Chapitre 8 : I can't help but worry
Dès qu'il fut enfin seul dans sa chambre d'hôtel, Marco se laissa tomber sur son lit, laissant échapper un long soupire de fatigue. Ça faisait maintenant une semaine qu'il était ici et il n'avait qu'une seule envie : partir au plus vite. Malheureusement, il lui faudrait encore attendre. Il jeta un coup d'œil à l'horloge. Il n'était pas si tard que ça, il pouvait encore passer un coup de fil sans risquer de déranger qui que ce soit. Il sortit son portable de sa poche, cherchant le numéro de son frère dans son répertoire. Thatch décrocha presque immédiatement.
-Eh, Marco ! Comment vas-tu ?!
-Épuisé, admet le blond. Et toi ? Tout va bien à la maison ?
-Oui ! Tu n'as pas à t'inquiéter !
Thatch parlait vite et semblait très excité. Marco trouva cela étrange mais ne se posa pas plus de question. Son frère était une vraie pile électrique. Il était sans doute très heureux de pouvoir lui parler à nouveau après plusieurs jours de silence. Marco avait été si concentré dans son travail. Il ne s'était autorisé aucune pause, ne faisant rien d'autres que manger et dormir lorsqu'il n'était pas en train de travailler. Son dévouement n'avait hélas pas suffi.
-Les négociations ne se passent pas très bien.
-C'est à ce point-là ?
-Ils tentent de nous piéger, et c'est difficile de trouver un accord.
-On pourra se passer de ce contrat. Laisse tomber, ça n'en vaut pas la peine.
-Il me reste encore une semaine. Père me fait confiance alors je vais aller jusqu'au bout.
Son frère resta silencieux et Marco put deviner que ce n'était pas la réponse qu'il espérait. Thatch comptait visiblement sur son retour et il avait l'impression que ça n'avait pas vraiment de rapport avec les négociations. Il se redressa brusquement, se sentant soudain très inquiet. Il sentait que quelque chose n'allait pas.
-Thatch, qu'est-ce qui se passe ?
-Rien ! Tout va bien, je t'assure...
-Tu mens. Dit moi ce qu'il y a.
Il entendit son frère soupirer, mais il savait qu'il allait abandonner et tout lui dire. Thatch n'avait pas la force de lutter plus que ça. Lui aussi il se sentait fatigué et Marco avait appelé au mauvais moment. Il n'était pas encore capable de lui cacher.
-Père... a fait une nouvelle crise cet après-midi.
-Quoi ?! Comment va-t-il ?!
-Il va bien ! Il va s'en remettre ! Ils vont le garder à l'hôpital pour la nuit, juste au cas où, mais il devrait sortir demain.
Ça faisait plusieurs mois que leur père n'avait pas eu de nouvelles crises, et ils auraient dû se douter que la maladie le rattraperait bientôt. Ils avaient tous décidé de ne rien dire à Marco tant qu'il ne serait pas revenu de son voyage d'affaires. Mais Thatch savait que leur frère ne serait pas ravi de découvrir qu'ils lui avaient caché ce qui s'était passé.
Ce n'était pas pour autant qu'il voulait qu'il l'apprenne de cette façon.
Savoir que les négociations ne se passaient pas bien n'avait pas rassuré Thatch. Son frère était sur les nerfs à cause de ça et la crise de leur père n'allait vraiment pas l'aider. Il allait être encore plus inquiet maintenant. Il craignait la réaction de Marco et cette dernière ne tarda pas à arriver.
-Je rentre à la maison immédiatement.
-Marco... Père va bien, je te l'assure !
-Je ne suis pas tranquille. Je préfère être près de lui.
-J'aimerais vraiment que tu rentres, tu le sais. Mais Père n'a pas besoin de ton inquiétude en ce moment.
Même si ça ne lui plaisait pas, Marco devait reconnaître que Thatch avait raison. S'il retournait chez lui maintenant, il ne ferait que déranger son père. En plus, il reviendrait avec une mauvaise nouvelle. Il devait laisser son père se reposer et se remettre de sa crise, pendant qu'il termine ce pour quoi il est venu. Il devait se concentrer sur son travail.
-Donne-moi de ses nouvelles demain. Je vais rester ici et terminer les négociations.
-Tu n'es pas obligé...
-Je te l'ai dit. Il me reste une semaine. Ne dit rien au sujet de ce contrat à Père. Laisse-le se reposer. Je vais m'en occuper.
