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OS - Binchan [Partie 1] IDOL


Je vous avais dit que le Binchan me manquait et j'écris tellement sur celui ci que ça aurait pu être une histoire à part entière !

Résultat il sera en plusieurs parties. 

Vous plongez ici dans un univers alternatif où Changbin ne fait pas partie des Stray Kids. 

Ca va commencer en douceur et ça deviendra un peu plus corsé au fil des parties.

ENJOY

D. 


PS : j'ai toujours eu un faible pour les mecs à lunettes... 🤓




Je ne sais pas si c'est une incroyable chance ou la punition d'une mauvaise action dans une vie antérieure. Si j'ai mérité les tourments d'un choix qui n'a jamais été mien, aussi invraisemblable qu'inespéré, comme la vague scélérate qui t'emporte dans un enchainement d'évènements que tu ne maîtrises plus.

Parce que quand l'amour te tombe dessus, tu ne peux rien faire d'autre que de tenir le coup, même s'il te brûle, même s'il te pousse à bout. Qu'importe que le chemin soit couvert d'épines, que tu pleures plus que tu ne souris, parce que les rares moment où il se tourne vers toi, c'est pour tout effacer. Oublier à quel point tu as mal, oublier à quel point t'es un idiot qui ne se repose que sur des miettes d'une relation que des millions de gens aimeraient vivre à ta place sans imaginer une seconde le prix à payer.

Il y a un an de ça, c'est une vie que je n'aurai pas imaginé avoir.

Attendre un signe de vie sur un écran noir, le déverrouiller toutes les deux secondes pour ne regarder que la moitié d'un visage que je n'ai pas le droit d'afficher ni même de conserver dans ma galerie et dont le bras passe sur mon épaule, pour déposer ses lèvres sur ma joue. Modifier son nom sur le numéro, être le je ne sais combientième à liker une photo sur les réseaux, tenter d'envoyer un message privé sur son compte officiel plutôt que son compte personnel, à défaut de pouvoir le contacter autrement. N'obtenir rien d'autre que le silence et l'attente.

Insupportable attente.

C'est déjà la troisième fois que j'hésite à arrêter les frais. La troisième fois que je me dis que si c'est difficile, je peux tout aussi bien laisser tomber. Le bloquer, regagner l'existence du commun des mortels.

Nous, pauvres pêcheurs, qui n'ont jamais espéré une seconde qu'un coup d'œil, aussi innocent que marketing, puisse devenir un jour, le reflet de la réalité.


C'était d'autant plus vrai, qu'il y a un an encore, je ne connaissais même pas le nom de Christopher Bang Chan, leader du très célèbre groupe Stray Kids.


***


J'ai toujours trouvé ça amusant. Regarder les gens tenter de me parler alors que j'ai mon casque sur les oreilles. C'est la même sensation que lorsque je marche dans la rue et que la musique couvre toutes mes pensées, qu'elle me plonge dans des élucubrations parfaitement personnelles, des émotions qui se mêlent à des images et qui me donnent la sensation de plonger dans un autre monde. Un monde de fiction que je façonne, comme si je me voyais de l'extérieur et que je prêtais des rôles aux gens, à la nature qui m'entoure.

J'adore cette sensation, pas sûr en revanche qu'elle amuse encore très longtemps Sujin, qui semble perdre patience alors que je regarde ses lèvres bouger étonnement bien en rythme avec la voix du chanteur qui percute dans mes oreilles.


« Tu vas arrêter de te payer ma tête ! Dit elle en retirant finalement le casque de ma tête.

Mes cheveux retombent devant mes yeux et alors que je remonte mes lunettes sur mon nez, je lui sers un grand sourire un tantinet moqueur.

- Salut à toi aussi Sujin, comment je vais ? C'est gentil de poser la question. Je vais bien écoute. Et toi alors ? Tu m'as l'air tendu.

- Arrête de te moquer de moi ! C'est super important ! »


Elle trépigne mais elle ne semble pas vraiment en colère ce qui ne signifie qu'elle veut me demander un service. Ce n'est pas ma sœur jumelle pour rien et même si on est très différent, on se comprend d'un simple regard. On a partagé le même ventre pendant neuf mois, élevé par nos parents dans l'amour familial et traditionnel de la famille Seo, et pourtant parfaitement différent. Là où elle est plus expressive, enjoué mais aussi caractérielle, je suis plus discret, je passe beaucoup de temps seul dans ma chambre à travailler ou bien avec quelques amis sans être quelqu'un qu'on pourrait considérer comme sociable, contrairement à elle. Cela ne nous empêche pas d'être très proche, parfois même au point de nous couper du monde, de rester des heures ensemble sans rien dire à simplement partager un temps calme où elle se calle contre mon épaule, regardant ses vidéos de chanteurs favoris, pendant que je travaille sur ma thèse.

Je l'adore et je sais qu'elle m'aime aussi, bien que parfois que je puisse douter qu'elle ne préfère pas ses groupes de kpop à son propre frère.


« Regarde ! Elle me tend son portable. J'ai réussi à choper des billets pour le Fan Meeting de Stray Kids.

- Ok, dis je alors en regardant l'écran avec le billet. C'est bien Sujin.

Je crois que ma désinvolture l'agace, elle sautille une fois de plus, grognant presque de mon manque d'intérêt quand elle pointe le billet avec son ongle manucuré.

- J'ai deux places. Il faut que tu viennes avec moi.

