Would you marry me ?
Je tâtai la poche de mon pantalon noir, elle était bien là. Je nouais tranquillement ma cravate, après avoir échoué aux nombreuses tentatives que j'ai entreprise, tout en sifflotant un air sympathique. J'avais entendu cette mélodie en plein milieu de la nuit, provenant de la chambre de Jim. Elle m'était resté dans la tête, cela faisait une semaine.
Une fois prêt, j'enfilai une veste puis sortis de la maison. J'habitais chez mon patron depuis quelques mois, après que des salauds aient mis le feu à mon appartement. Au début, l'ambiance était lourde, j'avais essayé de quitter son domicile à plusieurs reprises, pendant la nuit – je me suis rendu compte qu'il ne dormait jamais et que mes tentatives ont vite été repérées.
Puis j'ai arrêté d'essayer de fuir quand nous avons échangé un premier baiser. Je ne me souviens plus très bien du contexte, j'étais sûrement en train de mourir quand il a posé ses lèvres sur les miennes, comme pour me secourir de l'hémorragie qui vidait mon corps de son sang. J'ai toujours cru que c'était un accident, jusqu'à ce qu'il m'avoue ses sentiments. Les baisers ont été plus fréquents et les câlins sont devenus une nécessité.
Ensuite, il y a eu notre première nuit ensemble. C'était différent de tout ce que j'avais connu avant. Je n'avais jamais couché avec un homme. Et j'étais toujours très brutal lors de mes rapports. À l'opposé de Jim qui préférait faire l'amour. Alors je me suis plié à ses désirs. C'était étrange, cette douceur inédite pour moi, ces contacts charnels qui se différaient largement des claques que j'offrais à mes partenaires, ces douces paroles. J'ai beaucoup apprécié et nous avons continué.
Cela faisait maintenant deux ans. Deux ans que je vivais chez lui, couchais avec lui, et que je l'embrassais comme si ma vie en dépendait.
Je n'avais jamais autant tenu dans une relation, en y repensant bien je n'avais jamais eu une relation stable avec une fille. C'était étrange. Se réveiller tous les matins avec des cheveux noirs vous caressant le visage, un corps frêle et fragile comme de la porcelaine dans vos bras musclés, un léger souffle vous chatouillant le cou, et de doux baisers posés chastement sur votre peau nue, tout cela était nouveau pour moi.
Mais je ne regrettais rien. J'aimais cette vie. Sûrement était-ce pour cette raison que je m'apprêtais à débarquer au QG vêtu d'un costume trois pièces acheté quatre heures plus tôt.
Une fois dans l'entreprise, tous les employés de Moriarty me lancèrent des regards étonnés et incompréhensifs - personne n'était au courant que le grand patron et moi entretenions une relation plus que professionnelle même si cela était gros comme une maison et que tout le monde me décrivait comme étant le "chouchou du Boss" depuis mon arrivée dans le réseau de criminels le plus performant du monde.
J'esquivai les employés et leurs questions sur ma tenue vestimentaire avec laquelle je n'avais pas l'habitude de sortir, pour me rendre dans le bureau de mon Boss. Ce dernier enfilai sa veste, il me sourit.
"Pile à l'heure, Sebastian, remarqua-t-il en contrôlant sa montre.
- Ce serait fâcheux que l'homme qui vous invite au restaurant ne soit pas à l'heure.
- Oh, tu m'emmène au restaurant ! Je suis flatté."
A vrai dire, j'ai économisé pendant des mois pour avoir de quoi lui payer un repas dans un restaurant chic à Londres. Ce n'était pas donné et malgré le salaire qu'il me versait tous les mois, je n'avais pas énormément d'argent. Puisque je dépensais tout dans les armes, au poker, dans les voitures ainsi que dans la cigarette.
Mais je me suis dit que je devais l'inviter dans un restaurant chic un jour, alors je me suis pris en main et j'ai mis de l'argent de côté.
Jim et moi quittâmes le QG jusqu'à sa voiture garée devant le bâtiment, il n'avait pas de permis mais s'était quand même payé une Ferrari qu'il laissait devant sa maison, jusqu'à ce que je vienne habiter chez lui et qu'il m'autorise à la conduire pour nous amener au travail chaque matins.
