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empire state of mind

❝  Baby, there's nothing you can't do.
Now, you're in New York. ❞

☆ ͡    ݂      ۫

Dans les rues New yorkaises, le tonnerre sonore grondait entre les ruelles illuminées. Il y avait cette touche d'habitude collée aux lippes bavardes ; les injures, les klaxons qui ne cessaient de s'accrocher au ciel, destinés à fracasser les nuages de neige de leur vacarme exécrable. Les bourrasques étaient poudrées d'une coulée féerique, c'était comme un baiser de voie lactée. Et les danses enneigées virevoltaient autour des silhouettes, lorsque quelques couples venaient à jouer les vieux amoureux sous les branches de gui, le cœur en pétard et les yeux en feux d'artifice — c'était Noël, se disait-il, c'était malheureusement Noël.

New York était belle sous son pelage d'hiver et les gratte-ciel semblaient vêtus de ces nuées fantasques, bien que lumineuses en ces beaux jours de fête. Parfois, voyait-il ces enfants agités sur la grande place, quelques parents dont le regard demeurait que trop distrait dans ces galeries urbaines où l'esprit de Noël ne cessait de briller. Le Rockefeller Center s'habillait de présences insolites, c'était la mascarade des étrangers, le carrefour des nations qui se mâtinait à cette part d'hommes marginalisés dans les coins de rues les plus reculés. Manhattan frissonnait sous les souffles du mistral hivernal, et accompagnée de ces lumières enjôleuses qui épousaient les silhouettes, elle resplendissait malgré les sombres passés. Le cristal de décembre se brisait en une diluvienne danse givrée.

Personne ne se connaissait, personne ne se regardait. Le monde continuait à vivre sans se soucier de l'existence des siens. On y était affreusement solitaire, proche des lointains.

Car nous ne sommes tous qu'un mirage dans la vie d'autrui — le secondaire qui ne parvient à s'imposer face au principal factice.

Le gigantesque sapin de la grande place surplombait le reste de l'espace, majestueux, divin. Les étincelles rougeoyantes de son pelage apportaient une certaine chaleur dans les cœurs trop froids, abîmés de givre par le poison maladif que déversaient les paroles trop crues, les comportements malotrus. L'humain était de cela, une conjonction de défauts qui lui collait bien à la peau.

La luxure des jolis corps s'ancrait à la tête trop pleine, les pensées erratiques et la jalousie de ne pouvoir diaboliser les passions de chair. Alors on y succombait quelque part. On y succombait car tout cela, ça faisait bien trop mal — la monotonie des jours heureux, les expériences qui surgissaient comme un souvenir, des terribles traumatismes.

Le bonheur ne suffisait sans doute plus, les âmes s'octroyaient à quémander le mauvais pour se sentir vivre dans les bras d'autrui.

« Comment ça tu me plaques ?

Écoute, Jisung...

Tu... Tu rigoles hein ? Dis-moi que tu déconnes. »

Il toisait la jeune fille d'un air dédaigneux, les prunelles vides et larmoyeuses. Les flocons blanchis épousaient les mèches lisses et brunettes de la demoiselle, apportant une certaine harmonie dans le maculé de sa chevelure. Les phalanges entrelacées, le couple se présentait sans embarras face au coréen, immobile de stupéfaction. Jisung serra des dents.

« Donc si je comprends bien, tu m'as fait bougé du Queens jusqu'à Manhattan, pour t'écouter me dire que tu me plaques pour cette meuf ? »

Son ex petit-ami n'osait pas lui répondre, il préféra laisser le silence guider ses futures actions, dans le plus grand désarroi de Jisung. Les traits de son visage se crispaient doucement face au néant sonore qui s'installait depuis ses derniers mots, lâchés comme de la poudre à canon ; une bombe prête à faire des étincelles dans ce monde de cons.

« T'es qu'un connard, Jayden.

Je suis désolé.

Putain, on avait un rencard merde ! »

Mais l'américain ne répondra pas, puisque tout cela, il l'avait déjà effacé en se mettant de dos au blondinet, il quitta la grande place. Jisung parut hurler, frapper le sol de givre et maudire le monde de lui avoir condamné sa fin d'année.

Pourtant il tournait.

Le monde tournait.

Encore et toujours.

C'était sous les louanges solitaires de décembre que Jisung subissait son Noël, pas assez seul le petit, pas assez meurtris dans sa tour en ruine. Il était resté sur la grande place, comme un de ces lampadaires lumineux, à contempler le monde exister sans faire attention au sien. Puisque, qui s'en occuperait du sien désormais ? Lorsque l'être humain se faisait époux de l'égoïsme. Et peut être que lui-même il était de ceux-là, bien trop égocentrique pour pouvoir apporter la douceur à autrui, bien trop égoïste pour réussir à offrir son coeur aux plus détruits. Et peut être que c'était pour cela, que Jayden s'était enfui lui aussi.

« Toi aussi Jisung, t'es qu'un connard… qu'il s'arracha des lèvres, en laissant fondre son visage entre les mains. »

Il était sans doute tard, sans doute trop tôt. Il n'en savait trop rien, il en savait trop — la pénombre dégustait chacune de ces parcelles de lumière sur le tableau de l'existence. D'un geste las, dépourvu d'envie, il vint timidement considérer la place des aiguilles sur la montre enserrant son poignet blafard. L'éveil d'une pluie de cristal venait s'épouser à la commissure de ses lèvres martyrisées depuis trop longtemps, des larmes s'écoulaient de ses joues glacées ; c'était étrange, la seule chaleur qui venait lui épouser le corps. Sa mine se crispait en quelques grimaces, sanglotant ces derniers mois passés aux côtés de cet américain. Ses frêles phalanges décorées de rougeurs, faute aux baisers d'hiver, serraient le tissu soyeux de son pantalon crème. Parfois surgissaient ces gouttelettes translucides sur ses pans, semblables à un festival d'émotions, un travail d'expression à la Jackson Pollock.

Mais Jisung ce soir il était seul, accompagné de ces souvenirs déposés à sa psyché comme une décalcomanie, une imagerie d'un monde qu'il décidait de laisser derrière lui.

Les yeux effarés, il intercepta de justesse un taxi, un abri temporaire pour survivre dans ces ruelles hypocrites. Alors le blondinet rentra chez lui, silencieux entre ces parois glaciales. Et l'intérieur du véhicule était comme une nouvelle danse avec le néant, les lèvres immobiles, ou bien trop tremblantes encore pour les sentir. Mais il n'y avait là que les notes de musique d'un poste radio qui accompagnaient ses vilaines pensées, des chansons de Noël à s'en faire saigner les oreilles et le cœur inanimé.

Il détestait New York.
Il détestait Jayden et Noël.
Car c'était des choses qui le rendaient affreusement solitaire.

« Merci beaucoup, tentait-il, une dernière fois, en donnant l'argent nécessaire au conducteur. »

Ses petites enjambées foulèrent le sol gelé et il entra dans le hall de l'immeuble afin de rejoindre l'ascenseur. L'attente semblait longue lorsque personne ne se trouvait aux alentours, la cabine s'embaumait à nouveau de ces symphonies de décembre. Mariah Carey, Wham ou encore Darlene Love et la solitude de Noël aux mal aimés. Sa chutée à lui était funeste, dès que ses pas rencontrèrent le parquet luisant de son appartement, le blondinet se laissa glisser directement contre la porte vernie qui le séparait du monde extérieur. Jisung il était brisé lui. Jisung, sa solitude, ça le rendait malade aussi. Le bout des doigts en contact avec la surface légèrement froide, le haut de son crâne vint s'y cogner volontairement après avoir fermé son appartement. Et c'était comme s'il s'effaçait. Et c'était comme s'il refusait d'à nouveau exister, interdit au monde, derrière cette limite artificielle qui lui piquait la peau comme une engelure effroyable.