- Quoi ?! »


Très bien, là elle a tout mon intérêt et pas le celui qu'il faut puisqu'elle fronce les sourcils en me voyant reculer, puis transforme son joli visage rond en une moue suppliante, se jetant bientôt à mes pieds, les mains attrapant les miennes et me faisant ses grands yeux larmoyants.


« S'il te plaaaaaaait, accompagne moi Binnie ! Papa refuse que j'aille au Fan Meeting toute seule, il m'a dit que si tu m'accompagnais pas, je n'irai pas.

- Mais merde t'as vingt cinq ans, t'es adulte, il fait chier le vieux aussi...J'ai pas le temps de ces conneries.

- Aller Oppa, ça sera bien et puis tu pourras peut-être refiler une compo au groupe ! Si tu veux je le fais pour toi, et tu pourras te faire des contacts ? »


Je rougis aussi tôt, gêné au possible et retire mes mains des siennes en récupérant mon casque. Je ne suis pas le seul à bien connaître ma petite sœur, elle aussi sait toucher les points sensibles. Mon amour pour la composition et la musique a toujours été un hobby, je n'ai jamais songé à en faire un métier, pas une seconde. Je viens d'une famille traditionnaliste, non pas que mes parents m'auraient empêché de suivre ce chemin mais je crois que de moi-même, je me suis toujours dit que ce n'était pas mon monde. Toutes ces aventures qui arrivent aux autres, qui font de célébrité des gens que je ne pourrai même pas imaginer toucher du bout du doigts et je ne pense pas les envier. J'aime l'idée que ça reste un plaisir, j'aurai été incapable de supporter la pression, d'en faire une contrainte. En réalité c'était la peur, la peur que je finisse par détester ma passion.

Mais je ne suis pas malheureux pour autant, j'aime ce que je fais, ce que j'ai choisi pour vivre mais ça reste dans un coin de ma tête et mon cœur, comme le rêve d'un gosse à qui a composé ses premiers vers sur un vieux cahier de cours et qui a bossé tout un été pour se payer son premier sampler.


« Oppa..., chuchote Sujin. T'es doué tu sais, je suis sûr que ça peut les intéresser. Je le donnerai à Bang Chan, il est pas comme les autres. ILS sont pas comme les autres. Les Stray kids ils...

- Sujin, je l'interromps non voulant pas entendre encore une fois le même discours. Je t'accompagnerai, c'est bon. Tu veux bien sortir de ma chambre maintenant ? J'ai encore pas mal de boulot. »


Elle se redresse, bien moins excitée que lorsqu'elle est venue me supplier et se mordant les lèvres parce qu'elle se sent coupable. Elle sait à quel point je suis sensible sur le sujet et combien son insistance me dérange. Elle ne peut pourtant pas s'en empêcher, parce que plus que tout, elle veut me voir heureux et elle est persuadé qu'on ne peut l'être qu'en s'accrochant à ses rêves, même les plus insensés. Encore une chose qui nous différentie. Mais je suis heureux qu'elle ait le courage de ses convictions, de ses espoirs même ceux qu'on estimerait irréalistes. C'est ce qui fait sa force et c'est ce qui fait que je l'admire. Sujin a réussi à vivre de son rêve de petite fille en devenant vétérinaire, tout en écoutant sans discontinuer son groupe préféré. Son nouveau rêve est de les rencontrer bien entendu et elle ne reculera devant rien pour l'obtenir. Je ne peux pas me permettre de lui mettre des bâtons dans les roues et elle sait parfaitement que je ne le ferai pas.

La voyant alors triste, je me dois de la rassurer. Je me rapproche en glissant sur ma chaise, me saisissant à nouveau des ses mains pour l'obliger à me regarder.


« Souris la naine, je t'accompagne j'ai dit.

- C'est toi le nain. » Elle rétorque aussi tôt.


Je ne peux m'empêcher de rire. Je la bouscule alors d'un petit geste du pieds pour la pousser dehors et elle finit par obtempérer, un dernier petit regard inquiet en arrière. Je lui tire la langue et referme la porte. Ce n'est que là que je m'autorise à soupirer. Je regarde mon bureau, mon lit, une certaine mélancolie dans le cœur que j'essaie de réprimer et de faire disparaître. Je regarde mon casque de longues secondes, entendant encore le très léger son s'en dégager puis je le récupère, augmentant le volume à fond, avant de me replonger sur ma thèse.


***


Le fameux rassemblement de fan arrivant à grand pas, Sujin m'a forcé à écouter leurs chansons. J'ai eu beau lui dire que je me fichais bien de leur musique, je n'avais pas prévu d'aller faire signer mes pecs et après une petite bagarre enfantine, j'ai abdiqué.


« Case 143 ? C'est quoi ce titre.

- Ecoute je te dis ! Tu vas adorer !

- Hum. Pas sûr. Tu connais mes goûts. Je suis loin de la pop classique.

- Stray Kids c'est pas de la pop classique. Ecoute et tu me diras.

- Mais je les entends tous les jours tes trucs, tu passes tes journées à les écouter.

- Ecoute ou je balance les photos de toi en pleures parce que je cite « moi aussi j'ai le droit de porter de jolies jupes pour la rentrée ! »

- J'avais six ans sale traîtresse ! » Je m'offusque rouge de honte.


