17 - "C'est terminé"
J'arrive dans le centre de Manhattan aussi vite que la voiture d'Hunter me le permet. C'est le chaos. Des voitures de police encerclent un immeuble et pointent leurs armes sur une fenêtre spécifique. Un raid habillé entièrement de noir s'apprête à entrer, sûrement pour stopper le robot.
- Steel Laser s'apprête à liquider Dave Meyers, c'est un employé de Biopharma, m'informe Hunter dans mon oreillette tandis que je me gare en catastrophe. Hé ! Qu'est-ce que c'était ?
Je grimace. Oups, je suis rentrée dans un poteau.
- Rien du tout, m'empressé-je de répondre. Tu dis Dave Meyers ?
- Oui, il...
- Je sais qui c'est ! C'est lui qui m'a envoyée mettre ces putains d'échantillons dans la salle de laser qui ont failli me coûter la vie. Il me faisait toujours faire son sale boulot.
- Sérieux ? Alors tu ferais mieux de le laisser où il est.
- C'est une ordure, mais il ne mérite pas de mourir. Et puis, je peux presque le remercier, grâce à lui, je sauve des vies.
- Ouais et à cause de lui, Steel Laser a tué sept personnes et détruit le bâtiment de Biopharma. Remercions-le !
Je ne sais pas si Hunter est agacé par toutes les conséquences qu'a causé la flegme de Dave ou parce qu'il abusait de ma gentillesse.
Toujours est-il qu'il a raison dans le sens où ce gars a foutu la merde dans ma vie. Je sais qu'Outbreak doit lui sauver les fesses et c'est ce que je ferai. Mais tout ça me fait prendre conscience que, même si j'adule mes nouvelles capacités et qu'elles me procurent un bien-être intense, elles ont été livrées avec un meurtrier et ça ne me plaît pas. J'aurais préféré rester tout à fait normale et ne pas avoir sept victimes de Steel Laser sur la conscience. Toute cette histoire va détruire plus de vies que prévu. Notamment celle de ma meilleure amie qui sera brisée quand elle apprendra que son père n'est pas ce qu'il prétend être.
- Evy ? Qu'est-ce que tu fais ?
Je secoue la tête, chassant ces mauvaises pensées de mon esprit. Il faut que je me concentre sur ma mission. Aujourd'hui, ce sera le dernier jour de service de Steel Laser.
- Faut que je me change Hunter. Je te reprends après.
J'appuie sur mon oreillette, comme me l'a montré le jeune Dillon plus tôt et coupe la communication. Je crapahute ensuite dans la voiture pour rejoindre la banquette arrière sur laquelle je déverse mes affaires. En me contorsionnant comme je peux dans le petit espace dont je dispose, j'enlève mes chaussures et ma robe pour enfiler ma combinaison et mes bottes. Je me regarde ensuite dans le rétroviseur et soupire, déçue de devoir ruiner ma coiffure pour arborer celle d'Outbreak. Pourtant, je m'engage à enlever toutes les minuscules pinces glissées dans mes boucles brunes qui retombent en cascade sur mon dos. Je ramène mes cheveux de devant pour faire une demi-queue puis plaque le masque sur mon visage. Hors de question que je ruine mon maquillage en prime, j'ai mis des heures à le peaufiner. J'enfile ensuite mes gants orange et sors de la voiture. Je glisse mon téléphone et les clés d'Hunter dans ma botte droite puis m'élance vers le bâtiment.
Heureusement, personne ne m'a vue sortir de la voiture.
Je saute par-dessus la barrière de voiture de police et suis immédiatement acclamée par les spectateurs New-yorkais et les officiers. Je bouscule le raid qui était sur le point de rentrer et grimpe jusqu'à l'étage ciblé. Steel Laser est présent dans son armure grise foncée. Dave est assis sur son canapé miteux, tétanisé par la peur. Quand il me voit, il me jette un regard implorant.
Je rallume l'oreillette, consciente que j'ai oublié de renouer le contact avec Hunter.
J'ai bien envie d'envoyer Dave balader, pourtant je me rue sur lui et fais rempart de mon corps avant que Steel Laser ne se tourne vers lui, prêt à le carboniser. Le jet ricoche sur le champ de force que je déploie et fais un trou dans le mur d'en face, dévoilant la cuisine de Meyers.
