Mon héros - Katsudeku
Aujourd'hui, nous étions vendredi. Cela devait faire une semaine que ce fichu Deku n'était pas venu en cours. Même si je le détestais, j'avais appris à le connaître, lui et ses mimiques bizarres. J'avais appris à différencier ses sourires, ses regards, ses gestes. Car même s'ils se ressemblaient, une légère différence pouvait montrer ce qu'il cherchait à tout prix à cacher. Il pouvait sourire, lorsque ses sourcils étaient froncés, cela signifiait qu'il été contrarié. Il pouvait rire, s'il riait trop fort, cela signifiait qu'il était triste. Il pouvait parler, s'il bégayait ou cherchait ses mots, c'est qu'il était angoissé. Mais depuis plusieurs jours, avant qu'il ne disparaisse du lycée, il riait fort, bégayait et avait le dos courbé lorsque personne ne le regardait. Quelque chose le préoccupait, mais j'étais incapable de dire quoi.
C'était sa vie après tout, je n'avais pas à me mêler de ses affaires privées. Mais vendredi dernier, il avait adopté une mine déconfite toute la journée. Je n'avais pas relevé, vaquant à mes occupations, c'est à dire faire chier Kirishima et hurler après les autres. Le week-end était passé. Puis lundi, il n'était pas venu, ni mardi, ni mercredi, ni les autres jours.
Je me dépêchais de ranger mes affaires pour rentrer chez moi lorsque j'entendis une conversation derrière le mur.
— Je m'inquiète pour Midoriya-kun.
— Moi aussi, il ne m'a donné aucune nouvelles depuis lundi. Tu crois que je devrais aller le voir chez lui ?
— Je pense que l'on devrait le laisser pour l'instant, il est peut-être juste malade.
— Tu as peut-être raison.
C'était la fille zéro gravité et l'autre robot. Mais leur conversation m'inquiéta plus que je ne l'étais déjà. Si ce satané Deku n'avait donné aucunes nouvelles, même à ses amis les plus proches, c'est qu'il avait un sérieux problème.
Cet abruti était comme ça. Il détestait que les autres s'immiscent dans ses problèmes. Il voulait préserver ses amis de ses ennuis, et ça m'énervait atrocement. Mais cela voulait aussi dire qu'il avait sûrement besoin d'aide. Que devais-je faire ? Passer chez lui ? Et puis même, ses histoires ne me regardaient pas. Mais je ne pouvais m'empêcher de m'inquiéter pour lui. Et si c'était grave ? Et s'il avait besoin de réconfort ? Même si je détestais ce sale nerd, je sentis un pincement au coeur lorsque son visage inondé de larmes m'apparu. Larmes que j'ai tant fais couler auparavant.
Alors, sans que je puisse y faire quoi que se soit, je me trouvai là, devant la porte du vert. J'hésitai à frapper à la porte. Qui sait comment il pourrait m'accueillir ? Malgré tout, je laissai ma main frapper contre la porte.
J'attendis quelques secondes, et quelqu'un vint m'ouvrir. Ce n'était pas Deku, c'était sa mère. Elle mit quelques instants avant de comprendre qui elle avait devant sa porte.
— Oh, Katsuki, cela fait si longtemps que je ne t'ai pas vu, comment vas-tu ?
— Heu... je vais bien.
J'étais nerveux face à sa mère. Était-ce parce qu'elle savait sûrement ce que j'avais fais subir à son fils durant nos années de collège ?
— Entre je t'en pris, ne reste pas devant la porte.
Je franchis le pas de la porte des Midoriya, incapable de savoir ce que je devais faire. Cette maison me rappelait tant de souvenirs. Je me revoyais courir dans le salon avec Izuku, jouant au vilain et au héros. Je voulais toujours endosser le rôle de All Might, Izuku ne bronchait jamais lorsqu'il jouait le vilain, même si je savais pertinemment qu'il voulait être le héros, au moins une fois.
— Est-ce que tu veux boire quelque chose ?
— Eh bien... à vrai dire... pourquoi pas.
— Du thé ?
— Volontiers.
Elle s'éclipsa dans la cuisine, m'invitant par la même occasion à me débarrasser de mes affaires. Un calme absolu régnait dans la maison. Je n'entendais pas de pas à l'étage, signe que le vert pouvait se trouver là-haut. Sa mère revint quelques minutes plus tard avec deux tasses chaudes dans les mains. Elle la déposa devant mon nez et je regardai le liquide, ne sachant pas comment je devais me comporter face à elle.
— Je suppose que tu venais voir Izuku, n'est-ce pas ?
Je relevai la tête, je pense que mon regard voulais tout dire car elle reprit son monologue.
— Il n'est pas ici pour le moment.
— Et... Où est-il ?
Un silence s'installa tandis qu'elle remuait lentement le liquide fumant se trouvant dans sa tasse.
— A vrai dire, je ne sais pas où il est, ni quand il reviendra...
— Il s'est passé quelque chose ?
La mine déconfite du vert me revint en mémoire.
— Son père est revenu.
J'étais sur le cul. J'avais connu le père du vert lorsque j'étais petit bien sûr, mais je n'en avais pas beaucoup de souvenirs. Lorsque lui et moi avons cessé d'être amis, je n'ai plus vraiment fais attention. Mais il me semblait que sa mère s'était séparée de son père lorsque nous avions quatre ans.
— Revenu ?
— Oui, il est revenu brusquement en déclarant vouloir revoir son fils qu'il n'avait pas vu depuis des années.
Je sentais comme de l'amertume dans sa voix lorsqu'elle évoquait son ancien mari.
— Mon ancien mari est devenu quelqu'un d'influent, avec une véritable armée d'avocats. Alors, pendant une semaine, il a cherché à avoir une autorisation qui lui permettrait d'emporter Izuku avec lui... et... il a fini par l'obtenir.