Mais elle était mortellement sérieuse et je le savais parfaitement. Elle repositionna alors le casque sur ma tête, sachant que c'était ainsi que je préférai écouter la musique et balançant à fond la totalité de leur dernier album. Elle marmonnait en entendant le son filtrer en bruit sourd, tandis que la musique explosait dans mes oreilles. Les voix se complétaient, la musique était un enchainement de plusieurs styles, ce qui pouvait être propre à la pop coréenne. Cette façon de faire un peu de rap, un peu de pop, puis de glisser des petites phrases anglaises facile à répéter. Mais je ne pouvais pas le nier, il y avait quelque chose en plus. L'originalité. Ce n'était pas si évident, j'avais la sensation que les groupes essayaient tous de se démarquer, au point parfois de se ressembler dans leur manière d'être différent.

Mais les Stray Kids avait un genre encore plus étrange. A la limite du bruyant et en même temps parfaitement harmonieux. Leurs voix ne se ressemblaient pas, se distinguaient et se mariaient parfaitement. C'était bien.

Même plus que bien.


« Alors ? Elle me demanda tout sourire. Tu aimes ? Je suis sûr que tu aimes, je le vois à ta tête.

- En tout cas ça reste dans la tête.

- Ne sois pas de mauvaise fois ! Je l'ai vu ! La petite étincelle dans tes yeux quand tu entends une chanson que tu apprécies et que tu vas finir par écouter en boucle pendant des jours !

- On est pas jumeaux pour rien, je rappelle alors je savais parfaitement qu'elle faisait la même chose. D'ailleurs j'en ai reconnu une que tu écoutes beaucoup en ce moment...Charmer ?

- Ah oui..., elle s'extasie en levant les yeux. Trop sexy. J'adore le passage de Felix, trop sensuel.

- Celui qui a la voix grave ?

- Hum. Il est trop fort mais c'est pas mon bias. Mon bias c'est Seungmin, il est trop mignon. Regarde. »


Elle me montre immédiatement la photo sur son fond d'écran. Un jeune homme brun, en costume BCBG et des petites lunettes rondes. Le style aristo par excellence même si je devine que cela devait être une thématique pour un photoshoot. Elle glousse, marmonnant je sais quoi sur le fan meeting et à quel point elle avait hâte.


« Il faut que tu apprennes leurs noms, je veux pas me taper la honte.

- J'ai vraiment pas besoin, je compte parler à personne. Je vais faire le piquet et après que tu sois tomber dans les pommes au moins trois fois, je te ramènerai dans la vraie vie Cendrillon.

Mais elle s'en fichait, me montrant déjà les photos des sept membres.

- Alors lui c'est Hyunjin, il est trop beau et il a une de ces présences ! Et lui c'est Lee Know, nan mais regarde-moi son regard, il a l'air tellement sassy, je fonds... »


Elle ne s'arrêtait pas, me décrivant chacun d'entre eux et je devais bien faire semblant d'écouter un peu, sinon elle allait recommencer. Je savais de toute façon qu'elle allait me tenir la jambe avec sa crise de fangirl jusqu'à la fin de l'après-midi. J'écoutais alors d'une oreille distraite, tandis que je parcourais le web à la recherche de certaines paroles que j'avais entendu dans les chansons du groupe. La façon qu'ils avaient de rapper était intéressante, j'aimait la rythmique dans le langage et en bon amateur, j'étais curieux. Leur caractéristique physique ou ce qui faisait l'un plus sexy ou plus sauvage que l'autre, je m'en fichais un peu.


« C'est quoi Racha ? Je demandais finalement.

- C'est un peu la base du groupe, 2RACHA. Ils ont des sous-sections pour la danse, le rap et le chant. Avec DanceRacha, VocalRacha etc. C'est Bang Chan qui a fondé le groupe avec Han et c'est eux qui composent la plupart des chansons. Surtout Bang Chan d'ailleurs. C'est un vrai acharné. »


En même temps elle me montrait à nouveau l'image du leader, c'était la capture écran d'un live sur youtube et je remarquais alors qu'il était habillé sobrement, contrairement aux extravagances qu'ils présentaient tous sur scène. Il ressemblait presque à un garçon lambda, dans sa chambre. Un bonnet noir sur la tête, un grand sourire qui faisait apparaître ses fossettes et briller ses yeux.


« C'était dans le Chan's Room. Ca me manque trop...Il faisait des lives sur youtube avec ses fans, c'était trop bien...

- Pourquoi il a arrêté ?

- J'en sais rien, elle haussa les épaules. Les gens pensent que c'est l'agence qui a poussé au cul, d'autres qu'il a pas le temps ou alors il en a eu marre des haters. Peut-être aussi que sa proximité avec les fans et ce que subissaient certains membres à côté, l'empêchait vraiment de prendre du recul, de se protéger et de protéger les autres. On sait pas. Il a dit que c'était son choix, mais dans ce monde, on est sûr de rien. »


L'espace d'une seconde j'avais la sensation de l'entendre parler de quelqu'un de proche, d'un ami tant ça semblait l'affecter et j'ai même compati. Je la sentais réellement attristée et puis je me suis souvenu du monde dans lequel ils évoluaient. Même s'ils avaient choisi leur voie, cela n'excusait pas la haine. Je regardais une fois encore la photo du leader du groupe, son sourire qui m'apparaissait sincère me semblait soudainement fatigué.

La petite envie née au fond de mon cœur avait disparue aussi tôt.

