Sur notre chemin à la fête, je prends le temps d'observer le campus sous un autre jour. Premièrement, il était 22h passé, la foule et les parents étaient partis depuis un bon moment. C'était plus vide, plus calme. Nous ne croisions pas grand monde. Tout le monde devait déjà être à la soirée ou bien dans leur lit, en train de stresser pour la rentrée le lendemain matin.

Parlant de ça, je n'avais même pas encore regardé mon emploi du temps ou bien même mes cours choisis par mon grand-père. Il m'avait inscrit aux cours où il y avait encore de la place de libre car mon inscription s'est faite bien plus tard que celles des autres.

Quinn et moi nous étions habillées de manière plutôt sexy tout en restant hors de la vulgarité. Elle avait une petite robe noire moulante assez simple mais qui fait son effet. Quant à moi, j'avais opté pour une robe rouge moulante assez courte avec des manches en dentelles.

-          On va faire tomber tous les garçons à nos pieds, rigole Quinn.

-          C'est une évidence, rigolai-je à mon tour.

-          Ils nous seront au cou toute la soirée.

Soudainement, ma vision se trouble et je manque de tomber.

FLASHBACK un an plus tôt

-          Espèce de trainée. Comment tu peux te regarder dans le miroir après ça ? me hurle-t-il.

J'étais au sol, ma vision était trouble.

-          T'en as faites combien, hein ? Une, deux ? Non, t'en as fait une troisième parce que tu n'es qu'une sale junkie. Putain tu me dégoutes. T'as bu en plus ?

Je pleurais. Je ne faisais que ça. Tout ne me semblait pas réel. Je me sentais ailleurs tout en étant si durement dans la pleine réalité

Je le sens m'attraper violemment par le bras pour me soulever. Nous étions à la salle de bain. Il me relève et me force à me regarder dans la glace.

-          Tu te vois ? Tu vois à quel point tu es repoussante ? crie-t-il.

-          Je veux pas voir... dis-je en baissant la tête, honteuse de moi-même.

-          Oh que si tu vas voir pétasse !

Il prit ses deux mains qu'il serra fortement autour de mon cou pour que je ne puisse plus bouger.

-          S'il te plaît... je n'ai pas fait exprès...

-          Tu es censée être la fille parfaite du lycée Alyana. Je suis censé être ton petit-copain parfait. Tu vois pourquoi je suis obligé de te corriger ? Parce que tu fous tout en l'air. Mes parents vont me bénir si on est nommés reine et roi au bal de promo.

-          Tu n'es pas obligée Dan... Je t'en supplie... Je ne recommencerai pas, je te promets.

-          Tu ne me laisses pas le choix Alyana. Je le fais parce que je t'aime et que je veux que tu comprennes qu'il faut que tu changes.

Je ne savais pas quelle force m'avait pris ce soir-là mais j'eu le courage de lui répondre que si je faisais ça c'était à cause de ses coups. Car même si je ne sniffais pas, que je ne buvais pas, il me frapperait quand même. Il aimait ça. Si j'avais commencé la drogue dure c'était pour oublier. Pour ne plus rien sentir. Pour m'évader. Mais c'était devenu encore pire.

Je pense que le pire c'était d'être la seule dans cette situation. Je ne pouvais en parler à personne ou il irait voir mes parents et leur dirait tout ce que je faisais en dehors des cours. Aux yeux de tous, Dan était parfait. Même ma meilleure amie ne voyait pas les bleus sur mes bras quand on se changeait en sport. Elle ne comprenait pas pourquoi à la Saint-Valentin je préférais rester seule chez moi que d'aller à la fête foraine avec tous mes amis. Tous mes amis. Et lui.

Le pire était de faire semblant devant notre groupe d'amis. Ils ne voyaient rien. Jamais. Pour moi  c'était évident. Je voulais qu'ils voient. Qu'ils se rendent compte par eux-mêmes. Mais ce jour-là n'est jamais arrivé.

J'étais seule. J'étais battue. J'étais accro. J'étais au plus bas de ma vie. Jamais je ne m'étais sentie si mal que durant cette année entière.