J'étais incapable de parler, écoutant avec attention ce que sa mère me racontait. Brusquement, les pièces du puzzle s'assemblèrent.
— Et Izuku... est-ce qu'il a cherché à protester ?
— Bien entendu ! Il ne voulait pas venir avec lui, pas après ces longues années sans lui adresser la parole. Mais... mon ex-mari voulait tellement le ramener avec lui...
D'un coup, je compris à quel point la situation était grave. Deku se trouvait en ce moment même entre les mains de son père, contre sa volonté. J'avais un horrible pressentiment. Car même si je n'avais que très peu de souvenirs du père du vert, évoquer sa personne me faisait un drôle d'effet. Je me sentais mal à l'aise, comme s'il me faisait peur, mais j'ignorais pourquoi. J'apportai ma tasse de thé à mes lèvres, il était devenu froid.
— Je suis contente que tu sois venue lui rendre visite, lâcha t-elle.
Je cru m'étouffer avec mon thé. A la base, je n'avais aucunement l'intention de passer chez lui, mais mes pas m'avaient guidé vers sa maison, sans que je m'en rende compte.
— Quoi qu'il en soit, n'hésite pas à repasser, ça me fait plaisir d'avoir un peu de visite.
Il est vrai que sans Deku, elle devait se sentir atrocement seule. Je me levai après avoir vidé ma tasse, exécutant une petite révérence pour la remercier de son accueil. Après avoir repris mes affaires, je rentrai chez moi, la tête bourrées de questions.
Cette nuit-là, je ne dormis pas beaucoup. Les paroles de la mère du vert tournaient sans cesse dans ma tête. Curieusement, j'essayai de me remémorer le visage de son père, en vain. Je ne voyais qu'une tâche floue sur un corps imposant. Mais la même impression persistait toujours, il me faisait peur. Il avait dû se passer quelques chose il y a longtemps, quelque chose que je n'étais pas en mesure de me souvenir. Alors, le lendemain, je pris la décision de questionner mes parents.
Malgré les années, ma mère avait gardé une bonne relation avec la mère du nerd. Je savais aussi qu'elles ne se parlaient pas très régulièrement, mais il lui arrivait d'aller la voir chez elle.
— Le père de Izuku ? Eh bien... c'était un homme très souriant d'après mes souvenirs. Je sais aussi qu'il était assez réservé mais très aimable, déclara ma mère.
— Tu en es sûre ?
— Absolument, sûre et certaine, pourquoi ?
— Pour rien.
Puis je repartis dans ma chambre. La description que me donnait ma mère ne me convenait pas vraiment. Même si son père était quelqu'un d'agréable, je ne pouvais toujours pas expliquer cette impression de mal-être lorsque je m'évoquai son visage. Il y avait anguille sous roche, mais j'étais incapable de déterminer quoi. Pendant une dizaine de minutes, j'avais cherché à joindre le nerd sur son téléphone, en vain. Je tombai directement sur la messagerie, signe que son portable était éteins. Fais chier.
— Katsuki !!
C'était la voix de ma mère, pourquoi criait-elle aussi fort ?
— Qu'est ce tu veux ?! répondis-je avec toute mon amabilité.
— J'ai besoin que tu ailles faire quelques courses pour moi, y'a plus de lait !
— Vas-y toi même !
Puis je retournai sur mon téléphone.
— Katsuki Bakugo !
— Oh mais merde tu peux pas y aller toi-même chercher ton lait ?!
Elle ouvrit la porte de ma chambre, me faisant légèrement sursauter.
— De un je suis ta mère donc tu m'obéis, de deux il ne manque pas que du lait et de trois, ça te permettra de sortir de ta chambre espèce d'asociale.
— Qu'est-ce que tu dis sale sorcière ?!
— Mets tes chaussure et grouille toi, j'ai pas que ça à faire.
Je soupirai longuement tandis qu'elle referma la porte — plutôt claqua la porte —, me laissant seul. J'enfilai une paire de basket et sortis de ma maison, une liste de course dans la main et le porte feuille de ma mère dans ma poche. Après avoir pris le bus pendant une dizaine de minutes, j'arrivai au centre ville. Il grouillait de monde en ce samedi après-midi. Une chaleur écrasante du fin moins de Mai me faisait légèrement tourner la tête tandis que je m'engouffrai dans la fraicheur du super marché. J'y achetai ce que ma mère m'avait écrit sur le papier avant de m'approcher de la caisse. J'avais hâte de finir cette course et de rentrer dans la fraicheur de ma maison. Après avoir payé, m'enfonçai les articles dans un sac et sortis du magasin, plongeant à nouveau dans cette chaleur étouffante. Je marchai en direction de l'arrêt de bus, vaguement dans mes pensées. Même si ça me saoulait de devoir sortir un samedi après-midi, cela me permettait tout de même de me vider la tête. Je ne cessais de penser à Deku depuis hier soir. Je ne savais pas pourquoi, mais sa situation m'inquiétait atrocement, surtout que cela me laissait un sentiment amer que je ne parvenais pas à m'expliquer.
Mais tandis qu'il prenait à nouveau possession de mes pensées, j'aperçu une tignasse verte se promener vers la fontaine. Je m'arrêtai, surpris et déconcerté de le voir ici. Deku se tenait là, le regard rivé vers la fontaine d'eau en face de lui. Il semblait perdu dans ses pensées, comme coupé du monde extérieur. Devais-je aller le voir ? Et que devrais-je lui dire ? Devrais-je le saluer ? L'engueuler ? Ou devrais-je tracer ma route ?