Sujin n'en avait aucune idée, mais j'ai écouté une bonne partie de leurs chansons le soir même, me concentrant sur les paroles et leurs voix.


***


Le grand jour était arrivé. Je savais que Sujin serait intenable jusqu'à l'heure fatidique du départ et je laissais bien volontiers mes parents gérer ses crises de larmes et de rires, en attendant j'étais partie avec mon sac de sport pour me défouler un peu. Je n'avais pas foutu le pieds dehors de presque tous l'hiver, détestant particulièrement le froid Séoulite et me concentrant sur ma thèse, je retrouvais la vie extérieure comme un ours sortie de son hibernation. Bonnet, plus capuche de hoodie noir, plus capuche de ma doudoune, rien ne dépassait en dehors de mon nez et la monture noire de mes lunettes. La salle de sport n'était pas très loin de notre appartement, j'habitais presque au centre dans des quartiers assez aisés. La salle donnait sur une des rues principales, la grande baie vitrée où trônaient les nombreux tapis de courses, était jonché de pub pour le bien être et le remise en forme.

Je ne me prenais même pas la peine de retirer mon casque, augmentant simplement le son alors que je rangeais mon sac dans mon casier et retirait ma veste et mon hoodie. Me vider l'esprit, ne pas penser à cette journée qui s'annonçait fatigante où je risquais de perdre mes oreilles sous les cris des fans en délire pendant le Fan meeting. Puis après pendant la séance de signature, à faire le pieds de grue derrière la file, à attendre que ma sœur soit passée avec chacun des membres. Je soupirai d'avance.

Je m'épuisais alors, me sentant bien plus calme après une bonne séance de sport. Je profitais des douches de la salle, sachant parfaitement que Sujin aurait réquisitionné la salle de bains pour faire ses milles essayages en vêtement et maquillage.

En rentrant, je voulu m'esquiver dans la chambre jusqu'au départ mais elle m'arrêta en larmes, le visage rouge et le maquillage dégoulinant.


« BINNIE ! C'est la merde ! La merde ! J'ai perdu ma boucle d'oreille ! Elle est tombée dans le siphon. Il faut que tu m'aides ! »


Ca ne valait pas la peine que je me batte. Impossible de la raisonner dans cet état, elle était stressé et je risquais juste de faire durer la crise alors je me pliais à ses volontés. J'allais récupérer sa boucle d'oreilles, je la laissais m'habiller parce que mes vêtements étaient beaucoup trop sobre et que j'allais lui faire honte. En toute honnêteté, je ressemblais à un pantin et ma mère compatissait à mon malheur, m'apportant une petite collation alors que j'attendais qu'elle termine de se préparer.


« On va être en retard Sujin, je lançais tandis que j'étais assis sur ma chaise haute dans la cuisine, terminant le smoothie que ma mère avait préparé.

- Prend ça avec toi mon cœur, elle m'avait dit en me donnant une petite boite en plastique avec des fruits coupés.

- Maman, je vais pas prendre une gamelle avec moi. Tu crois qu'on part en voyage ou quoi ?

- Mais Sujin a rien mangé depuis ce matin.

- T'en fais pas, je l'emmènerai au resto après. »


Ma mère s'arrêta net avec sa boîte dans les mains, coulant un regard attendrit avant de me caresser la joue et me dire que j'étais un gentil garçon et un bon grand frère. Je le savais mais je ne me lassais pas de l'entendre de la femme que je respectais le plus au monde. Me penchant alors pour quémander un bisou, elle claqua ce dernier sur ma joue avant de me repousser, amusée par mon comportement de bébé en manque d'attention.


« Sujin ! Je criai cette fois. Je te préviens j'irai à l'heure ou pas du tout !

- C'est bon j'arrive ! »


Je me levais alors de ma chaise, ma mère m'époussetait, une manie que me donnait envie de la taquiner alors que ma sœur se présentait enfin, faisant un tour sur elle-même dans sa tenue.

Ses longs cheveux noirs étaient travaillés en ondulations, son maquillage argenté et rose se mariait parfaitement à son gloss qui rendait ses lèvres pincées encore plus visibles. Elle avait un collier ras le coup avec des perles et une robe blanche avec des fleurs pastel. Elle était mignonne mais comme je connaissais la bête, je me retenais de rire ce qui transformait son jolie minois en un volcan prêt à rentrer en éruption.


« T'avise pas de rire, sinon je t'embroche avec l'une de mes trente six épingles dans les cheveux.

- C'était pas une robe que tu mettais au lycée sérieux ?

- La ferme !

- Aller les enfants, amusez vous bien, nous embrassait notre mère.

- Tu parles, je grommelais.

- Pff, c'est pas comme si je savais pas que tu les avais écouté toute la semaine ! Tu deviens fan ! Je le sais !

- Moi je m'extasie pas devant leurs visages imprimés sur des petites cartes placardés dans mon journal intime, j'apprécie le talent.

- Ouais c'est ça. »


Ma mère riait de nos chamailleries, alors qu'elle aidait Sujin à mettre son manteau de laine. Je récupérais de mon coteau ma veste en cuir et mon écharpe grise épaisse. Sujin m'avait forcé à mettre un jean troué, avec se froid, j'avais envie de l'insulter parce que je savais que la peau de ma cuisse allait geler instantanément. Au moins, j'ai pu mettre mes bottines mais alors que je voulais rajouter ma doudoune par-dessus ma veste en cuir, elle avait refusé que je la mette parce qu'elle avait un trou sur le coude.


