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OS - Binchan [Partie 3] IDOL



« Putain j'arrive pas à l'croire ! C'est n'importe quoi... », pestait Sujin allongé sur mon lit alors que je terminais un paragraphe.


J'avais mal aux yeux, je n'avais presque pas fait de pause depuis trois heures. M'étirant sur ma chaise de bureau et retirant mes lunettes, je pivotais pour regarder ma sœur marmonner dans son coin d'autres insultes.


« Comment ils peuvent raconter autant de merde sur des gens qu'ils ne connaissent même pas ? »


Ce genre de discours, je l'entendais presque tous les jours. Sujin avait tendance à oublier qu'elle pouvait aussi parler dans sa tête ou s'emballer sur Discord avec ses copines plutôt que d'empiéter sur mon temps de travail. C'était d'autant plus vrai depuis que j'étais revenu de la soirée, il y une semaine de ça et que j'étais devenu un peu plus secret que d'habitude. Ça ne lui plaisait pas, alors maintenant elle me collait. Essayant de me faire craquer sans me le demander directement, et voyant que je ne cédais pas, elle avait choisi d'intensifier la méthode : me polluer l'espace jusqu'à me faire péter les plombs. Et si j'avais une assez haute résistance en temps normal, j'étais comme qui dirait on ne peut plus irritable en ce moment.

C'était simple, depuis mon départ de l'appartement de Chan, je n'avais presque eu aucune nouvelle.

Le groupe était entré en phase de production et j'avais simplement eu un message de Chan m'indiquant qu'il allait être débordé et qu'il ne pourrait pas trop me contacter dans ce laps de temps. Ils allaient ensuite avoir plusieurs concerts à l'étranger et ça allait durer un mois environ. Beaucoup de déplacement et peu de temps à consacrer à quoi que ce soit d'autre.

J'essayais de ne pas trop y songer. Après tout, on n'avait rien décidé, rien discuté. On avait passé une bonne soirée mais on ne s'était rien promis, rien avoué. En dehors des baisers et on n'avait même pas verbaliser, même pour dire que ce n'était rien.

Evidemment, ce n'était pas rien, pas pour moi. Et j'espérais vraiment que pour lui aussi. Mais le temps passant, il était facile de se laisser entrainer par des pensées plus négatives.

Peut-être aussi plus réalistes.


« On peut même pas être sûr que c'est Chan...

- Pardon ? » Je réagissais brusquement à ce que venait de dire Sujin.


Elle redressa la tête, se souvenant alors qu'elle parlait à voix haute avant de me tendre son téléphone. Je le pris rapidement et regardai l'article avec une photo totalement flou, prise dans le noir avec simplement un profil à peine perceptible, un homme avec une capuche par dessus une casquette et un masque. La fille à côté n'était pas plus visible. L'article les désignait comme étant Bang Chan des Stray Kids et Sana du groupe Twice (que je découvrais). Ils avaient été vus ensemble main dans la main et sortant dans l'immeuble où résidait la jeune femme.

Ce n'était pas très concret et j'ai toujours donné peu de crédit voire d'intérêt à ce genre de torchon et ragot. En temps normal en tout cas mais ça faisait maintenant un petit moment que ma vie n'avait plus rien de normal.


« Même si c'était vrai, ça veut rien dire », je dis en balançant le téléphone sur le lit et Sujin le récupéra rapidement.


Elle était silencieuse. C'était un exploit et moi je retournai à ma thèse, l'air de rien. Mais elle savait, elle l'avait senti. Le ton que j'avais employé, sec et tranchant. J'étais énervé et pas juste un peu agacé. J'étais sérieusement emmerdé et ça me rendait d'autant plus dingue.


« T'as raison, je sais. Mais tu sais comment sont les gens ? Ils aiment voir des histoires là où il n'y en a pas, surtout avec les gens célèbres. »


Je ne répondais rien. Je l'avais entendu mais je l'ignorais. Je n'avais pas envie d'en parler, j'essayais d'être naturel mais je savais que ce n'était pas crédible, avec ma propre sœur jumelle que si elle pouvait se montrer intrusive, excessive, me connaissait mieux que personne. Alors elle s'arrêta de parler. Elle quitta la chambre après avoir senti un petit coup d'œil dans ma direction, s'assurant surement de mon état mais surtout de mon besoin d'être seul.

Après quelques minutes, ne restait que le bruit de mes mains sur les touches du clavier, ma respiration un peu plus rapide et le battement de mon cœur qui cognait contre ma poitrine.

C'était facile de se laisser emporter par le doute. Surtout quand on n'avait rien sur lequel se reposer. Cette histoire sans aucun fondement, pratiquement risible, avait réveillé en moi un sentiment d'insécurité que je n'avais jamais ressenti auparavant, avec qui que ce soit. Je n'avais peut-être pas beaucoup d'assurance de prime à bord mais j'étais sûr de ce que je voulais, j'étais déterminé à ne jamais me laisser entrainer dans des relations où je risquais de passer mon temps à me lamenter. C'était sans doute ce qui m'avait toujours empêché d'aller trop loin avec mes exs, dès que je sentais que je commençais à trop m'attacher, plus que l'autre, je faisais demi-tour. Lorsque s'installe le déséquilibre dans un couple, ça ne fait que dégâts et j'étais trop sensible pour prendre le risque.

Ca donnait des relations assez superficielles, je devais bien l'avouer. Je n'étais pas sûr que je gagnais au change mais au moins je n'avais pas à faire face à toute ce bouillonnement, toute cette jalousie qui se mêlait à mon besoin primitif de marquer une possession. Il n'y avait rien eu entre nous ! Il m'avait pas demandé de sortir avec lui, n'avait rien avoué en dehors de son amour pour ma musique. On s'était embrassé, ce n'était rien pour des garçons de vingt-cinq ans. Ce n'était rien pour une célébrité.

Alors pourquoi je me sentais aussi mal ?

Les relations déséquilibrées, c'était la merde et je le sentais au fond de moi, j'allais douiller. Peu importe ce qui allait se passer, peu importe si les choses s'arrêtaient ici, j'étais déjà bien accroché.