A nouveau, mes pas me guidèrent vers celui qui occupait mes pensées depuis bientôt vingt-quatre heures. Je me trouvai là, à côté de lui mais il ne semblait pas avoir remarqué ma présence. Je le détaillai tandis que son regard était dévié vers l'eau qui s'écoulait. J'avais l'impression d'avoir une toute autre personne en face de moi. Ses épaules semblaient affaissées et son regard emplit de tristesse. Il semblait plus pâle que d'habitude et ses légères tâches de rousseurs semblaient avoir ternies comme le reste de son corps. Mais ce qui me surpris le plus fut son accoutrement. Il portait un pantalon noir ainsi qu'un pull à manches longues. Il faisait tellement chaud dehors que cela me sembla plus que suspect. Je finis par me racler la gorge, lui indiquant ma présence.
Il tourna lentement la tête jusqu'à enfin croiser mon regard. L'espace d'un instant, il s'alluma, laissant apercevoir une petite lueur de vie dans ses prunelles ternes.
— Salut...
J'aurai aimé lui hurler dessus, comme je le faisais d'habitude. Mais l'ambiance insolite dans laquelle nous nous trouvions m'en dissuada. Ce n'était pas la bonne approche, surtout vu l'aura de tristesse qu'il dégageait.
— Salut, répondit-il.
La pointe d'un sourire sembla naître au coin de ses lèvres avant de disparaitre aussitôt. Et maintenant, que devais-je lui dire ?
— Je...
— Je suis au courant pour ton père, le coupai-je.
Ses yeux verts s'écarquillèrent tandis qu'il sembla se refermer un peu plus sur lui-même.
— Tu es passé chez moi.
Cela ressemblait plus à une déduction qu'une question.
— Tout le monde s'inquiétait, dis-je comme pour m'excuser.
— Comme si toi tu en avais quelque chose à foutre.
Sa remarque me fit l'effet d'un coup dans le ventre. Cette fois-ci, une expression amer se dessina sur son visage tandis que ses poings se serrèrent, presque imperceptiblement. Il est vrai qu'en règle générale, je m'en fichais pas mal de son sort. Mais cette fois-ci, c'était différent.
— Détrompe-toi, je m'inquiète aussi.
— Je n'en ai plus rien à faire.
Puis il tourna les talons, s'éloignant de la fontaine où nous nous trouvions. Une colère naquit en moi tandis que je me dépêchai de le rattraper.
— Oï sale nerd ! Tu crois vraiment que tu peux partir sans t'expliquer ?!
J'attrapai son poignet. Aussitôt, il se dégagea avec une force qui me surprit. Une lueur d'effroi s'alluma dans ses iris verts tandis qu'il tenait son poignet dans son autre main.
— Hé, qu'est-ce que tu as, dis-je doucement.
J'avais peur que si je parlais plus fort, il se briserait face à moi. J'avais en face de moi un Deku bien différent que celui que je côtoyais tous les jours à U.A.
— Laisse-moi...
— Écoute Deku, tout le monde s'inquiète de ne pas avoir de nouvelles de toi...
— Je t'ai demandé de me laisser.
— Passe leur au moins un coup de fils, surtout au robot et à l'autre pot de colle.
Il s'arrêta lorsque je mentionnai ses deux amis. Je vis ses épaules trembler, bien que je ne puisse voir son visage.
— Ça ne servirait à rien.
— Et pourquoi ?
Toute ma vie, je me souviendrai de cette tristesse infinie dans ses yeux lorsqu'il prononça cette phrase que je n'aurai jamais imaginé entendre sortir de sa bouche.
— Parce que je ne retournerai pas à U.A.
J'étais resté là, incapable de dire quoi que se soit. Sur le coup, je pensais même avoir mal compris ce qu'il avait dit.
— Attends, quoi ?
— Tu as très bien entendu.
— Mais pourquoi ?!
— Parce que parfois, la vie ne te laisse pas le choix, Kacchan.
Puis il s'éclipsa dans la foule. Et moi j'étais resté là, le sac de course à la main, en face de cette fichu fontaine. J'aurai du le rattraper et lui parler, mais quelque chose m'en empêchait. Après tout je n'était que « Kacchan », celui qui l'avait harcelé durant tout notre collège et le primaire. Je devais me rendre à l'évidence. Il ne me faisait plus confiance.
Je pris alors le chemin de ma maison, déposant le sac de course dans la cuisine que je ne pris même pas la peine de ranger. Je voulais monter dans ma chambre, réfléchir à ce qu'il venait de se passer. Je voulais juste m'isoler.
Je savais que cette soudaine décision résultait du retour de son père dans sa vie. Mais pourquoi ? Que j'aurais aimé pourvoir voir ce qu'il se passait chez Izuku, au moment même où je suis assis là, en train de ruminer sans cesse notre rencontre d'aujourd'hui.
Lorsque je retournai en cours, j'étais toujours autant perdu. Bien sûr, cela n'échappa pas à la tête d'ortie.
— T'as la gueule de quelqu'un qui n'a pas dormi depuis des jours.
— Ferme-la tête d'ortie.
— Dis-moi juste ce qui te tracasse ! Je suis là pour ça tu sais.
J'avais vraiment l'impression d'entendre une nana en train de supplier sa meilleure amie de se confier à elle. Mais lui parler de ma rencontre avec Izuku pourrait m'aider à y voir plus clair.
— Je t'explique après manger, on ira sur le toit.
— Ça marche !
Puis les cours reprirent avec Mr. Aizawa qui paraissait encore plus crevé que moi. Puis, après le déjeuner, je rejoignis Kirishima sur le toit. Alors, une fois isolé des autres, je lui racontai tout. Ma visite chez les Midoriya, le retour de son père, l'étrange sentiment que j'avais à propos de son paternel, notre rencontre, sa manière de se comporter. Quand j'eu terminé, il semblait encore plus perdu que moi.
— Ouah, commenta t-il.
— Tu nous avances vachement.