« On s'en fout bordel !

- Non on s'en fout pas. Tu subis, comme je subis mes talons de douze centimètres, ok ? »


Elle me tirait alors dehors, tandis que je me rouspétais, passant son bras au dessous du bien et profitant de mes poches pour venir glisser sa main à l'intérieur, nous marchions dans les rues jusqu'à atteindre le bus qui nous emmènerait surement vers l'endroit le plus bruyant de toute la ville.

Le monde qui s'agglutinait devant la salle, les panneaux, le cri des fans déjà en transe alors qu'elles n'avaient encore vue personne me donnait déjà des maux de tête. Heureusement, j'ai pensé à prendre des cachets et des boules quies. Je savais que Sujin m'aurait tué si elle avait su, alors je les gardais précieusement dans la poche intérieure de ma veste et je les sortirais une fois dans la salle.

J'avais beau me plaindre, je sentais Sujin toute excitée et particulièrement joyeuse, son empressement me donnait finalement envie de sourire et embrassant le haut de son crâne, nous attendions notre tour pour rejoindre la salle. Les écrans renvoyaient des images du clip promotionnel de l'album, Sujin avait choisi des places tout devant, bien sûr, je n'en attendais pas moins. Nous approchions des sièges quand je me suis fait bousculer par deux filles qui firent tomber un stick lumineux. Je le récupérai avant de leur tendre et elles s'arrêtèrent une seconde en me regardant, bouche bée et rougissantes, l'une d'elle s'inclina avec un petit sourire en coin, tandis que sa copine peinait à me remercier avec de mots, serrant le bras de sa copine contre elle.


« Merci beaucoup ! » Elles répétèrent avant de s'enfuir en me jetant de petit coup d'œil par-dessus leurs épaules.


Elle devait à peine être adulte et ça me faisait toujours autant bizarre d'attirer les regards. La plupart du temps j'arrive à me fondre dans la masse, je mets des vêtements assez larges et je ne fais pas spécialement attention à mon apparence. Même si je fais du sport et que j'ai une certaine masse, elle est souvent cachée derrière mes gros pulls et mes pantalons larges. Quand je me donne la peine, ou quand Sujin souhaite à tout prix s'exhiber à mes côtés dans une soirée quelconque, je peux déclencher un certain arrêt sur image.


« Quel bourreau des cœurs, tu vas faire de l'ombre aux Kids si tu continues.

- Pff, n'importe quoi », je réponds peu à l'aise.


J'apprécie l'intérêt mais je ne suis vraiment pas doué pour y répondre, si tant est que j'en ai envie. Je me remets à ma place et j'attends. Etrangement stressé.

Je tapote ma veste, sentant toujours la petite boîte contenant mes boules-quies quand le son s'intensifie brusquement et que la lumière se baisse. La voix grave de Felix résonne dans les baffles et tout le monde se lève. Dans la précipitation, je fais tomber le précieux et je suis bousculé par ma sœur qui hurle aussi fortement que les autres.

Tant pis. Je suppose que ce n'était pas si grave.


***


Je comprends pourquoi ces groupes jouissent d'autant de notoriété. Les fans ont l'impression d'être proche d'eux. Malgré la salle immense, la distance, ils donnent cette sensation de les accueillir dans leur quotidien et ils paraissent réels, sincères. Je trouve cela particulièrement troublant. Je n'aime pas ça en réalité. Ça un tour de magie, une illusion, sans que je puisse connaître le truc et je suis quelqu'un qui aime la vérité, même si elle peut être parfois difficile à accepter.

Je sais que Sujin a conscience que c'est surement dicté et écrit par les agences, que leur personnalité, parfois leur interaction est un peu, voire beaucoup, forcé. Après tout ce sont des êtres humains, c'est impossible d'être toujours de bonne humeur avec tout le monde, d'être lisse, parfait et sans aucun défaut. Je n'ai pu m'empêcher de regarder leur prestation, les jeux et les diverses participations avec le public d'un œil totalement externe. J'essayais de réparer les fausses notes, ce qui pourrait prouver qu'en réalité, ils ne sont pas aussi parfaits qu'ils veulent faire croire. Le signe d'une fatigue, d'un désaccord non verbalisé, voire d'un différend. Quelque chose qui les rendrait comme tout le monde. Non pas pour les pointer du doigts mais plus pour être rassuré. Arrêter d'avoir cette gêne qui me donne la sensation d'assister à une mascarade qui ne sert qu'à vendre des peluches et des t-shirts.

Et puis, s'il n'y en avait pas, ou si l'irritation de certain, ressemblait plus à une petite altercation balayer par le plaisir d'être ensemble sur scène, sous l'œil véritablement protecteur de leur leader, c'était peut-être qu'il y avait un peu plus de vrai que je ne pouvais le croire.

Après le Fan meeting, il y avait une séance de dédicace pour ceux qui avaient le pass. Bien sûr Sujin s'en était procuré et la salle était un peu plus petite et moins bruyante. Ma sœur avait les larmes aux yeux, tremblait littéralement à l'idée d'en rencontrer ses Idols. Je pourrai me moquer mais je n'en faisais rien. Au lieu de ça, je lui tenais la main et quand elle se faufila dans la file, je me déplaçais pour me mettre en retrait et m'appuyer contre le mur, attendant bras croisé sur le torse qu'elle fasse le tour. Un agent de sécurité était à quelques pas de moi, me regardait brièvement avant de revenir vers la ligne de fan.

