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On est prête pour ça ?

Le reste de la journée est semblable à ce matin. Je traine finalement devant la télé ou dans ma chambre. On ne parle pas trop toutes les trois mais ça ne me dérange pas. Les dimanches à ne rien faire c'est juste génial. C'est aussi l'un des seuls jours où les DDouze braillent moins pour se faire entendre. Elles sont toutes sur un transat avec une rondelle de concombre sur chaque œil. Juste silencieuses et c'est parfait.

Après le deuxième film visionné avec Eva dans ma chambre, je réfléchis à ce qu'on pourrait faire. Ni une ni deux, j'allume la console en attrapant ma manette. Je joue souvent ces derniers temps. A vrai dire, je préfère ça plutôt que de passer la soirée en compagnie de Tristesse. Il n'y a rien de mieux comme distraction que de massacrer des zombies. J'ai fait découvrir le jeu à Eva il n'y a pas longtemps et c'était excellent de la voir flipper à côté de moi. Elle criait toutes les deux secondes au point où je me suis demandée si les voisins n'allaient pas appeler la police en croyant à un meurtre sanguinaire. Plus on faisait de parties, et plus elle commençait à comprendre le principe du jeu.

En fait, non...

Il n'y a pas de principe.

C'est juste un pur défouloir et j'imagine chaque mort-vivant avec la tête de Matt. Cette semaine, j'ai d'ailleurs explosé mon record. Ça me fait du bien de les éclater les uns après les autres comme des ballons. Eva doit aussi penser comme moi, étant donné qu'elle attrape la manette, surexcitée. Elle connaît déjà le menu par cœur et pianote sans soucis dans tous les onglets du jeu tandis que je m'installe à nouveau sur mon lit. J'arrange un de mes gros oreillers pour bien m'adosser. Côte à côte, nous avons déjà passé tout l'après-midi dans cette position. Ma sœur me sourit pendant que j'attrape un plaid au bord du lit pour m'emmitoufler dedans.

— Je suis prête !

— Alors lance la partie.

Le jeu démarre et l'ambiance lugubre englobe toute ma chambre. Les trois minutes qui suivent sont ponctuées d'ordres ou de railleries de ma part. Je dois la réanimer au moins trois fois. C'est parfois frustrant de jouer avec ma petite sœur novice mais bon, il faut bien qu'elle apprenne. Elle ne se débrouille pas trop mal si elle m'écoute. Je sais que je suis une mauvaise perdante. Justice ne supportant pas la défaite c'est Eva qui en fait de temps à autre les frais. Ce ne doit pas être simple de me supporter quand cette Madame prend mon contrôle. Pour elle, chaque détail compte et plus d'une fois, je me suis vue engueuler ma sœur parce qu'elle rêvassait durant la partie. J'observe plus souvent sa partie scindée sur l'écran que la mienne, appréhendant la moindre de ses conneries. Pour l'instant, elle ne se démerde pas trop mal ce qui me permet de me concentrer un peu plus sur mon jeu.

— J'ai pensé à quelque chose, mais... je ne sais pas ce que tu vas en penser, lâche-t-elle soudain.

Je lui jette un bref coup d'œil, intriguée, mais Eva est scotchée à son avatar.

En penser ?

— Oui ?

— Ça fait un peu plus de trois mois maintenant que Matt s'est barré...

— Oui, et... ?

Où est-ce qu'elle veut en venir là ?

Je cherche à croiser son regard, en vain.

— Tu ne veux pas passer à autre chose ?

Cette fois, je me tourne vers elle, à la fois surprise et confuse. D'ordinaire, ma sœur n'évoque jamais Matt. Je ne comprends pas pourquoi elle aborderait le sujet maintenant. Et moi qui souhaitais me détendre, voilà qu'elle réveille un peu Colère. Eva ne le remarque pas, toujours concentrée, ce qui me laisse encore plus perplexe.

Comment ça autre chose ?

Et puis quel genre de chose ?

— C'est à dire ?

— Je ne sais pas, rencontrer quelqu'un d'autre... je ne te dis pas d'être un Bambi, mais... juste sortir avec un mec.

Oh...

On est prête pour ça ?

Moi oui !

Oh toi ! Ton avis ne compte pas...

— Déjà, de un, je ne suis pas un Bambi, et de deux, tu en a marre de moi ?

Elle hoquette et quitte enfin l'écran pour me dévisager, les yeux grands ouverts. C'est pourtant l'impression que j'en aie. Sinon pourquoi en parler ? Je suis bien là, chez moi, à dégommer des zombies avec elle. Les sourcils froncés, je l'observe en parfait miroir.

— Non, pas du tout ! Je suis trop contente que tu sois revenue à la maison ! C'est juste que... je pense que tu mérites quelqu'un de mieux. Un mec qui saura te faire rire ou prendre soin de toi. Ou juste pour te détendre un peu !

Elle me sourit, ce qui suffit à m'apaiser. Elle a raison, Matt ne se souciait pas de moi. Je passais plus de temps à m'inquiéter pour lui que l'inverse. J'ai longtemps fermé les yeux, refusant d'admettre la vérité. Ce n'était rien d'autre qu'un parfait déni. Je pourrais donner des exemples à la pelle, mais je refuse de me souvenir de cette fille stupide que j'étais en proie à cet homme égoïste et égocentrique. Eva retourne à notre partie et j'en fais de même. Je passe en mode automatique pour liquider des mobs. Quand bien même je ne veux pas ressasser, ma tête, elle, s'obstine à se remémorer cette relation néfaste.

T'es vraiment stupide...

— Ouais, je suis d'accord avec toi sur ce point, je mérite mieux. Mais vas-y, je t'écoute... si tu as un prince sous la main ne te gêne pas.