Je pris mon visage entre mes mains, incapable de réfléchir plus. Je revoyais mes rêves, ou plutôt mes cauchemars que je faisais depuis vendredi soir. Je voyais Deku ainsi qu'une autre personne à ses côtés. Nous étions tous les deux des enfants et je ne pouvais pas voir le visage de la personne qui se tenait à ses côtés. Tout ce que je voyais était la détresse dans les yeux de Izuku qui me regardait avec des yeux remplis de larmes. Puis la grande main de cette personne inconnue se refermait autour de sa nuque, provocant d'horribles sanglots au vert. Puis je me réveillais, trempé de sueurs.
— Tu crois que... le père de Midoriya pourrait... je sais pas moi... lui faire du mal ?
— Qu'est-ce que tu veux dire par là ?
— Bah je sais pas. Mais son comportement, le fait qu'il soit habillé avec des vêtements super chauds alors qu'il fait trente degré, c'est peut-être parce que son père le brutalise ?
— Tu déconnes j'espère ?!
Je sentais mon coeur s'accélérer tandis que la peur prenait peu à peu possession de mon être.
— Je n'en sais rien.
Il était lui aussi perdu, ça se voyait.
— Est-ce que tu te souviens pourquoi sa mère a divorcé ?
— On ne se parlait plus à ce moment, donc non.
Soudain, une idée de génie émergea dans ma tête.
— Je pourrais peut-être demander à ma mère. Elle et sa mère se parlent toujours, elle pourrait peut-être savoir la cause.
— Je pense que t'as pas vraiment d'autres solutions...
Il avait raison. Si je voulais trouver des réponses, il allait falloir que je fonce dans le tas. Alors, le soir, je questionnai ma mère à propos du divorce entre les Midoriya.
— Eh bien, Inko est toujours restée assez évasive sur le sujet. Ils n'étaient juste plus aussi proches qu'avant et ils étaient en désaccord, comme à peu près tous les divorces.
— Et il n'y avait pas... autre chose ?
— Comment ça ?
— Bah j'en sais rien. Le père de Izuku, est-ce que ça lui était déjà arrivé d'être... violent ?
Ma mère s'arrêta dans son activité, se tournant vers moi.
— Pourquoi est-ce que tu me poses toutes ces questions ?
— Pour rien, laisse tomber.
Je me levai de ma chaise, me dirigeant vers l'escalier qui menait à ma chambre.
— Pas si vite jeune homme !
Je m'arrêtai dans mon élan en soupirant bruyamment.
— Pourquoi est-ce que tu t'intéresses autant aux Midoriya tout à coup ? Je pensais que toi et Izuku ne vous parliez plus.
— C'est plus compliqué que ça...
— Raconte, j'ai tout mon temps.
Je la regardai avec les yeux écarquillés. Croyait-elle vraiment que j'allais tous lui dire ? Pour montrer mon désaccord, je montai dans ma chambre, claquant ma porte derrière moi.
J'avais l'horrible impression que le mystère s'épaississait. Le père de Deku avait été là, pendant des années, et personne ne semblait avoir de réels souvenirs de lui. C'est comme s'il n'avait jamais vraiment existé. Même la mère de Izuku avait semblé évasive sur le sujet, comme si elle ne se souvenait de rien. Ou qu'elle ne voulait pas se souvenir.
Cela me vint comme une évidence. Il s'était passé quelque chose il y des années, quelque chose que j'avais vécu avec Deku, quelque chose que , inconsciemment, je ne voulais pas me souvenir.
Brusquement, j'avais l'impression que tout le monde me mentait. Deku était chez son père qui, potentiellement, le battait, tandis que moi je restais chez moi avec un souvenir que je n'arrivais pas à extérioriser. Ma mère me mentait, la mère de Deku me mentait, tout le monde me mentait, Deku lui-même. Je lui en voulais, à lui et à tout le monde. Il s'était passé quelque chose que j'ignorais et dont personne ne voulait me parler.
Soudain, j'entendis ma mère entrer doucement dans ma chambre. Je ne l'entendais que d'une oreille. Je bouillonnais à l'intérieur, prêt à exploser à n'importe quel moment. J'étais inquiet, j'avais peur, et personne ne voulait m'aider.
— Katsuki...
— Dis-le moi maman. Il s'est passé quelque chose avec le père de Deku c'est ça ?
Je sentais ma voix dérailler tandis que je parlais. Ça me paraissait tellement irréel que j'avais l'impression de faire un cauchemar. Mais c'était une intuition, comme un sixième sens qui me criait qu'il s'était passé quelque chose, quelque chose de très grave.
— Qu'est-ce qu'il s'est passé putain ?
J'avais de moins en moins de voix. Je pensais à Izuku, à sa voix enjouée qui avait disparu, à ses petits sourires idiots qui me tardaient de revoir, à ses marmonnements que je devais supporter tous les jours en classe, je pensais à lui, et au fait qu'il allait quitter U.A.
Ma mère s'approcha de moi. Elle avait un air grave que je ne lui connaissais pas, ce qui ne m'indiqua rien de bon.
— Ça s'est passé chez les Midoriya, lorsque vous aviez quatre ans toi et Izuku.
J'écoutai attentivement, le poing serré, le coeur cognant dans ma poitrine.
— Tu venais tout juste de découvrir ton alter et tu étais venu voir Izuku pour lui dire. Après avoir joué, tu es resté chez eux pour dormir. Vous aviez beaucoup joué ce jour là.
Elle avait l'air de se faire violence pour prononcer le reste.
— Le lendemain, ton père et moi devions partir pour un rendez-vous, alors les Midoriya ont accepté de te garder quelques heures de plus. Puis Inko a dû elle aussi s'absenter pour aller faire quelques courses. Vous vous êtes retrouvés seuls, toi et Izuku, avec son père.
