Le soleil ne se montra pas ce matin là.

Victoria se réveilla timidement. Tout aussi doucement, elle rabattît sa couverture, et posa ses pieds à terre.

On était mardi. Jour de pluie.

Victoria descendit dans la cuisine. Il fallait qu'elle se dépêche, il était déjà presque l'heure. Les gouttes fouettaient violemment la vitre. Elle avala son déjeuner en deux temps trois mouvements.

Timidement.

Elle passa la porte, perdue dans ses rêves. La tête dans les nuages, les pensées près des étoiles.

Victoria rêve...
Son livre préféré, toujours dans l'étagère, qui la définissait et la comprenait si bien. Bien mieux que ses parents.

Victoria rêvait... elle rêvait de cosmos, de planètes et d'étoiles. Elle rêvait un beau jour de les contempler enfin.

Mais ça n'étais pas possible. Pour les voir, il aurait fallu être attentive à l'école. Ou bien réclamer à ses parents une visite à l'observatoire. Ou encore s'acheter une lunette astronomique. Au prix comparable.
Le problème, c'est que Victoria n'osait pas.

Elle était comme ça. Timide et rêveuse à la fois.

Ce jour là à l'école, elle ne suivit pas. Elle ne le faisait jamais. Chaque fois, quelque chose la poussait hors de la classe, loin des livres et des leçons.
On appelle ça l'imagination.
Mais à midi moins le quart, la rêveuse resta concentrée.

La professeur de sciences avait invité un intervenant. Quelqu'un d'intéressant.

Victoria écouta.

Elle apprécia chaque mot du jeune homme, qui se déversaient comme des flots de savoir sur la grève de son intérêt.
Il leur parla d'univers. D'étoiles et de galaxies. De planètes et d'astéroïdes.

Elle était amoureuse du ciel. Passionnée d'astronomie.
Et cet inconnu lui racontait son rêve.

Alors timidement, sa main s'approcha du plafond. Elle allait, elle, la fille du silence et de la nuit, déclarer sa flamme.

Victoria lui demanda, d'une voix rauque de rester cachée :
« Je voudrais voir les étoiles... »

Alors l'homme sourit. Il se détourna vers l'enseignante et lui chuchota deux mots.

Victoria devint rouge. Les larmes la guettaient. On se moquerait d'elle, qu'avait elle espéré ?

L'inconnu cependant la regarda sans bruit.
Puis il lui sourit, et lui répondît : « Oui »

Victoria leva la tête, elle ne pouvait y croire. Pour son anniversaire, elle verrait l'infini.

Après la fin du cours, elle se leva, tendue.
Elle alla à la table où était l'inconnu.
Le pas si grand jeune homme observa ses yeux doux,
Et y vit flamboyer le désir de l'enfant.

Victoria ce soir là ne pût se reposer,
Le cosmos a ses yeux toujours s'imposait.
Elle les ouvrit donc, et contempla les astres.
Eux ne pouvaient saisir l'ampleur du désastre.

Elle devrait un beau soir, une belle nuit sans lune,
Aller à l'observatoire juste derrière les dunes .

Mais Victoria ne pouvait, ne voulait pas  aller,
Dans ce lieu si immense, et plein de sommités,
Demander rendez-vous à la lune et au ciel.
Ils sauraient alors tous, que Victoria rêvait.

Mais elle alla quand même, et l'inconnu la vit.
Il l'appela par son nom, lui montra ses amis,
Et ensemble main dans la main, il regardèrent le ciel.
Elle assouvit son rêve, elle observa là-haut,
Les étoiles insolentes et les soleils ardents.
Les galaxies de flammes, les planètes tournant.

Elle explora l'espace, et bien plus loin encore,
elle profita du temps, jamais ne se lassa.

Maintenant Victoria rêve, elle en a fait sa vie. Elle a la tête dans les étoiles, parce qu'un jour elle osa.

Osez, rêvez, jouez, dansez, vous finirez bien par vous arrêter...
et ce jour là, ce que vous n'avez pas fait, vous le regretterez.