Thatch hésita, avant de finalement céder.
-Je te promet de ne rien lui dire. Mais tu as une semaine, pas un jour de plus !
Marco accepta et raccrocha, jetant son téléphone sur le lit avant de prendre sa tête entre ses mains. Il sentait son contrôle lui échapper et il n'aimait pas ça. Ce contrat était en train de lui filer entre les mains, la maladie de son père avait de nouveau fait des dégâts et il se sentait inutile et impuissant. Il n'aimait pas ce sentiment. Il avait l'impression de revenir des années en arrière, le jour où toute sa vie a basculé. Il avait besoin de retrouver cette sécurité. Il regarda son téléphone, hésitant.
Pouvait-il appeler Ace maintenant ?
Il ne voulait pas l'inquiéter inutilement. Mais d'un autre côté, il avait besoin de lui parler. Il savait que le jeune homme saurait le rassurer. Ils ne s'étaient pas parler depuis qu'il lui avait raccroché au nez l'autre soir. Il fixa longuement son téléphone, en proie à un conflit interne. Il ne savait pas quoi faire. Il se sentait perdu entre ce qu'il voulait et ce qui lui paraissait être le mieux. Il ne voulait pas embêter Ace avec ses problèmes. Finalement, il renonça.
Il allait tout arranger lui-même, comme il l'a toujours fait jusqu'à présent.
***
La culpabilité était un sentiment qu'Ace trouvait vraiment insupportable. Il ne se sentait pas souvent coupable, même lorsqu'il était visiblement en tort. Mais depuis plusieurs jours il n'arrivait pas à se départir de ce sentiment désagréable. Il y a tout juste une semaine, Sarah et lui s'étaient disputés de façon plutôt virulente.... Voir même violent. Il n'avait pas ménagé la jeune femme et il était évident pour tout le monde que ça ne manquerait pas de se reproduire s'ils se croisaient à nouveau.
C'était sans doute pour cette raison que Sarah avait donné sa démission dès le lendemain.
-Tu n'as pas à te sentir coupable de son départ, le rassure une de ses collègues avec qui il rangeait la réserve.
-Je me suis emporté. Tu ne penses pas que j'ai surréagis ?
-Elle était mauvaise avec tout le monde. Si ça n'avait pas été toi, quelqu'un d'autre aurait fini par élever la voix contre elle.
Pour toutes les employées du magasin, cette dispute avait été une libération pour chacun. Quelqu'un avait enfin permit à Sarah d'ouvrir les yeux sur son attitude, Ace avait pu se débarrasser de cette fille jalouse qui s'efforçait de lui mettre des bâtons dans les roues, et leurs collègues n'avaient plus à supporter les remarques blessantes de Sarah. Malheureusement, ça ne semblait pas convaincre Ace.
-J'ai mauvaise conscience.
-Ne me dit pas que tu regrettes ! Tu avais raison de lui faire tous ces reproches !
-Non ! Je pense toujours chacun des mots que je lui ai dits ! C'est la façon dont je l'ai fait qui me dérange.
Ce n'était pas la première fois qu'il s'emportait contre quelqu'un. Ça arrivait même très souvent, surtout quand il était plus jeune. Il était même arrivé qu'il se batte avec d'autres personnes. Bon, il avait gagné en maturité depuis, malgré tout ce que disait Sabo. Il n'en était pas venu aux mains avec quelqu'un depuis bien longtemps. Mais là c'était différent ! Le problème n'était pas le fait qu'il se soit emporté contre elle, ni même ce qu'il avait fit. Mais cette dispute avec Sarah avait eu des conséquences et pas des moindres.
-Elle a démissionné à cause de moi. Ce n'est pas rien.
-Elle aurait fini par partir de toute façon. Tu étais juste l'élément déclencheur dont elle avait besoin.
Tout le monde le savait, Sarah aurait fini par démissionner un jour ou l'autre. Elle ne cessait de se plaindre à longueur de temps, disant qu'elle détestait son boulot et qu'elle rêvait de partir. Elle ne s'entendait avec personne et ne faisait aucun effort. Elle préférait se vanter auprès de tout le monde. Elle affirmait même qu'elle n'avait pas besoin de travailler, ce qui n'était pas la meilleure chose à dire à des personnes qui devaient bosser dur pour subvenir à leurs besoins.
-C'est gentil de ta part de t'inquiéter pour elle, mais je suis sûr que tout ira bien pour Sarah. Elle sera plus heureuse maintenant.