Sa voix dérailla et elle s'assit sur le bord de mon lit. Je la rejoignis, toujours aussi attentif à ses paroles.
— Je ne sais pas comment c'est arrivé. Peut-être faisiez-vous trop de bruits avec Izuku, ou que vous aviez cassé quelque chose, je n'en sais rien. Mais... le père de Izuku s'est énervé après toi.
Un étrange sentiment commença à naître au fond de moi. J'avais l'impression que je savais ce qu'elle allait raconté, mais j'étais incapable de reconstituer les faits dans ma tête.
— Il s'en est pris à toi, et quand Inko est revenue à la maison, tu saignais de la tête et du bras droit. Tu... tu ne pleurais pas, tu étais sous le choc de ce qu'il venait de t'arriver. Puis... quand elle est sortie dans le jardin, elle a trouvé son mari ainsi que Izuku. Le pauvre était recouvert de bleus...
D'étranges images défilèrent sur mes rétines. Je revoyais son père, son poing s'écraser sur moi. J'entendais Izuku pleurer tandis que je rentrais dans la maison, incapable de penser correctement. Je sentis mon coeur s'accélérer tandis que la peur prenait possession de mes membres.
— Elle t'a emmené à l'hôpital ainsi que son fils. Tu avais une commotion assez sévère et il avait le bras gauche cassé. Les médecins ont été obligés de mettre deux points de sutures sur ton fronts car la plaie était assez profonde.
Mon regard était perdu dans le vide. Comment ai-je pu oublier cette journée ? Comment ai-je pu oublier les cris de Deku dons mon dos tandis que le monde entier ne cessait de tourner alors que j'essayais de trouver la sortie ?
— Il a été appréhendé et incarcéré. Après ça, Inko a demandé le divorce.
— Est-ce que... est-ce qu'il avait déjà frappé Izuku avant ? demandai-je la voix éreintée.
— Oui, c'était déjà arrivé que son mari s'emporte deux ou trois fois. Mais il lui avait toujours promis qu'il ne recommencerait plus. L'amour rend aveugle tu sais...
Je sentis son bras passer autour de mes épaules tandis qu'elle me rapprochait d'elle. Désormais, je me rappelais parfaitement de ce jour, et cela me terrifiait. Je me blottis contre elle. Je n'étais pas du genre très câlin, mais sentir son contact m'aidait à contenir ce flot d'émotions qui circulait en moi.
Mais désormais, je savais une chose. Izuku était en danger. Et ça allait être mon rôle de le sauver.
C'est pour ça que le lendemain, je n'étais pas allez en cours. Je m'étais rendu sur la même place où lui et moi nous étions vu le samedi. Je devais le retrouver et le convaincre de me suivre, de ne plus rester avec le monstre qu'était son père. Alors, parmi la foule, j'essayais d'apercevoir une tignasse verte. Mon plan était bidon, je n'avais quasiment aucune chance de l'apercevoir parmi toutes ces personnes. Mais je devais essayer, je devais le sauver.
La veille, avant d'aller me coucher, j'avais ressentis comme un étrange besoin de l'entendre. Oui, je voulais l'entendre parler, je voulais écouter le son de sa voix. Alors, me munissant de mon téléphone, je l'avais appelé. Je tombais systématiquement sur son répondeur, mais cela ne me dérangeait pas. Sa voix pétillante et pleine de vie résonna à mon oreille, m'incitant à laisser un message après le bip. Puis je recommençais, l'appelant à nouveau pour écouter sa voix. A cet instant, je me rendis compte que j'avais gâché une bonne partie de ma vie à le tenir à l'écart de moi. Le fait de me souvenir de cette affreuse journée me donnait l'impression d'être à nouveau proche de lui, de le comprendre. Je comprenais le garçon qui me tapait sur le système tous les jours, je comprenais ses mimiques, sa manière d'agir avec les autres. Je comprenais tout, y compris le fait que je devais rattraper mes bêtises.
Il était précisément 10h46 lorsque je m'installai sur la fontaine, espérant le croiser à nouveau. Il avait l'air si absorbé par cette structure que je savais que ce serait là qu'il se rendrait s'il venait à passer par ici. Alors j'attendis, encore, et encore, pendant des heures sans bouger.
Puis, enfin, je l'aperçu. Mon coeur sembla rater un battement lorsque mes iris rencontrèrent son corps. Il était encore vêtu avec des vêtements chauds malgré la chaleur plombante. Aujourd'hui, cela m'attristait horriblement. Il semblait se balader dans le mini marché qui se trouvait un peu plus loin. De là où il était, il ne pouvait sans doute pas me voir. Mais moi oui. Alors je l'observais. J'observais ses gestes, ce qu'il achetait, où il allait, à qui il parlait. Certaines personnes devaient se demander pourquoi un adolescent était en train de trainer sur un marché un mardi matin, en pleine heure de cours. Mais il passait outre, continuant son chemin.
Il envie soudaine de le prendre dans mes bras me pris. J'avais besoin de le prendre contre moi, de le rassurer, de penser ses blessures qu'il devait sûrement cacher sous cette couche de vêtements sombres. Je voulais m'excuser de mon comportement, lui dire que je le comprenais, qu'il n'était pas inutile comme je lui répétais depuis des années. Mais je restai là, en train de le suivre du regard.