FIN DU FLASHBACK un an plus tôt

-          Hé, beauté, tu vas bien ? me demanda Quinn, voyant que mes yeux étaient complètement vides.

-          Je vais bien, oui, désolée. Allons mettre les garçons à notre cou... Ce sera génial.

Elle fronça les sourcils mais n'insista pas. Nous arrivions d'ailleurs devant la fraternité. Elle était immense, vraiment. Un vrai palace. Il ne manquait pas de monde, ça non. Dans une si grande maison, le fait qu'elle soit pleine indique le nombre de personnes qu'il peut y avoir.

-          Wow... dis-je doucement.

-          On ne fait pas les choses à moitié à Harvard, rigole Quinn. Allez, rentrons à l'intérieur, j'ai prévenu le groupe qu'on venait, ils nous attendent.

-          Ok, allons-y.

Je n'avais qu'une seule envie. Boire. Cet été, j'avais passé la moitié de mes vacances enfermée loin de tous pour m'auto-sauver. Je ne pouvais pas aller en centre de désintoxication car cela aurait voulu dire en parler. Et je ne pouvais pas en parler. Je ne peux toujours pas d'ailleurs et je ne sais pas si je trouverai un jour le courage de le faire.

En entrant dans la maison, je ne pus m'empêcher de sentir l'odeur de l'alcool et de la drogue. Je suis clean maintenant mais cela ne m'empêche pas de vouloir me piquer à chaque fois que je sens de la drogue.

-          Quinn, je vois que tu as transformé ta colocataire en vraie diva, intervient soudainement que je ne reconnais que trop bien.

-          Alec. Premièrement, je me suis habillée moi-même et deuxièmement, je sais très bien que tu as très bien vu que Quinn était également transformée.

Quinn leva les yeux au ciel et partit voir le reste du groupe posé sur un canapé au loin. J'étais donc seule avec Alec.

-          N'ait pas peur de lui faire des avances directes, plutôt que de les lui faire au travers des autres, lui dis-je avant de m'éloigner pour chercher la cuisine.

En y accédant, un mec déjà plutôt éméché me bouscule. Je soupirai mais laissa passer.

-          Tu comptes t'excuser ou ça se passe comment ? dit soudainement une voix arrivant dans mon dos.

C'était un grand brun aux cheveux bouclés. Malgré la lumière tamisée, je pouvais voir ses yeux verts. Ils étaient perçants. Au début, je pensais qu'il s'adressait à moi mais non, il parlait au gars m'ayant bousculé.

-          Tu veux quoi Chase ? dit ce dernier. La baiser ? Tu joues le gentleman maintenant ?

-          Dégage Hardin ou mon côté gentleman comme tu le décris si bien va vite disparaître ;

Honnêtement, je ne savais pas me placer entre les deux. Je voyais bien qu'ils se connaissaient et qu'ils n'étaient pas exactement meilleurs amis mais de là à vouloir se battre juste pour ça. C'est trop.

-          Chase, je crois que c'est ton prénom ? lui demandai-je de façon rhétorique. Je crois que je peux me défendre toute seule, merci. Tu peux tracer ton chemin et aller sauver d'autres filles en détresse. Je n'en fais pas partie.

Le regard qu'il posa sur moi à ce moment était indescriptible. Il n'était pas méchant, ni gentil. Pas dragueur, pas dégouté. Je ne pouvais pas savoir ce à quoi il pensait, pourtant, c'était l'un de mes talents cachés.

-          Très bien princesse. Reviens pas me voir si ce connard essaie de t'avoir dans son lit. Il est assez sobre pour savoir marcher droit. S'il t'a bousculé ce n'était pas innocent mais comme tu veux, dit-il avant de partir dans la direction exacte où je voulais aller.

Entre temps, Hardin était parti et je pus marcher tranquillement vers la cuisine. Une fois à l'intérieur, je pus voir Chase draguer une fille déjà à moitié éméchée. Elle riait à tout ce qu'il lui disait. Lui restait stoïque. De marbre.

Lorsqu'il vit que j'étais également à la cuisine, il rit discrètement et planta la fille avec qui il était pour venir me voir.

-          Tu m'as suivi ou bien... ? me demanda-t-il d'un ton supérieur.

