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14 - "Je le savais..."

Je ne rêve pas, le père de ma meilleure amie Olivia se tient face à moi, dans ce costume de métal.

- Comment connais-tu mon nom ?

L'homme semble décontenancé ; son identité maintenant révélée, il devient vulnérable.

- Pourquoi faites vous ça ? demandé-je. Vous avez une femme, une fille...

- Je t'interdis de parler de ma fille. Qui es-tu pour oser parler d'elle ?

J'hésite longuement à lui dévoiler qui je suis. Je connais Monsieur Schneider depuis de longues années, il est dévoué à sa famille et ne pourrait pas faire de mal à une mouche. Cependant, le voilà dans un costume de fer, avec un canon laser, en train d'assouvir une stupide vengeance.

Peut-être que s'il apprend que c'est moi, Evy Mulligan, la fille qu'il menait au parc avec sa propre fille et lui payait des churros, la fille de son amie, Anya, peut-être arrêtera-t-il toute cette mascarade.

Les mains tremblantes, j'ôte mon masque, m'exposant à lui, montrant à mon tour ma vulnérabilité.

Sa réaction n'est pas celle que j'attendais. D'abord, le père de Liv recule, comme effrayé, puis son visage devient tout rouge et la colère explose de ses pores.

- Tu oses essayer de m'arrêter alors que c'est toi qui m'a mis dans cette situation ? hurle-t-il en s'avançant, d'un pas menaçant.

- Ecoutez, je...

- Je ne veux rien entendre ! Tu vas me payer ce que tu m'as fait !

Soudain, un hélicoptère braque sa lumière aveuglante sur nous. Je m'empresse de renfiler mon masque et Steel Laser se jette sur le sien. Les médias ont les caméras braquées sur nous. Schneider déclenche ses propulseurs et s'élance dans le ciel en me laissant sur ce toit. Juste avant de disparaître dans un nuage de fumée, il se tourne vers moi et crache :

- Si tu dévoiles qui je suis, soit sûre qu'Outbreak ne gardera pas son identité secrète longtemps non plus.

♦♦♦♦♦♦♦♦

Epuisée, je suis ravie de retrouver mon jardin. Alors que je monte les escaliers à petits pas, mon téléphone vibre dans ma botte. C'est ma mère.

- Oui, m'man ?

- James et moi, on est en route pour le restaurant. Mamie a accepté de garder Jo pour la nuit exceptionnellement. Tu peux proposer à Liv de dormir à la maison ce soir. On risque de rentrer tard, alors amusez-vous bien, mais ne vous couchez pas trop tard.

- D'accord, merci maman. Amusez-vous bien vous aussi.

- Bisous Evy, je t'aime.

- Je t'aime aussi. Embrasse James pour moi.

Je raccroche, un sourire aux lèvres. J'aurais adoré assister à la demande en mariage de James, voir l'illumination du visage de maman.

Je pousse la porte de ma chambre et me fige sur place. Une silhouette se découpe près de la fenêtre, illuminée par les derniers rayons du soleil. Mon cœur arrête de battre alors qu'Hunter croise les bras sur sa poitrine.

- Je le savais, lâche-t-il.

- Qu'est-ce tu... qu'est-ce que tu fais là ? balbutié-je.

- Je t'ai suivie... enfin, j'ai suivi Outbreak. Quand j'ai vu que tu ne sortais pas des toilettes des filles, je me suis dit que tu avais réussi à te faufiler par la fenêtre. Pourtant, c'est Outbreak que j'ai aperçu derrière le lycée. Une drôle de théorie m'est apparue, mais elle ne pouvait pas être vraie. Quand je me suis interposé et que j'ai plongé dans tes yeux, j'ai su que c'était toi. Il ne me restait plus qu'à te prendre la main dans le sac pour être sûr que tu ne me mentirais pas une fois de plus.

- Comment tu es entré ?

- J'ai hacké ton système d'alarme et j'ai crocheté ta serrure. Je n'arrive pas à croire que tu sois Outbreak.

Je glisse mon masque par-dessus ma tête et lui jette un regard plein de mépris.

- Et pourquoi ça ?

- Je ne sais pas. Tu es si gentille, si discrète.

- Les apparences sont parfois trompeuses.

- Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire, reprend Hunter d'un ton plus doux.

Il passe une main dans ses cheveux, puis se masse la nuque, gêné. J'attrape une barre énergisante et commence à la mastiquer en m'affalant sur mon lit. Je n'ai même pas la force de nier. Quelque part, ça me soulage que quelqu'un soit au courant de mon pesant secret. J'espère seulement que cela n'aggravera pas la situation et qu'Hunter n'aura pas de problème. Que ce soit pour garder mon secret ou parce qu'il connaît la vraie Evy Mulligan.

Schneider ne fera jamais de mal à sa fille, mais je ne serai pas aussi catégorique sur le reste de mes proches. Maintenant qu'il sait qui je suis, il sera prêt à tout, je l'ai vu dans ses yeux.

- Je peux partir si tu as besoin de... récupérer.

Je jette un regard au brun et tente de former un sourire sur mon visage.

- Maintenant que tu es là, je vais te raconter ma petite histoire. Je suis sûre que tu meures d'envie de la connaître.

- Ça peut attendre.

