19 - "Ce sera la fin d'Outbreak"
- Hunter, ca fait cinq fois que je t'appelle, t'es où bon sang ?
Je jette mon téléphone au fond de mon sac en grognant. Je suis en colère, mais surtout inquiète. Hunter n'est pas venu en cours de matin. On est à la pause déjeuner et toujours aucune trace de lui, il ne répond à aucun de mes appels, je n'ai aucune idée de l'endroit où il se trouve.
J'aurais dû savoir où était Liv et je serai partie la sauver, mais sans Hunter, je n'ai aucun moyen de connaître sa position.
Durant la journée, j'explose mon forfait d'appels, tous destinés au jeune Dillon. J'ai l'intention d'aller sonner chez lui après les cours, mais ma mère m'appelle en catastrophe.
Jo est malade, je dois aller le chercher à la maternelle. Tant pis, ce sera pour demain.
Le lendemain, toujours aucune trace d'Hunter, quelque chose ne va pas. Et Liv qui n'est toujours pas rentrée !
J'ai le sentiment d'être fiévreuse, je ne mange plus depuis deux jours et je suis pâle à en faire peur. J'ai beau essayer de me rassurer, des dizaines de pensées horribles me traversent l'esprit.
Il faut que je trouve Hunter.
N'y tenant plus, je sèche ma dernière heure de cours et file chez le jeune Dillon. La maison est vide, je passe donc par-derrière. Sa fenêtre est à moitié ouverte, je me glisse dans la chambre vide. Le lit est défait et les placards grands ouverts. J'écarquille les yeux d'horreur quand j'aperçois le téléphone d'Hunter sur son bureau.
Vingt-cinq appels d'Evy. Ma gorge se serre en voyant l'émoji qui jouxte mon nom : un gros coeur rouge.
J'ouvre son ordinateur portable et tombe sur une carte satellite de New York. Plus précisément, zoomée sur les docks de l'East River.
Des dizaines d'entrepôts s'y alignent. Liv doit sûrement se trouver dans l'un d'eux. Hunter l'avait trouvée. Je farfouille sa chambre, ses affaires de cours ne sont plus là, ce qui veut dire qu'il comptait se rendre au lycée.
Je ne vois qu'une seule explication : Steel Laser l'a également enlevé. La question est : pourquoi ? Pour m'attirer dans un piège ?
Qu'importe la raison, je dois les retrouver. Il est pourtant hors de question que je parte maintenant sur un coup de tête. J'en meurs d'envie, mais je ne peux pas me permettre de foncer tête baissée dans le piège de Steel Laser. Je risque d'y perdre la vie et celles de mes amis.
Je ne dois éveiller aucun soupçon et surtout ne pas me faire chopper par ma mère. Elle deviendrait folle d'inquiétude.
Le soir-même, je glisse mon costume dans mon sac de cours avec l'ordinateur et le téléphone d'Hunter.
Je raconte ensuite un énorme bobard à James et maman en leur disant que je compte rendre visite à mon père, qui vit dans le centre de Manhattan, parce que ça fait longtemps et que sa pimbêche de nouvelle femme est absente pour la Fashion Week de Paris. Etant donné qu'aucun des deux n'est branché mode, ils avalent tout sans soucis.
Ma mère est un peu sceptique, pourtant elle me connait. J'en veux toujours à papa de l'avoir laissée tomber pour une jeunette sans cervelle et complètement hystérique alors j'en rajoute une couche et lui fais croire que je vais tenter de demander un peu d'argent pour ma nouvelle voiture étant donné que mon poste à Biopharma a été compromis et que je ne trouve plus de boulot - je n'en cherche pas non plus, il faut dire. Je sais pertinemment que mon père et ses valeurs de travail pour gagner son beurre auront du mal à céder, mais j'assure qu'il ne pourra pas refuser ça à sa fille chérie si elle trouve les bons arguments.
Maman se contente de ça et je suis ravie qu'elle accepte. Elle fait même l'effort de demander à Mamie de garder mon frère malade et Dieu sait que ses relations avec sa mère sont houleuses. Mais enfin, c'est toujours mieux que de demander à ma tête en l'air de Tante Helen.
Après le dîner, quelqu'un sonne. Etrangement, ma mère me demande de la rejoindre dans le hall. J'adresse un regard surpris à James qui hausse les épaules, ignorant, et je me lève du canapé pour me diriger vers la porte d'entrée. Quand je vois le père d'Hunter, en uniforme et le visage fermé sur le pas de la porte, mon coeur fait un bond dans ma poitrine et mes mains deviennent moites.
- Bonsoir monsieur Dillon.
- Bonsoir Evangeline. Comment vas-tu ?
- Bien et vous ?
- Je... Hunter n'est pas rentré à la maison depuis lundi soir et je pensais que tu pourrais m'aider à le trouver.
Ma mère m'adresse un regard horrifié. J'en ai marre de mentir, mais là, si je ne le fais pas encore une fois, je suis sûre que je ne pourrai jamais aller "voir mon père" demain. Je feins alors la stupéfaction.