- Salut le tas de ferraille, je t'ai manqué ?
Parler de la sorte à Monsieur Schneider me fait d'abord bizarre puis je me fais la réflexion que l'homme derrière ce masque n'est pas le gentil père de famille qui m'emmenait jouer avec sa fille quand j'était petite. C'est un criminel, un lâche qui se cache derrière une armure (bon, j'avoue que je ne fais pas mieux) et qui ne se soucie que de sa petite vengeance pathétique.
- Toi ! rugit-il.
Il tente de m'asséner un coup de canon, mais je roule sur le côté et l'esquive. Quand je me relève, Steel Laser pointe son arme sur moi. Je balance une boule d'énergie qui fait dévier son canon qui s'écrase contre un meuble miteux. Dave est aussi crade chez lui que dans son bureau à ce que je vois. D'ailleurs, celui-ci est au bord de l'évanouissement. Il suit notre altercation de ses yeux de fouines cachés derrière ses lunettes rectangulaires aux branches vertes.
- Partez ! lui crié-je.
Dave semble se réveiller de sa transe et lève ses grosses fesses pour se diriger vers la porte. Mais il est loin d'être rapide et Steel Laser lui barre la route en trouant le bois d'un jet de laser. Dave prend peur et recule.
Je saute alors sur le dos du robot et tente de lui faire perdre l'équilibre. Il écrase son canon sur mon crâne et je m'effondre, un peu sonnée.
- Evy, ça va ? s'écrie Hunter dans mon oreille.
- Ouais, ça va. Euh... faut que je le fasse sortir d'ici, sinon il va exploser tout l'immeuble.
- Le raid vient à ta rencontre. Tu vas avoir des renforts.
En effet, j'entends des pas précipités dans les escaliers. Steel Laser pointe son canon sur la porte, prêt à tous les brûler vif, mais j'attrape son bras et le tire en arrière pour qu'il se tourne vers moi. Dave en profite pour ouvrir la porte en grand et s'engouffrer dans le couloir. La tête noire des policiers affublés de grosses armes et de gilets par balle - très utiles évidemment face à un laser radioactif - passe par l'embrasure. Ils criblent de balles le dos du robot, or elles ricochent toutes ou se fichent dans les trous. Autant dire qu'elles ne lui font rien du tout.
J'envoie une boule d'énergie dans le canon de Steel Laser et l'attrape en vol avant de le jeter par la fenêtre. Comme je le pensais, Schneider s'envole et suit son arme. Je me perche sur la fenêtre et me retourne une dernière fois vers les policiers :
- Trouvez des armes plus grosses !
- Evy...
Hunter me réprimande, mais je l'entends glousser.
- Bon, je vais sauter, lui dis-je.
- T'es malade ! Hors de question !
- T'en fais pas.
Je ferme les yeux et me jette dans le vide. Comme prévu, je retombe lourdement sur Steel Laser, qui n'est qu'à quelques centimètres du sol et s'y écrase dans un grand bruit. Je repousse son canon du pied et me place devant en position de défense. Sans ça, il ne vaut pas un clou.
- Viens te battre mon grand, le provoqué-je, un sourire aux lèvres.
Steel Laser se relève et j'aperçois le cratère qu'il a formé dans le goudron. Ça a dû faire mal.
Il envoie son premier coup et je l'esquive facilement avant de lui asséner un coup dans les tibias qui le fait ployer. Je ne retiens aucun de mes coups suivants, mais je tente de ne pas utiliser mes pouvoirs pour ne pas me fatiguer et surtout, ne pas blesser le père de Liv. Même si Steel Laser est l'homme à abattre, je refuse de faire quoi que ce soit qui pourrait rendre Liv triste. Avoir un père en prison est plus supportable qu'un père mort. En plus, il est hors de question pour moi d'ôter la vie à quelqu'un, je ne suis pas une meurtrière.
Je me prends pas mal de phalanges en métal qui me font grimacer de douleur, malgré tout je tiens bon. Steel Laser n'arrive pas à atteindre son canon, c'est ce qui importe. Les policiers autour ne savent pas trop comment réagir et, comme la dernière fois, ils forment une barrière autour de nous, nous coupant du reste de la ville.
