Genji ~ haine
Genji Shimada. Voilà comment il s'appelait.
Mort. Voilà ce qu'il était.
Tué par son propre frère, sa propre chair, son propre sang.
Genji était un japonais, un Shimada. Fils cadet du grand chef du clan Shimada, une sorte d'organisation familiale mafieuse qui avait mal tourné. À la mort tragique de son père, le pouvoir de cet empire de drogue et d'armes devait bien revenir à quelqu'un.
Hanzo, son frère aîné était fait pour ce rôle. Il vivait pour cela, avait été formé et éduqué pour cela. Genji, lui, était plus dispersé. Il avait lui aussi les talents de ninja qu'enseignaient les anciens de là-bas, mais pas le caractère. Il fumait, buvait, baisait, se teignait les cheveux, portait des vêtements provocants, se battait, draguait..
Tout le contraire de son frère. Et même si leurs différences les éloignaient, ils avaient toujours étés soudés. Frères. Shimada. Jusqu'au bout.
Mais quand son père partit, ce fut la différence de trop. Hanzo lui proposa de prendre les rênes de la famille avec lui, ensemble pour régner sur le Japon. Genji refusa. Hanzo l'accusa de trahison. Genji le défia. Il n'aurait jamais dû. Hanzo l'exécuta. Avec une facilité déconcertante. Et OverWatch le sauva. Et Angela le sauva.
Mais BalckWatch lui proposa bien plus encore que la vie. Une nouvelle force, un nouveau corps, une possibilité de vengeance. Genji accepta. Il se sentait trahi, tué par son propre frère. Mais surtout, il se sentait faible. Faible d'avoir perdu avec tant de facilité face à son aîné qui avait reçu pourtant le même entraînement que lui, faible à présent, dans pourtant un corps cybernétique si fort.
Faible sans la moitié de son corps. Faible sans ses atouts corporels qu'il aimait tant à l'époque. Faible sans ses jambes. Faibles sans son bras tatoué de l'emblème de sa famille, qu'il haïssait pourtant. Faible sans la moitié de son thorax, faible avec toutes ses cicatrices.
Et désormais, toute cette faiblesse, il la convertissait en haine. Toujours plus. Toujours plus. Tout ce dont il rêvait à présent, c'était de tuer son frère. De massacrer sa famille. De massacrer ceux qui avait détruit sa vie.
Alors qu'il était en train de ruminer sa rage, en fonçant on ne sait où, filant à travers les couloirs vides et silencieux des dortoirs, il ne vit pas une personne arriver en face de lui. Elle non plus, le nez planté dans la tonne de papiers qu'elle transportait.
Il heurta une jeune secrétaire, qu'il foudroya du regard. Elle soutint alors son regard, aussi effrayant soit-il, pour lancer, sourcils froncés.
— Tu devrais faire attention.
Aussitôt la mèche allumée, le japonais sentit la colère faire trembler son unique bras humain, plein de pulsions électriques, et il attrapa à pleine main son plus petit sabre qui se logeait à l'arrière de sa taille pour frôler d'une vitesse phénoménale la gorge de la blonde.
Il n'avait rien dit, et pourtant cela voulait tout dire. Le cyborg fit claquer ses talons de métal sur le sol, la dépassant, ne la regardant même plus.
Il entra alors dans un bâtiment plus côtoyé. Il bouscula des gens, qui le regardèrent mal.
En effet, le jeune homme n'était pas spécialement appréciable. Son attitude haineuse déplaisait à beaucoup, et comme on pouvait facilement croire qu'il le faisait exprès, la plupart de ses collègues l'évitait, ou même le détestait.
Très visiblement agacé par quelque chose (en même temps, il ne fallait pas grand chose pour l'énerver), il arriva devant la porte qu'il recherchait et sous les regards intenses sur lui, qu'il ignora royalement, il rentra dans la pièce en arrachant presque la porte avec sa force cybernétique.
La salle d'entraînement. Étaient présent dans l'endroit seul quelques jeunes recrues, qui se hâtèrent de remballer leur affaire pour partir discrètement.
Une fois complètement seul, Genji se dirigea vers un vieux mannequin d'entraînement, qui ressemblait vaguement à un homme, pendu au plafond, se balançant doucement sur les côtés, silencieux.
À ce jour, il y avait plus sophistiqué comme moyen, mais le japonais préférait largement cet endroit, ce morceau de cuir et de sable usé, où il pouvait être seul, dans le silence, dans le calme, à ces salles pleines de technologies où le bruit, les rires, et les gens l'insupportait.
Dans ces grands endroits, qu'il avait déjà essayé bien sûr, se logeait déjà tous sa quantité innombrable de supérieurs, tous aussi bruyants les uns que les autres, qui adoraient se donner encore plus et toujours plus de défis, où ils embrigadaient à chaque fois toute la salle. Et quand ce n'était pas eux c'était sa propre équipe qui l'agaçait. Et principalement le fameux McCree bruyant comme un cheval à talons, dont le pacificateur avait des bruits atroces, à chaque coups de feu.
En bref, Genji préférait largement le calme de cette salle, où il pouvait user de sa concentration à son maximum.
