Je ne tarde pas à trouver le casier de Peter sur lequel une jeune fille aux cheveux en bataille est adossée, un livre à la main. Tout ce bordel pour un simple vandalisme ! Si je n'étais pas sûre que Peter m'en voudrait de ne pas le prévenir pour une mission, j'y serais allée toute seule.

Je décide de la jouer plus finement sur ce coup. Je m'approche, l'air détendue et affiche mon plus beau sourire.

- J'ai déjà lu ce livre, un grand chef d'oeuvre !

La jeune femme relève des yeux fatigués sur moi. Elle ne semble pas se soucier de son apparence vu la négligence dont elle fait preuve, pourtant je la trouve jolie. Elle a des traits fins et une jolie peau caramel.

Elle balance un signe du menton puis replonge dans sa lecture.

Je me renfrogne, je ne m'attendais pas à ce vent monumental.

- Excuse-moi, mais... j'aimerais accéder à mon casier, retenté-je.

- Tu n'as pas de casier ici, lance-t-elle d'un ton nonchalant sans relever les yeux de son livre.

Je m'apprête à répliquer, or elle me coupe.

- Ton sweat, y a pas vraiment écrit Midtown dessus.

Je croise les bras sur ma poitrine, elle m'agace un peu, je n'ai pas le temps de débattre.

- J'attends quelqu'un, avoué-je.

- Parker est encore en cours.

Cette fois, j'écarquille les yeux.

- Tu connais Peter ?

- Ouais, vite fait.

Elle relève enfin les yeux sur moi et me toise longuement.

- T'es sa petite amie ?

Je rougis jusqu'aux oreilles. Cette fille a de l'audace.

- Non, nous sommes amis.

- Ce trouduc ne sait vraiment pas s'y prendre, dit-elle.

- Comment ça ?

- D'abord, il craque sur Liz Forbes, la déléguée - du genre inaccessible tu vois ? - et ensuite, il fait ami-ami avec une meuf qui vient jusque dans son lycée pour venir le voir et il essaie pas de conclure ? Comme je viens de le dire, il ne sait pas s'y prendre.

Dans d'autres circonstances, j'aurais éclaté de rire face au ton détaché et aux propos décalés et totalement déplacés de l'adolescente, mais là, je suis seulement stupéfaite.

- Je serais toi, je changerai de haut. Si un prof te voit, t'es cuite.

- Euh, oui, merci.

Soudain, elle attrape son sac et se redresse.

- C'est quoi ton nom ? demande-t-elle.

Je reste un instant sidérée. Elle paraît totalement ailleurs et je n'ai pas l'impression que savoir mon nom l'importe beaucoup. Cependant, je lui réponds.

- Evy.

- Moi c'est Michelle, lâche-t-elle. Pas mal le style.

Michelle me détaille durant une seconde puis tourne les talons et s'éloigne dans le couloir. Je m'adosse au casier dans un soupir. Cette fille est vraiment bizarre...

Soudain, la sonnerie retentit dans le couloir. Des chaises raclent le sol et je m'apprête à voir déferler un flot d'élèves... et de professeurs.

Il faut que je trouve un autre sweat. Je regarde un instant la porte en fer du casier de Peter puis décide de tenter le coup. Je place une main autour du cadenas et envoie une décharge d'énergie. Le loquet se débloque et je peux ouvrir la porte. Des étudiants sortent déjà des salles. Je suis soulagée d'apercevoir un gros pull aux couleurs de Midtown dans le débarras de Peter et m'empresse d'enlever le mien que je jette dedans pour enfiler celui-ci.

L'odeur de Peter m'enveloppe en une seconde et je respire le col avec bonheur. Puis, la réalité me rattrape et je regarde autour de moi. Tous les adolescents sont occupés à autre chose, personne ne m'a vue. Je referme le casier puis m'y adosse et attends patiemment en espérant que Parker se bouge le cul.

Je relève le nez vers la foule et aperçois enfin un amas de boucles brunes qui se frayent un chemin jusqu'à moi. Peter apparait, les yeux ronds comme des soucoupes.

- Evy ?

- Salut Peter, on n'a pas le temps...

Je me coupe dans ma phrase en voyant apparaître un garçon aux traits asiatiques à la gauche de Peter. Celui-ci affiche un air surpris et ouvre la bouche en me fixant. Je fronce les sourcils et lance un regard à mon ami.

- Ned, je t'ai déjà parlé d'Evy.

Ned ? Je tente de fouiller dans ma mémoire pour me souvenir de l'endroit où j'ai entendu son nom. Puis, ça fait tilt.

- Ned, le geek en fauteuil ? m'exclamé-je. Peter m'a parlé de toi, je suis contente de te rencontrer.

Je fais une bise au garçon qui reste immobile. Peter lui balance un coup de coude dans le bras et Ned semble se réveiller.

- Ce qu'elle est canon ! s'écrie-t-il.

Peter se pince l'arête du nez et je croise les bras sur ma poitrine, gênée. Ned baisse le regard en se rendant compte de son manque de tact.

- Désolé, dit-il alors. C'est pas tous les jours qu'on se retrouve en face d'Outbreak.

Je jette un regard à la ronde, paniquée à l'idée qu'on l'entende.

- Qu'est-ce que tu fais là ? s'enquiert alors le brun.

- Ah oui ! On doit partir d'ici, y a un vandalisme en cours au Met Breuer.

- Ok, j'arrive, dit Peter en ouvrant son casier.

Il y dépose des manuels et je vois dépasser le masque de son costume de son sac à dos.

- Ned, tu pourras te débrouiller seul pour rentrer ?

- Pas de problème mon pote.