-Tu as sans doute raison.
-Oooh... Je sais ce qui se passe !
S'arrêtant un instant de ranger, Ace se tourna vers sa collègue, curieux. Elle avait un petit sourire narquois, comme si elle venait de découvrir un secret très intéressant sur lui. Un secret que lui-même ne connaissait pas. Il ne voyait pas du tout de quoi elle parlait. Elle s'approcha alors de lui, lui donnant un petit coup de coude taquin alors qu'elle haussait les sourcils de façon subjective.
-Tu ne veux pas décevoir Marco Newgate...
-Quoi ?!
-Tu veux être parfait pour lui mais tu as l'impression d'être trop colérique et ça t'embête parce que tu as peur de ne plus lui plaire.
-Tu racontes n'importe quoi ! Je ne veux plus en parler !
-Allons... Tu n'as pas à t'inquiéter ! Marco continuera de t'aimer, quoi que tu fasses !
-Sors d'ici ! Je vais finir de ranger tout seul !
Avec un rire, sa collègue quitta la réserve en courant, probablement pressée de rapporter aux autres la conversation qu'ils venaient d'avoir. Ace reprit son rangement, et même s'il voulait prétendre que ce qu'elle avait dit était faux, il ne pouvait s'empêcher de sourire. S'il était honnête, il devrait reconnaitre qu'il se souciait de ce que Marco pensait de lui. Et savoir que le blond ne cesserait pas de l'aimer malgré son sale caractère lui faisait plaisir, même si sa collègue n'avait aucun moyen de le savoir.
Ça faisait du bien de se sentir aimer pour ce qu'on est.
Il n'avait aucun doute là-dessus en tout cas. Chaque fois qu'ils étaient ensemble, il pouvait voir combien Marco l'appréciait. Il était si gentil et attentionné avec lui. Il ne savait pas quels sentiments il éprouvait exactement, jusqu'à quel point il l'aimait. Il ignorait aussi quels étaient ses propres sentiments. Il lui faudrait éclaircir tout cela à l'avenir. Toutes ces réflexions ne l'aidaient pas cependant.
-Voilà que je pense à nouveau à toi...
Il avait fait de son mieux pour le chasser de ses pensées, sans succès. Plus il essayait, plus il pensait à lui. Il lui manquait à ce point ?! Ça ne faisait qu'une semaine qu'il était parti ! D'accord, ils ne s'étaient pas rappelés depuis qu'ils avaient fait ça au téléphone. Mais ils s'étaient envoyés des messages. Marco lui avait parlé des négociations qui devenaient difficiles. Il était fatigué par son travail et Ace ne devait pas se montrer égoïste en essayant d'obtenir son attention. Il ne voulait pas le déranger. Il attendra que Marco ait du temps pour lui.
Il fut tiré de ses pensées par la sonnerie de son téléphone.
-Un message de Sabo...
Son frère ne travaillait pas aujourd'hui, et il n'avait pas de cours à l'Université non plus. Il était à la maison et Ace craignait que ce texto soit annonciateur d'une mauvaise nouvelle. Il priait pour que rien ne soit arriver à Sabo ou à Luffy. Son frère lui avait envoyé un court message, bien suffisant pour exprimer la gravité de la situation.
« Le vieux est à la maison »
-Oh putain...
Il n'était pas prêt à faire face à Monkey D Garp maintenant. Le vieil homme avait pris soin de lui et de ses deux frères. Il lui était reconnaissant, bien sûr, mais ça n'empêchait pas qu'il y avait toujours eu cette tension entre eux. Ace s'était très souvent écarté de la route que Garp avait tracé pour lui et ils s'étaient disputés à de nombreuses reprises. Garp et lui s'étaient à peine vu depuis sa dernière histoire d'amour et il savait que le vieil homme n'hésiterait pas un instant à lui en parler lorsqu'ils se verront le soir-même.
Il n'avait vraiment pas envie de l'affronter à nouveau.
***
-Je suis rentré !
A peine eut-il fermé la porte d'entrée que Luffy lui sauta sur le dos. Il se mit à parler à toute vitesse, se plaignant et pleurnichant, les yeux plein de larmes. Ace n'avait pas besoin d'essayer de comprendre ce qu'il disait pour savoir qu'il s'agissait d'un appel à l'aide pour qu'il se débarrasse de leur grand-père. En parlant de lui, Garp les rejoignit bientôt, suivit de Sabo.
