moi, elle n'a pas dit un mot.
Je l'ai blessée. Alors qu'elle venait à peine de tourner enfin la page et qu'elle faisait l'effort de revenir vers moi, j'ai tout gâché.
- MERDE ! hurlé-je en donnant un nouveau coup dans le miroir déjà fendu.
Les nerfs en pelote, je nettoie tout mon bordel et m'affale sur mon lit, les yeux rivés au plafond, à réfléchir à quel point j'ai pu être stupide.
♦♦♦♦♦♦
J'ai réfléchi tout le week-end et je ne peux définitivement pas resté planqué dans mon coin et attendre qu'Evy daigne m'adresser de nouveau la parole. J'ai merdé, je dois réparer mes erreurs. Après les cours, je décide donc de prendre le bus pour aller jusqu'à son lycée et de l'attendre devant son vieux pick-up. Quand elle sort enfin, elle est accompagnée de Casey à qui elle adresse un immense sourire. Il passe une main dans ses cheveux châtains, ça se voit clairement qu'il est en train de la séduire. Evy pose alors le regard sur moi et son sourire disparaît. Elle regarde longuement Casey, hésite, puis se jette sur lui et plaque ses lèvres sur les siennes. Je suis tellement surpris que je me redresse d'un coup. Tout mon être se tend comme un arc, mon sang, semblable à de la lave en fusion, bouillonne dans mes veines. Je n'arrive pas à le croire, comment peut-elle me faire ça ? Ça fait des mois qu'elle me bassine qu'elle n'est pas prête à entrer dans une nouvelle relation, qu'elle pense toujours à Hunter, et la voilà au bras du premier venu ?
Plus qu'en colère, je suis profondément blessé, parce que pour une fois, j'aurais aimé être celui choisit. J'ai toujours été relégué au second plan, aucune fille ne m'a accordé l'importance que je pensais mériter. Evy semblait différente, elle m'appréciait, elle me trouvait beau, elle rougissait quand j'étais proche d'elle. Je me sentais important avec elle, c'était comme si pour la première fois, je plaisais enfin à quelqu'un et cette sensation était indéchiffrable, tellement agréable que je souriais comme un débile quand je me rendais compte de l'effet que je lui faisais. Mais à ce que je vois, je me suis fait de jolis films. Evy ne m'aime pas, elle ne m'aimera jamais. Comme toutes les autres filles avant elle, elle m'a enfermé dans la case "ami" et je n'en sortirai jamais.
Fou de rage, je n'essaie même pas de comprendre comment ça a pu m'échapper, quand Casey et elle se sont mis en couple. Je saute dans le premier bus et me laisse embarquer dans une direction que je ne choisis pas. Quand j'aperçois la tour Stark au loin, je descends enfin et cours rejoindre Tony. Je ne sais pas trop à quoi je m'attends de sa part, il ne va sûrement pas beaucoup m'aider. Si ça se trouve, il ne va même pas m'ouvrir, mais j'ai besoin de me changer les idées.
F.R.I.D.A.Y me laisse entrer et je prends l'ascenseur jusqu'au labo de Monsieur Stark qui est encore en train de travailler sur de nouveaux gadgets.
- Salut Peter ! me lance-t-il. On avait rendez-vous ?
Je ne réponds pas et m'affale dans un fauteuil, assez loin du milliardaire pour qu'il ne remarque pas mes yeux qui brillent.
- Eh Parker, je te parle, réitère Tony.
Je renifle doucement et essuie mon visage avec la manche de mon sweat.
- Eh petit, ça va ?
Monsieur Stark s'approche de moi et tente de croiser mon regard.
- Laisse moi deviner, chagrin d'amour ?
- Vous êtes très perspicace, raillé-je.
Tony soupire et se redresse.
- Tu sais, à ton âge, c'était compliqué pour moi aussi de trouver l'amour. Aucune fille ne voulait de moi, mais regarde moi maintenant, je suis adulé et j'ai la plus merveilleuse fiancée qui soit.
- Ça ne m'aide pas beaucoup...
- Raconte fiston.
Je suis touché qu'il veuille bien m'écouter. Ce n'est pas dans ses habitudes de vouloir s'occuper de moi, il ne sait pas vraiment y faire avec les jeunes. Même si je le considère comme un mentor, j'ai jamais réellement eu l'impression que je comptais pour lui.
Pourtant, je m'éclaircis la voix et raconte rapidement notre histoire compliquée à Evy et moi. Je n'ai même pas besoin de la nommer, il sait très bien de qui je parle. Je lui raconte les baisers, la complicité puis la mort d'Hunter et ce qu'elle a causé à notre relation. Puis, le fait qu'elle recommençait petit à petit à m'accorder l'importance qu'elle m'accordait à notre rencontre pour finir par ce à quoi je viens d'assister.
- Je vois, dit Tony. Tout ce que je peux te dire, c'est qu'il faut te battre Peter. Evy est une fille géniale et je sais que vous vous faites du bien. Elle a traversé beaucoup d'épreuves et il lui a fallu du temps pour s'en remettre, mais maintenant tu dois la forcer à se bouger un peu. Tu dois lui montrer que même après tout ce temps, tu l'aimes toujours et que tu meures d'envie d'être avec elle.
- Quelle sagesse...
- Il m'arrive d'avoir de bons conseils, dit Tony en souriant. Evy a beau faire semblant de t'apprécier comme un simple ami, je vois comment elle te regarde. Elle est mordue Peter, seulement elle ne le sait pas encore.
- Elle me déteste.
- Alors attends qu'elle se calme. Les femmes sont des tempêtes qui se laissent guider par leurs émotions, mais quand elles aiment, elles ne font pas semblant.
J'acquiesce lentement, tentant d'imprégner chaque parole de Tony. Si Evy avait été là, elle se serait sûrement moquée de lui, en le traitant de vieux romantique ou autre. Mais au fond, je sais qu'elle aurait autant apprécié que moi d'entendre tout ça.
J'en ai marre d'attendre. Je veux être avec Evangeline Mulligan, je veux l'aimer, je veux qu'elle m'aime, je veux l'embrasser et montrer à tout le monde qu'elle m'appartient.
Peter Parker n'a pas dit son dernier mot.
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Pouahhhh j'ai trop aimé écrire ce chapitre ! Approfondissement de la relation Petevy ! Ne la traitez pas de garce la pauvre, nous n'avons que la version de ce bon vieux Peter ! Qu'en avez-vous pensé ?
Les prochains chapitres seront centrés sur eux et les pouvoirs d'Outbreak avant de reprendre un peu d'action. J'ai comptabilisé encore six ou sept chapitres avant l'épilogue ! Alors c'est bientôt terminé !!! ^^:*
Et restez connectés ce soir, j'ai une petite surprise pour vous ^^
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