Ned me sourit chaleureusement et je me détends. A les voir tous les deux comme ça, Peter et lui, on dirait vraiment des geeks. Soudain, je balance un coup de poing dans le bras du jeune Parker. Celui-ci lâche un cri et me regard, étonné.

- A quoi ça sert d'avoir un téléphone si je ne peux même pas te contacter ?

Peter fouille dans la poche de son jean et en sors son smartphone.

- Plus de batterie, dit-il.

- A cause de toi, j'ai perdu un temps considérable et j'ai failli me faire chopper deux fois ! Heureusement que les filles de ton bahut sont compréhensives !

Peter arque un sourcil puis fourre son téléphone dans son sac et m'attrape la main pour s'engager dans la foule d'élèves. Ned ne nous suit pas et se contente de nous fixer de loin. Il y a tellement de monde dans cet étroit couloir que je ne distingue pas la sortie. La main chaude de Peter est glissée dans la mienne et je m'y accroche de toutes mes forces pour être sûre de ne pas me noyer dans la cohue.

Nous passons enfin les portes et atteignons le parking.

- T'es garée où ? demande Peter.

- Ma moto est dans le local à poubelles.

- Et tu... (je le vois rougir) comptes te changer où ?

Je tire sur son pull et laisse découvrir le haut de mon costume. Peter sourit. Je remarque qu'il n'a toujours pas lâché ma main. Son regard glisse une nouvelle fois sur le pull qu'il fixe un instant.

- C'est le tien, avoué-je. J'avais peur de me faire chopper par un prof, je me suis dit qu'en portant les couleurs de votre école, je passerai inaperçue.

- Vu ta dégaine, ça m'étonnerait que tu passes inaperçue.

Je m'apprête à répliquer mais une voix nasillarde me coupe.

- Hé Péteur Parkeurrr !

- Oh non, pas lui, maugrée Peter.

Je me tourne, surprise. Un garçon typé indien s'approche de nous à grands pas, flanqué de deux cheerleaders. Ses habits de marque brillent et il arbore un sourire provocateur.

- Tu viens de rater ton bus, fait remarquer l'indien.

- En fait, j'ai un autre moyen de rentrer chez moi.

Mais déjà le garçon ne l'écoute pas. Son regard se pose sur moi et la façon dont il me reluque ne me plaît pas du tout.

- Bonjour toi, dit-il avec un air qui se veut charmeur.

Il attrape ma main valide et pose un baiser dessus. Je la retire vivement et me rapproche de Peter.

- Je m'appelle Flash Thompson et je dois dire que je n'ai jamais vu une fille comme toi.

Je grimace de dégoût.

- Ecoute, on n'a pas le temps pour ça Flash, dit Peter. On doit y aller.

L'indien pose le regard sur nos mains enlacées puis se redresse, un sourire narquois sur les lèvres.

- Pas mal Parker, belle prise.

C'en est trop. Je balance un coup de pied dans le tibia du garçon qui ploie et tombe sur les genoux. Les deux filles l'aident à se relever en arborant des mines indignées.

- Je ne suis pas une belle prise mon vieux, c'est compris ?

Derrière, j'entends Peter ricaner. Je glisse de nouveau ma main dans la sienne et le tire à ma suite.

- A plus Eugène, lance-t-il à la cantonade.

Arrivés dans le local à poubelle, je lâche enfin la main de mon ami et attrape le casque invisible. La moto réapparait.

- Eugène ? m'enquiers-je.

- Flash est un surnom, me répond Peter. D'ailleurs, c'était pas mal.

- Il commençait à m'agacer, on a perdu trop de temps.

- En tout cas, il est pas près de l'oublier celle-là, rit-il.

- Dis-moi Flash, c'est pas le gars qui te fait tout le temps chier ?

Peter perd son sourire et se passe une main sur la nuque.

- Si, mais...

- Alors attends une seconde, je vais lui régler son compte.

Je m'apprête à repartir sur le parking, or la poigne de Peter me maintient fermement. Je me tourne vivement vers lui, furieuse. Peter lui, glousse.

- T'es vraiment pas croyable. Je te remercie, mais je peux me débrouiller seul.

- Sûr ?

- Sûr.

Je me détends et Peter relâche sa prise. Je ne sais pas trop ce qu'il m'a pris. On n'est déjà très à la bourre et moi, je suis prête à aller refaire la face à ce Flash. Je soupire et me déshabille rapidement. Je plaque le masque sur mon visage et enfile mes gants. Peter fait de même puis me tend son sac à dos pour que j'y dépose mes vêtements de fortune. Je glisse le sac sous mon siège et y récupère un second casque.

L'araignée et moi glissons les protections sur nos têtes et la communication entre les deux s'enclenche.

- Sansas ! s'exclame le jeune homme.

J'enfourche l'engin, Peter s'assoit derrière moi. Timidement, il m'enlace pour s'accrocher à moi. Je tente de faire abstraction de la bouffée de chaleur qui m'étreint et démarre.

- Caddie, itinéraire pour le Met Breuer, annoncé-je.

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HANNNNN ! J'ai trop aimé écrire ce chapitre ! J'espère que l'intégration de tous ces personnages a été faite subtilement et que vous ne trouvez pas ça trop faux ! J'aimerais beaucoup plus intégrer Michelle par la suite car je l'aime beaucoup, mais faut que je réfléchisse à comment ! ^^

Comme je suis maintenant en vacances, j'essaierai de poster un peu plus, peut-être deux fois par semaine, j'espère que vous aurez le temps de venir me lire, je sais qu'avec la reprise des cours, c'est compliqué de venir commenter et ça me manque beaucoup de recevoir 25 notifs après la publication de mon chapitre comme cet été. Sniff ;)

Bisous bisous bisouuuuuus mes Outbreakers ! <3