-Bienvenu chez toi Ace, sourit-il.
-Je ne savais pas que tu étais dans le coin.
-Ça faisait longtemps que je ne vous avais pas vu. Je pensais que ce serait bien de passer vous voir.
Il donna une tape sur l'épaule d'Ace avant d'attraper Luffy par le col, le trainant dans le salon. Le plus jeune se mit à crier et à protester, suppliant ses deux frères de lui venir en aide. Aucun des deux n'aurait hésité si la source du danger n'était pas Monkey D Garp. Luffy était seul sur ce coup-là.
-Je suis désolé, murmure Sabo. Je ne m'attendais pas à ce qu'il vienne et je ne pouvais pas le laisser dehors.
-Aurais-je le droit d'espérer qu'il soit de bonne humeur ?
A l'expression navré de son frère, il comprit que c'était peine perdu. Garp semblait avoir un but bien précis. Il avait harcelé Sabo et Luffy de question depuis qu'il était arrivé, et ils n'avaient aucun doute qu'Ace serait le prochain. Et s'il avait un peu de pitié pour son frère, Sabo était aussi content que le vieil homme se détourne de lui et se concentre sur quelqu'un d'autres.
Quand il était là, c'était chacun pour soi.
-Je suppose qu'il reste diner...
-Tu es plus perspicace que je le pensais Ace.
-Je vais faire comme si c'était un compliment.
Heureusement pour Luffy, Garp le laissa tranquille lorsqu'ils passèrent à table. Il resta même étonnement silencieux pendant tout le repas. Il ne posa pas la moindre question, agissant de façon tout à fait normal. Si Luffy fut satisfait d'avoir enfin la paix, Ace et Sabo comprirent que leur grand-père n'allait pas tarder à révéler son vrai visage. Ce n'était qu'une question de minutes. Après le diner, Luffy disparu dans sa chambre et Sabo se réfugia dans la cuisine, prétextant vouloir faire la vaisselle.
-Tu comptes passer la nuit ici ?
-Non. Je ne vais pas tarder à partir. Mais avant, je voulais parler un peu avec toi.
« On y est » pense Ace. L'interrogatoire allait bientôt commencer.
-Qu'est-ce que tu veux savoir ?
-Ça fait trois ans qu'on n'a pas eu de vrai conversation. Je veux prendre de tes nouvelles.
Ace lui jeta un coup d'œil suspicieux. Ce n'était pas le genre de Garp, mais le vieil homme affichait son éternel sourire. Il avait l'air normal. N'étais-ce qu'une façade ? Il n'avait rien à perdre à répondre à ses questions. Peut-être que s'il accepte de discuter un peu avec lui, il ne cherchera pas trop loin dans sa vie privée.
-Je vais bien. Pas grand-chose n'a changé à vrai dire.
-Tu as toujours ce job à la supérette ?
-Ouais. Le salaire est correct et mes collègues sont sympa.
-Bien, tant mieux pour toi.
Un petit silence gênant s'installa. Ils n'avaient en fait jamais été très doué pour se parler. Garp avait fait beaucoup de projets pour Ace, mais le jeune homme avait toujours tout fait pour aller à son encontre, ce qui avait provoqué de nombreuses disputes. Ace avait choisit de ne pas faire d'études après le lycée, se mettant à travailler pour subvenir aux besoins de sa famille. Garp désapprouvait, il le savait, mais il avait au moins la délicatesse de le garder pour lui.
-Côté cœur maintenant. Qui est Marco ?
Qu'est-ce qu'il croyait ?! Monkey D Garp n'est pas quelqu'un de délicat !
-Qui t'as parlé de lui ?!
-Luffy. Il l'a laissé échapper pendant qu'on parlait.
A ce moment-là, il lui restait trois possibilités. La première ; tout avouer. Mais il préférait de loin éviter de raconter à Garp ce qu'il faisait avec Marco Newgate. La deuxième ; tout nier en bloc. C'était l'option la plus risquée. Il n'était pas très convaincant. Ça ne lui laissait plus que la troisième possibilité : détourner son attention.
-Luffy a un petit-ami !
-Oui. Roronoa Zoro. Je l'ai rencontré et on a bu un coup ensemble.
-Merde !
Pourquoi a-t-il fallu que ça se passe comme ça ?! Zoro était sans doute passé à la maison avant qu'il ne rentre et ils s'étaient rencontrés. Attendez... Ils avaient bu un coup ? Il devrait s'inquiéter de ça plus tard. Il n'avait personne sur qui reporter l'attention de Garp maintenant. Il était piégé !
