28 - "Je n'ai pas peur de vous"
Hunter et moi restons immobiles longtemps. Nous nous fixons sans un mot.
- Evy ! hurle alors Peter dans mon oreillette, ce qui me fait sursauter. Ça va ?
Je porte une main à mon oreille sans lâcher les orbes vertes du jeune Dillon des yeux.
- Je vais bien. T'occupe pas de moi, j'arrive.
Je coupe court à la communication, juste après avoir entendu le soupir de soulagement de Peter.
Je décide alors de tenter de me relever, mais j'ai un vertige et je me rassois au sol. Hunter s'approche et me tend une main amicale. Mon rythme cardiaque s'accélère alors que je glisse ma main dans la sienne. Il me redresse doucement et j'époussète distraitement mon costume. Les hommes et les femmes foutent toujours un bordel sans nom autour de nous, or je n'ai pas l'intention de m'occuper d'eux avant d'avoir parlé à Hunter. Je dispose de peu de temps, je ferais mieux de faire vite.
J'ouvre la bouche pour parler mais Hunter me coupe :
- Evy, je suis désolé..., souffle-t-il.
J'écarquille les yeux, stupéfaite de sa réaction. Il poursuit néanmoins.
- J'ai jamais voulu que ça se termine comme ça entre toi et moi, mais il me fallait du temps. Tu ne peux pas t'imaginer à quel point tu m'as manqué Evy, je...
Je ne le laisse pas terminer sa phrase que je me jette dans ses bras. Une larme roule sur ma joue et je niche mon nez dans son cou pour m'imprégner de son odeur.
- Tu m'as manquée aussi Hunter, t'as pas idée.
Un bruit sourd me fait redresser la tête. Un coin de la Banque a explosé, les flammes commencent à lécher les murs, certains infectés s'en approchent avant de reculer, terrifiés.
Je replonge dans le regard d'Hunter qui affiche un mince sourire.
- Il va falloir que tu y ailles, dit-il.
Je me mordille la lèvre et tente de ne pas baisser le regard sur la bouche du jeune Dillon.
- Va chez Ned, murmuré-je. Quand tout ça sera terminé, on parlera.
- D'accord...
Je m'écarte un peu sans enlever mes bras de sa nuque. Je n'ai toujours pas trouvé de solution, mais il faut que je lui dise toute la vérité pour pouvoir voir comment faire après. Evidemment, je suis sûre qu'il me demandera de le choisir plutôt que Peter, sauf s'il est certain de pouvoir faire autrement. A vrai dire, je ne sais pas si notre discussion nous avancera, en tout cas, j'aurai au moins la chance de pouvoir renouer le contact avec lui.
- Hunter..., dis-je alors en relevant le regard sur lui. Je ne sais pas si tu as entendu mon message, mais...
- Je l'ai entendu Evy.
- J'ai été coupée avant la fin. Ce que je voulais te dire c'était que... que je t'aime. Je t'aime Hunter.
Le brun sourit et je sens son cœur battre la chamade contre ma poitrine. Son visage se penche vers le mien et il scelle nos lèvres dans un doux baiser. Une chaleur agréable m'envahit toute entière. Je m'écarte cependant et dépose un dernier baiser sur sa joue.
- On se voit plus tard.
Il acquiesce et je m'éloigne. En quelques secondes seulement, la réalité me rattrape et le nuage sur lequel j'étais pendant de longues minutes disparaît pour laisser place à l'horreur de l'instant. Je tente d'éteindre les flammes en les étouffant dans un champ de force et assomme les plus violents avant de les enfermer dans les pièces de la Banque.
Quand j'ai terminé mon travail, je réactive mon oreillette. Des bruits de combat retentissent immédiatement à mes oreilles et je hurle à Peter de me dire où il se trouve. Je le rejoins immédiatement et l'aide à entortiller des New-Yorkais dans ses toiles. Nos pouvoirs se marient à merveille. Alors que je sonne nos assaillants, il les emprisonne dans une toile et je finis de les achever en faisant véhiculer une puissante énergie par son intermédiaire.