Je pris donc le volant et roulais à travers Londres qui commençait à s'assombrir. Le ciel prenait des teintes orangées et rosées, c'était vraiment joli.
"Le coucher de soleil est appréciable, ce soir... Fit simplement Jim en posant sa tête contre la vitre teintée de la voiture, avant de bailler."
Je le trouvais adorable mais je n'osais jamais lui dire, puisqu'il faisait tout pour paraître effrayant et je ne voulais pas briser ses efforts en quelques secondes alors je ne lui disais rien mais le pensais très fort.
Nous arrivâmes devant le restaurant. Il y avait des gens dans les rues, les lampadaires commençaient doucement à reprendre des couleurs, il y avait des couples qui se tenaient la main, des gens qui sortait du bureau... Je trouvais la vie fascinante. Moi qui ai toujours détesté être sur Terre puisque je ne trouvais pas ma place. Cette pensée me fit sourire.
"Tu devrais sourire plus, me dit l'irlandais avant de sortir de la voiture.
- Vous aussi, vous êtes vraiment charmant avec un sourire sur votre joli visage.
- Quel charmeur celui-là, rit-il avant de glisser sa main dans la mienne"
Après que le serveur nous ait indiqué la table que j'avais réservé au préalable, nous nous retrouvâmes l'un en face de l'autre, souriant, rougissant, et riant comme des adolescents lors d'un premier rendez-vous. Ce n'était pas la première fois que nous sortions et allions manger à l'extérieur, mais aujourd'hui c'était différent, et ce qui était dans ma poche me le faisait savoir.
On vint prendre commande de nos plats, que nous eûmes quelques temps après. J'avais eu raison d'économiser pour venir ici, c'était exquis.
"Quand j'étais gamin, mon père nous invitait toujours, ma mère, mon frère et moi. Je me demande si le gérant se souvient toujours de moi... Fis-je à voix haute, l'air pensif et profondément nostalgique en me souvenant des délicieux repas que j'ai ingurgité ici.
- Tu es assez difficile à oublier, Sebastian Moran."
Je lui souris. Le repas se déroula pour le mieux. Les plats étaient succulents, le champagne était délicieux, et Jim était magnifique. Je ne l'avais jamais autant vu sourire et rire que ce soir. C'était magique. Il possédait deux faces, celle du travail où il ressemblait à un diable, il criait sur tout le monde, menaçait de tuer chaque employé, faisait son chef autoritaire, et celle qu'il partageait avec moi, quand nous étions tous les deux : un vrai petit ange. Il me souriait toutes les deux secondes, ses joues étaient en permanence rouges, et me laissait entendre son doux rire.
Après que le serveur m'ait apporté l'addition, je sortis discrètement la petite boîte en velours qui siégeait dans ma poche depuis beaucoup trop de temps. Jim regardait les gens qui riaient et mangeaient, il avait l'air pensif.
"Honey, tout va bien ? Lui demandai-je, mon cœur se serrant de le voir perdre son sourire.
- Hum, je réfléchissais à la vie. A ce que les gens que j'ai rencontré durant ma vie m'ont apporté, ce que j'ai gagné, ce que j'ai perdu, sur qui je peux compter...
- Vous savez, votre vie n'est pas finie, vous avez encore de belles années devant vous, en ma compagnie.
- Tu es sûr que tu arriveras à me supporter pendant longtemps encore ?
- Si je n'en étais pas certain, je ne vous proposerai pas ceci, voulez-vous m'épouser ?"
J'ouvris la petite boîte, dévoilant une bague en or, sur laquelle avait été taillé une pie et un tigre, se tournant autour. Les yeux de Jim se remplirent de larmes. Il secoua la tête en me regardant, le visage rouge.
"Dites-le, soufflai-je en prenant sa fine main blanche dans la mienne.
- Oui Sebastian... Mille fois oui."
J'enfilai la bague sur son annulaire gauche. Il me sourit, avant de venir m'embrasser. Ses lèvres se collèrent aux miennes dans un doux baiser. Une fois nos deux visages séparés, je caressa ses joues.
"Je n'aurai jamais deviné que tu me demanderais en mariage, me dit-il en retournant à sa place.
- La vie peut encore vous surprendre.
- Tu peux encore me surprendre.
- Je suis votre vie ?
- Non, mais tu es celui qui me maintiens en vie."
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