Il retira son court sabre de ses hanches et son grand katana de ce qu'il restait de ses omoplates, pour les poser sur un banc plus loin, ouvrit une petite armoire pour en sortir une épée de kendo en bois blanc, neuf.
Après avoir inspiré, écoutant les bruits de frottement de son étrange amure si peu esthétique, il expira en se concentrant sur sa prise sur son arme.
Il donna quelque coups classiques d'escrime, il commença à tourner sur lui même, a tourner autour du mannequin, à tourner en rond, comme une danse. Ses muscles, constamment contractés, frottaient contre les morceaux de fer qui remplaçaient des bouts de peau manquante. Ses pieds savaient parfaitement bien où se placer, ses bras savaient parfaitement bien s'équilibrer pour avoir les meilleurs appuis. Plus le temps passait, plus la cadence s'accélérait, plus les coups, qu'il retenait, devenait de plus en plus puissants.
Et à un instant un coup sembla plus particulier que les autres. Le manche du bout de bois sembla lui échapper des mains, mais il ne fit que tourner sur sa paume, pour changer de sens, faire un mouvement de tranchage, et le ninja suivit l'élan, se propulsant sur sa main libre, pour faire une roue si rapide que ses doigts ne firent que frôler le sol, pour qu'il atterrisse sur ses pieds et pour planter la pointe de l'arme d'entraînement dans le dos inventé du sac de sable.
Aussitôt, le cyborg se raidit.
Son visage se déforma dans un rictus de colère et de haine.
Il avait utilisé une technique Shimada.
Tout le ramenait à sa famille.
Chacun de ses pas. Chacune de ses pensées.
Ses épaules tremblèrent. Ses dents claquèrent.
Il avait essayé de changer d'entraînement. Sans succès. Seul, il ne pouvait s'empêcher de reprendre ses habitudes.
De prendre un entraîneur. Sans succès. Malgré les nouvelles leçons apprises, il finissait toujours par se battre à la Shimada.
Il avait essayé de se mettre aux armes à feu. Sans succès. Sur le terrain, il finissait toujours par trouver quelque chose semblable à un couteau, un bâton ou même un arc, pour être plus à l'aise, en repensant sans cesse à son frère aîné, si doué autant aux armes blanches qu'aux autres trucs.
Il avait essayé. Vraiment essayé. Mais son corps, bien qu'il avait été détruit et reconstruit, finissait toujours par reprendre les mêmes gestes ede sa jeunesse.
Sa famille, bien qu'elle soit à l'autre bout de la terre, continuait de le tuer à petit feu. Il voulait la fuir, mais quoi qu'il fasse, elle le collait, elle l'habitait, elle et ses techniques meurtrières, elle et ses traditions stupides, elle et son héritier tueur, que Genji jalousait malgré tout terriblement pour son talent.
Même inconsciemment, il continuait à suivre les règles.
Il jeta un coup d'œil autour de lui, sur la petite pièce d'entraînement, vide, silencieuse.
Cet endroit, suivait la règle de silence lors des méditations. Suivait la règle de la solitude lors des entraînements. Suivait la règles de refus aux technologies trop avancées pour les entraînements. Suivait la règles de se servir de choses modestes et simples afin de mieux savoir se débrouiller seul.
Même inconsciemment, il continuait à suivre les règles.
Sa maudite famille l'avait contaminée. Et même si il avait été quasiment réduit en poussière, la maladie continuait à le ronger, si bien qu'il ne s'en rendait plus compte.
Il regarda sa main humaine. Elle tremblait. Ses rares veines encore humaines ressortaient, bleues, saillantes.
Il grinça des dents. Ce cauchemar n'aurait-t-il pas de fin ?
La haine le berçait maintenant depuis presque un an.
Un an de tentatives hâtives à couper tout liens entre lui et les Shimada. Sans succès.
Il n'en pouvait plus.
Plus de ce corps à mi chemin entre la machine et l'Homme, plus d'attendre le jour où il trancherait la gorge des Shimada, au sein même d'Hanamura, avec ses propres techniques à lui, sans à avoir à utiliser les gestes ninja du Japon ancestral.
Il n'était même pas essoufflé. Le moindre petit attribut humain tel que la fatigue ou la sueur lui avait été retiré.
Sans pitié.
Sans hésitation.
Il ressentait encore, en rares frissons, la fraîcheur de la lame couler dans son torse. Le regard d'un noir puissant d'Hanzo, son visage si fermé, si haineux.
Il se rappelait parfaitement s'en être voulu, pendant un instant, se disant qu'il méritait la punition.
Mais quand la douleur l'avait attrapé, de ses grandes mains bouillantes, la haine l'avait enflammé, quand son corps, soudainement lourd alors qu'il avait toujours été léger, tombait dans un silence sourd et étrange par terre, dans une flaque de sang, dans une flaque de fureur.
Et le simple « Adieu » de son aîné résonnait encore, comme un gong, un top départ pour la vengeance.
Ses tremblements avait stoppés.
Il fermait maintenant le poing, le regard d'une froideur sans pareil, le visage fermé de haine, semblable à celui de son aîné un an auparavant.
Il allait se venger. C'était là son objectif premier. Son seul but. Sa raison de vivre. Sa raison de survivre.
Sa vie n'était et serait qu'une vaste vengeance, pleine de sang, pleine de haine.
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