-Bien essayé Ace. Mais je ne te lâcherai pas. Qui est Marco et qu'est-ce qu'il représente pour toi ?!
-C'est ma vie privée ! Ça ne te regarde pas !
-Joue pas au con avec moi et répond ! Je veux savoir de qui il s'agit !
Toutes les protestations d'Ace moururent dans sa gorge. Garp leur criait souvent dessus, et ils passaient leur temps à se disputer. Ils n'étaient jamais d'accord sur rien, mais Ace avait beaucoup de respect pour lui et il savait quand se taire et obéir. Cette fois-ci, le vieil homme était vraiment en colère et il était dans son intérêt de répondre. Il devrait juste s'efforcer de ne pas donner trop de détails, quitte à mentir.
-C'est un ami. Il n'y a rien entre nous.
-Vraiment ? J'ai bien du mal à te croire !
-C'est la vérité ! On ne sort pas ensemble, mais il compte beaucoup pour moi. C'est quelqu'un de bien.
Garp le dévisagea longuement, mais il sembla le croire car il n'insista pas. La tension entre eux ne retomba pas pour autant. Ace se retrouva incapable de parler, évitant de croiser le regard de Garp. Ce dernier passa une main dans ses cheveux, cherchant ses mots. Il avait conscience de s'être un peu emporté. Même s'il avait ses raisons, il aurait dû faire un effort pour se contenir.
-J'étais inquiet, avoue-t-il. Je ne veux pas que ça se passe comme il y a trois ans.
-Je sais... J'ai fais une erreur et je ne cesse d'y penser chaque jour.
-Promet-moi que tu ne te lanceras plus jamais dans une relation néfaste.
Ace baissa la tête. Pour Garp, ce type de liaison qu'il voulait, ce n'était pas bien. Il ne pouvait pas lui en vouloir. Après ce qui s'était passé il y a trois ans, le vieil homme ne pouvait penser autrement. Il pensait que les choses se passaient toujours de la même manière, que s'il recommençait ça finirait de la même façon. Peut-être qu'il avait raison, ou peut-être qu'il se trompait. Mais Ace voulait le découvrir par lui-même, sans que Garp n'intervienne.
-Je te le promets. Je ne recommencerai pas.
Après ça, Garp ne tarda pas à quitter la maison. Ace resta à la fenêtre, une désagréable sensation dans l'estomac tandis qu'il regardait la voiture de son grand-père s'éloigner. La culpabilité était vraiment le sentiment le plus insupportable. Une fois la voiture hors de vue, il se détourna de la fenêtre, prêt à affronter Sabo. Le blond était appuyé contre le mur, le dévisageant avec désapprobation.
-Tu lui as menti, lui reproche-t-il.
-Je n'avais pas le choix. Il ne comprendrait pas.
-Marco est quelqu'un de confiance, je le sais. Mais peut-être que Garp...
-J'ai besoin d'avoir ce genre de relation avec quelqu'un. S'il-te-plaît.
Trois ans plus tôt, Ace avait eu un autre dominant. Ça c'était mal terminé. Sa famille avait été mêlée. C'était la plus grosse erreur de sa vie, son plus grand regret. Mais Marco et son ex n'avaient rien en commun. Ce monstre faisait parti de son passé et il devait se concentrer sur son avenir. Avenir dont personne ne pourra le priver.
-Garp n'en saura jamais rien. Les choses seront différentes cette fois.
***
Le regard fixé sur le plafond de sa chambre, Ace tentait en vain de trouver le sommeil. Il avait beau se retourner dans tous les sens, cherchant la meilleure position, il ne parvenait pas à s'endormir. Il était couché depuis près d'une heure, et les secondes passaient trop lentement. Agacé, il se redressa dans son lit, jetant un coup d'œil mauvais à son réveil comme si tout était sa faute.
Il avait besoin d'une distraction.
Sans vraiment y réfléchir, Ace attrapa son téléphone, ouvrant l'application de messagerie. Il parcourut des yeux les derniers textos qu'il avait échangé avec Marco la veille. Il n'avait rien reçu de sa part aujourd'hui, et il ne lui avait rien envoyé non plus. Il eut alors envie de lui envoyer un message, n'importe quoi. Il voulait juste lui parler, bien qu'il ne sache pas de quoi. Il était face à l'écran, incapable de taper quoi que ce soit pour débuter une conversation. Ce serait plus simple s'il pouvait l'appeler.
