-"Voilà maintenant deux mois jour pour jour que New York a vu disparaître ses deux super-héros préférés. Outbreak et Spider-Man auraient-ils pris des vacances d'été ? Nous espérons cependant qu'ils reviennent bien vite parmi nous et nous protègent des menaces qui risquent de s'abattre sur nos têtes."

- Vous pensez réellement qu'Outbreak osera remontrer son nez, Sally ? Je vous en prie, elle a réduit en cendres un homme devant des centaines de New Yorkais, elle doit sûrement se terrer dans un coin, morte de honte.

- Je vous rappelle qu'elle a sauvé notre ville, Henry. Sans Spider-Man ni elle, nous serions peut-être déjà morts. 

- Alors espérons qu'ils refassent leur apparition Sally. New York est un peu trop tranquille si vous voulez mon avis..."

La télévision s'éteint sur la mine effarée de la journaliste Sally Preston qui lance un regard dédaigneux à son collaborateur. Or, il a raison. Outbreak a tué un être vivant, un homme avec une vie, un cœur et du sang qui lui coulait dans les veines. S'il n'y avait pas eu autant de témoins ce jour-là, on ne l'aurait même pas identifié. Seules ses cendres voletaient dans la ville le jour de sa mort. 

- Ne t'inflige pas ça.

Liv s'assoit sur le canapé à ma droite, un sourire triste aux lèvres. Elle me serre contre elle et tente de m'apaiser. Je ne réponds rien. De toute façon, ça va faire presque deux mois que je ne décoche plus un mot, que je reste enfermée dans ma chambre à pleurer toutes les larmes de mon corps ou affalée sur mon canapé, avec Liv pour seule compagnie. Je la remercie sincèrement d'être là pour moi, mais à part lui pourrir son été, je ne lui sers à rien. D'ailleurs je ne sais même pas pourquoi je me lève le matin, pourquoi je daigne encore pouvoir respirer alors que j'ai assassiné quelqu'un... et qu'Hunter est mort.

À sa pensée, mon cœur se serre. Je revois encore la vie s'éteindre dans ses yeux, alors que je l'ai fait souffrir pendant des semaines en fricotant avec Peter.

Peter Parker... soit le mec qui m'aura le plus chamboulée dans toute ma vie. Celui que j'avais envie de toucher dès que je posais les yeux dessus, celui que je rêvais d'embrasser chaque seconde de chaque jour, celui que j'aurais voulu rendre heureux... s'il n'y avait pas eu Hunter. 

J'avais le cœur déchiré en deux, maintenant il n'est plus que cendres. Si seulement j'avais pu choisir... mais c'est trop tard, je ne pourrai jamais aimer de nouveau. Jamais.

Mon téléphone vibre sur la table de verre, me réveillant de ma transe. Liv se penche pour l'attraper et le place devant mes yeux gonflés. La photo souriante d'Anthony Stark apparaît et je soupire. Fébrilement, je lève mon doigt et appuie sur le combiné rouge.

- Un jour il faudra que tu décroches, dit Liv en me caressant les cheveux.

- J'ai pas envie de lui parler.

Tony Stark ne cesse de m'appeler à longueur de journée, en espérant que je décroche. Peut-être pour prendre de mes nouvelles, peut-être pour que je parle à Peter, ou pour me donner une mission. Quand comprendra-t-il que je refuse de réenfiler mon costume ? Je ne mérite pas de me pavaner dans les rues de New York en prétendant être une héroïne alors que je n'ai pas pu sauver l'une des personnes qui comptaient le plus au monde et que j'ai tué mon adversaire.

Liv s'occupe de patrouiller dans la ville avec l'aide de Ned. Elle n'a pas eu à déjouer beaucoup de braquages ou à empêcher des crimes. New York est morte depuis que les héros ne sont plus là pour la protéger. On dirait que même les vilains sont en deuil. C'est totalement absurde, mais je ne vais pas m'en plaindre. Tant que Peter ne remontera pas en selle, il ne vaut mieux pas que ça bouge.

Parce que dorénavant, le sort de New York reposera sur les épaules de Spider-Man. Outbreak est morte le jour où elle a ôté la vie de quelqu'un, le jour où elle a compris qu'elle n'était pas assez forte pour sauver tout le monde, pas assez forte pour être une héroïne.

- J'ai vu l'agent Dillon hier...