Elle rit tout en bataillant avec un zombie. Je la contemple, amusée.

— Hé ! Fais gaffe !

Mes yeux se braquent sur l'écran en vitesse.

Merde ! Je l'ai échappé belle, là.

— Tu crois... vraiment que... si j'avais ça sous la main... Oh ! Enlève-toi, merde !

Je ricane et poursuis son bonhomme qui court partout. Eva est douée pour me changer les idées avec sa Mme Débile. Je suis consciente que je peux passer des larmes aux rires sans avoir besoin de qui que ce soit, mais ma sœur est tout autant un moyen infaillible pour détendre l'atmosphère. Une atmosphère qui commençait à se charger d'amertume et de regrets.

— Tu crois que je l'aurais donné à ma frangine si c'était le cas ? Non, non, non, je l'aurais gardé pour moi, ouais !

— Ça, je m'en doutais !

— Non mais sérieusement, on peut rencontrer plein de gens partout maintenant.

Partout !

Oui... à la bibliothèque ou dans un champ de pâquerettes, ou encore sous un réverbère !

Avec un parapluie !

Oui ! Parce qu'il pleuvra, et lui, il en aura un et pas toi, et puis il va venir...

Ouais !

Puis ouvrir son parapluie juste pour toi.

Hein ! Il faut que j'arrête de délirer !

Je dois surtout calmer Amour et Rêveuse. Elles me sortent à chaque fois des âneries pareilles.

— Oui, c'est vrai que je vais rencontrer un parfait inconnu à la bibliothèque, on va se rentrer dedans, puis il y aura de l'électricité et tout ça... Je vais lui dire que je suis célibataire, que j'ai un besoin urgent d'attention, et il va me sourire, ramasser mon livre au sol, et se marier avec moi le lendemain...

— Bambi ! Et depuis quand tu vas à la bibliothèque, toi ?

Je lève les yeux au ciel. Eva se marre de plus belle, fière d'elle.

— Oh... Tais-toi !

Elle grimace avant de m'imiter avec une voix stupide comme si elle avait blindé sa bouche de marshmallow. Sa maturité est à son paroxysme comme toujours. Je n'y prête pas attention et poursuis sur son idée.

— Ou alors en boite de nuit, tiens ! Comme ça, on me voit comme un bout de viande ! Franchement, tu délires, là.

— Je n'irai pas jusque-là non plus, mais tu as déjà pensé à internet ?

Quoi ! Elle est sérieuse ?

Je suis à deux doigts de pouffer de rire, sauf qu'elle maintient son regard rivé à l'écran en attendant ma réponse.

— Oui, bien sûr. J'ai même déjà songé à un champ de pâquerettes...

— Je suis sérieuse, Emma...

Bah merde, alors !

Je ne dis rien et encaisse le choc d'un tel changement d'humeur qui ne lui ressemble pas. Il faut même quelques instants aux Douze pour assimiler ses propos. Je veux bien admettre que je délire parfois à plein tube, mais Eva n'a rien à m'envier sur ce terrain-là. Elle me le prouve une fois encore : elle est cramée de croire qu'internet est fait pour trouver l'amour.

— Non. C'est un peu un tue l'amour... Tu ne sais pas qui se cache derrière ton écran. Et puis, où est la magie dans tout ça ?

Elle hésite et hausse les épaules en laissant échapper un grognement du fond de sa gorge.

— Tu peux aussi trouver quelqu'un de bien. Regarde ma copine Laura, elle est bien avec Steve depuis plus de trois ans et ils se sont rencontrés sur la toile !

Je pince les lèvres, sceptique.

— Déjà ça, là... ça sonne faux. Rencontrer sur internet. Une rencontre ça doit être réelle. Pas virtuelle.

Elle hausse une seconde fois les épaules.

— Ouais, bon. Je me demandais juste. Emma, fais comme tu veux !

Sa Mme Boudeuse vient de pointer le bout de son nez. Je me sens aussitôt coupable du ton sec que j'ai employé.

— Je ne veux pas te blesser, désolée. Je trouve ça... bizarre.

Eva acquiesce sans me regarder.

— Ouais, je comprends. À toi de voir. Je pense que ça peut être bien, et puis au pire on en rigolera plus tard. Du genre « Euh... tu te souviens de la fois ou tu t'es inscrite sur un site et que tu as rencontré ce mec » ?

Je glousse. Elle me surprendra toujours. Ses Mesdames filent à une vitesse de dingue dans sa tête. Je n'ose pas imaginer lorsqu'elles sont en réunion de crise. Son sourire niais ne me ment pas en tout cas, et j'avoue que ça pourrait être le début d'une bonne partie.

— Ouais, je vais y réfléchir.

— Ok.

Nous nous concentrons à nouveau sur la partie après avoir échangé un coup d'œil complice. Elle meurt comme d'habitude à la manche vingt-deux. Justice fait de son mieux pour ne pas exploser. Pendant un court instant, elle a cru qu'on passerait enfin cette manche. Peut-être qu'Eva verra un jour le level vingt-trois s'afficher sur l'écran... Nous jouons plusieurs parties jusqu'à ce que la fatigue ait raison de nous.

Cette nuit-là, elle ne dort pas avec moi. Je repense à ce qu'elle m'a dit plus tôt dans la soirée. J'ignore si c'est une bonne idée, mais je suis curieuse de voir quel genre d'hommes s'inscrit sur un site de rencontre.

Des psychopathes...

Ouais, sans doute...

Ou alors des obsédés ?

Tous petits et gros avec un sérieux problème capillaire.

Mouais...

Ou un prince ?

Pfff...

Arrête de délirer et dors !

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