De prêt, les membres me paraissaient subitement plus naturel, plus fatigués surement aussi. Même s'ils riaient avec eux, qu'ils acceptaient gentiment leurs cadeaux ou de prendre leurs mains. Je les détaillais avec un peu plus d'attention, me remémorant alors toutes descriptions de ma sœur qui pouvait se résumer à « ils sont trop beaux, ils chantent trop bien ! ». Je vis le fameux Seungmin, celui qu'elle disait vouloir épouser et le trouvait alors un peu moins gentillet, il avait même un côté espiègle qu'il semblait gardé secret. Felix et sa voix grave au contraire ne cessait de rire, ce qui se prêtait bien à ce qu'elle m'avait dit sur l'australien. Il avait l'air heureux d'être là, tout en étant méfiant. Je remarquais alors que son genou touchait celui de son voisin, le danseur Hyunjin. Je fixais le genou puis je vis même une main venir toucher sa cuisse avant de se retirer.

Tiens donc. J'en souris en me souvenant également de toutes les vidéos et histoires que Sujin regardait en boucle en s'imaginant des romances au sein du groupe. Elle n'avait peut-être pas tout à fait tort.

Je regardais chacun d'eux jusqu'à retrouver Sujin juste devant le leader. Bang Chan. Le compositeur. Depuis que j'avais commencé à les écouter, il était celui qui me revenait le plus souvent à l'esprit. A travers ses chansons, j'avais eu la curiosité d'en savoir plus. Je m'étais renseigné, sans en toucher à mot à la fangirl de service, sinon elle ne m'aurait pas lâché avec ça. Je l'avais fait simplement par intérêt artistique.

J'avais envie de comprendre, envie de voir qui il était pour mieux saisir sa façon de créer, d'où provenait ses idées. Parce que j'avais la sensation de saisir quelque chose du bout des doigts, d'avoir la possibilité de communiquer avec quelqu'un sans lui parler directement et ça me frustrait. Je voulais savoir qui il était parce que j'aimais sa façon de faire de la musique et qu'elle était pour moi bien plus significative sur la personne qu'il était, que n'importe quelle biographie sur des sites obscures. Je voulais en apprendre plus sur Christopher Bang Chan.

J'avais donc commencé à regarder les anciens Chan's room, toujours en secret et la frustration avait grandi. Il y avait quelque chose. Une insatisfaction que je ne pouvais combler et elle ne le sera jamais, car il était lui et j'étais moi, chacun de l'autre de la frontière de nos deux mondes. Le voir si prêt, ne faisait que me rappeler lourdement cette sensation désagréable qui creusait mon estomac. Il était proche mais il n'était pas réel.

Puis soudainement je vis Sujin se retourner, me pointant du doigts et je me figeais. Mon cœur battait la chamade alors que mes yeux croisèrent le regard intrigué du leader, ses cheveux bruns touchaient à peine ses cils et il acquiesçait devant ma sœur, récupérant alors ce qu'elle lui tendait, une petite clé USB. Mon sang ne fit qu'un tour et alors que je m'apprêtais me précipiter comme un fou, je me suis souvenu d'où j'étais, en présence de qui et de la taille du colosse qui était chargé de la sécurité. Je dus me mordre la langue de toutes mes forces et ravaler ma colère. Je sentais mon sang bouillir, mes yeux brûlés sous l'intense sentiment de trahison.

Je baissais les yeux et regardant autour de moi, je cherchais la sortie ou au moins un couloir n'importe, quoi qui me permettrait de fuir.

J'en était sûr, Sujin avait donné mes compositions, ou du moins certaines, à de parfaits inconnus et sans mon accord. Et même si je n'avais aucune illusion quant à l'idée qu'ils n'allaient rien en faire, elle avait quand même agi dans mon dos ! Et je détestais ça. Je détestais qu'elle se soit passée de mon avis, de mon besoin de garder cette part de ma vie, de mon expérience cachée dans ma chambre, dans l'intimité du plaisir que j'ai de créer pour moi. Elle avait balancé mes œuvres sans tenir compte de mes sentiments, croyant savoir ce qui était le mieux pour moi.

J'avais envie de vomir et commençant à sentir les larmes perler au bord de mes yeux, je pris la sortie, sans attendre qu'elle termine.

Une fois à l'extérieur, je prenais la gifle du vent glacial ce qui arrêta instantanément mes larmes et me fit prendre une grande inspiration. Je serrais les poings à m'en planter les ongles dans la paume, et sortant mes écouteurs, je mis une nouvelle chanson à fond dans mes oreilles, couvrant mes pensées et ma tristesse.


***


« Mon chéri...Tu devrais arrêter de faire la tête à Sujin, tu sais, elle s'en veut terriblement.

- Je travaille maman, j'ai pas le temps. »


Ma mère repartait bredouille, comme chaque jour depuis une semaine. A la sortie de la séance de dédicace, j'avais ordonné à Sujin de ne plus m'adresser la parole et elle avait compris au ton que j'avais employé que j'étais furieux et particulièrement déçu. Elle avait trahi ma confiance et je n'étais pas près de lui pardonner.