Soudain, je le vis s'éloigner. Pour la première fois depuis des heures, je me levai pour le suivre. Je voulais voir où il habitait avec son père. Je savais que si je l'interpellais dans la rue, il chercherait un moyen de s'enfuir, comme il l'avait fait il y a quelques jours. Alors je le suivis à distance, faisant attention à paraître tout à fait normal. Il s'arrêta face à un immense immeuble sûrement très couteux. Je le vis composer un code pour entrer dans le hall. Rapidement, j'attrapai la poignet pour que la porte ne se referme pas. J'entrai tandis que les portes de l'ascenseur se refermaient. Sur le petit écran, il indiquait le sixième étage. Je pris alors les escaliers, les montant en courant. Une fois arrivé, j'eu juste le temps de voir le vert rentrer dans l'appartement et la porte se refermer. J'étais si proche du but, si proche de le sortir de cette horrible enfer. Je me plantai devant la porte, mais j'hésitai encore à frapper. Je devais trouver les bons mots, le persuader de me suivre, de sortir de cet enfer. Le persuader d'échapper à l'emprise de ce père violent dont la vie semblait facile grâce à son argent. Je devais l'aider, quoi qu'il arrive. Alors mon poing vint frapper contre la porte entièrement blanche en face de moi. J'attendis, redoutant le moment où il ouvrira la porte et qu'il me verra planté devant lui. J'avais peur qu'il n'ouvre pas, qu'il me laisse devant cette porte sans jamais oser l'ouvrir. Mais il enclencha la poignée, ouvrant enfin ce qui me séparait de lui.
Son visage se décomposa lorsqu'il me reconnut. Je devais parler, lui dire que j'allai l'aider, mais ma gorge refusait de laisser filer le moindre mot. Sa main tremblait sur la poignée tandis qu'il semblait hésiter entre refermer la porte ou me laisser entrer. Son teint était encore plus pâle que la dernière fois et de profondes cernes contournaient ses beaux yeux verts. Sa tignasse folle semblait emmêlée et terne.
— Qu'est... qu'est-ce que tu fais là ?
Je devais parler, je devais dire quelque chose, c'était maintenant ou jamais. Mais que dire ? J'avais beau me creuser la tête, je n'arrivai pas à formuler ma phrase. Il allait refermer la porte, et tout allait tomber à l'eau. Alors, je décidai d'arrêter de réfléchir, laissant mon coeur s'exprimer.
— Je sais tout Deku, je suis au courant de tout.
Pendant un instant, je crus qu'il allait s'écrouler face à moi. Puis, il sembla réaliser le sens de mes paroles, reculant lentement. Je pris ça comme une invitation à entrer, alors je franchis le pas de la porte.
L'appartement était très grand, encore plus grand que mon propre salon. Son père devait sans doute avoir de l'argent à dépenser pour vivre dans un endroit pareil.
— Tu ne dois pas rester là, je t'en pris... il pourrait revenir à n'importe quel moment... va t-en je t'en pris Kacchan.
Mais il était hors de question que je le laisse seul ici, surtout si son père risquait de revenir.
— Dans ce cas, viens avec moi. Tu ne peux pas rester ici Izuku, tu dois partir au plus vite.
Pour la première fois depuis longtemps, je l'appelai par son prénom et non par le surnom que j'avais l'habitude d'utiliser. Mais il ne sembla pas réagir. J'avais l'impression d'avoir une coquille vide en face de moi. Alors, doucement, je laissai mon corps parler et l'entourai de mes bras, serrant son corps frêle et meurtri contre le mien. Je le sentis trembler quelques secondes puis me rendre mon étreinte. Timidement, il ramena ses bras autour de mon buste, laissant ses larmes rouler le long de ses joues tachetées tandis que nos corps se touchaient pour la première fois.
— Tout va bien maintenant, je suis là.
C'est ce que je ne cessais de lui répéter à l'oreille tandis que ses pleurs résonnaient dans la pièce et que son étreinte se voulait plus forte. Peut-être avait-il peur que je ne sois qu'une illusion, que tout cela ne soit qu'un rêve à travers son cauchemar incessant. Mais j'étais là, et je comptais bien l'aider.
— Va chercher tes affaires, je vais te faire sortir de ce trou.
Son corps se décolla lentement du mien, gardant tout de même une certaine proximité. Lentement, ma main vint sécher les larmes qui coulaient encore de ses prunelles fatiguées. Je revoyais ce moment tragique, ce moment où son père avait levé la main sur moi et son fils. Je ne voulais plus le laisser filer, je voulais le garder près de moi, le protéger.
— Allez, dépêche-toi.
Il s'éloigna de moi pour se diriger dans sa chambre. De là où j'étais, je pouvais l'entendre ouvrir un sac et y mettre les affaires qu'il ne voulait surtout pas laisser chez son père. Et moi je restai là, planté dans l'entrée de l'appartement. Il revint quelques minutes plus tard, un sac de sport sur l'épaule. Je remarquai alors qu'il semblait avoir un mal fou à le porter. Je saisis le sac, le libérant ainsi d'un poids. Il porta sa main sur l'épaule où se trouvait la sangle du sac. Imperceptiblement, j'approchai ma main de son épaule. Elle était cachée par un pull épais mais assez large. Lentement, je fis glisser le vêtements sur sa peau, laissant apercevoir le début d'un hématome. Sa couleur bleuté m'informa qu'il était très récent, quelques heures tout au plus. Une colère sourde monta en moi. Cet enfoiré l'avait encore frappé, encore.
— Ce n'est pas ta faute, déclara t-il tandis que ma main découvrait encore la bleue sur sa peau.
Sa main vint se poser sur la mienne. Je la saisis, tenant fermement sa paume contre la mienne.
— Allons nous-en.
Il acquiesça d'un signe de tête, un léger sourire au coin des lèvres. Il allait enfin quitter cet enfer.
Mais tandis que je m'apprêtai à franchir la porte, je croisai le regard d'un homme. Il avait les yeux verts, comme Izuku, et avait une chevelure noire de jais, aussi bouclé que le vert. Je le reconnu tout de suite. Il s'agissait du père de Deku.
Sa main se mit à trembler dans la mienne et je le sentis se rapprocher de moi, comme pour se cacher de ce géant. Il s'avança, et je reculai. Je soutins son regard tandis qu'il pénétra à son tour dans l'appartement.