Je regardai mon téléphone une fois de plus, le néant de mes notifications, seulement quelques nouvelles d'amis, rien de la personne qui envahissait mon esprit.

C'était peut-être plus simple comme ça. C'était peut-être ce qu'il voulait. Que je n'aie pas des espoirs idiots. Il n'avait pas le temps pour ça et moi, j'avais ma propre vie à mener.

Oui, c'était surement mieux comme ça.

Pourtant, le soir venu, je n'arrivais toujours pas à dormir et lorsque je fermais les yeux, je n'avais que cette photo en tête. Ces mots qui les désignaient tous les deux comme un couple secret. Puis je repensais à leur proximité à la soirée, qui m'avait déjà bien fait chier. Tous ses souvenirs qui s'entrecoupaient de nos baisers, des petits bruits de satisfaction qui avaient grondé dans sa gorge, qui m'avaient fait vriller et qui auraient pu m'entrainer tellement plus loin, si la situation s'y était prêtée.

Je rageais contre mon oreiller, épuisé par mes pensées qui tournaient en rond. Il fallait que je dorme et que je laisse tomber. Il fallait que je reprenne le contrôle où j'allais devenir complètement cinglé.

Essoufflé, je tournais lentement ma tête en direction de ma table de chevet, le silence de la pièce et l'immobilité du seul moyen de communication dont je disposais me rendait morose. Je fermai alors les yeux, prenant une grande inspiration et j'écrasais encore une fois toute cette frustration au fond de ma poitrine.

La vibration sur le bois me fit ouvrir les yeux d'un seul coup. Je saisissais mon téléphone presque trop rapidement, le cœur battant alors que ça pouvait tout aussi bien être une publicité quelconque ou Wooyoung avec une énième photo de son couple parfait.

J'ouvrai l'application mais ce n'était pas Chan, c'était un autre pseudo inconnu qui m'écrivait.


Feelbok

Salut Changbin ! C'est Felix ! Tu m'en veux pas, j'ai demandé ton compte à Chris !


Dire que j'étais déçu était un euphémisme. Je ravalai ma salive et mes espoirs, m'allongeant un peu plus et soupirant. J'étais tellement stupide. Ça ne me ressemblait pas. Je n'aimais pas ce que j'étais en train de devenir, je n'aimais ressentir toute cette peine.

Je décidai néanmoins de répondre à Felix, je n'allais pas lui poser un vent quand même.


SpearB

Salut Felix

Aucun problème


Feelbok

Super !

Ca me fait plaisir !

Chris m'avait dit que tu dormais pas beaucoup comme lui mais je pensais pas que tu répondrais à trois heures du mat'

Nuit blanche ?


SpearB

En quelque sorte


Je ne pouvais pas m'arrêter là, je ne voulais pas qu'il s'imagine des choses, bien que j'avais la sensation que c'était écrit en gros sur mon front et que tout le monde avait déjà tout compris depuis la soirée.


SpearB

J'ai un peu du mal à avancer sur ma thèse

Une petite impasse

Rien de méchant


Feelbok

C'est vrai que tu es doctorant

Je suis tellement impressionné

J'aurai pas pu faire de longues études


SpearB

T'en as pas besoin

T'as déjà trouvé ta voie 😊


Feelbok

T'es chou !

J'ai beaucoup chance oui

J'aurai rien pu faire d'autre

Toi par contre t'es pas juste intelligent

T'es aussi foutrement talentueux

En tout cas c'est ce que disent Han et Chris

Et ils donnent pas ce genre de compliments facilement, crois moi

En plus d'être BG bien sûr 😉


Je laissais un petit sourire poindre. J'avais l'impression que ce n'était pas arrivé depuis longtemps et c'était agréable.


SpearB

Et toi alors ?

Nuit blanche ?


Feelbok

Oh pas vraiment

Demain repos alors j'ai passé la soirée avec Hyune

Il s'est endormi comme un gros caca devant le film

Et j'ose pas bouger il a la tête posée sur mes jambes


Et en bonus j'avais une photo. Le profile endormi de Hyunjin posée sur les jambes de Felix qui était venu appuyer sur le bout de son nez avec son index. C'était mignon.


SpearB

Vous avez des grosses journées en ce moment


Feelbok

Un peu

C'est toujours comme ça la phase prod

On enchaine les enregistrements

On recommence toujours et parfois c'est tellement frustrant que ça nous épuise

Aujourd'hui c'était au tour de Hyune et il était vraiment fatigué

Sa voix a même commencé à dérailler

Chan a pas été super tendre non plus alors...


SpearB

Ah.


Feelbok

En fait c'était aussi pour ça que je prenais contact avec toi

M'en veux pas, c'est pas juste intéressé

Mais...

Channie-hyung, tu as des news de ton côté ?


SpearB

Il m'a dit qu'il était débordé. C'est tout.


Feelbok

Hum

Je comprends un peu mieux alors

Il a pas eu sa dose de Binnie-hyung 😄


SpearB

😐

Hein ?


Feelbok

Oh s'il te plaît

Pas la peine de me mentir

Je sais très bien que vous vous êtes embrassé à la soirée

C'était tellement évident !

Et puis Chris a du mal à tenir ce genre de secret, surtout à son petit frère aussie préféré

😋


Je savais pas quoi faire. Est-ce que je devais feindre l'ignorance ? Il y avait l'éventualité qu'il puisse prêcher le faux pour savoir le vrai et je n'avais vraiment pas envie de balancer quelque chose que Chan n'aurait pas aimé divulguer.


SpearB

On est ami


Ce qui était vrai. J'étais vraiment le Roi pour totalement tourner autour du pot. Je me découvrais un réel talent pour dire la vérité, sans jamais l'avouer. Felix n'allait surement pas être dupe, il avait l'air très perspicace et je l'avais bien senti à la soirée. Il ne fallait pas se fier à son petit minois innocent.


Feelbok

Ouuui...

Comme moi et Hyune


SpearB

Sérieux ? Vous deux ?


Feelbok

AH ! Je savais.