- Vous voulez dire qu'il n'est pas rentré du lycée ?
- Non, je me suis dis qu'il était en vadrouille, il aime bien se promener le soir. Mais le lendemain, il n'était toujours pas là et il a laissé son téléphone sur son bureau. Quand j'ai regardé son ordinateur, il y avait une carte qui indiquait les quais de l'East River.
- Vous pensez qu'il est là-bas ?
- A toi de me le dire. Je sais que vous passez beaucoup de temps ensemble depuis ces dernières semaines. Peut-être qu'il t'a dit quelque chose.
- Je suis désolée, je ne suis au courant de rien.
La culpabilité me ronge les intestins, néanmoins je tiens bon et maitrise les tremblements de ma voix comme je le peux.
- Vous allez le retrouver, n'est-ce pas ? demandé-je, d'une voix brisée.
Le policier prend ça pour de l'inquiétude et pose une main sur mon épaule.
- Je mets tous mes agents sur le coup. Il sera bientôt à la maison. J'espère qu'il ne lui est rien arrivé.
- Nous de même, si vous avez besoin de quoi que ce soit, Charlie, vous savez que vous pouvez compter sur nous.
- Merci Anya. Je ne vais pas vous déranger plus longtemps, bonne soirée.
Ma mère salue une dernière fois l'officier et referme la porte. Elle me regarde, les yeux brillants et me serre contre elle.
- Ma puce, ça va ?
- Oui... je suis juste, étonnée.
- Et inquiète j'imagine. T'en fais pas, la police s'en charge, ils vont retrouver Hunter.
J'acquiesce et avale difficilement ma salive. De retour dans le salon, maman raconte tout à James qui me demande également comment je vais et si je sais quelque chose. Je leur sers une nouvelle ribambelle de mensonges puis décide de monter me coucher.
Sachant que je vais trépigner d'impatience et angoisser toute la nuit, je prends un somnifère avant de me coucher. Le lendemain, je me force à bien petit-déjeuner.
- Tu sais ma chérie, si tu veux, tu peux reporter ta visite chez ton père.
- Non, je vais y aller. T'en fais pas, je suis sûre qu'Hunter va bien, il est fort tu sais.
Une larme roule sur ma joue et je m'empresse de l'essuyer. J'ai plus dit ça pour moi que pour elle. Heureusement, ma mère ne remarque rien et je monte me préparer pour le lycée.
L'excitation et l'appréhension me nouent les entrailles toute la matinée. Heureusement que nous sommes mercredi matin et que je serai libre dès midi sonnée.
Des tonnes de questions tournent en boucle dans ma tête. Est-ce qu'ils sont sains et saufs ? Steel Laser est-il avec eux ? Prévoit-il de les tuer ou de me tuer moi ? Fera-t-il d'autres victimes ? Cela fait-il partie de sa vengeance personnelle ? Serai-je à la hauteur ?
Le plus prudent et le plus raisonnable reste évidemment de prévenir la police. Hunter est déjà recherché par son père et l'aide des autorités pourrait m'être précieuse. Mais tant que je ne suis pas sûre que Liv et Hunter sont vivants et en bonne santé, il est hors de question que je prévienne qui que ce soit.
Quand la précieuse sonnerie retentit dans les couloirs, je sors en trombe, mon sac sous le bras. Je pique un sprint jusqu'à mon pick-up et démarre en trombe. Ignorant les feux oranges, les stop et les priorités, je fonce jusque sur les quais de l'East River. Comme je m'y attendais, ils sont déserts. Pourtant, il m'est impossible de deviner lequel de ces entrepôts est celui que je cherche. J'allume l'ordinateur d'Hunter et essaie de voir si je ne peux pas capter quelque chose, mais je n'ai pas le talent du jeune Dillon, je n'arrive à rien.
Une larme roule sur ma joue tandis que je repose ma tête contre le dossier du siège. Je sais que je dois me bouger et passer tous ces entrepôts au peigne fin, mais je suis morte de peur. J'ai peur de retrouver les cadavres d'Hunter et de Liv, que Steel Laser m'ait encore échappé et que tout ce cauchemar continue. Je suis fatiguée de me battre et fatiguée de mentir. Fatiguée de ne pas être à la hauteur et fatiguée de me prendre autant la tête.
J'aimerais que ce soit plus simple, que je sois invincible et que rien ne me résiste. Je suis lâche et morte de peur, coincée dans mon pick-up à prier pour que tout ce termine aujourd'hui. Que ce soit par la mort de Steel Laser ou la mienne.
Parce que je sais que ça ne peut pas bien terminer, cet après-midi quelqu'un mourra.
Et ce sera la fin d'Outbreak...
--------------
Voici donc l'avant avant dernier chapitre ! *snif*
Vous aurez donc l'histoire complète avant la rentrée de mercredi ;) C'est pas LE timing parfait ça ?
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro