Le lendemain, je profite de mes dernières heures en France pour aller me balader dans le parc. Peter est obligé de me pousser et les bordelais me jettent des coups d'œil remplis de pitié et d'interrogations, se demandant ce qu'il a bien pu m'arriver, mais au moins, je profite de l'air doux du Sud de la France. Je laisse les rayons du soleil réchauffer ma peau alors que j'ai la sensation de ne pas avoir respirer l'air extérieur depuis des jours. Tony a passé des coups de fils toute la matinée avant de m'annoncer, durant le déjeuner, qu'un homme m'aidera une fois arrivée à New York. Il n'a pas voulu m'en dire plus, mais j'imagine qu'il parle de ma rééducation. Ça ne m'étonnerait pas que Stark ait engagé un des meilleurs médecins pour remettre sa pouliche sur pied. 

On a beau dire ce qu'on veut, Monsieur Stark a un cœur en or. Je sais qu'il ne fait pas ça par intérêt, pour se racheter ou autre chose ; il s'inquiète réellement pour ma santé. Je n'ai pas encore guéri comme je l'avais espéré et j'imagine que mes pouvoirs ont totalement disparu, cette fois. Je vais devoir me rendre au lycée en fauteuil roulant, en béquilles dans deux semaines si j'ai de la chance, et devoir expliquer à tous les petits curieux comment je me suis fait cette blessure. Je pense que je prétexterai une chute et qu'une barre de fer m'a traversé la jambe. Pas besoin de dire que j'ai pris une balle dans un malheureux accident, on me prendrait pour ce que je ne suis pas : une miraculée, une héroïne à sa façon. 

Maman, James, Jo et Liv vont venir me chercher à l'aéroport. Il paraît aussi que mon père veut me voir. Alors j'imagine qu'un grand repas de famille m'attend ce soir. 

Vers quatorze heures, je boucle mes bagages et rejoins Peter dans le couloir. Je referme ma chambre d'hôtel pour de bon et souris parce que, malgré tout ce qui est arrivé, ce voyage était plutôt pas mal. La France est un très beau pays et j'ai adoré exercer la langue de Molière comme j'ai pu. Je commence à avoir mal aux bras, mais j'insiste pour me traîner toute seule jusque dans l'ascenseur puis dans le hall d'hôtel.

Je déteste me sentir aussi vulnérable. Heureusement pour moi, c'est temporaire, mais je comprends maintenant pourquoi les personnes à mobilité réduite souhaitent à ce point montrer qu'ils sont capables de se débrouiller seuls. Voir cette pitié dans les yeux d'Happy quand il me soulève de mon fauteuil pour me déposer sur les sièges, comprendre que le simple fait de me porter peut le déranger, que c'est compliqué d'être à mes petits soins, veiller à ne pas me faire mal et demander toutes les trente secondes si ça va : c'est agaçant.

Dans l'avion, rebelote. Les hôtesses et les stewards essaient de m'installer confortablement. Tony a l'avantage d'avoir un jet plutôt grand, on ne manque pas de place. Mais ça me manque déjà de ne pas pouvoir bouger comme bon me semble. 

Les heures de vol sont un supplice, je tente comme je peux de dormir, de regarder un film, de bavarder avec Happy, Tony ou Peter, mais je n'ai qu'une seule hâte : rentrer chez moi.

Quand le pilote annonce enfin la descente de l'avion, je soupire de bonheur. J'ai les muscles tout engourdis, on dirait qu'ils se sont changés en pierre.

Dans le hall de l'aéroport, je reconnais l'épaisse chevelure de jais de ma mère et lui fais de grands signes. Quand elle pose ses yeux sur moi, sa fille maintenant cloitrée dans un fauteuil roulant, son visage se ferme. Elle garde tout de même son sourire pour faire bonne figure. Peter me pousse jusqu'à elle et, pendant qu'il prend sa tante May dans ses bras, je serre ma mère comme je peux en essayant de ne pas trop tirer sur ma blessure. James dépose un bisou sur ma joue et Jo m'attrape la main.

- Ça fait bobo ? demande-t-il.

Je souris et lui caresse les cheveux.

- À peine. T'en fais pas, bientôt, je pourrai de nouveau faire la course avec toi au parc.

Mon petit frère éclate de rire et je me rends compte qu'ils m'ont énormément manqué. Liv me serre à son tour dans ses bras et dépose un baiser sur ma joue.

- Tu pars une semaine et t'arrives à te faire un trou dans la jambe ? plaisante-t-elle. Tu me paieras mes séances de kiné parce qu'à force de me baisser, je vais finir par me faire une hernie.

Je ris doucement puis salue May qui s'approche de moi. Elle a passé son bras autour des épaules de Peter et caresse mes longs cheveux en disant qu'on a bonne mine. Peter et moi tentons de raconter tout ce que nous avons vu en rejoignant le parking, mais les voir tous si grands me donne mal à la tête. Je vais avoir un torticolis à coup sûr. Pourtant, retrouver ma famille me fait le plus grand bien. Il faudra bien que je donne plus de détails sur ce malencontreux incident et que j'avoue à ma mère que sa fille n'est plus Outbreak, mais pour le moment, je veux seulement profiter de cette belle soirée. De toute façon, mon père vient ce soir manger à la maison et il n'est pas au courant. Ce voyage en France était, pour lui, seulement organisé par mon "nouveau patron", même s'il sait pertinemment que je ne suis pas la plus scientifique de la famille. Or, j'ai réussi à faire semblant d'avoir dégoté un poste de secrétaire et ça a suffit à mon père. De toute façon, il n'a plus besoin de savoir la vérité, puisque tout est terminé. 

James m'aide à m'installer dans la voiture pendant que Tony Stark range mon fauteuil dans le coffre. Je vois ma mère discuter rapidement avec lui puis elle reprend place du côté conducteur.

- J'ai préparé un véritable festin pour ton retour ma puce, dit-elle en s'engageant sur la route. On va être beaucoup, mais je suis sûre que ça te fera du bien.

J'acquiesce. C'est vrai que j'aurais préféré seulement me retrouver avec maman, James et Jo pour une belle soirée film, mais me retrouver pour un grand repas me fera aussi peut-être du bien. Etre normale le temps d'une soirée et agir comme si tout allait bien, c'est tout ce que je souhaite.

La table est déjà mise quand j'arrive. Douze couverts sont disposés autour de la grande table du salon. Je fronce les sourcils.

- Comment ça se fait qu'on soit autant ?

Ma mère s'attelle déjà derrière sa cuisine et sort tous ses bons petits plats du frigo tout en me montrant ses doigts pour compter nos invités.

- Nous quatre, plus Liv et Cassidy, ton père, May et Peter, votre ami Ned puis Monsieur Happy et Monsieur Stark.

- En effet, ça fait beaucoup. 

Elle sourit et j'essaie de rouler jusqu'au pied des escaliers. Je regarde l'étage et soupire. 

- T'en fais pas, dit James en arrivant par derrière. On t'aidera à monter.

Je secoue la tête puis vais tenter d'aider ma mère, mais celle-ci a déjà tout préparé. 

Une petite vingtaine de minutes plus tard, nos invités arrivent les uns après les autres. La soirée se déroule vraiment très bien. Avoir ma famille au complet réchauffe mon cœur et j'arrive à ne penser à rien d'autre qu'au moment présent. Tony et papa s'entendent plutôt bien et comme à son habitude, May est adorable. Pour une fois, personne ne me surine avec ma potentielle relation avec Peter et j'ai de puissants fous rires avec Liv. D'ailleurs, celle-ci m'annonce avoir revu Jesse pendant les vacances. Après être devenue Ice Lava, la rousse s'était séparée du garçon, même s'il était clairement fait pour elle. Or, elle avait besoin de se retrouver seule et de n'embarquer personne dans ses projets. Elle a été plus intelligente que moi, j'aurais dû faire de même avec Hunter.

Je suis sûre qu'il aurait adoré ce repas. J'imagine déjà son sourire, son père qui raconte des anecdotes sur son travail, nos mères parlant cuisine et Jo et Lyla courant dans la maison. 

Ça aurait été parfait. 

Je croise le regard de Peter qui me sourit, la bouche pleine de légumes. La façon dont il a de me regarder fait couler en moi une agréable sensation. Je suis de toute façon obligée d'avancer, parce que c'est ce qu'aurait voulu Hunter. Je ne l'oublierai jamais, mais je dois vivre. 

Pour lui, pour moi, pour nous.

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Un chapitre très sensible, avec tout plein de joie et de quoi faire du bien à Evy. Dans un film, je verrai bien cette scène avec une jolie musique et une voix off des pensées d'Evy mdr. Ça pourrait terminer toute une saga dans la bonne humeur et l'amour, en promettant subtilement un avenir meilleur. Bref, je pars loin moi.

Parce que c'est loin d'être terminé ! Et dans le prochain chapitre, on reprend les choses sérieuses ! Avec une guest star ! Et oui les amis, et pas des moindres ! Je n'en dis pas plus, mais j'espère que vous aimerez cette petite apparition ! ^^

Bisous mes Outbreakers ! :*

P.S. = Si vous voulez une petite musique pour vous ambiancer sur ce chapitre, écoutez Arrivals of the birds de Cinematic Orchestra, c'est le générique de fin du fabuleux film Une merveilleuse histoire de temps (à voir absolument les amis : combo d'amour, de maladie, de Stephen Fucking Hawking et de ce talentueux Eddie Redmayne qui, cette fois, ne peut pas tout réparer d'un coup de baguette #Norbert)