Quand il se décida enfin à s'y détacher, il se jeta vainement dans son canapé, encore habillé d'un de ces longs manteaux, subtilement égayé par la présence de quelques flocons immaculés. Le corps endormi ; l'esprit engourdi, Jisung fermait les yeux sur sa vie pour essayer de ne pas ressentir le temps dans la nuit.

Le jeune homme de vingt-deux ans demeura dans cette position durant plusieurs minutes, sans paroles, sans mouvements — simplement plongé dans ces élans de contemplation. Jisung habitait dans un de ces lofts spacieux de New York, aux allures luxueuses et modernes, encore une de ces merveilles dont les baies vitrées ouvraient sur l'océan de buildings. Et ça aussi, il les détestait. Se sentir petit dans un monde baisé d'immensité. Les murs de briques se mariaient divinement bien au boisé des poutres intérieures, signature de la modernité New Yorkaise et ses architectes de valeur. Avant de se décider à allumer l'écran disposé au mur d'en face, Jisung prit le temps d'embraser sa cheminée, puisque de toute façon, il n'y aura pas de Père Noël à accueillir, pas même l'ombrage de son traîneau qui viendrait briller à sa fenêtre.

Non, ce soir il était seul avec lui-même.
Car parfois, c'était ça aussi Noël.

En relevant doucement sa moue, il distingua sa silhouette cadavérique se refléter sur cet écran incurvé. Ses accroche-coeurs lui effleuraient les pommettes comme une dernière caresse, l'invitant à se redresser afin de ramener quelques mèches derrière son oreille. Tout était encore noir, tourmenté dans leur obscurité sélective. Il n'y avait que la lumière de New York qui traversait ces miroirs translucides, ceux qui  entouraient une bonne partie les parois de son appartement et le cocon de sa nouvelle vie. Jisung se décida finalement à enlever son énorme manteau prit d'une once d'humidité, il le disposa à l'entrée, parmi ceux de Jayden, parmi les siens déjà sombres de désarroi.

Un film commença à la télévision, collection de Noël pré-préparée par les chaînes locales en ces beaux jours d'hiver.

Jisung se laissait oublier, plongé dans sa pénombre émotionnelle ; il ne savait plus quoi faire de cette maudite soirée. La cafetière n'était plus fonctionnelle, en fait, il avait simplement conclu qu'elle devenait inutile face à l'absence de Jayden et sa malice. Il aurait dû s'en douter, que les hommes comme lui ne savaient qu'attirer les mecs obnubilés par le doré pécule. Enfin, peut-être qu'il était aussi en train de tout inventer. Car lui, il n'assumait pas cette idée qu'on puisse le quitter à cause de sa piètre personnalité.

Le vin qu'il buvait n'était pas bon, il jeta l'écarlate dans l'évier déjà plein. Putain, il faisait vachement pitié pour un mec aussi incroyablement diplômé.

Alors le blond longea le bras au-dessus du chaos, prêt à attraper quelques boîtes de biscuits pour taire les bruits de son intérieur. Quelques-uns tombèrent près de l'évier, mais Jisung n'y fit pas plus attention, il était sans ambition. Du lait froid s'y ajouta rapidement, il mangeait n'importe quoi, il mangeait mal. Mais c'était sa vie ici, c'était sa vie avec lui, c'était sa vie sans lui.

Jisung s'enfonça de plus belle dans son canapé moelleux, un soupir s'échappant manifestement de ses lèvres muettes, comme acteur extérieur de sa propre condition. Il continuait de passer les chaînes de télévision, automatisé comme une intelligence artificielle — ne sachant pas quoi véritablement regarder, quelques cookies étaient fanés sur la table entre deux tasses vides.

La sonnette chanta dans ce bout de couloir entre quelques répliques, le livreur devait sans doute être déjà là.

Biscuit sablé au bord des lippes, l'adulte s'empressa d'atteindre la poignet de porte afin de déguster au moins quelque chose qui le rendrait heureux en cette fin de soirée tordue. Il avait commandé quelques pizzas pour son réveillon auprès du feu, afin de le terminer autour d'un chocolat chaud et quelques films à l'eau de rose. Enfin, il rigolait jaune, il ne les appréciait pas tant que ça, ces films factices. Lui, il allait sans doute finir avec des crampes à l'estomac à force d'ingurgiter tout ce qu'il avait dans ses placards.

Puis ce qu'il ignorait, c'était que derrière cette barrière boisée, se trouvait quelqu'un qu'il n'avait que trop connu durant son adolescence juvénile — la tête pleine de bêtises, les lubies de jeunesse explosant en feux d'artifice. Ça se machouillait, ça s'écrasait, les cœurs bien trop bêtes et acharnés dans l'espoir de mourir amoureux contre son aimé.

Ça a résonné.
Ça a frappé.

Mais les sentiments sont farouches, les comportements trop louches.

« Une hawaïenne jambon, une quatre fromage, une diavola pepperoni, une chorizza, une diavola tout court et... le livreur reprit son souffle, plissa des yeux pour mieux distinguer les inscriptions du papier, et une divine trois fromages. Trois cannettes de soda et une extra cheese. Pfiou... soupira-t-il, vous avez commandé une blinde de pizzas... Il avait relevé son regard, Joyeux Noël et merci d'avoir choisi Domi- »

Lorsque ses prunelles rencontrèrent le noisette de celles du résident, il vit le biscuit de ce-dernier se briser sur le parquet de l'entrée, la bouche grandement ouverte, les cheveux en bataille.

« Ji.. Jisung... ? s'étrangla presque le brun. »

Le visage déformé entre la surprise et l'effroi, le susnommé claqua violemment la porte d'entrée au nez du livreur. La chamade. Le cœur musical. Jisung ne parvenait plus à se laisser consumer par les flammes glaciales — les pommettes douceur coucher de soleil, un voile d'aube épousait son visage joufflu. On criait son nom, on l'interpellait derrière cette cloison. Mais le blondinet il est un peu trop bête, un peu trop con — alors il n'ouvrait pas, ou du moins, il n''y arrivait pas. Ses doigts étaient tremblants sur cette poignet où les empreintes de Jayden s'étaient effacées.








Va t'en.










Et peut être qu'il s'était laissé tomber, celui à qui on avait promis de ne jamais l'abandonner.










Va t'en.









Ses petites mains venaient couvrir ses oreilles rougies, l'esprit ébranlé de rencontrer à nouveau l'étoile interdite.








Va t'en !









Mais l'inconnu recommença à toquer à la porte, une fois, deux fois, et la dernière ne sonna pas comme un coup, Jisung lui, il a ressenti son cœur frapper contre le bois inanimé.

« Jisung, s'il te plaît... sa voix était douloureuse, prends au moins les pizzas. »

Et puis, plus rien. Les couloirs semblaient silencieux, l'orageux s'était éclipsé dans une divine brise encalminée.

Jisung écoutait.
Et Jisung réagit.