Même si nous arrivons à isoler un grand nombre de gens, il en reste toujours énormément, j'ai l'impression qu'ils sont toujours plus. La moitié de l'Iron Legion est bonne pour la casse et je m'inquiète énormément pour mes parents.
Soudain, les panneaux publicitaires autour de nous grésillent et tous nos assaillants s'arrêtent net pour scruter un des écrans. Peter et moi nous lançons un regard interrogateur et il relève son masque. Je vois alors les plaies qui le maculent et m'approche de lui pour l'examiner. Je caresse du bout des doigts ses égratignures et fronce le nez quand il grimace. Peter pose alors une main sur ma hanche pour m'intimer d'arrêter.
- Ça va aller Evy, je t'assure, dit-il.
J'acquiesce et caresse sa joue du bout du pouce. Comment pourrais-je laisser tomber ce que j'ai avec lui ? Même pour Hunter, cela me semble impossible.
- Comme c'est mignon !
Je me retourne d'un bond et Peter remet son masque. Un voix tonitruante vient de couper court à mes pensées. J'aimerais la remercier, mais quand son visage apparaît sur tous les écrans en même temps, seule une rage sans nom s'empare de moi.
Le visage marqué de Lewis Saint-Germain nous fixe d'un œil amusé.
- La petite araignée et la boule d'énergie vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants, qu'est-ce que vous en dites ?
Mes veines se colorent et, sans prévenir, je fais exploser l'écran qui me fait face.
- Calme-toi Outbreak, reprend le Manipulateur. Tu n'aimerais pas me fâcher n'est-ce pas ?
- Je n'ai pas peur de vous ! m'écrié-je. Vous allez payer ce que vous faites à notre ville et à ses habitants.
- Ton courage m'impressionne, tu sais. Dommage que tu ne m'aies pas arrêter plus tôt. Tu serais venue plusieurs heures avant, tu aurais peut-être éviter à tous ces pauvres malheureux de se faire manipuler. Eh oui, ce matin je suis venue à l'aide de mes chers serviteurs et nous avons injecté notre substance dans tous les cafés de ces pauvres gens fatigués. Et pour ceux qui ne buvaient pas et bien... on leur a simplement planté une aiguille dans le cou.
- Pourquoi est-ce que vous nous dites tout ça ? demande Peter, aussi énervé que moi.
- Pour vous montrer à quel point vous êtes faibles. Seulement des gamins impulsifs qui ne savent pas réfléchir correctement.
- Et vous, vous n'êtes qu'un lâche ! hurlé-je. Vous vous servez d'innocents pour détruire notre ville.
- Parce que tu crois réellement que c'est après New York que j'en ai ?
J'arque un sourcil, surprise d'avoir fait fausse route.
- Tout ces gens (il embrasse Manhattan du bras) sont coupables. Ils nous ont fait passer, ma famille et moi, pour des moins que rien pendant toute notre vie. Tout ce qui leur importe c'est l'argent et le statut social. Mais aujourd'hui, moi le pauvre gamin du Bronx, celui que personne ne connaît, le voyou des mauvais quartiers, aujourd'hui, je suis à la tête du monde. Ils sont tous à ma merci et quand j'aurai détruit tous leurs biens, tout ce qu'ils ont construit, ils n'auront plus rien et je serai là pour les accueillir dans mes quartiers. Ils ne pourront plus dire que je suis un raté, ils me vénéreront !
- Vous êtes malade, soufflé-je.
- Seulement ambitieux, réplique-t-il.
- Sortez un peu de votre cachette pour voir ce que vous valez, crache Peter.
Saint-Germain sourit puis hausse les épaules. Les écrans redeviennent noirs, les New Yorkais, eux, sont immobiles, les yeux perdus dans le vide. On dirait des zombies.
Soudain, une silhouette se découpe à l'entrée d'un haut building. Lewis Saint-Germain, paré comme un mondain avec un long manteau noir et un micro accroché à son oreille avance vers nous d'un pas assuré. Quand il n'est plus qu'à quelques mètres de nous, il s'arrête.