Dans une dernière tentative, Steel Laser se propulse en l'air grâce à son armure et retombe à l'endroit où je me trouve. Heureusement, je me jette sur le côté à temps. Cependant, Steel Laser, plus rapide et énervé que jamais, me balance son pied blindé dans l'estomac. Je me plie en deux et manque de vomir mon déjeuner. Mon costume est mes cheveux sont couverts de poussière et de crasse et mes muscles commencent à être douloureux.
Je roule sur le côté avant que Steel Laser ne m'assène un autre coup de pied mortel. J'ai la sensation d'avoir les intestins coupés en deux, mais je me relève.
Je suis trop lente, Schneider a déjà eu le temps de récupérer son arme et balance des jets à mes pieds. Je les évite comme je peux, or l'un d'eux me brûle la cuisse. Je m'effondre dans un cri. Ma peau sent le cramé et un trou fumant ruine mon costume. Putain ce que ça fait mal.
- Evy ! Evy réponds-moi ! Qu'est-ce que tu as ?
- Je... j'ai reçu un putain de laser dans la jambe.
- Arrête et rentre, tant pis. Il va finir par te tuer !
- Non, je dois l'arrêter. Il faut que ça cesse.
Je coupe la communication, consciente qu'Hunter va m'en vouloir. Mais je ne veux pas l'entendre me dire de revenir. J'y suis presque.
Avant que le robot réagisse, je lui balance une boule d'énergie dans le torse et ça l'envoie s'écraser sur un voiture de police. Je boitille le plus rapidement possible jusqu'à lui et lui monte dessus pour le caller avec mon poids.
- C'est terminé.
Je lui arrache le canon des mains, néanmoins le robot se relève déjà. Je sais que je ne fais pas le poids, mais tant pis.
- Outbreak !
Etonnée que quelqu'un m'interpelle, je me retourne au moment où Steel Laser tente de m'éjecter de sa poitrine. Le raid est posté devant moi, un énorme filet de plomb à la main. Je comprends à la dernière minute ce qu'ils s'apprêtent à faire et fais un bond de côté pour dévoiler Schneider. Celui-ci se redresse, mais le filet d'abat sur lui et le cloue au capot de la voiture. Il a beau se débattre, impossible pour lui de s'extraire de ce truc. Je ne sais même pas comment les policiers ont fait pour porter cet engin.
A bout de souffle, je me relève du capot sur lequel j'ai atterris et porte une main à ma cuisse ensanglantée.
- Bon boulot, mademoiselle, me félicite le père d'Hunter.
Je le regarde, sidérée et évite de parler de peur qu'il reconnaisse ma voix. Ses officiers s'activent à ligoter le robot dans son filet de plomb. Je soupire, contente que ce soit fini.
- On va s'occuper de lui, promet Monsieur Dillon. Voulez-vous que quelqu'un vous emmène à l'hôpital ?
Je me racle la gorge et secoue la tête dans un signe négatif. J'adresse ensuite un sourire entendu au policier et m'éloigne au delà de la barrière policière. Je grimace à chacun de mes pas, mais atteins la voiture. J'appuie de nouveau sur mon oreillette et suis immédiatement assaillie de questions mélangées à des injures qu'Hunter me lance, paniqué.
- Je vais bien, le rassuré-je.
Je monte ensuite dans la voiture et pousse un long soupir. Je suis épuisée.
- Hunter, soufflé-je. Prépare la trousse de soins.
♦♦♦♦♦♦♦♦
Le retour est plus tranquille que l'aller. Je regarde l'heure, le dîner commence dans vingt minutes, j'y serais pile poil.
Quand je me gare sur le parking, Hunter m'attend déjà. Je range mon oreillette dans le boitier et sors en titubant. J'ai réussis à me changer avant de repartir, mais des hématomes couvrent mes bras et mes jambes. Une vilaine lacération coupe mon visage et j'ai la lèvre fendue. Sans parler de mes cheveux, emmêlés et couverts de crasse.
Hunter me force à me rasseoir.