La porte s'ouvrit sur la pile de pizzas solitaires, un empire de délices qui mourrait silencieusement sur le carrelé blanchâtre du bâtiment. Le paysage bancal résonnait de son absence, les cœurs humains étaient en vadrouille, bercés d'indifférence. Quelques coups d'œil furent jetés sur le reste du palier, la moue curieuse de peut-être recroiser ce garçon qu'il n'avait plus jamais appris à aimer.

Ses pas foulèrent le sol bruyant, seul écho dans cet espace clos. Le blondinet se dirigea vers les escaliers, puis se présenta aux portes d'ascenseur. Et tandis qu'il traversait l'allée, Jisung vit une silhouette pénétrer l'une des cabines métalliques. Il écarquilla légèrement les yeux avant de se mettre à courir vers celle-ci.

« A-Attends, Minho ! »

Alors il est nommé dans l'histoire, étincelle de vie prenant feux sous ces paroles fantasques.

« Jisung ? s'enquit l'adulte, le bout des doigts glissant sur ces boutons de destinée. Jisung ! s'écria-t-il une deuxième fois, un peu plus sincère. »

Il papillonna des yeux, les portes commencèrent à se fermer.

Déboussolé, le regard de l'aîné sembla se perdre sur le reste de la cabine étroite. Il appuya sur plusieurs boutons, pris de hasard, dans l'espoir de bloquer cette cabine de métal. Puis, bêtement s'entreposa entre ce bout de barrière coulissant afin d'empêcher la fermeture de l'ascenseur. Minho s'engagea en sens inverse afin de retrouver le résident.

Le blondinet se présenta à lui, haletant, les poumons fragiles d'épouser autant de vent. Les mains sur ses genoux, Jisung tentait désespérément d'aspirer le peu d'air qui lui restait avant de se redresser, le visage égayé de pivoine. Minho le surplombait, son cœur avait vrillé.

Ils se regardaient.
Les yeux en couleur,
L'esprit saboteur.

Car c'était doux, dans la nuitée disparate. Les mots étaient silencieux, le monde s'adonnait aux malheureux.

« Toujours aussi vif, manifesta l'aîné. Tes mèches te font encore la guerre. »

Minho il s'autorisa à courber ses accroche-coeurs sur la toile de son faciès, une œuvre délicate où le divin doigté était doucereux, quelque peu, vétilleux. Jisung frissonna doucement, les réminiscences redéposées à sa psyché blessée.

« Ils sont un peu comme toi, continua-t-il, sa pulpe s'évadait dans un mouvement las. Indomptables. Ça a toujours été un de tes défauts, n'est-ce pas ? »

Il rigola, un son creux, perdu dans sa délicatesse. Les étoiles les regardaient à travers le vitrail translucide, New York les attendait, c'était certain, ils brillaient sous la nuit.

« T'as pas le droit de revenir comme ça, se plaignait le petit. Une main venait pousser légèrement l'une des épaules de Minho comme un reproche.

Je dois bien travailler pour avoir des sous, non ? Pas de bol, monsieur a commandé de la malbouffe chez le mauvais fast-food.

Pourquoi tu ne m'as jamais dit que t'étais dans le Queens ?

Qu'est-ce que t'aurais fait de plus, Jisung ? T'as eu la flippe juste en me voyant devant ta porte, et tu me parles de te prévenir après je ne sais combien d'années ?

J'ai pas eu la flippe.

A peine.

Alors un peu, vociféra le blondinet, il faisait la moue. »

Il croisa ses bras, les prunelles fixant le mur d'à côté. Minho avait encore rigolé, mais Jisung n'était plus capable de le regarder.

« J'ai vraiment été un gros con, avoua le résident.

Franchement oui.

T'es pas obligé d'acquiescer à tout ce que je dis  !

Tu détestes quand j'ai raison, c'est différent.

— ... T'as toujours raison, et ça me fout les boules, grommela-t-il, quelque peu, incompréhensible. Allez viens, je vais te payer.

En nature ?

Jisung soupira, désespéré.

Tes blagues de cul, tu te les gardes pour toi m'sieur le Tombeur ! »

Les pas se faisaient silencieux, entre deux battements de cœurs. Jisung accompagnait Minho à son nouvel appartement, à la fois bien enjoué et soucieux. Jisung il oubliait lui, comment s'adresser à celui qui lui avait volé ses premiers baisers.

Le bruit des clés résonnait dans le couloir, jusqu'à se taire en permettant l'ouverture de la porte vers un tout autre univers de luxe. En aidant le plus jeune à porter les pizzas à l'intérieur, Minho gardait cet air émerveillé et surpris. Ce n'était pas tous les jours qu'il avait la possibilité de poser les yeux sur une telle oeuvre moderne.

« Wow, t'as une sacrée baraque. »

La tignasse blonde de Jisung s'éleva curieusement d'un des placards, son regard croisa celui de Minho. Ce-dernier se figurait l'ensemble du loft de ses yeux quelque peu ébahis. Ce serait mentir de dire qu'il ne s'attardait pas sur certains détails.

Avant de lui répondre, Jisung lui offrit une tasse en l'invitant à s'asseoir dans la cuisine qui faisait contraste face au spacieux organisé du salon. Il avait entre-temps sorti un filtre à café, pour éviter de réutiliser la cafetière négligée. Et puis tout bêtement il essayait de cacher le reste de la vaisselle croulante dans l'évier presque sec. Malgré tout, Minho s'en était aperçu de tout ce désordre émotionnel qui se reflétait dans son quotidien pas si riche de sentiments, seulement débordant d'argent.

Ce-dernier baissa les yeux, ferma les yeux. Il refusait de croire à un tel foutoir.

« M'oui, c'est un endroit que j'aime bien, c'est calme aussi par ici, soufflait-t-il dans un faible mensonge. »

Quelques minutes s'écoulèrent dans le silence, Jisung préparait du café pour le brunet. Il s'en rappelait, il ne l'aimait pas trop sucré, juste assez chaud pour que son corps se sente réchauffé.

« Tu… Tu vis ici depuis longtemps ? renchérit l'aîné.

Pas mal de temps oui, affirma-t-il en hochant la tête. Depuis environ un an et demi.

Il déposa les boissons fumantes sur la table.

Seul ?

Eh bien, oui. Pourquoi ça ?

Je voulais prendre des nouvelles, c'est tout. »

Sa voix parut bien solennelle sous ses sourires éclairs et la tempête à son cœur ne parvenait à totalement se calmer. Le revoir c'était, allumer les étoiles quand il faisait nuit noire. Alors ça chamboulait et ça cassait quelque chose, dans le creux fêlé de ses côtes. Car Minho, il n'était qu'équivoque dans ses sentiments et dans sa vie vide de sens.

« Et toi, alors ?

Et moi ?  »

Jisung le fixa quelques secondes, ignorant où il voulait en venir. Ses phalanges entouraient le mug, l'appartement était pris d'une puissante effluve de café, mêlée à cet arôme alcoolisé que le vin versé laissait virevolter dans l'espace illuminé. Rien n'était en place, tout était désordonné. Un peu comme lui, un peu comme sa vie qui se reflétait à travers cette fine mousse caligineuse au dessus de son café noir.

En face, Jisung se tenait contre un des placards, les lèvres trempées dans ce qu'il avait l'habitude de partager avec Jayden.

« Eh bien... Je viens de te le dire, j'y reste depuis un moment déjà.