Il fixa à nouveau son réveil, nerveux. Il était tard, Marco ne répondrait sans doute pas. Il pourrait même le déranger. Mais s'il laissait tomber l'idée, arriverait-il à dormir ? S'il n'obtenait pas de réponse, il n'aurait d'autres choix que de laisser tomber, et son corps pourrait peut-être l'accepter. Mais s'il n'essayait pas, il pourrait le regretter et ça ne ferait qu'ajouter à sa tourmente. Pourquoi devait-il toujours se prendre la tête pour des choses aussi futiles ?!
-J'essaie et on verra bien !
Il démarra l'appel sans se laisser le temps d'hésiter, de douter ou de renoncer. Il y eu plusieurs sonneries stridentes, et se sentit un peu déçu. Marco n'allait pas répondre. Il allait attendre de tomber sur la messagerie avant de raccrocher. Mais après la quatrième sonnerie, au tout dernier moment, tout s'arrêta et une voix épuisée lui répondit.
-Ace ? Est-ce que tout va bien ?
Marco se passa une main sur le visage dans une tentative de se réveiller complètement. Il aurait dû baisser le son de son portable avant d'aller se coucher. Il ne s'attendait pas à recevoir un appel aussi tard, et il avait presque bondit de son lit lorsqu'il s'était mit à sonner, le volume à fond. Il n'avait pas hésité une seconde à décrocher lorsqu'il avait aperçu le nom d'Ace, inquiet. Pourtant, il n'entendait rien de l'autre côté, et il fronça les sourcils de confusion.
-Ace ? Tu es toujours là ?
-Hein... Ah ! Oui ! Je... Je ne m'attendais pas à ce que tu répondes...
Il avait été si surprit d'entendre la voix de Marco qu'il en avait oublié de répondre. Il perçut le petit rire du blond et rougit furieusement. Il devait le trouver idiot... Le déranger ainsi aussi tard, en n'ayant strictement rien à lui dire. Il s'empressa de s'excuser pour l'avoir réveillé alors qu'il avait besoin de se reposer autant que possible.
-Je n'aurais pas dû t'appeler ! Je devrais raccrocher...
-Tu ne me dérange pas Ace. Dit-moi ce qu'il y a.
Il était maintenant parfaitement réveillé, toute son attention focalisée sur le jeune homme. Il sentait que quelque chose n'allait pas, et il se doutait qu'Ace avait juste besoin de parler à quelqu'un. Il était plutôt content que ce soit lui qu'il ait décidé d'appeler, quand bien même il était fatigué et avait envie de dormir. Il pourrait même y trouver lui-même du réconfort. Il entendit alors Ace soupirer, lâchant prise et acceptant cette aide qui lui était offerte.
-Mon grand-père a passé la soirée avec nous.
-Tu ne t'entends pas avec lui ?
-Disons que c'est un peu tendu entre lui et moi depuis... depuis ma dernière relation.
Marco n'eut pas besoin de lui demander pour savoir qu'il ne parlait pas d'une relation de couple, mais plutôt d'une avec un dominant. Sans doute que son grand-père n'aimait pas ce style de vie, et verrait d'un mauvais œil qu'Ace recommence avec quelqu'un d'autre.
-Vous vous êtes disputé ?
-Luffy lui a parlé de toi et il voulait savoir qui tu étais.
-Tu lui as dit pour notre contrat ?
-Non ! Je ne voulais pas qu'il nous sépare.
-Je vois. Alors qu'est-ce que tu lui as dit ?
-Que tu étais un ami précieux pour moi. Il n'a pas insisté alors je pense qu'il est d'accord avec ça.
Ace craignait qu'il découvre la vérité un jour. S'il venait à apprendre ce qu'il faisait avec Marco... Déjà qu'il ne voulait pas qu'il ait une relation de ce genre, le fait qu'Ace lui ait menti délibérément n'allait pas arranger les choses. Mais il ne voulait pas renoncer à ce qu'il avait avec Marco. Le blond comptait vraiment beaucoup pour lui. Toute cette inquiétude était sans doute ce qui l'empêchait de dormir.
-Ton grand-père n'a aucune raison de le découvrir, le rassure Marco.
-Je le sais, mais...
-Je ne le laisserai pas non plus nous séparer. Je veux continuer à te voir, même sans le sexe.