— Voyez-vous cela. Je peux savoir qui tu es jeune homme ?
J'essayais de garder mon calme, même si l'envie de lui exploser sa sale gueule me brûlait les paumes. Izuku resserra son étreinte autour de mes doigts, me montrant ainsi à quel point la peur l'envahissait. Mais cette fois-ci, il était hors de question qu'il lève la main sur le vert, pas en ma présence.
— Je suis Katsuki Bakugo, répondis-je avec calme.
— Oh oui ! Tu étais le petit voisin c'est ça ? Ça fait un bail dis moi, tu as bien grandis depuis tes quatre ans.
A cet instant, je crus que j'allais lui enfoncer son nez dans sa face.
— Oui, c'est bien moi.
— Ah, je suis vraiment désolé pour ce qu'il s'est passé. Enfin, si tu n'étais pas intervenu, je pense que ça ne serrait jamais arrivé.
Je serrai les dents, essayant de garder mon calme. Je devais le faire, pour Deku.
— Enfin bref. Je peux savoir ce que tu comptes faire avec mon fils ?
— L'emmener loin de vous.
— Voyez-vous cela. Mais tu sais, Izuku vit avec moi désormais, j'ai réussi à obtenir sa garde.
— Et on vous la retirera lorsqu'ils verront tous ces bleus sur son corps.
Une légère pression dans ma paume m'indiqua que je ne devais surtout pas aller trop loin, que je ne devais pas franchir la limite.
— Ah, je suis désolé mon cher Katsuki, mais parfois, les enfants ont besoin d'être un peu brusqués pour obéir. Sa mère a vraiment fait du mauvais travail.
Un grognement m'échappa. J'avais envie de lui sauter dessus et de lui faire ravaler ses paroles.
— Kacchan, je t'en supplie... murmura t-il.
Je devais le faire sortir d'ici au plus vite avant que la situation ne dégénère. Je sentais la respiration de Deku dans mon cou, il était terrifié.
— Izuku, lâche ce garçon maintenant, on doit parler tous les deux.
Il frémit lorsque son père prononça son prénom. Mais sa main resta serrée contre la mienne. De toute façon, je ne l'aurai jamais laissé partir.
— Laissez nous passer, dis-je calmement, j'emmène Izuku avec moi, c'est tout.
— Je crains que ce ne soit pas possible mon garçon.
— Je ne veux pas me battre avec vous, alors laissez nous passer.
— C'est impossible.
— Laissez nous passer.
J'appuyais bien chaque syllabes tandis que l'étreinte de la main du vert me permettait de ne pas lui en foutre une.
— Monsieur je...
Mais une main vint se refermer sur ma gorge. Avant que je n'ai le temps de faire quoi que se soit, je me sentis entraîné derrière. Ma main se sépara de celle de Deku, et je l'entendis hurler mon nom. Mon corps vint heurter un mur tandis que cette main continuait de serrer ma gorge. J'entendais Izuku le supplier de me laisser tranquille, de ne pas me faire de mal. Mais son emprise devenait de plus en plus forte au fil des secondes. Alors cette fois-ci, je provoquai une explosion grâce à ma main droite. Je vis cet homme se faire projeter en arrière, libérant mon cou de son étreinte. L'air vint à nouveau circuler dans mes poumons, me brûlant la poitrine à chaque inspiration. Deku était à côté de moi, se souciant plus de mon état que de celui de son père. Je vis la carrure imposante de son père se relever lentement tandis que je peinai toujours à respirer.
— Tu n'aurais jamais du faire ça mon garçon.
Il s'approcha dangereusement de moi, sûrement prêt à me frapper. Il me surplombait de toute sa hauteur, remontant ses manches.
— Non papa je t'en supplie !
Deku se mit en face de moi, les bras tendu vers son père. Il implorait sa pitié, et lui il n'en avait que cure. Il allait assener le coup, et ce sera Izuku qui le prendra à ma place. Je vis le poing s'abattre vers Izuku. Mais je ne pus l'empêcher de rencontrer son visage. Le coup le projeta vers ma droite tandis que je hurlai son nom. Je me précipitai vers lui, l'appelant de toutes les manières pour qu'il me réponde. Un sang carmin s'écoulait de son arcade droite tandis que je le relevais, répétant son nom, les larmes aux yeux. Il avait encaissé un énième coup, pour me protéger. Cette pensée me serra le coeur tandis qu'il semblait chercher où il se trouvait. Son oeil commençait déjà à prendre une couleur bleuté et à gonfler. Cette fois-ci, c'était la goute d'eau. J'allai lui régler son compte, et rien ni personne n'allait m'en empêcher.
— Voilà ce qui arrive lorsque l'on joue au héros.
Mes paumes crépitaient. Je ne pouvais contrôler les petites explosions qui sortaient de mes mains. J'allais lui faire ravaler ses mots, lui faire gouter à la même douleur qu'il avait infligé au vert. Je voulais lui faire payer ce qu'il avait fait, et ce, pour toujours. Mais une main vint se poser sur mon poignet. Ce contact était doux, réconfortant. Je tournai la tête vers Deku qui me regardait avec calme. Il ne semblait pas souffrir, il était très calme.
Je compris alors le message. Je ne devais pas bêtement me venger de ses actions cruelles et répétées envers Deku. Non, je devais agir en héros, je devais faire ce que All Might aurait fait à ma place.
— Comment vous sentez-vous lorsque vous frappez votre fils ? demandai-je en me levant calmement. Vous vous sentez fort ? Surpuissant ? Ça vous donne de l'importance ?
— Je ne le fais pas par plaisir tu sais, mais il ne me donne pas le choix.
— Vous croyez ?
— Si sa mère l'avait un peu mieux éduquée, on en serait pas là
— Si vous n'aviez pas tabassé votre fils il y a douze ans, on en serait pas là.