Non, enfin... Je voulais dire... Est-ce que tu veux prendre des nouvelles de moi ? »

Le rire de Jisung se perdait dans une mélodie, il déposa la boisson chaude sur la table ; jumelée à celle de Minho, encore prise de son chaud brouillard.

« Si j'avais voulu, je l'aurais déjà fait, tu ne crois pas ? qu'il répondit, en lui donnant enfin le montant de sa commande.

C'est vrai, oui. »

Minho prit les billets respectueusement, sous une caresse furtive il sentit un frisson lui démanger la pulpe de ses doigts. C'était électrique ; des étincelles explosaient dans ses veines. Les lèvres se fuyaient mais les corps se désiraient, il le reconnaissait.

C'était l'évidence qui les embarrassait, crevard de l'autre, rattaché à la chair divine ; on voulait chastement se goûter dans une valse idyllique, loin de ces œillades du paradis.

« On… On se quitte sur ça, alors ? la voix vibrait, semblant se perdre dans une volonté inachevée.

Je crois bien que oui. »

Minho n'avait pas touché à son café, le voilà déjà désireux de filer. Il se releva de la chaise, prêt à rejoindre la ville et ses ruelles enneigées. Un faible silence vint cueillir leur dernière pétale d'audace, les paroles devenaient muettes sous ce toit de New York ; on n'était plus aussi valeureux, on montrait ses façades, ses plus intimes peurs. C'était ce qui généralement était le plus bruyant entre leur deux cœurs — ce son du néant, voleur de sentiments.

Face à lui, Minho rajusta sa casquette aux couleurs de l'enseigne, un timide sourire offert au garçon éperdument ancré à ses nuits. Leur histoire semblait à nouveau s'évanouir dans les ruines du commencement, l'aîné tournait les talons, pour ne pas assister à ce couronnement d'impuissance. Quelque chose manquait de résonner chez Jisung, la main presque tendue vers la silhouette de son ex petit-ami — l'âme faiblit, l'esprit hésite. Ça lui faisait quelque chose de le voir partir. Ses phalanges se repliaient sur un avenir qu'il tentait d'oublier, merde, autrefois ça le faisait un peu plus rêver.

En traversant le salon, Minho vit sur une table basse des biscuits éparpillés, du vin rouge à peine commencé et surtout… Quelques affaires différentes, pas à lui, des photos couchées et des chaussures qui étaient bien trop grandes pour ses pieds. Ses yeux érafflaient des souvenirs non partagés, une vie nouvellement commencée dont il ignorait l'envergure.

Minho franchit finalement le seuil d'entrée, le corps lent à la transcendance fatidique ; plus loin il appuya sur un des chiffres, le coulissement des portes s'effectua sous les prunelles réprobatrices du ciel, il disparaissait dans un monde à part. Un univers finalisé sans Jisung et sa superficialité. Car si l'univers paraissait le condamner de ses mœurs fragiles, il voudrait bien maudire les astres et leur rancoeur unanime.

Jisung lui, resta planté dans sa cuisine, le cœur jeté au fond de cette tasse de café même pas vide. Plein de souvenirs lui harpentaient l'esprit comme un cauchemar, comme une douleur lui remémorant des mauvais moments passés. Ses ongles s'enfonçaient dans le marbre de l'évier, il avait envie de lui crier de rester ; de ne plus jamais le laisser.

Mais il demeurait immobile, il se sentait incapable de bouger pour le rattraper.























Va t'en.


















Va t'en.














Va t'en !














Ça hurlait en lui.



















Ça brûlait en lui.








Son visage retomba entre ses mains, un peu plus de lui cette fois-ci, son cœur y succomba presque lui aussi. Il se cueillait sa solitude comme les morceaux d'un miroir brisé, le goût amer du vide s'entremêlait à sa chutée émotive.

Il était pathétique, ô tellement façonné par la richesse de l'égoïsme.

Pourtant, le destin se loua de pitié, car en manquant de briser une des tasses, il s'élança à travers le couloir. Une minuscule main vint se faufiler pour éviter que l'habitacle ne se ferme dans son entièreté, Jisung se présentait de nouveau, un peu moins effarouché, simplement le cœur en pagaille et les idées empourprées.

Minho n'était pas là.

Il n'y avait que lui et sa réflection à travers cette matière miroir entourant les parois de la cabine. Tout cela lui apparaissait presque comme une rétrospective de sa vie passée, Jisung avait senti les larmes lui monter en se voyant forcé d'assister à son impuissance. Alors Jisung se précipita vers les escaliers, il allait dévaler quelques marches, tomber s'il le fallait ; mais il voulait peut-être le retrouver.

Non, il en était sûr désormais.

Il allait le retrouver.

Enfin au hall d'entrée, le blondinet profita pour reprendre son souffle quelques secondes, l'esprit ailleurs, pourtant bien concerné. L'estomac lui picotait l'intérieur, c'était comme des abeilles bourdonnantes d'horreur, un festival désagréable qui lui donnait des haut-le-cœur. Peu à peu, Jisung devenait une tête chercheuse, des regards jetés à gauche, à droite dans cette vague d'illusion que formait chaque humain ici. Il se déplaçait de manière vive, examinant chaque recoin où l'aîné en sortirait visible. La foule du réveillon fourmillait à l'extérieur, on chantait des chansons romantiques et des vœux magiques. On répondait aux coquetteries de son prochain entre quelques gourmandises.

Foutaises hypocrites ! Personne ne s'aime à Noël, on est plein d'avarice, remplis de vices !

Et dans ces moments-là, Jisung se sentait s'enfoncer sous les regards de la société. Un homme marginalisé dans son élitisme intempéré.

« Où est-ce qu'il est… Où est-ce qu'il est ! »

Jisung se parlait à lui-même, une sorte de rédemption face à ses actions déterminées. Une de ses mains se posa sur son crâne, ébouriffant de colère ces mèches dorées brillant faiblement dans cette vague de gens. Les grandes vitrines d'en face sonnaient d'un son authentique à chaque entrée, on voyait déjà la petite tête blonde filer sur le trottoir givré. Des enfants courraient au milieu de la route, se prenaient les klaxons des taxis jaunes et la furie des parents. Certains amoureux étaient assis sur un banc, ici à veiller le ciel pleurer ses louanges. Il se fit bousculer, cracha des injures ; le monde continuait de tourner, sans lui pour exister. Pourtant, il ne voyait rien, ne distinguait pas même l'ombre de son ancien petit copain.

Il courut à côté, une effluve de gaufre sucrée venait enivrer ses narines, c'était le marchand pâtissier qui voulait se faire sa monnaie. Donc il décida d'y aller, peut-être qu'entre deux flocons Minho aurait décidé de se prendre une gaufre pour se réchauffer. Car il se rappelait lui, de ses péchés mignons et sa gourmandise, Minho appréciait le sucré et ses onctueux arômes vanillés.

Malgré tout, rien n'apparaissait. Il n'y avait pas le reflet de ses cheveux clairs, pas même sa silhouette légèrement élancée dans cette foule d'attente prêt à fondre pour obtenir un de ces délices édulcorés. Sa langue claqua contre son palet, une fine couche de souffle se transformait déjà en fumée à chaque fois qu'il se sentait consterné. C'était sûr, ce soir il passait sa pire soirée de Noël — même le ciel semblait s'en moquer, de sa punition offerte par les Empyrées.