Ce n'était pas comme pour ses autres soumis. Même si le contrat entre eux venait à ne plus être valable, Marco voulait garder Ace dans sa vie. Si cet homme n'était pas d'accord avec ça, il était bien décidé à tout faire pour le convaincre. La seule personne qui pourrait l'empêcher d'être près d'Ace, c'était le jeune homme lui-même. Mais il était inutile de s'inquiéter. Personne ne pouvait découvrir ce qu'ils faisaient tous les deux.
-Ton grand-père s'inquiète simplement pour toi. Il ne cherchera pas à blesser.
-Tu as raison. Je m'inquiète pour rien.
-Sur ce point, nous sommes pareils.
-Il s'est passé quelque chose ?!
Marco ne put s'empêcher de sourire. Ace avait réagi au quart de tour, oubliant ses problèmes dès qu'il avait comprit qu'il n'allait pas bien. D'ailleurs, il avait su le voir immédiatement. Il le connaissait mieux qu'il ne le pensait. Marco lui parla donc des négociations qui n'avançaient pas, et de l'arrivé à l'hôpital de son père adoptif le jour-même. Ace l'écouta attentivement, sans l'interrompre.
-Thatch m'a assuré qu'il allait bien. Il devrait sortir demain.
-Je comprends. Je peux aller le voir à ta place si tu veux.
-Vraiment ?
-Bien sûr ! Ça ne me dérange pas ! Je ne serai peut-être pas d'une grande aide cependant...
Ace fut interrompu par un petit rire de Marco. Le blond ne se moquait pas de lui, mais semblait au contraire soulagé. Ace était content d'avoir pu le rassurer suffisamment pour qu'il se mette à rire.
-Je suis touché, avoue Marco. Mais ça devrait aller. Mes frères seront là pour lui.
-Comme tu veux.
-En revanche, est-ce que tu...
Il se tut brusquement, hésitant. Ace fut curieux de savoir ce qu'il voulait lui demander, mais Marco ne semblait pas vouloir poursuivre sa pensée. Comme s'il était gêné de lui poser la question. Il l'encouragea à parler, affirmant qu'il pouvait tout lui dire. Mais Marco finit par renoncer.
-Ce n'est rien d'important. J'ai hâte de te voir.
Lorsqu'il raccrocha, Ace se sentait apaiser. Parler avec Marco lui avait vraiment fait du bien. Il était content de l'avoir appelé, même s'il se fit la promesse de ne plus le déranger aussi tard à l'avenir. Et tandis que le sommeil le gagnait doucement, Ace eut une bonne idée.
Peut-être qu'il avait découvert ce que Marco voulait lui demander.
***
-Ace !
A l'entente de son nom, le jeune homme se redressa rapidement, un large sourire au visage. Il vit Thatch à l'entrée du magasin qui sautillait sur place, visiblement impatient. Ace prévient ses collègues qu'il partait, récupéra ses affaires et rejoignit son ami. Ils sautèrent tous les deux dans la voiture de Thatch et se dernier ne perdit pas de temps à démarrer, une destination bien précise en tête.
-Il est enfin revenu, s'exclame Ace, incapable de contenir son excitation.
-Oui ! Son avion va bientôt atterrir et on sera là pour l'accueillir !
Après son coup de téléphone tardif avec son amant, Ace avait appelé Thatch pour lui faire part de son idée. Il voulait surprendre Marco à l'aéroport, au retour de son voyage d'affaire. Thatch avait immédiatement accepté, et lui avait promit de venir le chercher lui-même lorsque le blond rentrerait. Marco avait été radicale et efficace, terminant les négociations en à peine trois jours. Il pouvait donc rentrer chez lui plus tôt que prévu.
Ace avait hâte de voir la surprise sur son visage lorsqu'il le verra à l'aéroport.
-Je ne tiens plus en place ! Il m'a tellement manqué !
-Calme-toi, ricane Thatch. Il ne devrait pas tarder, il m'a envoyé un message. Son avion vient d'atterrir.
Ils se postèrent tous les deux dans le grand hall, Ace ne quittant pas des yeux les escalators. Il y avait beaucoup de monde, certains se dépêchant pour ne pas rater leur avions, d'autres qui étaient visiblement soulagé d'être enfin arrivés. Thatch fixait son téléphone, essayant de guider Marco pour qu'il puisse les rejoindre. L'attente était insoutenable et Ace était sur le point de proposer d'avancer lorsqu'il l'aperçut.