Je me redresse et scrute ma meilleure amie, le cœur battant. Liv passe une main dans sa chevelure de feu, mal à l'aise. Je n'ai pas revu le père d'Hunter depuis l'enterrement. Même s'il n'a aucune idée de mon implication dans la mort de son fils, ça me fait trop mal. Jo joue toujours avec sa fille Lyla, elle a l'air d'être passé à autre chose assez rapidement. C'est une enfant. J'aurais aimé en être toujours une moi aussi, pour éviter d'avoir à endurer cette douleur.

- Qu'est-ce qu'il t'a dit ?

- Ils ont clôt l'affaire de la mort d'Hunter. D'après eux, c'est Saint-Germain qui a fait en sorte que la voiture écrase Outbreak. Ils se demandent encore pourquoi, mais Hunter l'a sauvée et est mort sous ses roues.

Je ravale mes larmes puis m'allonge de nouveau sur Liv.

- C'est à peu près ça, dis-je.

- Son père est fier de lui, il dit que c'est un héros.

- C'est vrai, il en était un.

- Ils ne chercheront pas plus loin. Spider-Man n'a pas été mentionné.

- Tant mieux... ce n'était pas de sa faute.

- Je sais Evy... (elle pose une main sur mon dos et reprend après avoir marqué un temps d'arrêt) Tu devrais l'appeler, au moins pour lui donner de tes nouvelles et lui faire comprendre que tu ne lui en veux pas.

- Je... j'y arriverai pas.

- Je sais qu'on en a déjà parlé ma puce, mais Hunter voudrait que tu sois heureuse et c'est Peter qui te rend heureuse.

Je ferme les yeux, retenant les larmes qui affluent déjà. C'est vrai, on en a déjà discuté. D'ailleurs, la première fois que Liv m'a dit ça, je lui ai hurlé à la figure qu'elle ne savait pas ce que voulait Hunter. Je lui ai ensuite déversé un flot d'insultes plus horribles les unes que les autres et elle est partie. Trois jours après, je la rappelais en pleurs pour m'excuser. Liv et moi avons beaucoup souffert avant l'arrivée du Manipulateur. Qu'elle en veuille autant à Outbreak a failli briser notre amitié, mais à ce jour, c'est ce qui me fait tenir debout, ce qui me permet de ne pas me cloîtrer dans ma chambre et me rendre malade. 

Je ne peux pas la contredire, sans Peter, je me sens encore plus malheureuse que je ne le devrais. Mais je ne peux pas faire ça à Hunter...

Avec Liv, on a fait des recherches qui se sont révélées, d'après elle, optimistes. Il semblerait que j'ai passé quatre des cinq étapes du deuil et du chagrin d'amour.

En 1, le déni. Pendant plusieurs jours, j'ai tenté d'appeler Hunter, en me disant que c'était impossible qu'il soit mort. 

En 2, la dépression. Je suis restée dans ma chambre deux longues semaines à vomir mes tripes et à me murer dans un silence effrayant.

En 3, la colère. Dès qu'on me parlait, je hurlais, je pleurais, j'insultais tous ceux que je croisais. J'en venais même à me faire du mal tellement je me haïssais.

Je suis en pleine quatrième étape, la tristesse. Je pleure tous les jours, je m'apitoie sur mon sort, je n'ai plus le goût de rien. 

Liv me dit de tenir le coup, qu'il ne reste plus que la tristesse avant d'accéder à la cinquième étape : l'acceptation. D'après elle, tout sera terminé après ça. Fini la douleur, fini la dépression et la rage. J'apprendrai enfin à vivre avec la mort d'Hunter et peut-être - c'est ce qu'elle espère - je pourrai avancer et m'octroyer un peu de bonheur. 

Elle est bien plus optimiste que moi. Je pense plutôt que je resterai dans l'étape 4 toute ma vie. 

- Je vais prendre une douche, soufflé-je.

Je me relève, Liv hésite à me suivre. Je lui adresse un sourire, la serre contre moi et dépose un baiser sur sa joue pour la rassurer. 

- Prépare-nous quelque chose à manger en attendant.

La jeune Schneider acquiesce et se dirige vers les fourneaux alors que je remonte doucement les escaliers. 

La rentrée est dans trois jours, il faut que je commence à reprendre une hygiène de vie convenable... même si ça m'est complètement égal. 

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Et voilà le premier chapitre, un peu triste et déprimant. Je ne sais pas trop ce qu'il vaut, j'arrive pas vraiment à me faire un avis dessus mes Outbreakers, qu'en pensez-vous ? Je suis trop contente de vous retrouver pour une autre aventure d'Outbreak !!! :*<3<3<3