Une de ses mains se colla à ses hanches, l'autre venant soulever ces franges légèrement trop grandes qui lui tombaient sur le front comme un léger voile de lumière. Jisung contemplait les alentours, victime de son existence, alors il s'avançait, se retournait, accélérait, ralentissait.

Putain.

Putain ! Mais où est-ce que t'es passé !

Une ventée mystique lui souleva vivement son manteau, elle était glaciale, pour le moins désagréable. Quand son regard se rivait vers la masse humaine, personne ne semblait s'en déplaire, comme exclu de cet épisode singulier. Jisung fronça les sourcils, perturbé par cette brise soudaine, il s'enroula presque dans son manteau pour rejoindre le hall d'entrée. Il commençait à se les geler. Sa chevelure décolorée était ornée de quelques larmes de neige, le bout de son nez rougissait face à l'importante chute des degrés. Et quand il s'apprêta à retourner sur ses pas, il sentit le vent lui chanter quelque chose.

C'était lointain, brisé. Cela avait un arrière goût du passé.

Doucement, sa tête pivota, comme s'il entendit une étincelle l'appeler. Il avait même cru voir les flocons se former ses courbes, dans un souffle frais et une pincée magique. Jisung croyait halluciner dans cette nuitée d'hiver, il se revoyait lui et Minho, les doigts liés et le visage ensoleillé. Puis le vent hurla à nouveau entre les passants, effaçant ainsi ces danses de poussière de cristal ayant prit forme sous ses prunelles ;

Ils sont condamnés, ils sont séparés.

Alors le coréen décida de cligner des yeux — abandonnant sa rancoeur sur ce qu'il n'avait pas réussi à réparer, la mine renfrognée dans son écharpe en laine, le cœur écrasé sous quelques peines. Il avait dû sûrement rêvé, il secoua sa tête quelques secondes et ce fût  avec une fierté blessée qu'il se dirigea vers l'ascenseur. Ô il n'avait plus envie de goûter à ces montagnes d'escaliers, quitte à se voir pleurer entre quelques réflections de sa personnalité.

L'air à l'intérieur du hall était bien plus chaleureux, simplement, on était solitaire à plusieurs dans ses méandres. Jisung appuya sur une des touches, il allait sans doute attendre quelques minutes avant que l'ascenseur ne parvienne jusqu'au rez-de-chaussée. Sa frimousse se dressa, ses yeux un peu fardés de rouge examinait la position de l'ascenseur. En replaçant ses mains dans sa poche, il sentit le froid électrique de sa clé d'appartement  lui provoquer une sensation désagréable sur le bout des phalanges. Il décida alors de se frotter les mains, la petite lumière rouge rejoignait graduellement le niveau auquel il se trouvait.

Au moins en rentrant chez lui, il n'aura plus à s'occuper de ses douleurs d'antan, il allait peut être finir par se saouler au vin rouge en négligeant le chocolat chaud et les friandises fanées sur cette table basse en face de la télé.

Les portes s'ouvrirent sur un tas de monde, une dizaine de personnes y affluait au sortir, pareille à une imagerie de flou. Ainsi pris d'un mouvement de recul, il permit aux résidents de lentement rejoindre l'allée. Jisung y reconnaissait peut-être quelques voisins, quelques sourires, vœux de belle année et les voilà déjà en train de se presser dans toute cette immensité. Ils allaient sûrement au gala organisé par l'ambassadeur de Corée. Famille qu'il se retrouva à fréquenter par ses relations avec leur cadet, le jeune Yang fraîchement arrivé dans l'université d'à côté. En s'y prenant de réflexion, Jisung eut un moment de nostalgie ; il était vraiment spécial ce Yang Jeongin, surtout entre les couloirs et au sein des amphithéâtres. L'éducation publique n'était pas un endroit fait pour lui, quand on peine autant à s'intégrer dans un troupeau de moutons, le berger finit toujours par chasser.

Jisung se mordilla doucement l'intérieur de la joue sous l'attente, il se demandait si le jeune garçon s'y sentait bien à ces mondaines festivités. Il y demeurait toujours entouré par cette espèce d'aura d'incertitude, pas bien sûr d'appartenir à cet univers de luxe(ure).

En prenant son téléphone de sa poche de pantalon, il voulut lui passer un coup de fil ; histoire de voir comment tout cela se passait de son côté. Si les pétillants rosés étaient toujours servis glacés ou si les vipères se crachaient toujours leur venin dès que leur dos se tournait. Mais quelque chose de plus sérieux se présenta à ses yeux, quand dans sa barre de notifications il recroisa le tout dernier message de Jayden.

"J'ai hâte qu'on aille s'acheter de nouveau des gaufres chez Mr.Hopkins."

Il se surprit à piètrement sourire à son écran, perdu dans son innocence. Jisung supprima d'abord ce mensonge avant de fourrer son cellulaire au fond de sa poche de manteau, la mine menaçant de se briser sous les pleurs. Une nouvelle bousculade le ramena vivement à la réalité en voyant la cabine définitivement se vider. La jeune dame s'excusa, et derrière son dos se faufila cette silhouette vêtue de gris  — la casquette adroitement virer à l'avant, le teint presque pâle aux lueurs d'autrefois. Alors tout cela sembla apparaître comme un mirage, un voyage dans les années où il avait finalement existé. Jisung se sentit transporté, autre part, le mouvement de la foule l'entraînant dans cette capsule de modernité.

Il était déboussolé. Il ne comprenait plus les vices de la réalité.
















Qu'est-ce que les étoiles cherchaient à lui dire ?







Qu'est-ce que les étoiles cherchaient à lui dire !





















Minho.

















Minho.








« Minho ! »

Il s'était arrêté, comme une étoile brillant parmi la foule de personnalités. Et il s'était retourné pour distinguer d'où venait cette voix criarde d'immensité.

Ses yeux se perdaient sur des visages non identifiés, son esprit ressentait son appel désespéré, divaguait sur cette foule animée.

« Minho ! »

Jisung se retrouva coincé par les gens dans l'ascenseur, seulement sa main tentait de s'élever pour que le brunet le reconnaisse à travers cette folie humaine. Il criait son nom, il hurlait de tout son cœur — chacune de ses syllabes, chacune de ces consonances qui avaient tant couvert les murs de sa chambre. Il ne voulait pas le perdre encore une fois, pas aujourd'hui, pas ce soir.

Dans un dernier souffle, le blondinet se fit presque expulser de l'étroite pièce quand en déboulant dans le hall il manqua de se ramasser. Pourtant, il se releva rapidement, pas prêt de tomber du ciel comme il avait chuté pour la première fois.

Alors il court. Il court pour le rattraper. Il court pour s'en rappeler.

Son bras se fit attraper avec vivacité, son élan attira l'autre étreinte sur quelques pas plus loin. Mais Jisung ne comprit pas encore ce qui venait de se passer, car c'était avec le cœur haletant que sa poitrine se gonflait d'air et de larmes en remontant les yeux de ses phalanges jusqu'à son regard.

Et il se tenait là.

Entre tout.

Il se tenait là.

« Minho… »

Minho.

Sans un mot, Jisung se jeta dans ses bras, en s'accrochant brusquement à son cou, l'obligeant à se pencher pour l'accueillir contre sa poitrine. Le livreur hésita longuement avant d'oser poser ses mains à sa taille, pour répondre à ses maux, pour lui porter son fardeau. Puis surtout, il se sentait encore perturbé de sa première confrontation, il ignorait s'il était encore légitime de le serrer de cette façon.