T'es pas doué Binnie pour mentir


SpearB

J'ai rien dit du tout


Feelbok

Aller c'est plus la peine

Tu sais je vais rien dire

Chris est comme un frère pour moi

Pour de vrai

Pas juste aux yeux des fans. Jamais je lui ferai de mal.

Et je suis sûr que tu lui en feras pas non plus.

C'est pour ça que je te fais assez confiance

Alors oui

Hyune et moi. On a ce genre de relation.


SpearB

Je sais pas quoi dire

Ça me touche que tu me fasses confiance

Vraiment

Mais jte jure que Chan et moi, on est juste ami

On s'est bien...embrassé

Mais il y a eu rien d'autre

On en a même pas reparlé.


Feelbok

Oooh

Alors c'était ça

Vraiment les gars, vous avez quel âge ?

Faut assumer hein ! On a le droit de se kiffer et profiter !

C'est pas parce qu'on est célèbre qu'on doit faire taire ses sentiments

C'est important de vivre ce qu'on a envie de vivre et avec qui on a envie

Contacte le !

Il attend que ça


SpearB

Je pense pas...

Il m'a dit clairement qu'il pourrait pas me parler pendant un mois

Je veux pas le déranger


Feelbok

Crois moi

Il a besoin de ça

Et plus vite tu le feras

Plus vite je pourrai à nouveau bosser sans avoir peur qu'il arrache le micro à mains nues

Encore une fois, c'est pas du tout intéressé

👀


Je voulais croire ce qu'il me disait et en même temps, je n'arrivais pas à me décider. J'ouvrai la conversation que j'avais avec Chan, relisant le dernier message qui datait d'une semaine et je restai comme un crétin, les doigts dans le vide.


Feelbok

Tu sais quoi !

J'ai une meilleure idée

Va chez lui


SpearB

Je crois pas

Il est tard


Feelbok

Crois moi

Il sera trop heureux

Il est tout seul ce soir

Hyune et Sung sont chez nous

Le connaissant il doit encore être en train de bosser


SpearB

Raison de plus

Il doit avoir besoin d'être seul pour se concentrer

Je vais éviter


Feelbok

Tu veux savoir un secret ?

Chan déteste la solitude

Il déteste le silence

Ce qui est paradoxal quand on sait qu'il se plaint souvent qu'on est trop bruyant

Mais en réalité, il a vraiment peur d'être tout seul


Je restai perplexe. Cette fois, j'avais comme l'impression que Felix disait vrai. Pas simplement pour s'amuser à nous pousser dans les bras l'un de l'autre mais comme s'il m'avouait une face cachée de Chan. Une part plus sensible et secrète qu'ils connaissaient tous et que j'avais moi-même entraperçu, sans vraiment me rendre compte à quel point ça pouvait être important. Combler le vide par la musique, par sa logorrhée incontrôlable.

Je l'imaginais alors seul chez lui, comme je l'étais en ce moment et me mordant l'intérieur de la joue, je restais une seconde à réfléchir. Une toute petite seconde où la décision était déjà prise.

Je me levais alors soudainement, mettant les premiers vêtements qui me passaient sous la main. Puis essayant d'être le plus discret possible, j'enfilais mes chaussures dans l'entrée, récupérait un manteau et mon écharpe. J'écrivai en même temps un message à Felix pour lui demander l'adresse exact, puisque la seule fois où j'étais allé à son appartement j'avais été conduit.

Etant donné l'heure tardive, j'appelai les services d'un taxi et après dix minutes de trajet, bien plus rapide que la première fois, je me retrouvai devant le bâtiment. Felix m'envoya également le code de l'entrée, ce qui me permettait de passer le gardien sans encombre. Je me retrouvai alors dans l'ascenseur, la boule au ventre et le pieds battant un rythme effréné. J'étais venu jusqu'ici sur un élan de courage, sans même respirer correctement, sans même peser réellement le pour ou le contre parce que j'avais trop peur de reculer, trop peur d'abandonner.

J'étais venu jusqu'ici, je n'allais pas faire marche arrière.

La deuxième sur la droite, je me plantais devant la porte avec une nouvelle appréhension que j'étouffais dans l'œuf. Les dents serrées, je frappai trois coups secs et je me dis alors qu'il ne pourrait pas m'entendre, s'il avait le casque sur les oreilles. Je me pinçais les lèvres, appuyant sur la sonnette et fermant les yeux en espérant que je n'avais pas fait une grosse connerie et que je n'allais pas gâcher le maigre espoir de pouvoir vivre, un petit bout de chemin, un minuscule petit rien du tout, avec le seul garçon qui ne m'ait jamais réellement plu. Qui m'obsédait au point de me faire débouler à trois heures du matin, dans un bâtiment surement occupé à 80% par des gens célèbres et stalker en permanence. Si je ne faisais pas virer dans les cinq minutes, ça serait un putain miracle.

La porte s'ouvrit finalement et me sortant de mes pensées, j'ouvrai la bouche, incapable de parler alors que Chan me faisait face. Tout aussi stupéfait. Il faisait glisser son casque autour de son cou, lentement.


« Changbin ? Mais...Qu'est-ce que tu fais ici ?

- C'est Felix. Il m'a...Il m'a donné ton adresse et... »


Je devenais rouge pivoine, bégayant comme un crétin et pourtant je continuai de le regarder comme je ne l'avais pas vu depuis des mois, alors que ça faisait à peine sept jours. C'était rien, sept jours. Ou c'était trop. Oui. Pour mon coeur, c'était beaucoup trop.


« Je voulais te voir. Je lâchai alors. J'avais envie de te voir, mais je sais que tu es occupé, que tu travailles...Pardon. »


Il restait calme et j'étais incapable de savoir ce qu'il pensait, sentant alors peu à peu toute cette détermination disparaître et la peur devenir de plus en plus importante. J'allai littéralement m'enfuir, quand il me sourit enfin. Une expiration soulagée franchis ses lèvres et ses brillèrent d'une émotion qui me bouleversait.

Comment faisait il pour être aussi magnifique ? C'était pas humain.


« T'es adorable, tu le sais ça ?