Le jour même, au milieu de la nuit, elle était entrée dans ma chambre pour s'excuser, pleurant et me rappelant à quel point elle m'aimait et qu'elle voulait que je sois heureux. Qu'elle trouvait que mon talent était gâché. Qu'elle était persuadée que je pouvais tellement faire mieux que de préparer une thèse en histoire sur le néconfucianisme durant les invasions Jürchen mais je m'en fichais. Son avis, ce qu'elle estimait bien, ce n'était pas ce que je voulais et j'étais profondément blessé. Je ne lui ai ni répondu, ni en bien ni en mal, je lui ai simplement demander de me laisser.

Pas un jour ne passa sans qu'elle essaie à nouveau de s'excuser, passant parfois du regret, à la colère, puis revenant vers la honte qu'elle disait ressentir et qu'elle ne voulait pas me faire de la peine. Je savais qu'elle s'en voulait et je savais qu'elle n'avait pas pensé à mal mais je ne pouvais pas m'empêcher d'avoir la boule au ventre, d'être partagé entre la fureur et la crainte. La crainte d'être le sujet de moquerie, qu'on se fiche de moi dans mon dos, devant de grandes tables avec des manager, des professionnels qui critiqueraient ma musique. Puis j'avais une autre peur, celle qu'on utilise ce que j'avais fait, d'une manière ou d'une autre, qu'on me vole. Sujin n'avait aucune idée de ce qu'elle avait fait, qui ils étaient et je lui en voulais d'être naïve, comme je m'en voulais de ne pas réussir à passer à autre chose.

Au pire, je pouvais appeler, mais est-ce qu'on allait me croire ? Je n'étais personne. Je n'avais jamais rien publié, rien déposé, je ne pouvais même pas revendiquer la propriété de ces créations, si tant est qu'elles soient considérées de qualité.

Et cette angoisse me rendait malade. Déjà que je ne sortais presque jamais, là j'avais carrément élu domicile dans ma chambre.

Un matin, alors que je me réveillais d'un énième cauchemar, le dos transpirant et le mal de tête par le manque de sommeil, je me suis levé faiblement pour aller boire un verre d'eau dans la cuisine. L'appartement était plongé dans le noir et le silence. Il était cinq heures du matin, le soleil n'était pas encore levé et tout le monde dormait. A mon retour dans ma chambre, l'écran de mon téléphone s'illumina sur une notification, suivi de la vibration caractéristique. Je le pris et remarqua alors un mail.

JYP ENTERTAINMENT

Je clignais des yeux à plusieurs reprises alors que j'ouvrais l'enveloppe digitale et dû m'y reprendre à deux fois pour être sûr que je n'étais pas en train de rêver.


« Nous aimerions vous rencontrer pour discuter de vos compositions... C'est quoi ce bordel. C'est une blague ? »


Il y avait un numéro de téléphone. Je ne pouvais décemment pas les appeler maintenant, même s'ils venaient de m'envoyer un mail. Je décidais alors d'attendre sept heures du matin, incapable de me rendormir d'ici là et regardant partout, tous les sites pour détecter les mails frauduleux. Finalement, en appelant, le cœur au bord des lèvres, l'entente de la voix de la secrétaire me fit littéralement sauter hors de mon lit.


« Euh Bonjour. Je suis Seo Changbin, j'ai reçu un mail ce matin pour prendre rendez-vous avec le Directeur artistique au sujet de mes compositions... »


A mesure que je parlais, je sentais ma voix se terrer. Je n'arrivais pas à croire ce que j'étais en train de dire ou même de faire. Je n'avais aucune idée de comment me comporter ou de ce que je ressentais. Je ne faisais que suivre, obéir presque.


« Oui, je vous remercie d'avoir rappelé Monsieur Seo, nous attendions votre appel. Nous avons été très impressionnés par votre travail et nous aimerions discuter avec vous, vous rencontrer. Seriez vous disponible demain ou bien semaine prochaine ? Je crains que l'agenda du Directeur soit restreint.

- Euh demain oui...Quand vous voulez.

- Parfait. Je vous envoie les coordonnées avec le lien de votre rendez-vous pour validation. Au plaisir Monsieur Seo.

- Oui... »


La communication s'arrêtait et je ne pouvais que garder le téléphone contre l'oreille, incapable de réfléchir, de composer. J'étais littéralement en blocage complet.


« ...Vous aussi. »


Est-ce que je venais d'avoir un rendez-vous avec une des agences artistiques les plus célèbres du pays ? Voire de l'Asie tout entière ? C'est encore un de mes cauchemars ?

Je n'arrivais tellement pas à réaliser que je suis resté dans cet état toute la journée, à regardait la page blanche de mes thèse, incapable de travailler, de faire quoique ce soit. En réalité, j'étais perdu. Cela signifiait que les compositions qu'avaient donné Sujin avaient été écoutés et ils avaient au moins pris la peine de m'appeler plutôt que de simplement me voler mes créations, mais qu'est-ce que ça changeait ? Je ne pouvais que spéculer, imaginer ce qu'ils allaient me dire en refusant en même temps d'accepter que ça allait arriver.

Ce ne fut qu'au lendemain, quand je me retrouvais dans le bâtiment que je pris la pleine conscience de ce qui se passait. J'étais à une étape que j'avais toujours redouté. La pression. La pression sur quelque chose qui me procure du plaisir et qui pour le moment, me donne envie de supprimer tout ce que j'ai pu faire, pour ne plus jamais avoir à en parler.