-          Mais bien sûr. Je suis folle amoureuse de toi et j'ai un besoin inespéré de te suivre partout où tu vas, dis-je sarcastiquement.

-          Je te serre un verre ? me proposa-t-il sans revenir sur ce que je venais de dire ;

-          Plusieurs.

-          Joueuse à ce que je vois.

Je soupire et prit les trois shots de tequila qu'il me tendit et les but en une seconde.

-          Pas joueuse, lui dis-je. Juste besoin d'oublier certaines choses.

Il me scruta du visage, je fis de même.

-          Si ça ne t'embête pas, je vais être dans l'obligation de te voler ça, lui dis-je en lui prenant la bouteille d'alcool des mains.

-          Mystérieuse ? Ça me plait. J'aimerais utiliser cette bouteille aussi, malheureusement. Je propose qu'on la partage dans un endroit plus calme, qu'en penses-tu ?

Je savais qu'il me proposait du sexe mais je n'avais rien contre. Surtout que je n'avais pas mangé depuis ce matin et que les shots me montent à la tête très rapidement. Je ne tiens pas forcément très bien l'alcool. Pas dans le sens où je vais me mettre à vomir de partout mais dans le sens où ça a tendance à m'emmener dans des endroits sombres dans ma tête.

-          Je pense qu'il doit bien avoir une chambre de libre en haut, lui dis-je en lui lançant un regard vide.

Il ne me dit rien et commence à partir en direction de la sortie de la cuisine pour prendre les escaliers. Il tourne légèrement la tête pour être sûr que je le suive bien. Ce que je fis. Dans les escaliers, je pris deux ou trois gorgées de la bouteille, les larmes aux yeux.

L'alcool fait sortir mon pire moi mais je me sens si légère en même temps. Le fait que je suive Chase dans la chambre qu'il nous trouva n'était pas seulement dû à l'alcool. J'en avais besoin. Personne ne m'avait touché depuis Dan. Pas proprement en tout cas. Je ne voulais pas être en couple. Alors c'était parfait. Du casual sexe.

-          J'espère que cette chambre te convient, me dit-il ironiquement.

-          Je pense qu'une chambre au Palace aurait été mieux mais on fait avec les moyens du bord.

Il soupira et s'affala sur le lit. Ça y est. Je commençais à le cerner. Un de ces bad boys des universités. Ceux qu'on voit dans les films. Il portait un jean skinny noir assorti à un simple t-shirt noir.

Je soupirai à mon tour et sautai sur le lit à côté de lui. On était tous les deux allongés côtes à côtes. On se passait la bouteille tour à tour en silence. Nos regards étaient figés sur le plafond qui tournait légèrement.

-          Oups, dit-il au bout d'un moment. Je crois que j'ai pris la dernière gorgée.

Je fis comme si c'était un drame et me retourne vers lui rapidement, roulant sur le côté. Je n'avais pas mesuré la distance qui nous séparait car maintenant il n'y en avait plus. Chase se retourne vers moi à son tour. Nos nez se frôlaient. Je sentais son haleine alcoolisée sur mes lèvres.

Alors que je pensais qu'il allait m'embrasser il retourna la bouteille sur nos visages et le dernières gouttes d'alcool nous tombèrent dessus. Je rigolai légèrement et lui dit qu'il était fou.

-          Je suis fou ? dit-il en faisant semblant de se vexer. Regarde à quel point je le suis.

Sur ces belles paroles, il enleva son t-shirt et me tira par les hanches pour me caler contre lui.

-          Tu sens comme je suis fou ?

-          Faire des allusions sexuelles doit faire partit de ta petite personnalité.

-          Chut, dit-il en approchant ses lèvres de mon cou.

Je ne dis plus rien lorsqu'il commença à embrasser mon cou lentement et sensuellement. Je ne pus m'empêcher de lâcher un soupir de plaisir.

-          Tu ne m'as même pas dit ton nom princesse, dit-il en s'arrêtant soudainement.

-          Je l'ai peut-être fait exprès, non ?

-          Ouch. Tu me touches. Je vais pleurer.

C'est à mon tour de le faire taire en faisant glisser mes mains vers sa ceinture commençant à la détacher mais il me coupa.