- Euh...

- C'était rhétorique. Ne répond pas, imbécile. »


Il me tirait alors par le bras et me fit rentrer, à peine eut il fermé la porte, qu'il me serrait contre lui, passant ses bras autour de mon cou pour m'étouffer dans son étreinte puissante. Je me sentais totalement enveloppé d'une chaleur douceureuse. Mon corps se détendait alors instantanément et je fermai les yeux, inspirant le doux parfum de sa peau chaude, douce rien qu'à l'aspect. Je pouvais sentir ses cheveux me chatouiller le cou, ses lèvres presser délicatement le haut de ma pommette alors qu'il reculait lentement, sans trop se détacher. Il me gardait dans ses bras, attrapant mon visage entre ses mains et plongeait son regard dans le mien. Un fin sourire sur ses lèvres pleines, caresser par une langue malicieuse qui me donna des frissons.


« Chan... », je soufflai malgré moi.


Et il ne se fit pas prier, dans un petit rire discret, il s'approcha pour m'embrasser délicatement. Ce baiser n'avait rien en commun à ceux qu'on avait déjà partagé. Il n'avait pas la précipitation de la première fois, ni la bestialité de ceux qui ont suivi. Il n'était pas aussi pudique que celui qu'on avait échangé avant de se quitter. Il était profond. Il était lent et conscient. Il était l'expression d'un désir enfin assouvi, d'un besoin de continuer et de le faire graver. J'aurai aimé qu'il me tatoue, qu'il me marque pour que je puisse à mon tour le marquer.

Je m'accrochai à son t-shirt, le serrant dans mes doigts de toute mes forces alors que nos langues glissaient l'une contre l'autre, que la température montait tout doucement. Je manquai de souffle mais pas de force car je sentais mes muscles se contracter, et tandis qu'il répondait à la pression, je me retrouvai plaquer contre le mur. Le contact rompit le baiser et je me retrouvai essoufflé, les yeux brillant de luxure et il était difficile de ne pas simplement se jeter dessus sans réfléchir. Nous étions seuls. Il n'y avait aucun obstacle.


« Tu...Tu veux boire quelque chose ? Il me demanda en roulant ses lèvres entre elles, sans quitter les miennes des yeux.

- C'est pas trop le moment, non ? Je dis en le tenant toujours contre moi, observant le passage de la chair sur cette bouche délicieuse.

- Ah bon ? Tu veux dire...Que tu préfères... »


Nous nous regardions finalement dans les yeux. N'ayant nullement envie de s'écarter l'un de l'autre, ni d'arrêter mais la raison nous criait encore de faire un petit pas en arrière. De ne pas précipiter les choses en écoutant que notre libido exacerbée par la distance et le besoin de contact. Je devais me rappeler que je n'étais pas ce genre de type, à coucher pour le plaisir quand des sentiments étaient déjà présents. Ça serait la pire erreur que je pouvais commettre. Je ne pourrai jamais m'en remettre. J'étais déjà dingue de lui, si on couchait ensemble et qu'il ne ressentait pas la même chose, dans quel état j'allais finir ? Je ne préférai même pas l'envisager.


« T'as raison, boire quelque chose, ça serait bien, je finis alors par lui dire.

- Quelque chose de frais ? Il me sourit.

- Ouais. Quelque chose de frais. »


Il s'écarta enfin me tenant toujours par la main et je frissonnai de l'absence de sa chaleur. Il m'aidait à retirer mon manteau, ma grosse écharpe dont il respira le parfum sans aucun scrupule, me faisant aussi tôt rougir et toussoter. Il n'avait vraiment aucune gêne. C'était déstabilisant.


« J'ai du Coca, du Redbull ou du thé glacé maison ? C'est Hyunjin qui aime bien en faire.

- Va pour le thé glacé. »


Il passa de l'autre côté de la table pour ouvrir le réfrigérateur. Il sortit ensuite deux verres. Je ne savais pas où poser mes yeux, ni comment me comporter. La cuisine était un peu plus petite que je n'avais l'imaginé mais je suppose que c'était suffisant. Ils ne devaient pas être souvent chez eux. Le bruit du néon et la lumière vive m'avait un peu réveillé de notre baiser fiévreux, je sentais que je reprenais peu à peu mes esprits et en même temps, je me sentais embarrassé d'avoir été aussi rapide. Il fallait vraiment qu'on freine la cadence. Lorsqu'il me tendit le verre, je le bus d'une traite et il me regardait d'un air surpris, son propre verre au bord des lèvres.


« Tu veux aller dans ma chambre ? Tu peux rester dormir ici, il est tard.

- Je crois qu'il faut qu'on parle avant, je...Je peux pas précipiter les choses. Je sais que c'est un peu abusé de te dire ça maintenant alors qu'on était...Plutôt bien lancé.

- Non, il m'interrompit aussi tôt. Tu as raison. Mais tu sais, je ne te demandais pas de coucher avec moi. On aurait pu aussi juste dormir. Enfin...Je suis ouvert à toutes propositions », il rit doucement pour détendre l'atmosphère et c'eut l'effet escompté même si j'étais encore un peu gêné. « Mais j'ai aussi envie qu'on parle. »


J'acquiesce doucement et tandis qu'il récupérait mon verre vide et terminait le sien, il me prit à nouveau à la main pour m'emmener avec lui hors de la cuisine. J'adorais cette manie. Glisser sa paume contre la mienne et me tirer lentement vers lui, maintenant cette connexion entre nous. J'aimais sentir la chaleur qui s'en dégageait et je ne pouvais m'empêcher de le serrer un peu plus entre mes doigts, caressant du pouce le dessus de sa peau.

Il se retourna rapidement, me souriant sans doute qu'il aimait aussi la sensation et je lui rendais. Puis nous arrivâmes enfin devant la porte de sa chambre, nous entrâmes à l'intérieur et il referma derrière lui. Elle était encore plongée dans le noir avec simplement les néons de couleurs électriques sur le mur, l'écran ouvert de son ordinateur. Il me prit les poignets et m'incita à m'asseoir sur le lit, tandis qu'il vint s'asseoir sur sa chaise de bureau et qu'il tirait jusqu'à moi.


