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Où es-tu, Ana?

Où es-tu, Ana? Je t'ai cherché partout dans cette allée de cerisiers de guingois. Je t'ai cherché partout sous chaque feuille rougeâtre symbole de l'automne naissant. Je t'ai cherché partout dans les ruines de ton passé. Je t'ai cherché partout dans la brume où tu as disparu.

Dis moi, où es-tu, Ana? J'ai passé des nuits entières allongé.e sur mon lit de bois, ressassant dans ma tête les moments où tu étais là, où ton rire tombait dans mon cœur comme des milliers de diamants. J'ai exploré en pensée toutes les étoiles du ciel et aucune n'était assez brillante pour t'abriter.

J'entortillais dans mes mains le ruban argenté que j'avais un jour détaché de tes cheveux afin qu'ils flottent mieux sur le vent, et que j'avais fourré dans ma poche sans réfléchir, peut être afin de conserver un morceau de ton éclat. Tu avais souris à ce moment là, et tu avais croqué une cerise. J'en avais croqué une aussi, savourant le goût éphémère du bonheur. L'herbe nous caressait presque mieux que le vent qui était fort ce jour là et s'engouffrait sous nos légers vêtements, mais nous n'avions pas froid. Tu avais un chemisier blanc qui très vite s'était retrouvé taché de rouge pâle, un giclement de fruit. Tu était déçue, et je t'avais dit, maintenant, tu sens bon la cerise. On s'était embrassé.e.s.

Je suis retourné.e sous les cerisiers. Il n'y avait plus de cerises car ce n'était plus l'été. Reliques d'un monde ancien, alourdis par leurs feuilles pourtant rares, ridés, rabougris parfois, si majestueux, porteurs d'histoire. Ils étaient là. Le vent n'avait pas la même saveur. L'herbe n'avait pas la même couleur. Le sable de l'allée n'avait pas la même odeur. Différent des autres aussi, l'arbre sous lequel on s'était installé.e.s. Rien n'était pareil. Il manquait ton sourire. Il manquait ton parfum. Il manquait la saveur de ta bouche et de tes mots. Il manquait les cerises.

Réponds moi, où es-tu, Ana ? Par la fenêtre je t'ai guettée. Tu n'es pas revenue. Je voyais les feuilles qui tombaient, virevoltaient, tombaient, dansaient. Par la fenêtre, mon cœur tombait, tombait. Sous les feuilles rougies de l'automne, tu virevoltait, dansait.

Tu aimais les arbres et tu aimais l'automne. Tu aimais la danse et tu aimais rire. Tu aimais le pourpre qui colorait ainsi qu'une toile vengeresse le feuillage des érables. Tu aimais le jaune vif des tilleuls, leurs feuilles ainsi que des cœurs jaunis, aigris, qui s'écrasaient sur le sol pour repousser verts et tendres. Tu aimais aussi le fade chêne fané, son étoffé de roi comme ruiné par les mites, triste et aux branches pendantes. Tu marchais dans les flaques boueuses, troublant l'eau délicatement, fascinée, car tes chaussures étaient mouillées et tes pieds bien au sec.

Tu ramassais par terre un gland, une plume, une feuille. Comme les trésors d'un enfant. Tu me les donnais parfois, et je les déposais sur ma main, puis un souffle tourbillonnant les faisaient valser et tournoyer dans les airs. Ton regard émerveillé les suivait et se levait vers le ciel. Nous rentrions ensuite et tes joues étaient rouges et ton nez était rouge et ton écharpe était rouge et tu l'enlevait, la laine était parfois humide de brume. Tu enlevais ton bonnet rouge et tu secouait tes cheveux, comme libérée. Tu jetais un coup d'œil par la fenêtre. Tu frottais tes joues brûlantes. Et je te trouvais à cet instant si belle, si belle...