-          Ton prénom d'abord.

-          T'es sérieux ?

-          Je ne couche pas avec des inconnues.

Je ne peux m'empêcher d'éclater de rire.

-          Alyana. Mon prénom ne te dit rien sur moi. Tu ne me connais pas.

-          Mais si un jour je décide de te connaître, je pourrai te trouver.

Je lève les yeux au ciel et il me bascule sur le côté. Désormais, c'est moi qui me retrouve en dessous. Il recommence à embrasser mon cou tout en glissant ses mains sous ma robe. Je frissonne à son toucher et il commence à entamer les choses plus sérieuses en passant sa main sous mon sous-vêtement.

L'alcool et le plaisir que Chase me procure me font voyager dans des endroits plus clairs de mon esprit. Nous continuons encore longtemps avant de passer au vrai sexe. Ce n'était peut-être pas forcément un bon début de commencer à coucher avec le premier venu avant même la rentrée mais honnêtement ? Je n'en avais rien à faire.

-          Tu ne m'as pas vraiment laissé te toucher, dis-je une fois que nous avions fini.

-          Les filles préfèrent généralement qu'on les touche, elles.

-          D'accord.

Alors que je trouvai mon téléphone, je vis qu'il était plus de deux heures du matin et que j'avais plus de dix appels manqués de Quinn.

-          Putain... dis-je en sortant rapidement du lit.

-          Que se passe-t-il ? Ta copine te cherche de partout ?

-          Quoi ? Comment tu sais ?

-          Je t'ai vu arrivé avec Quinn. Je t'ai alors tout de suite cerné. Quinn ne serait pas allée à cette fête la veille de la rentrée à moins que quelqu'un la force.

-          Je ne l'ai pas forcé, qu'est-ce que tu racontes ? dis-je en commençant à m'énerver.

-          Ecoute, Quinn et moi, on est disons... plutôt proches.

-          Tu as couché avec elle aussi ?

Il rit.

-          C'est ma sœur.

Je tombai vraiment au sol là. Chase est le frère de Quinn ? Ils n'ont rien en commun. Que ce soit physiquement ou mentalement.

-          Ne te méprends pas, on ne partage que notre père ensemble.

-          Pourquoi tu me dis tout ça ? demandai-je, déconcertée.

-          Pour que tu t'intéresses à moi, dit-il en roulant des yeux.

Je fis de même et remets ma robe, pris mon sac, mes chaussures et je commence à sortir de la chambre quand il me rappelle.

-          Quoi ?

-          Au moins tu te rappelleras de moi, non ? Mais tu ne peux pas dire à Quinn qu'on a couché ensemble.

-          Je ne comptais pas lui dire. Je la connais que depuis ce midi.

-          Les filles ont simplement tendance à tout de suite s'empresser de dire à leurs amies lorsqu'elles couchent avec moi.

Je ris.

-          Si tu es encore l'un de ces bad boys se la jouant mélodramatique, je ne suis pas intéressée, je te remercie.

C'est à son tour de rire. Il se redresse du lit de sorte à me faire face.

-          Regarde-toi dans un miroir et réfléchis deux minutes avant de d'essayer de comprendre les autres. Tu n'es pas mieux que les autres. Je ne te veux pas. Tu ne me veux pas. Notre histoire s'arrête là.

Des larmes me vinrent aux yeux mais j'ai pris l'habitude depuis longtemps de réussir à cacher mes émotions.

-          Au revoir Chase.

-          Au revoir Alyana.

Je refermai la porte et pris une grande et profonde inspiration. Pourquoi je suis obligée de tomber que sur des abrutis ? J'essaie sur le chemin du retour d'appeler Quinn mais elle ne répond pas. Elle doit sûrement être rentrée au dortoir.

Au fur et à mesure que mes pieds avançaient, j'avais l'impression de reculer un an en arrière. Je pouvais le sentir sur moi. Ses poings sur mon visage, ses mains étranglant ma gorge. Je me revoyais sombrer dans le sommeil. Ma vue se brouillait. Je ne savais pas si c'était dû aux larmes y logeant ou autre chose.

La seule chose dont je me souviens c'est des yeux verts, puis le néant.