« Tu veux commencer ? Il me demanda.

- Non, vas y. T'es plus doué que moi pour faire des déclarations », je souris.


Bang Chan se pinça les lèvres et je vis alors ses joues se teinter, même avec ce manque de lumière et je le trouvais adorable. Je voulais l'embrasser, maintenant, mais je me retenais parce que cette discussion était importante. Parce qu'elle pourrait tout changer.


« Je pense que tu t'en doute un peu, mais c'est vrai que je n'étais pas été vraiment très clair et c'est vrai aussi que c'est important de ne pas laisser d'ambiguïté. En vrai, j'étais terrifié à l'idée que tu me repousses, que tu aies peur de ce que je suis, de ce que je fais...J'ai déjà été en couple et ça s'est jamais bien fini. Au contraire. Depuis je me suis toujours interdit de retomber amoureux, de faire du mal à quelqu'un d'autre...Changbin..." Il me regardait droit dans les yeux et je le sentais si fragile que je sentis un pincement dans ma poitrine. " Tu me plais. Tu me plais beaucoup. Mais j'ai peur que tu ne tiennes pas le coup...Ma vie est compliquée. Tu le sais. Et c'est parfois trop dur de rester à attendre. Tu vas me voir sourire sans toi, tu vas me voir loin, donner l'impression que tout va bien et que je ne pense pas à toi...Que je m'en sors parfaitement, même si c'est faux. Et j'arriverai pas à te rassurer, parce que je serai trop loin. Pas disponible. C'est la triste réalité. Et je suis pas assez égoïste pour t'obliger à vivre cette vie. Alors...Ce que j'essaie de dire...C'est que je ne peux pas. Je ne peux pas te promettre que tu seras heureux, avec moi.

- Sois plus clair. Tu veux dire, que tu ne veux qu'on arrête, là ? Qu'on reste de bons amis ? C'est tout ?

La déchirure au fond de ma poitrine me faisait lentement grimacer. J'avais du mal à extraire ma voix tant je la sentais mourir au fond de ma gorge et risquer de craquer à tout moment. J'avais peur de comprendre, peur de faire enfin face à la réalité.

- Ce que je veux dire, c'est que je suis amoureux de toi, il baissait la tête.

- T'as une manière bizarre de le dire.

- Parce que c'est pas une bonne nouvelle...

- Je te comprends pas. »


Bang Chan soupirait, n'osant même plus me regarder.


« Enfin, si, je te comprends. En fait, je le savais. Je l'ai toujours su et c'est pour ça que je voulais pas m'approcher davantage mais c'est toi qui es venu vers moi, c'est toi qui me relançais et tu m'as littéralement dragué à ta soirée, tu...Tu... »


Je perdais mon sang froid, mes yeux se remplissaient de larmes mais je refusais de craquer et sangloter comme un gamin. Hors de question de devenir ce genre de personne qui faisait peine et qui espérait faire succomber l'autre en le prenant en pitié. Je ravalais ma salive et me redressant brusquement, Bang Chan dû reculer de sa chaise, se leva d'un bon à son tour pour essayer de m'arrêter.


« Me touche pas », je lançais plus sèchement que je ne le voudrais et je voyais à son regard que mon rejet venait de le blesser, plus que n'importe quel mot.

« Si c'était pour me jeter, t'aurai pas dû me laisser rentrer.

- J'ai pas envie de te jeter ! Je veux juste que tu comprennes que je veux pas te bloquer dans une relation qui va te faire souffrir et que si tu peux pas te contenter du peu qu'il me reste, si c'est déjà trop pour toi et que les relations à distance sont impossibles, alors...Je peux pas t'offrir autre chose.

- Tu veux dire quoi ? Que j'aurai pas le droit de me plaindre si j'acceptai ? Que t'aurai qu'à m'appeler quand tu serais dans le coin, que je devrais moi, me rendre disponible, parce que ça serait le seul moyen que j'aurai de t'avoir un peu pour moi. Je sais que t'es célèbre Chan, mais ça te donne pas le droit de demander tous les sacrifices à l'autre. C'est pas comme ça que ça fonctionne.

- C'est comme ça que ma vie fonctionne. »


C'était la triste vérité. Je le comprenais et je le savais. C'était justement ce que je détestais dans ce monde, pour cette raison que je refusais de traverser la frontière qui nous séparait et qui ressemblait aujourd'hui à un fossé infranchissable. Nos regards silencieux n'avaient plus rien d'apaisant. Ils étaient plein de haine qu'on ne pouvait prononcer car ce n'était pas contre l'autre qu'on était en colère, c'était contre la fatalité.

Il m'aimait. Je l'aimais.

Mais c'était impossible.

Sans un mot de plus, je repartais. Je n'attendais même pas qu'il me suive, même si je le savais sur mes pas, je remettais mon manteau, mes chaussures alors que ma vue se brouillait déjà et que mes joues ses gonflaient, je voulais sortir, il fallait que je sorte d'ici.


« Changbin, je suis..

- Ne le dis pas. »


Je regrettai tellement. Je n'aurai pas dû lui demander de parler, j'aurai dû juste profiter du moment, ne rien compliqué avec ma conscience à la con et prendre le bonheur qu'il avait à m'offrir, même s'il était à durée limité. Là, je souffrais avant même que ça ne vaille le coup.

J'allais ouvrir la porte quand il m'attira soudainement contre lui, plaquant mon dos contre sa poitrine et me serrant dans ses bras. Je sentais son souffle se couper et ses dents grincées.


« Je ne t'ai pas menti, je suis vraiment amoureux de toi.

- Je sais. »


Ma voix se mourrait dans ma gorge et restant encore quelques secondes dans cette position, m'imprégnant de ce parfum et ayant la désagréable sensation que ça serait la dernière fois, je quittai définitivement l'appartement de Bang Chan. 