Marco était là, à quelques mètres de lui.
Le blond regardait son téléphone, lisant sans doute le dernier texto de Thatch, avant de lever la tête pour chercher son frère dans le hall. Il finit par l'apercevoir, souriant à son attention. Puis il remarqua Ace à ses côtés et se figea, le choc bien visible sur son visage. Il n'arrivait pas à croire que le jeune homme était vraiment là, dans cet aéroport, juste pour lui. Thatch sourit moqueusement, donnant un coup de coude à Ace. Marco finit par reprendre ses esprits, se rapprochant d'eux rapidement pour prendre Ace dans ses bras.
-Tu es venu.
-Je voulais être là pour t'accueillir.
-Je suis content de te voir. Tu m'as manqué.
-Et moi, pleurniche Thatch. Tu t'en fou que je sois venu ?!
Marco leva les yeux au ciel, mais il ne put cacher son sourire. Il lâcha Ace, serrant Thatch dans ses bras. Son frère pouvait se plaindre autant qu'il voulait, il savait que Marco était content d'être rentré et de retrouver sa famille. Il n'aimait vraiment pas s'éloigner d'eux. Thatch lui proposa alors d'aller chercher du café avant qu'il ne parte. Il n'attendit pas de réponse, partant en courant en les laissant seuls tous les deux.
-Comment vas-tu, demande Marco.
-Bien. Mais et toi ? Le voyage a dû t'épuiser.
-J'ai dormi pendant tout le trajet. J'avais hâte de rentrer.
Il entoura la taille d'Ace d'un bras, se penchant pour l'embrasser sur la joue. Ace se laissa faire, profiter de la chaleur de Marco. Maintenant qu'il était revenu, ils pouvaient à nouveau s'enlacer, et même s'ils étaient en public, il ne comptait pas le repousser. Marco lui avait trop manquait et il en avait trop envie. Thatch finit par revenir, donnant à chacun leur boisson. Il se fit alors bombarder de question par Marco, sans avoir eu la chance de s'y préparer.
-Comment va père ?! Il n'a pas fait de nouvelle crise ?! Est-ce qu'il suit son traitement correctement ?! Il a arrêté de boire rassure-moi ! Pourquoi je demande, je suis sûr que non... Il n'a pas repris le travail j'espère ! Est-ce qu'il se repose correctement ?!
-Mais calme-toi ! Il va bien, alors arrête de t'en faire !
Ace éclata de rire et Marco le pinça en représailles. Ce n'était pas sa faute s'il était inquiet ! Il ne pouvait pas s'en empêcher et Ace était bien placé pour le savoir. Le jeune homme lui fit un petit bisou d'excuse et Thatch se moqua d'eux parce qu'ils ressemblaient à un couple de jeune mariés. Ils étaient tous les deux trop heureux de se retrouver pour même penser à s'énerver.
-Père est retourné à l'hôpital pour des examens, explique Thatch. On peut aller le voir là-bas.
-D'accord. Tu veux venir Ace ?
-Non. Tu as besoin d'un moment en famille. On se verra plus tard.
-Comme tu veux. Je t'appellerai tout à l'heure, promit !
Après une dernière étreinte et un dernier baiser, les deux frères s'éloignèrent. Ace les regarda partir, une douce chaleur dans son estomac et un sourire niais sur les lèvres. Il avait enfin retrouvé Marco, et il allait l'appeler le soir-même. Il avait hâte, alors qu'ils venaient tout juste de se quitter. Il était tellement heureux qu'il ne remarqua que trop tard le problème. Il était venu en voiture avec Thatch. Thatch qui venait de partir pour l'hôpital sans lui. Merde...
Peut-être que Sabo sera d'accord pour venir le chercher...
Un chapitre plutôt triste, avec la maladie de Barbe Blanche qui frappe de nouveau, et l'arrivée de Garp. Ils auront tous les deux leur rôle à jouer dans cette histoire. Un rôle très important !
J'ai commencé à donner des éléments sur le passé d'Ace. Vous pouvez commencer à faire vos petites théories à ce sujet ! Je sais que certains d'entre vous se posent des questions et ont très envie de savoir ce qui s'est passé.
Le prochain chapitre ne sera pas très drôle, mais c'est quand même quelque chose que je voulais traiter dans cette histoire. Mais le suivant le sera en revanche ! J'ai hâte de vous faire découvrir la suite !
A bientôt pour le chapitre 9 !
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