Comme quelqu'un qu'on ne voulait pas laisser s'effondrer.

Comme quelqu'un qu'on ne voulait pas abandonner.

Mais finalement il le laissa se fondre dans son étreinte, prêt à porter le monde sur ses épaules — prêt à lui enlever ses doutes entre quelques battements de cœurs, une mélodie de sentiments. L'aîné le ramena tendrement vers lui, ses bras se faufilant autour de sa fine taille pour l'enlacer ; alors lui aussi il plongea sa frimousse d'adulte entre deux bouclettes blondes, juste assez pour sentir cet arôme parfumé lui embrasser les narines. Tout cela paraissait irréel, leur étreinte, leur rencontre et ces coïncidences dignes d'une louange du ciel.

Minho ne parlait pas, seulement respirait ces effluves auxquelles il était autrefois accoutumé.

Il n'y croyait pas.

Avoir Jisung entre ses bras, c'était lui rappeler que le vide s'y était infiltré durant ces dernières années, donc Minho le serra davantage, bien plus épris que ce qu'il aurait pensé. Jisung se sentit presque soulever, un petit hoquet de surprise lui quitta les lèvres accompagné de quelques rougeurs sur les pommettes. Un sourire venait de naître, ils se retrouvaient enfin, deux âme-sœur liées par le destin.

« Tu m'as manqué… Tu m'as tellement manqué, hurla-t-il tout bas dans un souffle chaud. »

Et c'était comme s'ils se rencontraient pour la première fois, comme si leur entrevue d'il y a une dizaine de minutes n'avait jamais eu lieu.

« Je ne veux pas que tu partes, reste avec moi ce soir. »

Minho se redressa légèrement à ses mots, les prunelles dès lors plantées dans l'océan chocolaté qu'étaient celles du blondinet. Jisung aussi se décolla doucement de son torse, les yeux attendris par sa chaleur sincère. Encore, ils se regardaient, profondément, au delà de simples regards, ils existaient. Il vit le plus grand acquiescer secrètement, Jisung allait finalement mieux apprécier sa soirée en dégringolade.

Sur ces dernières paroles, la main de Jisung vint retrouver celle de Minho, il l'emmena ainsi vers l'ascenseur ; ce lieu amovible où tant de fois le blond s'était retrouvé à contempler des morceaux du passé aux côtés d'un américain qu'il ne pourra plus jamais aimer. Quand il y repensait, il se disait qu'il s'était bien foutu de sa gueule pour l'avoir mené du bout du nez. Mais pas un mot, ô non, il n'avait pas envie de tout raconter à Minho.

À quelques centimètres de sa personnalité, Jisung plongea ses mains dans ces poches creusées aux extrémités de son manteau fortuné. La laine de son écharpe venait apporter un contraste lumineux à sa dégaine sobre, les couleurs de Noël ne resplendissaient que par ce vert sombre posé à son survet d'hiver ; Jisung était chic, c'était indéniable, Minho avait presque honte de se sentir à ses côtés dans son uniforme de travail tantôt camouflé sous ce hoodie gris. Quelques personnes entraient et sortaient, Jisung comprenait que le brunet ne se sentait pas forcément à l'aise dans un univers pareil.

La vie ne réussissait qu'aux meilleurs, Minho l'avait sans doute plus que compris entre ces murs de fortune et de soi-disant bonheur.

Toujours est-il que le jugement des cieux abattait leurs vocales, c'était embarrassant, pas inconfortable. On appréciait la complaisance de deux esprits en furie d'émotions, l'introversion de soi et ses dynamites de sensations. Jisung fit mine de se courber une mèche dans le miroir à gauche, il se contemplait, se voyait lui à travers un éclat de glace. L'aspect métallique du sol abîmé parut mieux intéresser les mirettes de l'aîné, assez gêné de retrouver son amant de longue date, il ignorait quelle syllabe rajouter à leur retrouvaille fugitive. Mais il était bien plus sûr des événements à venir, de ce qu'il allait se passer entre ces nouveaux murs.

Les portes s'ouvrirent sous leur surprise, sans doute une bêtise de Minho qui n'avait su réagir correctement face à l'arrivée du blondinet, toutes les fonctions avaient dû être appuyées. Personne n'entra, le couloir était vide — alors seulement une pincée de souffle s'évapora de la cabine de métal, on soupirait pour mieux laisser l'oxygène circuler. Jisung cligna des yeux plusieurs fois à l'attention du plus grand, la mine adorable, les yeux tout ronds. Mais les portes se refermaient pour apporter un peu d'intimité à leur relation, l'espace était à peine étroit et pourtant, ô pourtant on pouvait entendre ce qu'ils tentaient de cacher tout bas.

Les souvenirs.

Les histoires.

On tentait bêtement de faire vivre tout ça.

Jisung habitait au treizième étage, encore un de ces jeunes étudiants aux richesses héritières. Un cadeau de son père pourrait-on dire, ils ne se voyaient même plus en temps de fêtes — maman se l'accaparait, le parental se vouait plutôt à une plus sensible confidentialité au lieu de profiter du peu d'amour qu'un fils peinait à faire revivre au sein d'une famille dispersée. Les festivités, ce n'avait jamais été sa saison préférée. Jisung n'avait que trop connu les adultes se tourner la vie au fond de leur verre de vin rougi, les paroles vieillies sur la question immobilière, les affaires, les affaires. Pas réellement ancrée dans le business, la famille Han, simplement bien placée dans un monde contrefait.

Jisung y repensait, à ces soirées d'été passées sur les côtes européennes, entre ces montagnes et ces mers d'effluves de Méditerranée. Il pensait à cet été d'adolescence où les premiers baisers s'étaient échangés avec le grand garçon à ses côtés. Minho entre quelques draps et Jisung à valser sous le soleil de la Grèce et ses déités solitaires. Il y eut ces regards de tendresse menant aux rêveries obscènes, aux désirs de la chair qui se mouraient au creux des reins dénudés. Ils aimaient ça les amants cachés, faire l'amour au soleil. Le corps se faisait soliloque à l'arrivée des nuitées, on remettait un masque que le monde peinait à discerner. On n'était plus pareil aux repas de familles, on s'aimait en cachette pour se complaire de plaisir sous un voile d'interdit, que seuls les astres apparaissaient compères.

Jisung y repense.
Et Jisung en a envie.

Sans y faire attention, il se rapprocha de Minho — en quelques pas, un tantinet discrets dans ce trop plein de vide. Les corps se remémoraient de soi, l'échine s'appelait, se désirait. Sur cette barre de métal ses doigts chauds patinaient jusqu'à retrouver le bout des siens, Jisung avait la tête baissée, seulement lié de ce geste privé. Il entendit Minho soupirer, lui, il avait la tête bien relevée, virée vers son visage. Jisung le rendait malade, Jisung le rendait putain de malade.

L'aîné le vit lui faire face sous quelques secousses de la cage bruyante, les bras de part et d'autre de sa silhouette peu élancée. Jisung le confrontait, le provoquait de ses yeux allumés. Et tout à coup il sentit le feu lui sauter aux lèvres, le blond se rapprochait — cramait cette distance atroce qui les séparait de l'apothéose. Leurs front se collaient, leurs souffles presque mêlés.

Et ils y arrivaient enfin, à cet étage lointain, à cet écho d'existence gardé sous silence. Ils se séparaient de nouveau, à jamais pourvu d'une profonde essence de luxure.