***


« Je vous remercie Monsieur Seo. C'était très bien

- Je vous remercie de m'avoir écouté. »


Je saluais les membres du jury et je sortais du grand amphithéâtre. Une fois les portes closes, le cri commun de mes amis me fit éclater de rire. Ils me sautaient tous dessus pour me féliciter, Sujin m'embrassait même la joue, laissant la trace de son rouge à lèvre alors que je les tenais dans mes bras et qu'ils commençaient même à chanter et vouloir me jeter dans les airs.

Intenables.

Dehors, l'air était redevenu doux, l'hiver était terminé et les premières fleurs avaient éclos, tapissant les routes de pétales blancs. Une douce odeur printanière couvrait l'air pollué de la ville. Je me sentais soulagé d'un poids incommensurable, j'avais enfin soutenu ma thèse et j'étais enfin diplômé. L'école était terminée, définitivement.

J'ai même pu poster pour un poste de professeur stagiaire à l'université de Busan, cela m'obligeait à déménager mais j'avais hâte de commencer une nouvelle vie, hâte d'enfin pouvoir entamer le chemin que j'avais créé de mes mains.


« Je suis trop fier de toi Binnie ! S'extasiait encore Sujin. On doit fêter ça ! On va fêter ça !

- Et pas qu'un peu ! Me secouait Wooyoung en passant ses bras autour de mes épaules. Tu vas finir à quatre pattes mon pote ! Jusqu'à plus savoir comment tu t'appelles !

- Ca peut tellement être mal interprété ce que tu dis, soupire San à côté de lui.

- Ya ! C'est toi qui interprète mal, pervers ! sssh ! C'est mon bro, t'as vraiment des idées tordues.

- Alors arrête de le crier dans la rue, on sait jamais.

- Pff, n'importe quoi.

- Je te remercie Wooyoung Oppa de m'avoir invité, sourit Sujin en s'accrochant à mon bras. Je sais pas comment t'as fait pour avoir des entrées pour le Midnight mais j'ai trop hâte !

- Des connaissances. C'est comme ça qu'on gravi les échelons les amis, avec des contacts.

- Ou parce que t'es journalistes et que t'as chopé une photo compromettante du patron de la boîte ? T'es qu'un maître chanteur de pacotille, se moquait Asa à quelques pas devant lui, tirant la langue.

- Je suis pas journaliste d'abord, je suis détective privé, rien à avoir.

- Ca ressemble même pas à un vrai métier.

- En attendant ça paie les factures. Un bonbon ? Il tendit son paquet à Sujin qui récupéra un petit ourson en guimauve avant de me le tendre et j'en pris aussi un.

- Elle est juste dégoutée parce qu'elle peut pas venir, son mec veut pas qu'elle aille en boîte vu qu'elle est enceinte jusqu'au cou, me dit San.

- Je fais ce que je veux d'abord ! » Cria la future maman.


Je riais de la chamaillerie, marchant tranquillement dans les rues du centre et mes yeux furent automatiquement attiré par un énorme spot publicitaire annonçant un concert des Stray Kids. Les images des membres du groupe défilaient, jusqu'à s'arrêter sur Bang Chan. Mis en avant. Ou bien c'était mon esprit qui le croyait. J'arrêtai aussi tôt de sourire.


« Vous savez ce qu'on dit ! Ce qu'il se passe au Midnight, reste au Midnight, alors faites-vous tout beaux mes amours, ça va pécho ce soir, souriait diaboliquement Wooyoung.

- Ouais c'est ça. Viens Don Juan, je vais aller te montrer qui va pécho qui. »


San passait son bras autour de son cou, repartant avec son petit ami et nous fit signe tandis qu'ils rejoignaient la bouche de métro.

Sujin riait sans retenue. Elle s'était toujours bien entendu avec mes potes et ils avaient tous tendance à la traiter comme la petite sœur du groupe, pourtant on avait le même âge mais c'était vrai aussi que j'avais un peu tendance à la surprotéger. Ce qui expliquait que je n'avais jamais accepté qu'elle m'accompagne en boîte. Sauf que cette fois, je n'avais pas trop la tête à me battre avec elle. Elle était majeure après tout.


« T'es sûr que ça va Binnie ? Elle me demandait alors qu'on arrivait à notre tour vers l'abri bus.

- Ouais. Juste le contre coup du stress je pense.

- Je suis fière de toi, tu sais ?

- Merci la naine.

- C'est toi le nain. »


Mais je lui souris avec amour et elle me le rendait, je lui embrassais le coin de la tête et nous montâmes dans le bus. Je m'assis près de la fenêtre, regardant encore cet immense panneau publicitaire.

C'était toujours douloureux. Ça faisait trois mois mais ça ne passait pas. Surement parce que je continuais de le voir partout, d'entendre ses chansons. Il était impossible de marcher dans Séoul sans voir un jour son visage, sur une affiche, sur une pub pour un parfum, la couverture d'un magazine. Sur les recommandations de YouTube, ou une vidéo courte sur les réseaux. Comment oublier quelqu'un que le monde voulait voir constamment ?

Après être parti de l'appartement, j'avais reçu quelques messages. Le premier était pour s'excuser. Le second ressemblait à une banalité entre amis qui me brisât d'autant plus le cœur. Puis plus rien. J'avais répondu à chacun d'eux, peut-être trop brièvement mais je n'avais jamais été un grand bavard.

En dehors de cela, il n'y avait rien. Felix me contactait bien plus souvent, me donnait des nouvelles sur Chan que je ne demandais pas et j'avais fini par lui demander de ne plus en parler. J'avais besoin de temps. Pour laisser tomber. Bien sûr, il le refusait, il voulait que je m'accroche mais je n'en avais pas envie. Et j'avais la sensation que Chan non plus, ne voulait pas plus se battre que ça.

Je n'avais pas eu le cœur de le bloquer, pourtant ça serait plus sûr mais je n'y arrivais pas. Ca me ferait moins mal. Ainsi que je ne saurai pas que je ne compte même pas assez pour qu'il essaie de me convaincre, encore un peu. Qu'il veuille à nouveau en parler pour qu'on trouve une solution. Il m'avait avoué son amour mais il me paraissait tellement faible par rapport à la force destructrice de mes propres sentiments.