La rue était vide. Les feuilles étalées en tapis informe. J'ai ramassé un duvet d'oiseau et je me suis imaginé.e le coinçant dans tes cheveux. Je me suis imaginé.e prendre ta main et la serrer fort pour que tu ne t'en ailles pas. Il pleuvait, et je m'offrais à cette pluie qui était comme autant de larmes versées pour toi.

Ana, pour toi, je suis retourné.e à la maison de fumée. Je suis retourné.e à l'endroit où tu avais pleuré. Je suis retourné.e à cet endroit fantôme de ton passé. L'odeur lourde de l'horreur n'avait pas disparu. La saveur nauséeuse pénétrait mes poumons comme avant. Noirs étaient les murs effondrés. Noirs étaient les vitres brisées. Noir était mon cœur ce jour là. Blanche était la neige et blanc était le ciel.

Une ruine abandonnée à l'écart de la ville. Je me suis assis.e en tailleur et je me suis rappelé.e ton visage trempé. Je me suis rappelé.e ton corps avachi péniblement sur le sol. Je me suis rappelé.e tes mains fouillant la terre de nervosité et de tristesse, arrachant les mottes de mousse sans même s'en rendre compte. Je t'avais entouré de mes bras et nous étions resté.e.s là, ruines parmi les ruines. Sur tes joues j'avait passé une main tremblante. Mais nous n'avions rien dit. A cet instant, tu étais seule, tu fuyais déjà. Je voulais que tu restes. Je crois que j'aurais pleuré comme un.e enfant, Ana.

Une blessure aussi ancienne que vive te liait à cet endroit. Rouge, rouge, rouge le sang. Le feu avait détruit une maison à l'écart de la ville, détruit une famille à l'écart de la vie, détruit une fillette à l'écart de la réalité. Lèchant le bois, brûlant le toit. Les hurlements s'étaient mêlés à la fumée, la chair calcinée s'était mêlée aux cendres. Ce fardeau, j'aurais aimé pouvoir le décharger. J'aurais voulu le supporter à deux. Je t'ai dit ça, et tu m'as dit, embrasses moi, embrasses moi, embrasses moi. Je t'ai embrassé. C'était doux et mouillé, tu tremblais.

Pourquoi m'avoir emmené.e ici, Ana? Tant de souffrance se mélangeait en toi... Tu ne pouvais pas m'en parler. Mais moi, je voulais juste que tu sois heureuse.

Mais tu es partie dans la brume. J'ai eu beau t'appeler, tu ne m'as pas répondu.

Où es-tu, Ana?

Les bourgeons perçaient tout juste et les fleurs éclosaient en couleurs. Ta mélancolie éclatait en même temps que le printemps. Je voulais te toucher, te tenir et tu t'envolais. Tu disais que tu m'aimais, Ana, tu disais que tu m'aimais. Pourquoi cette impression que tu partais? Je voulais que tu restes avec moi.

La tristesse t'envahissait et m'envahissait aussi. Dans la lune où tu rêvais d'aller. Nous restions des heures à regarder en silence le ciel nocturne. Nos mains entremêlées, on s'endormait sur la vieille nappe rouge démodée qu'on avait étendue sur l'herbe.

Tu aurais du faire attention, Ana. Tu n'aurais pas du trop regarder les nuages. Toujours trop dans tes rêves, tu m'y emmenais parfois, et c'était beau. Tout était en fête autour de nous. C'était beau. Mais ce jour là, la route était grise, le ciel prenait mille formes. Tout se tordait et la brume tombait. Flou. Trop flou. Tu commençais à t'effacer, sans faire attention. Tu as continué à avancer. Je voulais crier. Il était trop tard. Tu n'avais pas vu les phares.

Tu étais partie.

Reviens, Ana. S'il te plait, reviens, ou je te rejoindrais.

Ana, Ana, Ana.

Où es-tu ?

Où es-tu, Ana?

Vers quel étoile es-tu partie?

Si tu ne reviens pas, Ana, je viendrais te chercher. Je te le jures.

Reviens.

Je t'aime.

Ana?

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