- Je m'occupe de toi, dit-il tendrement.
Je me laisse faire, en essayant de calmer les battements frénétiques de mon cœur et de faire abstraction de la douceur de ses mains sur ma peau meurtrie. Il désinfecte et bande ma cuisse brûlée, et je me sens un peu mieux. Heureusement, ma robe est assez longue pour cacher cette blessure.
- Il faut que tu manges, observe Hunter. Tu cicatriseras plus vite.
- Je prétexterai une chute.
- Tu es vraiment maladroite, Evy.
Je ris, mais grimace presque instantanément quand je sens ma lèvre tirer. Hunter y passe un coton imbibé de désinfectant dessus. Ses gestes sont minutieux et d'une tendresse infinie. Je suis prête à m'endormir sous ses caresses.
- Tu es sûre que la police a enfermé Steel Laser ?
- Je le leur ai livré sur un plateau, je pouvais pas faire mieux. A eux de faire leur boulot.
Hunter acquiesce lentement puis repousse une mèche de cheveux derrière mon oreille pour nettoyer la plaie qui barre ma joue. Je me crispe quand l'antiseptique entre en contact avec ma chair à vif et attrape le poignet d'Hunter.
- Ça va aller, murmure-t-il.
Sa main valide glisse sur mon autre joue, mes jambes tremblent et j'ai le souffle saccadé. Quand il a terminé, mon cerveau est semblable à du coton.
- Merci Hunter.
- C'est normal.
- Non, merci pour tout ce que tu fais pour moi.
Je glisse mes doigts dans les siens, un sourire illumine nos deux visages.
Si je laissais libre court à mes émotions, je l'aurais sûrement embrassé, or je ne peux me contenter que de ce simple geste. Si Schneider apprend que je sors avec Hunter ou que je l'apprécie, il n'hésitera pas à lui faire du mal. Je ne peux pas risquer de mettre la vie du brun en danger. Et puis, qui me dit qu'il partage mes sentiments ?
- Evy, c'est toi ?
Hunter et moi nous levons d'un bond et détachons nos mains avant de les cacher machinalement dans notre dos.
- Tu te sens mieux ? s'enquiert maman en soulevant sa longue robe pour me rejoindre. Oh mon dieu, que t'est-il arrivé ?
- Est-ce que ça va ? renchérit James, posté derrière elle.
Je m'efforce de rire. Certains de mes bleus ont déjà disparu, - merci la cicatrisation accélérée - mais je sais que je dois avoir une mine affreuse. Sans parler de ma coiffure, totalement détruite.
- Je suis allée me balader dans Central Park et je me suis étalée par terre. Plus de peur que de mal heureusement.
- Mais tu saignes ! s'exclame ma mère.
- Ça ne me fait pas mal. Les pierres étaient pas mal pointues.
- En tout cas, ta robe est impeccable, fait remarquer James.
- Oui, quelle chance. Je vais seulement aller me recoiffer et cacher quelques bleus. Je suis désolée maman.
- Mais enfin, ce n'est pas grave ma chérie, s'écrie-t-elle en me serrant contre elle. Ça arrive de tomber, surtout à toi.
Une larme roule sur ma joue. Je déteste mentir comme ça. En plus, j'ai dû m'éclipser le jour du mariage de ma mère et me diriger vers une mort certaine. Si elle l'apprenait, elle serait folle d'inquiétude.
- Et ton mal de ventre, ça va ?
- Oui, j'ai respiré un peu l'air frais et ça va bien mieux. Je meurs de faim maintenant.
- Le dîner va commencer. Allons-y.
Hunter et moi suivons ma mère et James dans le bâtiment puis rejoignons la salle de réception. Je croise les doigts, priant pour que cette histoire soit vraiment terminée.
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Alors, qu'avez-vous pensé que l'ultime bagarre de Steel Laser et Outbreak ? Mais attendez une seconde... est-ce vraiment leur ultime altercation à votre avis ?
Et toute cette douceur et cette tendresse quand Hunter a soigné Evy... maman je fonds (si Matthew Daddario pouvait me faire pareil oulala)
Je vous retrouve dans les commentaires mes petits Outbreakers ^^ :*
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