Trois mois avaient passé et j'avais toujours le même sentiment d'écrasement dès que je voyais sa tête sur une affiche en papier glacé ou sur un écran géant.

Lui, n'avait que l'embarras du choix, pour réussir à m'oublier.

Cette fête tombait peut-être bien.


***


Je m'étais un peu démoralisé en repensant à Bang Chan mais Sujin avait le don pour me faire oublier mes tracas et me concentrer sur ce qu'elle essayait de me faire porter.


« C'est indécent, je dis alors en regardant le miroir. Les coutures vont craquer et on voit mes tétons. Je dis alors que j'essaie d'éviter le garrot que me faisait le t-shirt au niveau du biceps.

Le tissu était tellement tendu qu'il devenait transparent.

- C'est toi qui fais un peu trop de sport ! Ce t-shirt te va bien, c'est les caleçons qui vont craquer quand tu vas rentrer dans la boîte.

- Tu me dég' vraiment Sujin.

- Arrête de faire ta vierge effarouchée.

- Trouve autre chose, je mettrai jamais un haut transparent.

- T'es difficile quand même. Tu sais que le meilleur moyen de se remettre d'une rupture c'est de se trouver un nouveau mec, non ? »


Je me figeais soudainement, regardant le reflet de ma sœur à travers le miroir alors qu'elle me présentait une chemise noire avec une cravate satiné.


« Je suis pas idiote tu sais Binnie. Je sais pas qui c'est mais je sais quand mon frère a un chagrin d'amour. Je comprends que tu veuilles pas tout me dire, mais je suis là, si tu as besoin que j'écoute. Ou qu'on crève ses pneus. »


J'éclate alors de rire malgré moi et elle était content de me voir sourire. Je passais la chemise noire, la remerciant secrètement de ne pas chercher à en savoir davantage. J'avais quand même de la chance de l'avoir.


« Bon. Maintenant je ressemble à un mafieux SM, je dis en me voyant avec ma chemise noir, cravate noire, ceinture et pantalon à pince. Il ne manquait plus que la gomina.

- C'est à la mode le SM.

- Ouais...

- Dude, je peux pas faire de miracle avec ta garde-robe, ok ? On va au Midnight, pas dans un club tout pourri de bas étage. Tu dois te transformer en bombe atomique.

Je pris une grande inspiration.

- Bien...Fais donc, je m'en fiche après tout. Wooyoung va tellement me saouler la gueule que je vais pas me souvenir de la soirée, alors je peux bien y aller avec un bas-résille, je m'en cogne.

- Oh le résille... »


Je fis les grands yeux et Sujin me bousculait d'un coup de fesse, avant de jeter à nouveau des vêtements sur le lit.

Fort heureusement, pas de bas résille mais je me sentais quand même un peu trop dévoilé dans cette chemise sans manche blanche. Elle était assez ample pour que dès que je levais un peu trop les bras, on voyait mes pecs à travers les trous. Elle avait gardé la cravate noir, mais elle l'avait détendu. Le pantalon avait été remplacé par similicuir dont je pensais ne plus jamais pouvoir me retirer de toute ma vie. Mes cuisses, mes fesses, tout était comprimé.


« Le talc, tu connais pas l'astuce, m'avait dit alors San en me voyant entrer dans la voiture.

- Pas grave, ça me ferait une deuxième peau ». Je dis en haussant les épaules et attachant ma ceinture.


Le grand brun me sourit et Wooyoung mis la musique à fond, se mettant déjà dans l'ambiance et entrainait Sujin avec lui. Le couple était venu nous chercher, San allait jouer les chauffeurs responsables pour ce soir, ça lui permettait aussi de surveiller son petit-ami qui était déjà un peu trop exalter à son goût, même s'il adorait le voir aussi excité. L'amour se lisait dans les regards qu'ils partageaient. C'était beau. J'en était presque jaloux.

La boîte était dans un immense building qui brillait au centre du quartier des affaires de Séoul. La boîte était au rez-de-chaussée mais tout le complexe comptait aussi des restaurant et un immense Palace hôtel pour tout type d'évènement. Au tout dernier étage, il y avait même un roof top pour la soirée les plus luxueuses et privées.

C'était une institution, un endroit qu'on rêvait de voir au moins une fois dans sa vie, quand on aimait ce milieu.

Les files d'attentes pour pouvoir entrer ne semblait jamais désemplir mais Wooyoung avait ses places VIP. Il passait devant le vigile et on rentrait tellement facilement que je me demandais pourquoi j'avais fait autant d'effort. J'avais même mis des lentilles pour l'occasion. Plusieurs hôtesses d'accueil nous firent passer divers dédales de couloirs pour enfin arriver dans la grande salles. Le son, la lumière, tout explosait autour de nous et Wooyoung sautillait déjà et partait danser avec Sujin. San secouait la tête et je le suivais pour aller se poser sur la table qui nous avait été attribué avec les pass. Une bouteille nous attendait déjà.


« T'es sûr que lui a pas fait une pipe au patron plutôt que du chantage ? Je dis alors pour taquiner San.

- Je sais pas ce qu'il a pris comme photos, mais il veut vraiment pas que se sache », me sourit le brun.


Nous ouvrîmes la bouteille tout sourire et on s'est servi goulument, ravi de commencer la fête avec un bon verre. Et ces derniers s'enchainaient, en tout cas pour moi et le reste de la bande qui avait fini par nous rejoindre. Seul San restait sage, il avait bu un verre et restait au soda, un oeil protecteur sur la petite furie qui lui servait de mec.

Sujin s'amusait comme une folle, lorsque des garçons s'approchaient un peu trop, mes amis faisaient les chiens de gardes et j'adorais la voir criser parce qu'elle ne pouvait pas flirter en paix.

Je riais de bon coeur, totalement bourré, fallait le dire. Je n'avais même pas senti quand on est venu s'assoir à côté de moi.


« Je vois que t'as bien entamé ta soirée toi. »


Je me tournais dans une lenteur pas du tout maîtrisée, Yukihara me souriait d'un air taquin. Il glissait ses doigts sur mon front, dégageant une petite mèche collée par la sueur. Je lui servis un grand sourire, heureux qu'il ait pu venir comme il avait promis.