Jisung s'était toujours senti solitaire entre ces grandes cloisons de verre. La fortune, ça ne guérissait pas. Quand ils se rapprochèrent de l'entrée, Minho vit la main tremblante du blondinet retirer sa clé d'appartement de sa poche. Une première fois, le résident rata sa tentative, la deuxième, elle tomba sur le sol dans un son glacé à travers le couloir. La troisième tentative se suivit d'un rire plein d'allégresse, Minho était celui qui enfonça finalement la clé dans la serrure de la porte, sous les yeux de Jisung encore intimidé. Ce fût l'unique fois que le résident regretta de ne pas avoir accepté d'automatiser sa porte avec un code lorsque les agents de l'immeuble étaient venus le voir l'an dernier.

Contre la modernité, hein ? A ce moment-là il s'était maudit au fond de lui.

Jisung s'avança tout d'abord afin de mieux accueillir le jeune homme à sa porte. Il referma ainsi cette-dernière derrière lui, en déposant son manteau entre ceux de Jayden puis accrocha la clé au-dessus de l'oeilleton. Plus en retrait, Minho le laissait faire en examinant ces pièces de vêtements étrangères, son cœur se serrait.

Avant qu'il ne rejoigne le blondinet, celui-ci le poussa un peu en arrière en lui demandant d'attendre quelques secondes. Perplexe, le brunet décida de l'écouter en le voyant déjà filer de chaque côté. Est-ce qu'il était vraiment en train de ranger son foutoir devant lui ? À cette pensée, il ne put contenir un rire qui fit écho jusqu'à la cuisine où Jisung cachait les flûtes de champagne utilisées et quelques verres de vins pas entièrement terminés.

Quand il revint vers lui, Minho vit ses mèches blondines se tordre au-dessus de ses sourcils. Elles étaient en pagaille, indomptables — alors quelque part ça lui ramenait à lui, à son sourire et à son esprit. Jisung tenta avec peine de replier la courbe de sa chevelure avec sa paume, mais s'y résigna en invitant son ex-petit-ami.

« T'as vraiment pris une minute pour cacher tes trucs ?

— T'imagines pas à quel point c'était dégueulasse.

— T'inquiètes pas, je fermerais les yeux sur ça. »

À vrai dire, c'était à moitié un mensonge. Il voulait savoir ce qu'il était devenu, ce qu'il faisait, ce qu'il appréciait et surtout… Qui est-ce qu'il avait finalement ramené dans ses draps à lui. Minho en était sûr, il n'était pas resté tout seul tout ce temps. Jisung en était incapable. Il avait constamment ce besoin d'avoir quelqu'un pour lui combler son manque d'affection, sa superficialité. Jisung ne pouvait pas vivre sans être aimé et adoré.

Et c'était aussi pour ça que Jisung l'avait quitté autrefois, parce que le joyau lui, il aimait se faire désirer, avoir les yeux du monde tournés vers sa personnalité.

Un sourd silence régna à nouveau après les précédentes paroles du brunet, plusieurs mètres les séparaient ; l'un se trouvait presque dans le salon, l'autre encore planté dans le couloir de l'entrée. Leurs yeux se contemplaient, s'imaginaient dans des émotions qui menaçaient d'exploser. Quelque chose brûlait, les intoxiquait leurs entrailles de sensations puissantes et sensibles ! Ils étaient dangereux, parés à faire briller quelque chose d'interdit entre ces fenêtres de vie.

Jisung fit le premier pas, il était lucide sous un nuage de désir.

Lent, languissant — il s'approchait de lui comme une luciole dans l'obscurité, un tournesol tourné vers les cieux ensoleillés. Ses phalanges se glissèrent entre les doigts du brunet comme l'échine d'un pinceau sur la toile inachevée. Il le traînait sur la scène, danseur étoile d'une histoire peu racontée ; ils voulaient vivre ce soir, montrer à l'immensité qu'ils existaient. En heurtant doucement l'accoudoir de son canapé, Jisung se vit forcé de s'y asseoir, les pensées en pétard, le visage viré vers là-haut ! Vers lui, son unique fardeau.

Leurs fronts collés l'un contre l'autre, le cadet sentait le bout de ses doigts rencontrer les pans de son manteau avec langueur, il lui tombait des épaules à la manière des anges lorsqu'ils recroquevillaient leurs majestueuses ailes. Ce soir, il n'avait pas envie de ça ; de se montrer sous les lueurs d'innocence, d'un tableau forgé dans le mensonge et le flou de la réalité. Oh que non, ce soir il voulait vibrer pour se ressentir lui dans ce fouillis d'état d'âme et d'avidité.

Et quand la main de l'aîné se posa sur son épaule, elle n'hésita pas à venir lui couvrir les lèvres d'une caresse merveilleuse. Il l'attendait, il le demandait — pourtant Minho savait pertinemment ce qu'il faisait, il voulait le faire désirer.

Elles descendaient plus bas, au creux des côtes, jusqu'à sa taille.
C'était insoutenable. Il était effroyable.

Jisung se souleva presque pour venir cueillir ce qu'il désirait de lui-même, impatient de goûter à ce plaisir  mais Minho se rapprocha davantage, désormais entre les jambes tendues du blondinet. Il le fit se pencher en arrière, sur le long du canapé en se courbant aussi pour ne pas le laisser tomber. Une de ses mains se faufila derrière sa tête, et tendrement, dans un dernier mouvement de son corps, Minho vint se cambrer à sa frimousse pour l'embrasser. Et alors il ressentit tout, son amertume et sa candeur se sceller dans des fusées d'humeur ; sa poitrine se broyer à la sienne dans un tambour émotif. Ça cognait, ça cognait ; ça faisait si mal de tant aimer.

Dans une danse singulière, la douceur de leur échange laissa place à une ardeur plus significative, beaucoup plus intense et c'était divinement plaisant. Leurs soupirs se mélangeaient à chaque nouveau contact, c'était le choc de deux âmes en ébullition prêt à imploser de plaisir. Jisung fronça les sourcils d'aise en s'accrochant à sa nuque, il ressentait son poids s'écraser contre lui, loin d'être désagréable, cette pression lui paraissait forte et sensible. Et malgré tout — Jisung ne le sentait pas assez proche, pas assez près. Le blond pencha légèrement la tête en arrière, ses lèvres lui chatouillaient la mâchoire en un baiser chaud, un peu humide, quelque peu maladroit et épris de désir — un soupir lui quitta les siennes en sentant ses mains froides lui soulever sa chemise, dévoilant son échine halée, adorée du soleil. Minho y traînait des caresses peu angéliques, seulement marquées par des tons avides et ses viles délices. Sans vraiment rompre ce contact avec l'échine du blond, Minho descendit jusqu'à son nombril ; hésitant, seules ses mains lui soutenaient le bassin un peu en l'air, pour permettre à ses lèvres de s'écraser contre son être tout entier.

La voix de Jisung n'était pas si élevée sous ce toit de fortune, il était encore silencieux, sage dans sa maîtrise vocale. Il gardait cependant l'un de ses doigts entre ses dents, se mordillant légèrement la phalange à chaque nouveau mouvement. Mais c'était interne, ça se passait à l'intérieur de ses veines, de sa tête. Des papillons lui dévoraient l'estomac, se faufilant jusqu'à des picotement sur le bas du ventre. Le voir s'élever ainsi au-dessus de lui incita Jisung à le regarder de nouveau, de ses paupières lascives, embrumées par l'envie.

