Une fois Peter partit, Hunter et moi restons seuls dans ma cuisine. Je suis mal à l'aise alors que je sais que je n'ai aucune raison de l'être. Pourtant ces derniers jours, nous avons été si éloignés l'un de l'autre, que je ne sais plus comment lui parler. 

- Je crois qu'il faut qu'on parle, lâche-t-il.

Mon cœur fait un bond dans ma poitrine. Cette phrase, dans n'importe quel film à l'eau de rose que j'aie pu voir, n'annonce jamais rien de bon. 

- Je t'écoute, réponds-je en m'asseyant sur un des tabourets du comptoir.

- Je vois bien qu'entre nous ça ne va pas depuis ces derniers jours.

-  Je l'ai remarqué aussi, avoué-je. Mais je ne comprends pas pourquoi.

- Moi je sais très bien pourquoi.

Son ton est sec et tranchant comme une lame de rasoir. Mon pied tressaute, j'appréhende énormément le dénouement de cette conversation. 

Je relève mes yeux brillants sur Hunter. Sa mâchoire est crispée et il a ce petit pli soucieux sur le front qu'il arbore quand il est en colère ou inquiet.

- Ça tient en un mot, poursuit-il. Peter.

J'ouvre la bouche, prête à répliquer, mais j'ai peur d'éclater en sanglots si je dis ne serait-ce qu'un mot.  

- Depuis que tu l'as rencontré, tu es distante vis-à-vis de moi et ça... ça me blesse Evy. Parce que je pense que tu as des sentiments pour lui et que tu n'oses pas me l'avouer.

Je ravale un sanglot, évidemment Hunter a visé juste. C'est le garçon le plus perspicace et réfléchi que je connaisse. Il lit en moi comme dans un livre ouvert, il décèle le moindre de mes sentiments. J'aimerais lui dire que c'est faux, que je n'aime que lui, or ma conscience me l'interdit. J'ai déjà trop menti.

- J'ai raison, n'est-ce pas ? Tu l'aimes ?

Je relève mes yeux embrumés de larmes. Le voir dans cet état me brise le cœur. Ses yeux sont rougis, il se retient sûrement lui aussi de verser les larmes qui menacent de couler. 

- Je ne sais pas Hunter, avoué-je. J'ai des sentiments pour vous deux, je... je ne veux pas vous perdre.

Hunter baisse la tête, les poings serrés.

- Est-ce que vous...

Il n'arrive pas à terminer sa phrase. Je sais que je vais briser le peu de confiance en moi qu'il lui reste, pourtant, j'avoue tout.

- On s'est embrassé hier chez lui.

Le jeune Dillon ne répond rien, il se contente de scruter le sol sans un mot. Je me lève alors et tends une main vers lui.

- Mais Hunter, ça ne veut pas dire que je n'ai plus de sentiments pour toi, je...

- Arrête ! s'écrie-t-il en reculant. C'est trop tard, Evy. 

- Qu'est-ce qui est trop tard ?

- Je ne veux pas te demander de choisir, je ne veux plus souffrir. S'il te rend heureuse...

- Mais qu'est-ce que tu racontes ? C'est toi qui me rends heureuse !

- Ce n'est pas vrai, du moins pas complétement. Tu ne seras jamais pleinement heureuse s'il n'est pas à tes côtés.

Je me prends la tête entre les mains. Cette fois, les larmes dévalent mes joues, mes veines brillent de mille feux. Je me sens impuissante, misérable, au bord de l'hystérie.

- Tu ne comprends pas, reprends-je. Je vous aime tous les deux !

- Mais ça ne me suffit pas, Evy ! Je te veux pour moi tout seul. Parce que je suis tombé amoureux de toi, ça ne m'était jamais arrivé avant. Et j'étais si bien avec toi ! Je...

Sa voix se brise, mon cœur éclate en morceaux. Les beaux yeux verts d'Hunter se remplissent de larmes. Celles-ci roulent sur ses joues, il détourne la tête pour que je ne le voie pas. Il m'aime, il vient de me l'avouer ouvertement et je n'arrive tout de même pas à me sortir Peter de la tête. C'est un véritable cauchemar duquel je n'arrive pas à m'échapper. 

- Il vaut mieux que je m'en aille, il va me falloir du temps, dit-il. Je t'aime Evy, sois heureuse.

Je tente de le retenir, mais Hunter passe la porte à la vitesse de l'éclair. Je frappe contre le bois en hurlant son nom, or rien n'y fait. 

Il est partit.

******

Je passe la journée sous mes couvertures à pleurer toutes les larmes de mon corps. J'appelle  Liv, dans l'espoir que pendant une seconde elle sera là pour moi, mais elle ne répond pas. Hors de question que j'appelle Peter, ça ne ferait que remuer le couteau dans la plaie. Je suis prête à appeler ma mère dans un dernier élan de désespoir, néanmoins je ne veux pas la déranger dans son travail. Je suis seule, je n'ai personne, plus personne.