Mais je n'allais surement pas poser un lapin à des gens aussi important, je suis donc rentré dans la bâtiment, d'une petite voix, j'ai annoncé mon rendez-vous et on m'a fait monter à l'étage de la direction. On m'a conduit dans une salle de réunion et alors que je pensais encore avec un sursis, je me retrouvais brusquement devant trois hommes dont au moins deux d'entre eux ne m'étaient pas inconnu.

Le premier était le Directeur qui passait à la télévision par moment, voire sur les réseaux. Et puis Bang Chan et dont la brusque proximité avait fait littéralement exploser le mur de verre que je m'étais toujours imaginé entre moi et eux. Leur monde et le mien.


« Bonjour Monsieur Seo, me dit alors le troisième dont je ne connaissais pas le nom. Je suis le responsable juridique de la JYPE, vous connaissez surement Monsieur Bang et Monsieur Park.

- Oui », je répondis d'une voix étouffée, presque morte.


Je me sentais tellement ridicule et surement pas à ma place, je ne savais même pas quoi faire de mon corps, de mes mains. Percevant surement mon mal à l'aise, se fut Bang Chan qui s'avança, me faisant reculer d'instinct.


« Salut Changbin, tu peux m'appeler Chan. On a pratiquement le même âge après tout. C'est moi qui ait donné tes compo' que ta sœur m'a transmis le jour du Fansign, j'espère que ça ne te dérange pas, mais sérieusement, tu es trop doué pour que je l'écoute seul dans mon coin. »


Il était si près, trop près en réalité que je n'arrivais plus à respirer. Je le regardais maintenant dans les yeux, sentant la panique me monter aux joues et me donner surement l'apparence d'une petite fille timide, qui avait envie de se cacher dans un trou de souris. Pourtant je n'arrivais pas à me détacher de lui, de ses yeux, de son grand sourire et son expression.

Bien sûr qu'il était beau, c'était indéniable, dans la vision la plus objective du terme, mais c'était la première fois, que je le trouvais, que je le ressentais, que pour moi, il était le garçon le plus beau que j'ai jamais vu.


« Je suis d'accord avec Chris, j'ai écouté ce que tu fais et vraiment je trouve ça très bon pour de la composition amateure. J'aime ta sensibilité artistique. Et sur celle où tu rappes, je trouve que ta voix, ta façon de lier les mots et de les dissocier, c'est percutant et intelligent.

- Vous m'avez entendu rapper ?

C'était sorti tout seul, je n'arrivais pas à croire que Sujin avait donné celles où je m'étais essayé au rap. J'aurai aimé mourir à cet instant, même si j'entendais des compliments, je détestais être jugé.

- J'ai trouvé ça super, sourit avec plus d'en train Chan. Même Jisung a adoré !

- Ji...sung.

Han Jisung. Le rappeur du groupe, talentueux et presque arrogant dans son flow autant qu'il peut être sensible quand il chante. Je vais m'évanouir, je me sens vraiment mal.

- Ce qu'on aimerait vous proposer Monsieur Seo, c'est d'envisager d'intégrer l'entreprise. Plusieurs possibilité s'offre à vous. Vous pouvez commencer un stage en tant que trainee, ou bien je peux vous proposer un stage au sein de l'équipe de production. Si nous sommes satisfaits, et vous aussi, on pourra envisager un contrat », avait parlé cette fois le juriste.


Je pourrais faire semblant de réfléchir mais la réponse m'était venu aussi vite et s'imposait dans mon esprit et mon cœur au point de me donner le tournis. Je ne pouvais pas, je n'y arriverai pas. Ce n'était pas mon monde, ce n'était pas ma voie. J'aime la musique dans sa forme la plus pure, dans l'envie que j'ai de jouer avec elle et de faire sortir ce qui m'inspire en son mais pas comme un métier, pas comme une contrainte avec des obligations, un patron, des impératifs.

Croisant le regard de Chan, je le vis arrêter de sourire et finalement je me levais d'un bon, m'inclinant formellement.


« Je vous remercie pour votre proposition mais je vais devoir la décliner. Je suis actuellement en train de finir ma thèse et je ne peux pas me permettre de me déconcentrer. Je ne suis pas un musicien comme l'est Monsieur Bang, je suis un futur professeur d'histoire qui s'amuse de temps en temps à faire de la musique. Je suis désolé que ma sœur vous ait fait perdre votre temps, elle l'a fait sans m'avertir. Je n'ai jamais souhaité travailler dans le milieu de la musique, même si je suis un passionné, la façon dont est construit la profession ne m'intéresse pas. Je suis désolé et je vous remercie encore pour votre intérêt. »


Je n'attendais même pas leur ordre et je partais déjà hors de la pièce, sentant tout le stresse qui s'était accumulé prêt à exploser. Je courais presque dans les couloirs, jusqu'à atteindre l'ascenseur par lequel j'étais arrivé pour rapidement sortir et me retrouver dehors, à nouveau dans mon monde.

J'étais tremblant de la tête aux pieds et ce qui venait d'arriver me semblait déjà si loin que j'avais la sensation de l'avoir rêvé, imaginé. Ce n'était qu'une incursion fugace et terrifiante dans l'univers qui m'avait toujours paru impitoyable mais j'étais au moins heureux, une fois le calme revenu, d'avoir pu rencontrer le garçon qui m'avait obsédé depuis presque deux semaines maintenant.

En reprenant le bus, je ne faisais que me ressasser son sourire, son enthousiasme et ses compliments, le reste, je l'oubliais déjà. 


***

A suivre

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