- Laisse-moi prendre une douche. Pendant ce temps, commande quelque chose à manger, les menus sont à côté du frigo.

- Qu'est-ce que tu veux manger ?

- N'importe quoi tant que ça se mange.

Hunter s'apprête à sortir, mais je l'interpelle.

- Finalement, je mangerai bien chinois.

Le brun glousse, je ne peux m'empêcher de rire à mon tour.

La douche me fait un bien fou. Après avoir appliqué un pansement sur ma plaie devenue superficielle, je descends à la hâte. Juste à ce moment, le livreur sonne. Je récupère la délicieuse nourriture et paye pour ensuite tout rapporter dans la cuisine. Je suis contente de retrouver Hunter, j'avais peur qu'il décide de rentrer finalement.

- Je meurs de faim, avoué-je.

- Je veux bien te croire, dit Hunter avec un sourire.

Durant le repas, je narre ma fantastique histoire à mon partenaire de Littérature en veillant bien à m'excuser une nouvelle fois pour mes oublis et mes retards. Hunter semble émerveillé par ce que je lui raconte et m'avoue s'en vouloir de s'être emporté.

- Et donc, si je comprends bien, tout ce qui t'arrive est dû à l'énergie des lasers qui a glissé en toi.

- Je pense qu'elle a stimulé mes cellules, d'où les changements corporels et les nouveaux réflexes.

- Ça paraît dingue, mais tout est purement scientifique.

- Mis à part le fait que j'aurais dû mourir, plaisanté-je.

Hunter sourit. Je crois que ce sourire est le plus beau du monde. Il dévoile ses dents parfaitement alignées et éclatantes. Ses yeux émeraude pétillent de malice et... et je dois reprendre mes esprits tout de suite. Non, mais ça va pas Evy ! Dégage ces pensées de ton esprit, immédiatement !

- Merci pour ce super repas et cette fabuleuse histoire. Je suis content que mes théories soient fondées. Tu es une héroïne remarquable Evy et j'ai confiance en toi, tu choperas ce type. Et t'en fais pas pour Liv, elle s'en sortira.

- Je compte sur toi pour garder ta langue.

- Pas de souci. Oh, avant que j'oublie. J'ai pensé à un truc. Je sais que tu as de nombreux talents, mais je en pense pas que l'informatique en fasse partie.

- Non pas vraiment.

- Je t'avoue que je me débrouille pas mal.

- Tu as quand même hacké mon système d'alarme, rappelé-je.

- Oui, encore désolé. J'ai une proposition à te faire, j'aimerais être ton associé.

- Mon associé ?

- Ouais, le gars de l'ombre, tu sais. Je pourrais m'occuper des fréquences de police et même les recouper avec plusieurs chaînes d'infos pour ensuite te donner les emplacements exacts des attaques. Je pourrais également te donner les plans des bâtiments dans lesquels tu dois te rendre, les antécédents de ceux que tu appréhendes, contacter la police anonymement...

- Tu serais capable de faire ça ? m'exclamé-je.

- Et bien plus encore. Je te l'ai dit, je suis doué.

- Et modeste avec ça.

Hunter sourit et le rouge me monte aux joues.

- Ça me plairait beaucoup et me faciliterait grandement la vie, mais...

-  S'il te plaît pas de mais, gémit Hunter.

- Ça risque de te mettre en danger. Je vais avoir de plus en plus d'ennemis. Schneider sait déjà que nous sommes amis, s'il apprend en plus que tu sais qui je suis et que tu travailles avec moi, j'ai peur qu'il te veuille du mal.

Le jeune Dillon presse alors mes épaules de ses mains et m'adresse un petit sourire.

- Je serai prudent et discret. Je t'en prie, laisse-moi t'aider.

Dans ma tête, c'est la cacophonie. Une partie de moi veut accepter, non seulement parce qu'avec Hunter, je pourrai faire des miracles, que je garderai un œil sur lui et que je passerai plus de temps avec lui. L'autre m'assure qu'il risque un grand danger et que le mêler à tout ça est une mauvaise idée.

Une troisième partie est obnubilée par le parfum enivrant que dégage le jeune homme et que notre proximité me permet de humer.

- C'est d'accord, soufflé-je après de longues secondes de réflexion.

- Super !

Hunter dépose une bise sur ma joue qui me laisse pantelante. Immédiatement, je le vois rougir. Il récupère ses affaires et sort, il a l'air heureux.

Oubliant l'idée d'une soirée en tête à tête avec Liv, je décide d'aller me coucher. Je ne me vois pas rire avec elle toute la soirée en pensant à ce qu'est son père et ce qu'il fait.

Il a quand même attaqué plusieurs locaux et des forces de police. Qui sait ce qu'il pourrait faire de plus ?

Epuisée, je m'étale dans les draps. Un poids semble avoir disparu de mes épaules. Hunter sait que je suis Outbreak, je me sens moins seule, plus sereine.

Je suis contente que cette longue journée soit enfin terminée.

Demain est un autre jour...

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Bon, ce chapitre est plus soft, j'espère qu'il ne vous a pas ennuyé.

Etes-vous contents que Hunter soit au courant pour Outbreak ? Et que pensez-vous de sa relation avec Evy et de ses réactions envers elle ?

RDV dans les commentaires mes petits Outbreakers ^^

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