Il était beau Minho, il était magnifique juché tout là-haut. Jisung lui enleva sa casquette sous une taquinerie mélodieuse, puis l'aida à retirer ce hoodie aux couleurs trop grises, dévoilant ainsi son uniforme en noir. Jisung rigola en le voyant, les mains déjà en train de lui retirer ce polo. Ensuite, c'était au tour de sa chemise à lui de se faire déboutonner dans le lien d'un baiser peu dirigé. Leurs croissants de chair se fracassaient les uns sur les autres, impatients de se retrouver à chaque absence. Ils s'emboîtaient mal, ne s'enlaçaient pas comme la normale ; c'était gauche, étourdi, l'échine de leurs lèvres se frottait tantôt à l'une d'elles, tantôt à leur nez ou leurs joues rosées.

« Mh… Minho… »

Une complainte, un léger souffle vint se glisser à son oreille fragile. Minho remontait ses pulpeuses vers le creux de ses clavicules, et entre ses mains, Jisung le menait contre lui, contre sa peau, entrelaçant ses phalanges dans la couleur caramel de ses mèches lisses. Il se tortillait d'aise sous ses tortures agréables, ne pouvait totalement rester sans réponse en manquant de faire résonner un gémissement sous le frottement furtif de son bassin contre le sien.

« Tu m'fais tellement du bien… »

Et à l'entente de ces mots, Minho se redressa légèrement pour contempler son visage se morpher dans des expressions à faire rougir le ciel et ses archanges. Ses bras se retrouvaient de chaque côté de son visage, l'aîné venait délicatement lui déplacer quelques mèches blondines derrière l'oreille, auparavant collées à la chaleur de ses pommettes. Il aimait le regarder, il aimait le contempler réagir à son corps, à lui. Ses lèvres étaient proches des siennes, s'effleuraient d'envie, se mordillaient dans des sourires interdits pour laisser naître un échange bien plus langoureux et humide. C'était l'été contre leurs êtres d'hiver, le frigide était finalement vaincu.

Un peu plus fort, un bruit quitta la bouche scellée de Jisung lorsque l'échine de son pelvis rencontra la pulpe encore glacée de ses doigts intrépides. Minho glissait plus bas, enlevait quelques tissus barrière à ses gestes traînants ; il s'immisça entre ses petites jambes pliées, que la cadence semblait faire trembler.

Les doigts de Jisung aussi se délièrent de ses mèches vénitiennes, parcourant à l'aveugle ce corps familier dont le tracé des courbes se complétait au sien. Jisung accrocha ses doigts à cette ceinture encore serrée autour de la taille de Minho, alors pendant qu'il lui faisait la guerre dans un baiser profond, Jisung utilisa ses deux mains pour lui enlever ce qui le chagrinait en trop.

« Jisung… sa voix était faible, essoufflée. Son soupir s'écrasa sur sa bouche entrouverte. Tiens-toi à moi. »

Et ce fût ce qu'il fit, le dos se reposant sur cette surface de cuir brun ; collante à leur peau dénudée, brillante de leur sueur et de quelques larmes d'infinité. Jisung frétilla de plus belle en appréciant le feu lui brûler au ventre, sa voix résonna encore, plus succincte, plus aigue sous les mouvements du plus grand. Il se forçait à lier leurs lèvres pour ne pas laisser son plaisir paraître, il aimait entendre ce silence du monde chuter sur leur conscience.

Sa force était conséquente, Jisung le ressentait de tout son être. Mais ses yeux étaient fébriles, il perdait la tête dans ses réminiscences et ses souvenirs. Qu'avait-il fait durant toutes ces années ?

Est-ce que toi tu as pensé à moi cet été ?

Est-ce que le soleil t'as partagé mes doutes et mes peines ?

Est-ce que tu es toujours allergique aux abeilles ?

Car moi je m'en rappelle, je m'en rappelle de nos courses dans l'est de la Grèce ; Il y avait ces touristes et nous-mêmes, cette chaleur exotique qui me démangeait la peau comme des bécots trop chauds. Il y avait toi contre moi sur la plage au sable doré, il y avait nos corps nus entre ces draps blancs que les astres ont cachés.

Il y avait toute cette chaleur que New York avait effacé, que la ville polluée m'avait dérobée.

Et je serais en train de mentir si je te disais que j'étais heureux de m'y installer, de m'être éloigné de cette fraîcheur d'été pour ne pas me rappeler que tu avais existé.

Minho s'avança un peu plus, soucieux de s'assurer de son plaisir, mais Jisung fermait les yeux, et Jisung il lâchait des larmes qui ne semblaient pas heureuses. Minho ne comprit pas tout de suite et eut un terrible frisson qui lui parcourut la colonne vertébrale. Il se redressa à l'aide de ses coudes, les yeux grands ouverts.

« Hey, Jisung. Qu'est-ce qu'il y a ? »

Le blond lui sourit en secouant doucement de la tête, ce n'était pas encore détruit, ses doigts attrapèrent délicatement son visage pour se fondre sur ses lèvres.

« Parle-moi de toi, que le blond lui soupira dans un murmure lucide près de l'oreille, la bouche traînant de ses lèvres jusqu'à son cou. De tes craintes. De tes peurs. Il s'agrippa à lui, les mains coulissant dans son dos pour venir le marquer légèrement. Pas seulement de ce qui semble te rendre si heureux. Car si ce n'est pas moi qui en est auteur, il le regarda dans les yeux, ses mèches claires lui tombant sur le haut des paupières, alors ça m'intéresse peu. »

Ils se regardaient, s'aimaient à travers des coups d'œil illuminés, les yeux bercés de tendresse, pourtant pleins d'étoiles mortes et pécheresses. Il y avait ici des sentiments encore enfouis, non avoués sur leurs lèvres séduites par l'absence de l'autre. Minho ressentait une implosion, c'était compulsif, infaillible — il n'avait plus jamais été aussi réactif à son divin toucher. Donc il décida de lui prendre une de ses mains, doucement la rapportant à sa joue encore rougie des chaleurs domestiques. Minho glissa sa bouche sur la longueur de son bras, lui volant des baisers entre quelques mouvements de bassin. Ses paupières se fermèrent lascivement pour humer son parfum jamais changé ; Minho se remémorait, se rappelait de toutes ces nuits juvéniles où leurs âmes s'étaient données.

Jisung sourit à son geste de délicatesse, il s'éprenait à nouveau de ses effluves languissantes et de son tempérament de douceur. Il sentait les bouclettes dorées lui chatouiller la joue en le ramenant contre lui. 

Jisung n'avait plus peur de New York et des gratte-ciel, ni même de prendre ces escaliers ou l'ascenseur. Il n'avait plus peur d'éteindre la lumière et laisser la ville se refléter à son plafond comme un spectacle d'ombres. A partir d'aujourd'hui il n'allait plus être seul, il avait Minho à ses côtés alors plus jamais ses échos iront ricocher sur ces grands miroirs de solitude.

« Ne me laisse plus t'oublier. »

Il l'avait lui.
Son âme-sœur.

Minho brillait comme une étoile entre les ligaments de l'univers, il était la sienne, sa boussole de vie dans son monde de rancoeur.





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CHRIST
M  A  S
2  0  2  2

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9 137 mots.

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