- Ça fait plaisir de vous rencontrer Spider-Man et Outbreak. La dernière fois que je t'ai vue Evangeline, tu n'étais pas masquée.
- Comment connaissez-vous mon nom ?
Je serre les dents et tente de contrôler mes pouvoirs qui menacent d'exploser. Je n'ai jamais été si furieuse. Son air arrogant et prétentieux me met hors de moi.
- Evy, ne fais rien de stupide, souffle alors Hunter dans mon oreille.
- Je sais tout sur vous. Ça n'a pas été difficile de deviner ton identité. Ice Lava qui, alors qu'elle vouait une rage indescriptible pour toi se retire alors que tu viens juste d'être hospitalisée. Quelques recherches et le tour était joué. Et pour toi Peter, dit Saint-Germain en pointant l'araignée du doigt. Il me suffisait de surveiller Evangeline et de voir avec qui elle passait tout son temps. Je vous avoue que je ne vous imaginais pas comme ça. Peut-être un peu plus vieux, plus matures aussi, mais en fait, vous êtes seulement des ados.
- Tu vas voir ce qu'ils vont te faire les ados, grincé-je.
- Non, Evy ! s'écrie Hunter.
Je pique alors un sprint en direction du Manipulateur, prête à le mettre par terre. Je le vois remuer les lèvres et, alors que je m'apprêtais à lui sauter dessus, une horde de manipulés se jette sur moi et me bloque le passage. Je me fais ensevelir sous une montagne de bras et n'ai pas d'autre choix que de ramper entre leurs jambes. Je ne vois plus Peter, j'entends seulement son souffle erratique dans mon oreillette. Ned et Hunter me hurlent des instructions pour que je tente de sortir de cette mêlée.
A droite. A gauche. En bas.
Je commence à manquer d'air. N'y tenant plus je fais éclater une boule d'énergie et les New-Yorkais s'écartent. Je me relève, le souffle court. Saint-Germain a disparu. Peter aussi. Je tourne la tête dans tous les sens et porte même une main à mon oreille.
- Ned, où est Peter ?
- Il est pas loin, normalement. Juste à ta gauche.
Je tourne la tête, mais d'autres zombies me barrent le chemin. Certains se mettent à courir dans ma direction et je les fuis comme je peux.
- Dis-lui de me rejoindre. Il faut qu'on trouve Saint-Germain.
- C'est ce que je fais, me lance le jeune Leeds, paniqué. Mais il ne répond à aucun signal.
- Tu crois qu'il s'est fait attrapé ? m'écrié-je, hystérique.
- Non, tout semble nickel, il ne répond simplement pas. Pourtant son oreillette est connectée. Attends... il a coupé la communication.
- Pardon ?
- Il a désactivé son oreillette.
- Putain, mais pourquoi il ferait ça ?
Je grimpe au mur d'un bâtiment à l'aide des fenêtres pour prendre de la hauteur. Soudain, quelque chose s'enroule autour de ma cheville et je dégringole avant de m'écraser au sol. Je me relève avec une grimace de douleur et m'époussète. Je crache au sol le sang qui s'est insinué dans ma bouche et me redresse.
- Oh putain, Peter, t'es là, soupiré-je.
L'araignée me fait face, campée sur ses pieds. Je fronce alors les sourcils et baisse le regard sur le résidu de toile qui jonche le sol à quelques centimètres de mon pied.
- C'est toi qui a fait ça ?
Je n'ai pas le temps de poser plus de questions que Peter me lance une toile grenade en pleine poitrine. Celle-ci explose et me cloue contre le mur. Je serre les dents alors que ma tête frappe contre la pierre.
En quelques enjambées, Peter me rejoint. Il pose une main sur ma gorge et émet une pression dessus. Je retiens mon souffle et m'apprête à lui hurler d'arrêter ses conneries, mais sa voix s'élève, plus sombre que jamais.
- Prépare-toi à mourir Outbreak.
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POPOPOOOOOOO Que vient-il de se passer ?!?!?!?!
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