Je sentis que j'avais visé juste. Il sembla perdre pied pendant quelques secondes. C'était ce que je cherchais, une ouverture. Sans réfléchir, je me jetai sur lui, projetant mon pieds dans son estomac. Il se courba en deux et cracha une salive épaisse sur le parquet lisse du salon. Il toussa à s'en arracher les poumons.
— Je ne fais pas ça par plaisir, mais vous ne me donnez pas le choix.
— Espèce de...
J'appuyai sa tête sur le sol grâce à mon pied. Un bruit résonna dans la pièce lorsque son visage heurta le sol.
— Je vous conseille de vous tenir tranquille.
— Tu te trompes gamin, je m'en sortirai toujours.
— Et pourquoi ça ?
— Parce que j'ai ce que tout le monde recherche.
Je le fixai, incrédule. Un étrange sourire naquit sur son visage alors qu'il était toujours écrasé contre le sol.
— De l'argent.
Cette fois-ci, mon pied vint s'écraser contre son visage. Le choc le propulsa de l'autre côté et un filet de sang s'écoula de son nez et du coin de sa bouche.
— Cette fois-ci se sera différent, déclara le vert.
Je relevai la tête vers lui, croisant son regard amoché.
— Je témoignerai contre toi. Tu ne t'en sortiras pas, surtout avec tes antécédents.
Sa voix tremblait, il était sur le point de fondre en larmes.
— Ça c'est ce que tu crois mon garçon, l'argent a toujours raison de tout.
— Dans votre petit monde idéal de merde oui, pas dans le nôtre, répliquai-je.
— J'ai appelé la police papa, tout est fini pour toi.
Au même moment, j'entendis les alarmes résonner dans la ruelle en bas de l'immeuble. Le téléphone dans les mains, Deku et son père se regardaient. Je ne savais pas ce qui me rendais le plus triste. L'état dans lequel se trouvait le vert ? Ou tous ces coups qu'il avait enduré sans rien dire ?
Les minutes d'après, je n'entendis pas la police monter les marches. Tout ce que je voyais, c'était les larmes couler le long de ses joues. Son visage était désormais déformé par les boursouflures de sa plaie. Le sang continuait de s'écouler lentement de sa tempe, venant s'écraser sur ses vêtements sombres. Je sus à ce moment que désormais, quelque chose de fort nous reliait l'un à l'autre. Un sentiment sans limite, un fil rouge incassable. Je sus que désormais, plus jamais notre relation de sera la même. Quelque chose de nouveau venait de naitre au fond de mes entrailles, se propageant lentement à travers tout mon corps. Je sus alors une chose :
J'étais amoureux de mon Deku.
**
La chaleur de la nuit m'empêchait de fermer l'oeil. Allongé dans mon lit, je ne cessais de repenser à cette semaine mouvementée qui avait suivi mon intervention chez le père de Deku. Après de multiples déposition et une micro hospitalisation pour Izuku, nous avions pu sortir vainqueur de ce terrible cauchemar.
Lentement, je me tournai vers ma droite. Il était là, endormi. La plaie qu'il avait à l'oeil avait déjà cicatrisée grâce aux soins de Recorvery Girl. Mais pour les autres bleus, ils étaient toujours là, décorant sa peau de multiples tâches brunes ou violettes, selon l'ancienneté de la blessure.
Mon doigt glissa lentement le long de son visage, caressant son cou pour descendre jusqu'à son épaule. Un soupir d'aise lui échappa tandis que je restai là, à l'observer sous les rayons blanchâtres de la nuit. Je continuai mes subtiles caresses, savourant la douceur de sa peau. Puis soudain, il ouvrit lentement les yeux.
— Je t'ai réveillé ? demandai-je inquiet.
— Je ne dormais pas.
Un agréable sourire s'étira sur ses lèvres tandis que nous nous observions dans la pénombre. Son corps, délicatement recouvert par un drap fin semblait si fragile, j'avais l'impression que je pourrais le casser rien qu'en le prenant dans mes bras. Puis je sentis ses main s'enrouler autour de mon cou, se rapprochant doucement de moi. Son regard était maintenant si près du mien. Je pouvais y lire toute la joie et l'allégresse dont il faisait preuve, contrastant avec le regard qu'il m'avait lancé à la fontaine, il y a presque une semaine. Je savourais cette douce étreinte tout en passant à mon tour mes bras sur ses hanches.
— Merci Kacchan, merci pour tout.
Je sentis mes lèvres s'étirer en un sourire tandis que je rapprochai lentement mes lèvres des siennes. Doucement, elles se rejoignirent dans un baiser somptueux, amoureux. Je savourai leur saveur, les mordant, les embrassant. Je voulais que ce moment s'étire à l'infini, que jamais cette nuit ne se termine, que nos étreintes durent jusqu'à la fin des temps, que nos lèvres s'embrassent jusqu'à ce que notre souffle nous manque. Je voulais sentir son corps près du mien, que jamais il ne me quitte. Je voulais juste rester ainsi, mes bras autour des ses hanches, mes lèvres contre les siennes.
C'est sous cette pleine lune d'été, un dimanche soir, que Deku et moi avons pu nous montrer tout notre amour que nous avions contenu trop longtemps. Et c'est durant cette nuit que je pus enfin comprendre ce que c'était d'aimer et d'être aimer. Et ce, jusqu'à ce que la mort nous sépare.
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Bon, je crois que c'est le OS le plus long que je n'ai jamais écris? 7494 mots en tout 😱 ! J'espère donc que ça vous a plu, même si j'ai eu un mal fou à le finir (il esy 0h11 au moment où j'écris ça). Donc je vous souhaite une bonne nuit non 😂 ?
A bientôt pour un nouveau OS 😉 !
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