« J'avais oublié à quel point t'étais mignon que tu buvais Binnie, tu veux pas un peu d'eau ? Sinon tu pourras pas tenir la distance.

- Ouais de l'eau. De l'eau sur le visage. Sur le corps aussi. Je boue Yuki, mes cuisses elles sont en feux à cause de ce pantalon de la mort ! »


J'étais dans l'exagération bien sûr mais les mots d'ivrognes n'avaient aucune valeur. Tout était plus brillant, plus beau aussi. Tout était plus simple et je riais de ma propre bêtise. J'avais quand même conscience que je faisais n'importe quoi, ça n'avait juste aucune importance. J'étais bien. Sans aucun souci, ni de star de la chanson coréenne pour m'anéantir.


« Je vais te chercher un verre d'eau. Bouge pas p'tit cœur. »


Il m'embrassait la joue, et se leva pour rejoindre le bar. Je me rendais alors compte que j'étais seul à notre table. Ils étaient tous sur la piste et je me sentais alors étrangement mal. Lourd. Je regardais mon verre pratiquement vide et le laisser choir sur la table, passant ma main sur mes yeux tandis que je sentais mon cœur se serrer.

Pourquoi je redevenais morose tout à coup ? Je faisais la fête, ça n'avait pas de sens.


« Sors de ma tête putain... », je soufflais entre me dents tandis que je me levais maladroitement.


Mon environnement tanguait dangereusement mais je réussi à retrouver un équilibre et je m'avançais alors vers le bar, j'attrapai Yuki par la taille et il sursauta avant de me reconnaître. Mon menton se posait sur son épaule tandis qu'il amenait le verre d'eau à ma bouche. Je l'avalais rapidement, puis le redéposant sur le comptoir, je lui pris la main pour l'emmener sur la piste.

Je n'étais pas un excellent danseur, je n'aimais même pas particulièrement ça mais une fois alcoolisé, j'avais comme tout le monde, tendance à être totalement désinhibé. C'est presque avec autorité que je collais me bassin contre celui du japonais qui était loin de se plaindre. Il ondulait contre moi sans se soucier de rien, ne prêtant pas attention aux regards des autres, si tant est qu'on nous regardait. Le monde était effervescent, j'avais la corps bouillant, l'air était presque irrespirable et ma peau collait. Dans le brouillard, la musique était une succession de percussions et de basse sans réussir à distinguer le début de la fin d'une chanson. Elle était soit entrainante, soit sensuelle, soit épileptique.


« J'ai envie de vomir... »


Je m'arrêtai au milieu de la foule. Tout bougeait dans tous les sens. Je devais aller aux toilettes, vite. J'essayais de me frayer un passage, de plus en plus mal, je ne savais même pas où je foutais les pieds, si j'étais dans la bonne direction ou si je m'enfonçais dans les coulisses dans un lieu inconnu. Je n'arrivais plus à faire un pas et au milieu d'un couloir, sans que je sache vraiment où j'étais, je me laissais glisser contre le mur. Essayant de réfréner ma nausée, les yeux fermés.

Ca faisait longtemps que je n'avais pas autant forcé. Wooyoung voulait me voir à quatre pattes, c'était réussir, j'allais littéralement ramper pour sortir d'ici.


« Changbin, c'est toi ? »


Cette voix ne m'était pas inconnue, même si le visage qui allait avec ne revenait pas tout de suite. Je me redressais maladroitement et je tombais alors l'air surpris de Han Jisung.


« Ouha, t'en tiens une couche dis donc, il sourit en s'approchant, essayant de m'aider à me lever.

- Ouais, j'ai des raisons de faire la fête.

- Ah bon ? tu fais la fête là ? T'avais l'air de vouloir chialer.

La franchise, c'était pas toujours l'idéal mais ça avait le don de me faire un petit peu dessaoulé.

- J'ai terminé ma thèse, je fête ça avec des amis, je lui répondais alors un peu sèchement. Pour le reste, c'est vrai que j'avais pas d'autres raisons de me torcher la gueule.

- Désolé, je voulais pas paraître méchant, il essayait de se rattraper mais je l'arrêtais d'un geste de la main.

- Laisse tomber. Je sais. »


Je revenais sur mes pas, n'étant même plus sûr que j'étais encore dans la boîte.


« Il est là », s'exclamait à nouveau Jisung.


Je m'arrêtais. La tête vide et une sorte d'acouphène dans les oreilles.


« Dans les balcons au-dessus de la fosse, il y a des tables privées. Viens avec moi, il sera content de te voir.

- Non ! »

Je crois que j'avais été un peu trop virulent, car Jisung fit un pas en arrière.

« Désolé, je repris à nouveau calme. Non, c'est gentil mais je suis pas tout seul. Je vais y aller maintenant. Passe le bonjour aux autres. »


Je repartais rapidement, ouvrant la porte de l'autre côté du couloir et j'arrivais directement dans un recoin de la grande salle. Je percevais à peine les visages et en faisant le tour, je me sentais alors soudainement fatigué. J'avais mal au crâne et l'envie irrépressible de rentrer, de m'enfermer dans ma chambre et de mettre mon casque sur mes oreilles. Faire disparaître le reste.

Et comme si le destin s'acharnait sur moi, les notes de la prochaine musique qui exaltait la foule était l'une de leurs chansons. Je me suis à nouveau arrêté au milieu des danseurs. Non loin, j'apercevais Sujin qui dansait, surement en reprenant la chorégraphie du groupe et beaucoup d'autres faisaient comme elle, chantait le refrain dans toute la boîte. Je levais alors les yeux sur les balcons au-dessus de la fosse, je les vis tous les sept, penché sur la barrière qui hochait la tête en rythme et les projecteurs les illuminés, appelé par le DJ et bientôt par la masse qui les acclamait.


« STRAY KIDS ! STRAY KIDS ! »


L'image parfaite. Moi en bas, dans l'ombre, et lui en haut, à la lumière.


***


A suivre

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