Hunter me hait, Liv veut me tuer et Peter... je ne veux tout simplement pas le voir maintenant. Comment un tel chagrin peut-il vous consumer ? Comment est-ce possible d'être emportée dans un tel tourbillon de malheurs ? De ne pas savoir faire un choix ? 

C'est comme si mon cœur était déchiré entre deux hommes. J'aimerais que les choses soient simples et qu'ils puissent choisir pour moi ou que je puisse être avec les deux en même temps, mais ça ne marche pas comme ça. 

Quand ma mère me trouve, le visage bouffi et inondé de larmes, à son retour du travail, elle se jette sur moi, plus inquiète que jamais. Entre deux sanglots, j'essaie de lui raconter ma dispute avec Hunter et elle tente de m'apaiser, comme elle sait si bien le faire. Nous restons plusieurs heures dans les bras l'une de l'autre et bientôt, j'ai épuisé mon stock de larmes. Je m'endors sans avoir rien avalé, épuisée par le combat intérieur qui se déroule en moi. J'ai réussi à camoufler le pouvoir qui coule dans mes veines pendant tellement longtemps que j'ai l'impression qu'il a disparu. 

Je dors d'une traite jusqu'au lendemain matin. Je retrouve maman dans la cuisine. Je regarde l'heure, surprise.

- Tu n'es pas censée travailler ?

- J'ai pris ma journée pour m'occuper de toi, ma puce. 

Je lui souris sans joie. Je la prends ensuite dans mes bras et d'autres larmes roulent sur mes joues. Je suis épuisée, pourtant j'arrive encore à pleurer. Je remonte lentement prendre une douche et mange un morceau avant de passer la journée devant la télévision, ma mère à mes côtés, un peu de glace et un paquet de chocolats à la main. Je sais que ça peut paraître cliché, mais manger ces cochonneries me fait un bien fou. Durant les longues heures de films que nous regardons, j'arrive à me détendre et à oublier un peu. Peter m'appelle toutes les heures, mais je ne lui réponds pas une seule fois, j'attends un autre appel qui ne vient pas. Pendant trois jours, je ressemble à une larve. Je ne me lève que pour me doucher et manger, le reste du temps, je reste dans le canapé à regarder des séries. Ma mère a insisté pour prendre sa semaine, or je l'en ai empêché. Je dois me reprendre.

Outbreak n'a pas été sollicitée, j'imagine que c'est parce qu'Hunter ne me tient plus au courant et que Peter a compris que j'avais besoin de rester seule quand je ne lui ai pas ouvert la porte la dernière fois qu'il est venu vérifier mon état. J'imagine qu'il a appelé Hunter. D'où ses excuses derrière la porte en bois et sa promesse que ça allait s'arranger. 

Peut-être qu'ils se sont disputés violemment, ou peut-être qu'ils se sont seulement expliqués comme deux hommes civilisés. De toute façon, Hunter sait qu'il ne fait pas le poids face à l'araignée.

J'ai arrêté de pleurer, je n'en ai plus la force. Mes veines n'ont pas brillé depuis lundi. J'imagine que ça y est, mes pouvoirs ont disparu. Je ne m'en réjouis pas, pourtant je ne ressens rien d'autre. Mon cœur s'est comme transformé en pierre afin de ne plus souffrir. Je ne distingue plus la réalité, les heures défilent sans que je ne prenne conscience de leur écoulement. Ce n'est que jeudi après-midi, quand je reçois un appel de Peter, que je prends conscience du jour qu'on est. 

Jeudi 30 Juin 2017

Je rejette l'appel comme à mon habitude et attends le message vocal afin de pouvoir le supprimer définitivement. La plupart du temps, Peter me demande de lui parler, de s'expliquer avec lui, d'essayer de rebondir et d'arranger les choses. Il a même un jour failli s'excuser pour le baiser que nous avons échangé avant de se reprendre et d'avouer que c'était la meilleure chose qu'il lui était arrivé depuis longtemps. Pourtant, il aimerait que ça s'arrange entre Hunter et moi et est même prêt à s'effacer pour que je sois heureuse.

Ce qu'ils ne comprennent pas, c'est que je ne suis pas heureuse, je suis brisée. 

J'active le haut-parleur et ouvre le message vocal. Mon doigt est déjà prêt à effacer le message, mais il reste suspendu en l'air quand la voix de Peter s'élève.

- Evy, c'est important. Liv est en train d'attaquer la prison où son père est détenu.

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Ouinnnnnnnnn ! Le chapitre LE PLUS TRISTE QU'IL M'AIT ETE DONNE D'ECRIRE !!!

Pourquoi ?? Je torture Evy ! Je vous jure que je n'aimerais absolument pas être dans sa situation, c'est un cauchemar !

Qu'en avez-vous pensé ? N'est-il pas trop "bâclé", je veux parler de leur séparation, je la trouve rapide non ?

Bisous !! <3